since late-19th century educational progressives banged the drum for learning life skills and creativity
Archives pour août 2010
Quand Ludovia rencontre Larry Cuban
Dans son dernier billet de blog, Larry Cuban éclaire, une nouvelle fois diront certains, la confusion existant depuis la nuit des temps technologiques entre intégration technologique et réforme pédagogique.
Il y revient au travers d’un article publié en 2005 par Judi Harris et surtout d’un article rétrospectif publié la même année par McMillan Culp, Honey et Mandinach. ((Larry Cuban « Confusing Technology Integration with Instructional Reform ». Judi Harris (« Our Agenda for Technology Integration: It’s Time to Choose » et McMillan Culp, Honey et Mandinach «A retrospective on twenty years of education technology policy»))
Dans son éditorial de 2005, Judi Harris tentait d’expliquer les raisons pour lesquelles une série et projets d’intégration des technologies en milieu scolaires -le langage LOGO dans les années 1980 ou l’abandon ces dernières années des programmes d’un ordinateur pour un élève- étaient considérés comme des échecs. Pour elle, deux raisons principales
- le technocentrisme
- et le dogmatisme pédagogique.
Le technocentrisme pour Harris consiste à chercher des utilisations pédagogiques particulières pour les outils technologiques alors que pour la majorité des enseignants et directeurs d’école l’intégration des technologies n’est pas la finalité en soi, mais qu’il s’agit avant tout d’apprendre. Ce hiatus était d’ailleurs perceptible à Ludovia entre « influenceurs » et décideurs territoriaux.
Le dogmatisme pédagogique consiste à associer nouvelles technologies et la nécessité d’un basculement vers une pédagogie « constructiviste ». A ce sujet, Judi Harris s’interroge sur cette soi-disant nécessité. Preuve en est, pour elle, que les usages des technologies en Europe, en Asie et aux Amériques mettent en évidence combien de nombreux et puissants outils technologiques finissent par être utilisés pour appuyer l’enseignement centré sur l’enseignant. Elle en appelle à la séparation des objectifs de transformation de l’enseignement-apprentissage de ceux de l’intégration des technologies. Cet appel lancé en 2005 a depuis trouvé peu d’écho.
Pour sa part, « A retrospective on twenty years of education technology policy » est un article consacré aux défis et opportunités d’intéger la technologie dans les collèges et lycées américains. Il synthétise les recommandations faites dans différentes publications consacrées de 1983 à 2005 à ces questions. La version originale de leur travail devait contribuer à planifier et développer le nouveau plan national éducatif en matière de technolgie (National Education Technology Plan). Ce plan était destiné à informer et à guider les décideurs dans leurs efforts pour s’assurer que les écoles seront en mesure d’utiliser efficacement la technologie pour appuyer un enseignement de haute qualité et l’apprentissage pour tous les élèves. ((«This plan, mandated by the NCLB legislation, is intended to inform and guide policymakers in their efforts to ensure that schools will be able to use technology effectively to support high-quality teaching and learning for all students.»))
Trois questions guidaient les auteurs dans leur analyse:
- Why do we invest in educational technologies? What rationales have shaped these investments?
- What are the requisite steps to ensure that technologies are effectively implemented? What specific recommendations have been given priority?
- What assumptions underlie our vision for how technologies can impact teaching and learning, and how have these changed?
Les auteurs constataient que le consensus augmentait concernant les attentes des éducateurs/enseignants et du public au sujet de la littéracie numérique. Ceux-ci la définissait comme étant la capacité à utiliser les ordinateurs, à communiquer, à localiser et gérer l’information et, peut-être le plus important, à utiliser efficacement ces outils pour appuyer l’apprentissage des savoirs.
Concernant les recommandations faites pour appuyer et soutenir les investissements. Les auteurs ont identifiés sept points-clés à l’intention des décideurs:
- Améliorer l’accès, la connectivité et l’infrastructure nécessaire;
- Créer un contenu et des logiciels de plus haute qualité ;
- Fournir de manière plus soutenue, un développement professionnel de haute qualité et soutenir les enseignants qui cherchent à innover et à se développer en la matière;
- Augmenter le financement provenant de sources multiples pour une série d’activités pertinentes;
- Définir et promouvoir le rôle des différents partenaires, y compris le public et le secteur privé;
- Accroître et diversifier la recherche, la mesure et l’évaluation des dispositifs;
- Examiner, réviser et mettre à jour les règlements et les politiques qui influent sur l’utilisation en classe de technologie, notamment en matière de confidentialité et de sécurité.
