Un sondage réalisé aux Etats-Unis révèle la méconnaissance de la population américaine sur l’horreur de la Shoah.
Malgré le travail de commémoration des musées et des associations, 41% des Américains ne connaîtraient pas le nom d’Auschwitz, selon un sondage dont les résultats ont été publiés par le New-York Times jeudi 12 avril. Un constat qui touche essentiellement les Millénials : Ils sont 66% parmi les plus jeunes sondés à ignorer l’existence du tristement célèbre camp d’extermination.
La mémoire s’efface
« Le problème n’est pas que les gens nient l’Holocauste; le problème est qu’il s’efface de la mémoire « , explique Greg Schneider, vice-président exécutif de Claims Conference, une organisation d’associations juives à l’origine de l’étude.
L’enquête menée sur 1 350 adultes Américains révèle des lacunes alarmantes sur l’enseignement de la Seconde Guerre Mondiale dans les établissements scolaires. Ils seraient, en effet, 31% à évaluer le nombre de victimes juives à deux millions quand le génocide s’élève en réalité à six millions de morts. Et seulement 39% à savoir que Hitler a été élu démocratiquement.
Commentaire :
S’il s’agirait également de prendre en compte la place de l’histoire générale dans les cursus scolaires américains, nous pouvons légitimement nous interroger sur les résultats d’un tel sondage qui serait organisé auprès de nos élèves.
A noter que, dans le contexte actuel, ce n’est pas seulement la question du niveau connaissances factuelles qui est susceptible de nous inquiéter, mais aussi de la connaissance des mécanismes ayant conduit à une telle horreur.
Dans ce cadre-là, il convient de souligner que le Plan d’étude romand prévoit que le thème de la Shoah soit enseigné tant au cycle 2 (primaire) qu’au cycle 3 (secondaire). Un effort spécifique mérite d’être entrepris pour proposer des séquences d’enseignement et une diversité de matériel permettant aux enseignants d’aborder cette thématique. Cette thématique reste une question sociale vive en Suisse en raison de l’attitude de la Suisse officielle à l’égard des Juifs cherchant refuge dans notre pays.
Concernant la situation de la Suisse relativement à la Shoah, il faut saluer le fait qu’en 2004 la Suisse a rejoint l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), qui compte aujourd’hui 31 États membres et qui a pour but de promouvoir la mémoire, la recherche et l’éducation à propos de la Shoah. Assumant en 2017 la présidence, la Suisse a notamment organisé par l’entremise de à la Haute école pédagogique du canton de Vaud1 les journées d’étude internationales « Enseignement et apprentissage de la Shoah: pratiques et expériences dans le monde scolaire » du 22 au 23 janvier 2018. Nous en avons largement rendu compte ici2.
La question de l’enseignement et de l’apprentissage relatifs à la Shoah se pose ainsi dans de nombreux contextes nationaux, chaque pays y apportant des réponses différentes en fonction de sa propre histoire et de son rapport au passé. Néanmoins, de cette diversité des approches, il en ressort qu’au cœur généralement des démarches présentées en janvier, le recours, sous divers formes, aux témoignages tend à offrir aux élèves une multiplicité de point de vue (multiperspectivité) à partir desquels ces derniers peuvent accéder à une intelligibilité de la Shoah.
Source du sondage : LesInrocks – 41% des Américains ne savent pas ce qui s’est passé à Auschwitz
- En collaboration avec la Haute école pédagogique de Lucerne. ↩
- Vous pouvez également consulter le compte-rendu que j’en ai fait dans ma chronique mensuelle du mois de février 2018 dans le Café pédagogique : http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/histoire/Pages/2018/180_lachronique.aspx. ↩
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