L’utopie de cette « nation-réseau », comme l’appellent certains, s’inspire du fonctionnement du champ scientifique et se fonde sur quatre principes. Tout d’abord, l’échange et la coopération se font entre spécialistes, pouvant être distants physiquement mais ayant les mêmes intérêts, participant aux mêmes revues, aux mêmes colloques. C’est ensuite une communauté d’égaux où le statut de chacun repose essentiellement sur le mérite, évalué par les pairs qui vont tester, commenter, améliorer vos propositions. Le débat est donc largement ouvert et ne peut être clos par un argument d’autorité. L’information circule librement. La coopération est donc une valeur centrale au sein de cette utopie, car elle permet de réaliser des tâches inaccessibles à un individu isolé, comme la création d’un logiciel. Grâce à Internet, la rapide circulation de l’information permet une grande transparence qui facilite la coopération. Mais la transparence permet aussi d’identifier la compétition entre les équipes. Cette nation-réseau est enfin un monde à part, clos, réservé aux usages académiques, où le commerce n’a pas sa place. Coopération, gratuité, absence de hiérarchie, libre accès à l’information : les pionniers d’Internet sont porteurs d’une utopie forte, qu’ils mettent en pratique. Au cours des années 1980, d’autres acteurs tels que les hackers, inspirés par la contre-culture hippie, défendront le Net comme outil communautaire et écologique.
Laisser un commentaire