Dans le contexte actuel de raretés des ressources à disposition des pouvoirs publics, ces points-clés semblent tenir de la gageure. D’autant qu’il s’agit de développer une approche combinée et non successive de ces sept points.
Dans le domaine de la recherche et de l’efficacité dans l’emploi des technologies à l’école, le rapport « Teachers’ Tools for the 21st Century » du Department of Education US de 2000 identifiait neuf questions essentielles à examiner
- Comment l’utilisation des ordinateurs, l’Internet et d’autres applications par les enseignants et les étudiants affectent le rendement des élèves, les connaissances et les compétences?
- Quel est l’impact de l’informatique et de l’utilisation d’Internet sur la manière dont les enseignants enseignent et les élèves apprennent, et quel est l’impact plus large sur la réforme de l’éducation?
- Quels coûts et avantages a l’investissement dans la technologie comparativement à d’autres innovations pédagogiques, telles que des classes plus petites ou de l’enseignement individualisé?
- Quels sont les types de technologies disponibles dans les écoles (par exemple, la qualité / vitesse, les types de connexions Internet, les applications logicielles)?
- Quels sont les changements organisationnels dans les écoles qui permettront l’utilisation accrue des technologies (par exemple, l’efficacité administrative, les connexions domicile-école, la communication collégiale) ou la viabilité de la mise en œuvre de la technologie et de son utilisation?
- Quelles sont les dépenses budgétaires en matière de technologie éducative au niveau de l’école, du district, de l’Etat, et au niveau national?
- Quelles sont les stratégies de perfectionnement professionnel et de soutien technique pour améliorer une utilisation efficace par les enseignants de la technologie?
- Quels sont la durée et le type de technologie utilisée dans l’enseignement et l’apprentissage à l’intérieur et l’extérieur de l’école?
- Quels sont les effets de différents types d’applications de la technologie sur certains types d’étudiants (par exemple, élèves déficients en anglais courant, l’éducation spécialisée ou les élèves doués et talentueux)?
Leur revue scientifique se concluait sur la question suivante:
Quelles sont les hypothèses sous-tendent notre vision sur la façon dont les technologies peuvent avoir un impact l’enseignement et l’apprentissage?
La réponse d’un des premiers rapports datant de 1988 (Power On! (Office of Technology Assessment, 1988) identifiait quatre ingrédients cruciaux dans la maturation des technologie en éducation et permettant de soutenir efficacement l’éducation en collège et lycée:
- un accès à la technologie,
- un appui soutenu pour les éducateurs pour apprendre à utiliser la technologie,
- le développement de logiciels éducatifs,
- l’assurance que la recherche et de développement n’est pas seulement soutenu, mais étroitement liée aux besoins et aux priorités des praticiens.
Ces quatre éléments préfiguraient les recommandations formulées dans de nombreux rapports publiés au cours des années suivantes.
A partir de 1995, le ton change significativement dans les rapports de politique éducative. Désormais, en réponse à l’émergence d’Internet comme un des principaux moteurs des changements dans les affaires, la vie civique et, dans une certaine mesure, de l’éducation, ces rapports politiques commencent à présenter les technologies d’enseignement en tant que moteur de la réforme scolaire, plutôt que comme une trousse d’outils et de ressources. Dans ces rapports, la technologie devient un outil de transformation, qui promet, tout simplement par sa présence et ses moyens, à provoquer des changements dans la façon dont les enseignants enseignent, dans l’organisation des écoles, et dans la manière dont les élèves travaillent ensemble et apprennent. Durant cette période, la plupart des rapports commencent également à présenter les praticiens, leurs besoins et leurs intérêts sous un éclairage différent. Les enseignants sont désormais regardés en grande partie en fonction de ce qui est présenté comme étant leurs «lacunes».
En 1995, par exemple, l’apprentissage à distance est largement utilisé des cours de langue étrangère dans les écoles rurales et le traitement de texte et les ressources numériques sont utilisés avec une fréquence accrue par les enseignants de tous les niveaux et tous types d’écoles confondus. Cependant, dans les rapports produits peu de temps après, ces mesures sont déconsidérées et jugées comme insignifiantes face au potentiel radical de changement et de transformation qu’offre la technologie. Un fossé commence alors à émerger.
Au début des années 2000, peu avant la publication de ce rapport de synthèse, les auteurs notent qu’une foule d’influences, à la fois internes et externes, ont incité à revoir la relation des technologies à la pratique et à revoir les réalisations et les défis auxquels les praticiens doivent faire face. Ce réexamen est, en partie, une réponse à des résultats suggérant que la technologie en soi ne contribue guère à conduire des améliorations fondamentales dans l’enseignement et l’apprentissage.
Parallèlement, les rapports de recherche constatent que même avec un câblage complet des établissement et l’accumulation de l’infrastructure des télécommunications dans l’éducation, les innovations technologiques ((favorisées par la communauté des chercheurs et destinées à favoriser les démarches d’enquête, de collaboration, ou de relations re-configurées entre élèves et enseignant)) continuent à n’être utilisées que par un infime pourcentage des enseignants aux Etats-Unis. Au lieu de cela, les enseignants se tournent vers des outils comme les logiciels de présentation et des outils de gestion tels que les ENT (environnement numérique de travail) destinées à soutenir et à améliorer leurs pratiques actuelles. Ce sont là, pour les auteurs, les succès réels de la technologie dans les classes américaines.
En 2005, les rapports sur les politiques les plus récentes mettaient en avant la nécessité de faire un usage productif des données d’évaluation, de fournir des ressources de plus en plus individualisées et flexibles de perfectionnement professionnel et de réaliser des économies de nature administrative.
En conclusion, deux thèmes principaux ressortent de cette analyse de 20 années de politique de recommandations concernant les investissements en technologie dans l’éducation. Le premier est le flux et le reflux des besoins des praticiens et des questionnements relatifs à la technologie en tant que partie intégrée du système éducatif. La deuxième est la nécessité d’une meilleure compréhension entre les chercheurs et les décideurs sur la nature systémique de l’évolution de l’éducation en général et de l’intégration des technologies éducatives en particulier.
Par ailleurs, parmi les réussites méconnues, les auteurs pointent, par exemple, la croissance soutenue de l’apprentissage à distance, en particulier dans les écoles rurales. Celle-ci a eu un impact significatif sur ce qui paraissait être un défi insurmontable : fournir toute une gamme de possibilités de perfectionnement professionnel pour ces enseignants en milieu rural et offrir à leurs élèves la même diversité de cours que ceux offerts aux étudiants vivant dans d’autres contextes.
Pour autant, le défi de l’école du XXIe siècle reste complexe et combine une multitude de facteurs:
The world in which we live is increasingly sophisticated, multifaceted and nuanced. People need high-level learning skills to act, respond, learn and adjust to ever-changing circumstances. As the world grows increasingly complex, success and prosperity will be linked to people’s ability to think, act, adapt and communicate creatively. ((Le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus sophistiqué, multiforme et nuancé. Les gens ont besoin d’un haut niveau d’apprentissage, des compétences d’agir, de réagir, d’apprendre et de s’adapter aux circonstances en constante évolution. Comme le monde devient de plus en plus complexe, le succès et la prospérité sera liée à la capacité des gens à penser, d’agir, d’adapter et de communiquer de manière créative.))
Partnership for 21st Century Skills. (2003). Learning for the 21st century. Washington, DC. http:www.21stcenturyskills.org
Pour les auteurs, il s’agissait pour les 20 prochaines années de trouver un équilibre
- entre les exigences de l’amélioration des pratiques au fil du temps et les préoccupations du public tels que la responsabilité et l’équité,
- entre le cycle de changement dans la technologie et le cycle de changement dans les écoles,
- entre les compétences de demain et les compétences d’aujourd’hui.
Nous n’en avons certainement pas terminé ni avec le flux et le reflux, ni avec les tâtonnements…
Propos de Joseph Moreau [2003] Schoolbook Nation: Conflicts over American History Textbooks from the Civil War to the Present Textbooks and History Standards: An Historical Overview
For those who would influence textbooks and teaching—Protestant elites in the 1870s, Irish-Americans in the 1920s, and conservative politicians today—the sky has always been falling.
En Ludovia : sommes-nous des influenceurs?
Au matin du deuxième jour à Ludovia, le terme d’influenceurs pour qualifier notre brochette de blogueurs est réapparu. Certes ce qualificatif est flatteur. Ce nouveau titre de noblesse est-il pour autant mérité au-delà de cette enceinte?
La composition du public de Ludovia fournissait un premier éléments de réponse. La difficulté de sortir le cercle des innovateurs et convaincus de technologie y était évident. Ce constat n’est d’ailleurs pas propre à Ludovia et porte en germe les risques d’un essoufflement de tous ceux qui s’activent dans le domaine. Ne formons-nous pas alors un frein plus qu’un moteur au développement du numérique à l’école?
Des tables-rondes, certains responsables régionaux en matière de développement du numérique restaient souvent sur leur faim concernant les réponses qu’ils venaient chercher. Ils s’éloignaient alors pour aller faire leurs emplettes auprès des concepteurs plus traditionnels de contenus numériques.
Les différences d’attentes de tous ces publics concernant le numérique à l’école mettaient également en évidence l’absence d’un consensus suffisamment large sur les finalités du numérique à l’école et la multiplication des projets et des outils proposés aux enseignant-e-s qui peinent à s’inscrire dans la durée.
D’une discussion avec François Bocquet est ressortie les travaux en sociologie des organisations concernant l’innovation. C’est ainsi que furent évoqués les travaux du Cautic sur les quatre grands profils d’attitude des acteurs face au changement et à l’innovation:
– les passionnés ou les geeks dans notre domaine;
– les pragmatiques du changement;
– les pragmatiques de la continuité;
– les objecteurs au changement.
A ce titre, il semblerait que pour généraliser une innovation il vaudrait mieux s’appuyer sur les pragmatiques du changement pour convaincre et former les pragmatiques de la continuité. Pour leur part, les passionnés braqueraient les pragmatiques de la continuité.
Le rôle des influenceurs seraient donc plus de défricher le terrain que de convaincre les pragmatiques. Pire, si une innovation n’atteint pas ce dernier public, on considère qu’elle « tombe » dans le gouffre de Moore (nom d’un consultant américain, Geoffrey Moore, spécialiste de l’innovation), comme tant d’innovations viables techniquement, mais mal adaptées aux usages de leur public. Dès lors, les concepteurs des dispositifs d’information et de communication ont le choix entre une logique de persuasion qui permet de recruter rapidement des usagers «pionniers», mais comportant des risques de démobilisation ultérieure, et une logique de négociation qui exige de nombreux aller-retour entre les impératifs techniques et les usagers pendant la conception, mais qui favorise une diffusion plus large et plus durable.
De retour de Ludovia, après une brève recherche, d’autres éléments en matière de sociologie ont attiré mon attention et sont plus particulièrement évoqués par Feirouz Boudhokhane(voir références en fin d’article). En premier lieu, Rogers (1995), dans son ouvrage Diffusion of Innovation, précise que
« La technologie ne peut pas être imposée, la possibilité d’examiner ses conséquences, de la tester et d’être formé à son utilisation facilitent le processus d’usage, le contraire peut inhiber. »
Or, il me semble que l’institution scolaire procède exactement à rebours de ce constat en matière de déploiement numérique. Le temps d’appropriation manque souvent. Seules les innovations se rattachant à du connu s’imposent dès lors en reproduisant les usages plus qu’en les dépassant comme semble le démontrer l’exemple récent des TBI (tableaux blancs interactifs).
Pour sa part, Rham (1987), dans un article sur la résistance à l’innovation ou le non-usage d’une technique, développe le concept de l’auto-efficacité qui
renvoie à la perception qu’à une personne d’elle-même, de ses capacités à exécuter une activité et à réagir face à un événement ou un objet. Cette perception influence son niveau de motivation et son comportement.
Je repensais alors à ces professeurs-documentalistes et à leurs craintes dans l’élaboration de leur séance de recherche sur internet ou à la complexification supplémentaire de toute séance où, aux questions des interactions enseignant-enseignés, s’ajoutent les questions et la gestion de l’interactivité humain-machine.
Je repensais aussi à mes étudiant-e-s en formation initiale qui construisent déjà leurs capacité à concevoir, à réaliser et à gérer leurs séquences d’enseignement-apprentissage sans interactivité avec la machine et qui doutent. Pour eux la contrainte supplémentaire d’intégrer en classe le numérique et plus particulièrement la machine dans les mains de leurs élèves est généralement une contrainte supplémentaire de trop à ce moment-là de leur construction professionnelle. J’essaie donc d’en tenir compte avec plus ou moins de réussite.
La difficulté de tous les acteurs de Ludovia à chacun de leur niveau n’en apparaît que plus complexe à intégrer le numérique à l’école. Ceci sans décourager le 20% y recourant régulièrement en classe.
Aujourd’hui, il m’apparaît qu’en matière de numérique à l’école tous les acteurs les favorisant se trouvent au milieu du gué -situation guère confortable d’autant plus dans le contexte général de l’école et même plus largement- et qu’il convient de donner en premier lieu du temps au temps. Il ne faut pas oublier, par exemple, que l’école primaire obligatoire ou le concept des manuels scolaires (première innovation technologique scolaire dans ce contexte) mirent près d’un siècle à trouver leur forme définitive et à s’imposer. L’art du détournement étant également une des constantes dans les appropriations des outils technologiques, il faudra aussi que les influenceurs ou défricheurs que nous sommes en acceptent l’augure.
Références:
Feirouz Boudokhane. Comprendre le non-usage technique: réflexions théoriques. http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2006/Boudokhane/index.php
L’innovation dans le bon sens: http://tim.irisa.fr/tim-adherents/24-04-2001/Mallein_FR.pdf
Article wikipédia sur Philippe Mallein (Cautic): http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Mallein
CNDP-CRDP: Usages des TICE: observer et valoriser. Méthodes d’observation: http://www.agence-usages-tice.education.fr/jn/atelier_c.pdf
En Ludovia : Pascal et Virginie (portrait minute)
Ludovia est aussi le lieu des rencontres et échanges informels et l’occasion pour moi de réaliser un portrait minute de Pascal et Virginie.
Pascal et Virginie sont des formateurs tice. Ils interviennent à l’école primaire dans le cadre du projet numérique destiné aux écoles rurales. Ils y accompagnent les enseignants dans leur choix et l’intégration de différents outils prônés par l’institution. Ainsi en a-t-il été pour les classes mobiles et le TBI (tableau blanc interactif).
Leur action se caractérise par un fort pragmatisme non dénué d’ambition pédagogique. Ils sont centrés sur les acteurs afin que ceux-ci utilisent ensuite les outils introduits en classe.
Dans le cadre des outils du web 2.0, ils ont ainsi passé un premier temps à tester et à observer plusieurs solutions avant d’en proposer un nombre limité aux enseignant-e-s. Leurs critères de choix principaux vont dans le sens de la facilité d’appropriation de l’outil et dans sa pérennité (durabilité). En effet, il ne sert à rien de proposer un service qui aura disparu six mois ou une année après.
Actuellement ils ont retenus trois services web 2.0 qu’ils proposent aux enseignant-e-s:
– Netvibes
– Diigo
– Tumblr.
Mon heureuse surprise est constituée par tumblr. que j’apprécie particulièrement et qui propose une plate-forme de blogs très simple à mettre en oeuvre. Certainement que son adaptation à d’autres langues que l’anglais, dont le français, a joué son rôle dans ce choix.
En Ludovia : ma deuxième journée (25 août)
En ce deuxième jour, je suis entré dans la classe dans le cadre du colloque scientifique « Interactions/Interactivités » pour y observer les interactions entre élèves et professeurs (interactions) et entre humains et machines (interactivité).
Vieil habitué de ces dispositifs en FLE (Français langue étrangère), le linguiste François Mangenot nous a rappelé que tout un courant, dont il ne fait pas partie, rêve de remplacer les professeurs par les machines. Et après allez vous plaindre des résistances des enseignants…
Pour sa part, depuis de nombreuses années, il s’intéresse aux impacts des différents outils de communication sur la relation pédagogique au plan communicationnel. Ainsi, par exemple concernant les forums (asynchrone), s’est-il interrogé sur les solutions à mettre en place pour sortir d’une forme de monologue conversationnel qui plus est peu naturel. Sur cette base ont été réalisées des discussions portant sur un sujet clivant (pour ou contre les zoos) pour susciter les échanges. Pour recréer une conversation à distance et asynchrone, des vidéos, où plusieurs participants échangent, permettent de recréer le dialogue.
Dans ses scénarios de communication, il s’intéresse aux interactions entre pairs, entre les pairs et leur tuteur et l’interactivité avec la machine ainsi que sur les tâches à réaliser et la configuration du travail collectif. Il démontre ainsi la particularité d’une relation médiatisée par ordinateur puisque celle-ci combine une interactivité humain-machine avec les interactions verbales. Les enjeux pédagogiques et ceux de la communication en sont singulièrement complexifiés.
Dans cette perspective-là, l’intervention d’Anne Cordieux a éclairé cette complexification de la situation et la relation pédagogiques en introduisant un tiers souvent perçu par l’enseignant-e comme un intrus ou une menace: l’ordinateur/Internet. Dans le cas présent, il s’agissait de séances consacrées à la recherche sur internet par des professeurs documentalistes.
Ici, la situation est encore complexifiée par le fait que ces séances n’ont pas lieu dans le cadre habituel du centre de documentation, mais dans l’univers (hostile) de la salle informatique. Pour ces enseignant-e-s, à la peur de la panne technique, s’ajoute encore la crainte d’un dialogue pédagogique dégradé entre eux et leurs élèves. Tout prend donc une importance accrue et, la peur étant mauvaise conseillère, aboutit à des organisations et gestion de séquences pédagogiques où l’enseignant subit la situation.
Au final, sur une séquence de 60 minutes environ, les élèves passeront moins de 10 minutes avec l’ordinateur et le reste du temps à remplir une fiche-outil et à écouter le prof. Tant le prof que les élèves sortent de ces séances dépités…
Ces deux interventions m’ont largement réconcilié avec le colloque.
En Ludovia : ma première journée (24 août)
Tout a démarré avec le colloque scientifique « Interactions/Interactivités » avec trois interventions d’universitaires dont 2 sémioticiens. Pendant que quelques blogueurs en étaient encore à boire le café, Philippe Dumas nous demandait si nous voulions être amis. Il ne nous a pas laissé répondre…
En résumé donc beaucoup de peine de la part des intervenants à entrer en communication avec la salle et un discours hermétique et jargonnant. Seul Patrick Mpondo-Dicka a échappé au naufrage en parlant un langage compréhensible pour la salle. En nous indiquant que les interactions en face à face étaient les plus couteuses psychologiquement, Son propos avait le mérite de nous faire entrevoir un des avantages des interactions via les réseaux sociaux.
Le plus intéressant est venu pour moi d’un gazouillis de Laurence Juin (http://twitter.com/frompennylane) :
«Toute communication performante nécessite (selon moi) des règles établies et respectées (oral, tchat, réseaux sociaux etc)»
et on aurait bien voulu que des recherches permettent d’en situer les conditions et les limites à partir de la question des interactions.
Après le repas – fort bon- je me suis quelque peu dépêché pour retrouver les participant-e-s de la première table-ronde de Ludovia, chargé que j’étais d’en réaliser la synthèse avec son animateur Benoit Ducange (ministère de l’éducation nationale).
Le sujet portait sur le référentiel numérique « Collège et Etablissement Numérique » conçu depuis 2009 pour les chefs d’établissement. Ce référentiel vise à optimiser le fonctionnement de l’établissement dans son utilisation des outils numériques en collaboration avec ses partenaires (le rectorat et la collectivité locale). Les documents des participants et la synthèse sont en ligne ici: http://www.ludovia.org/2010/2010/08/24/1400-–-16h00-table-ronde-evaluation-des-politiques-numeriques-«le-referentiel-numerique-»-interactions-collectivites-editeurs-enseignants/
Chargé par Benoit de clore la table-ronde par une synthèse a chaud, je me suis essayé à l’exercice en m’appuyant sur les réactions postées par mes petits camarades sur Twitter et via mes notes prises sur mon iPad. Bonne exercice pour apprendre à gérer son iPad en situation, je laisse le soin aux autres d’apprécier la synthèse ainsi réalisée en direct.
Plus subjectivement, le défi de ce référentiel consistera à laisser réellement l’initiative aux chefs d’établissement, de travailler dans la durée et à faire décoller les usages concrets avec les élèves et leur famille. La contre-partie de la « liberté » laissée aux établissements doit être la transparence des projets y compris dans les résultats obtenus. C’est pas gagné dans le contexte fortement hiérarchisé de l’éducation nationale er face à la difficulté actuelle d’accès aux rares données disponibles en la matière.
Sur Twitter certains louaient le pragmatisme anglo-saxon en la matière comparativement au modèle français.
La rédaction de la synthèse avec Benoit Ducange m’a certes privé ensuite de la table-ronde sur les manuels numériques, mais m’a permis de faire l’heureuse connaissance de Benoit qui se montrera également hilarant et efficace -les deux sont possibles- lors du barcamp du soir.
Le barcamp commença lui par une longue plage publicitaire pour une zappette scolaire et s’est terminé dans le plus pur esprit des barcamps, Mario Asselin (http://twitter.com/MarioAsselin) dixit. Ouf!
Pour le reste ce compte-rendu ne saurait rendre la richesse des interactions et des rencontres entre participants. Le point-fort de Ludovia est bien de permettre la rencontre de personnes d’horizon divers et variés dans un cadre convivial et non normatif.
To be continued…
Sur la route de Ludovia : jour 1
C’était donc aujourd’hui le signal du départ pour Ludovia puisque j’ai choisi de joindre l’utile à l’agréable en choisissant de m’y rendre à moto. Histoire aussi de complexifier la question de l’éducation nomade!
A l’heure du départ
Nouveau concept de MotoBus pour compléter l’offre du MédiaBus de la HEP Vaud?
Matériel nomade
Non Guillaume tu ne rêves pas...
Si je n’étais pas quelque peu craintif, la solution iPad + iPhone seuls, j’aurais retenu…
Au final, ils seront accompagnés de mon MacBook Air!
Mais je compte bien tenter au maximum l’expérience en situation du iPad.
To be continued…
En route pour Ludovia 2010
Toute la semaine prochaine, vous pourrez me retrouver ou me suivre à Ludovia 2010. En effet, j’y ai été invité officiellement au titre de « blogueur » pour rendre compte de la manifestation et faire la synthèse d’une des tables-rondes.
Mais qu’est-ce que Ludovia?
Ludovia est une Université d’été sur l’e-éducation et les applications Multimédia Ludiques et Pédagogiques. Elle regroupe des enseignants, des chercheurs, des entreprises actives dans le domaine, des collectivités publiques locales, des représentants de l’Education nationale française et des chefs d’établissements. Toutes et tous viennent faire part de leurs expériences en la matière. C’est déjà la 7e édition de cette manifestation qui est devenue un must dans le domaine.
Où est-ce? Quand? Quel est le sujet?
Ludovia se déroule à Ax-les-Thermes en Ariège. L’Université ouvre ses portes lundi soir 23 août et se termine le vendredi 27 août.
Le sujet de cette 7e édition est « Créativité et interaction ».
Qui sont les blogueurs invités?
Cette vidéo de Mario Asselin et Christophe Batier y répond:
Ludovia 2010 Les Blogueurs
envoyé par Batier. – Découvrez plus de vidéos de la vie étudiante.
Qui ferai-je?
Tout d’abord il me faut découvrir cette manifestation et son ambiance. Cela donnera peut-être lieu à des éléments insolites dont je rendrais compte. Je vais aussi rencontrer pour la première fois en chair et en os des amis blogueurs ou twitteriens que j’apprécie beaucoup. 😀
Ensuite, une chose est sûr, je suis le rapporteur d’une des tables-rondes. La première! Ma synthèse sera publiée sur le site de ludovia. Les synthèses seront présentées le jeudi après-midi.
Par ailleurs, je publierai ici un compte-rendu journalier (enfin j’espère…) de Ludovia où je serai jusqu’à jeudi soir, probablement quelques photos sur mon Café Blog et je gazouillerai (@lyonelkaufmann) en direct. Pour ceux qui veulent suivre en direct tous les contributeurs, le hashtag (mot-clé) choisi est #ludovia2010.
Je terminerai que en disant je suis à la foi très heureux d’avoir été invité parmi un panel de blogueurs de Français, Québécois et Belge que j’apprécie et un peu inquiet de savoir si je serai à la hauteur d’un tel événement.
Autrement excusez-moi, mais je dois encore préparer mes affaires…