Du 6 au 8 juin 2018 a eu lieu à l’Université Paris-Diderot la 4ème Conférence de l’Association Internationale de Recherche en Didactique de l’Histoire et des Sciences Sociales (AIRDHSS). Le thème était « Citoyenneté, identité et altérité «. L’intervention de Nathalie Germinal relativement à la rédaction de lettres donnant le point de vue d’un acteur précis (Français d’Algérie, Armée ou FLN) a propos de la Toussaint Rouge.
Le résumé de son intervention :
« Au lycée professionnel, la question de l’identité est présente, en CAP dans la thématique : se construire, s’insérer dans la cité ou s’insérer dans le groupe. En Terminale dans identité et diversité. De même, l’altérité est présente dans les questions d’histoire guerres et confits contemporains en CAP, le monde après 1989 ou encore Inde Algérie, colonisation, décolonisation en baccalauréat professionnel. Lors de ses recherches en didactique réalisées entre 2013 et 2015, Nathalie Germinal a analysé les représentations des élèves sur la Toussaint Rouge, mais aussi l’impact d’une pédagogie de projet pour développer l’esprit critique.
L’analyse curriculaire, la place du récit en histoire ont déterminé le choix pédagogique d’un scénario où l’élève représente un acteur historique. Il rédige une lettre qui donnait le point de vue d’un acteur précis (Français d’Algérie, Armée ou FLN). Une approche bivalente a été menée en lettres; la notion de métissage, de transmission a été analysée avec des supports variés (théâtre, romans, poésie).
Comment la citoyenneté est-elle envisagée en lettres-histoire alors qu’on ne veut pas, à part en EMC, de débat en classe ? Comment construire alors un savoir commun, une identité partagée quand on élude le débat, la variété des points de vue en classe? »
Il faut souligner la riche séquence alliant enseignement du français et d’histoire autour d’une question socialement vive à propos de la Guerre d’Algérie entreprises avec des élèves de lycée professionnel pour éduquer à la citoyenneté et au respect de l’autre :
- Mise en place notamment d’un jeu de rôle,
- corpus documentaire réalisée par l’enseignante,
- travail en îlot des élèves,
- débat
- évaluation/intégration au travers d’une tâche complexe de rédaction d’une lettre.
Il faut noter également que l’élément qui interrogeait Nathalie Germinal résidait dans l’incapacité des élèves de transférer leurs compétences à analyser une lettre dans le cadre de l’enseignement du français dans les leçons d’histoire quand il s’agissait d’analyser une source épistollaire.
Pour Nathalie Germinal, le travail sur la lettre a permis aux les élèves algériens d’opérer une prise de distance et de parvenir à une diminution de l’affect par rapport tant au sujet que de la tâche. Les élèves ont également pu sortir d’une vision manichéenne de l’histoire (bien vs pas bien).
Cette stimulante démarche sera réinvestie par Nathalie Germinal réinvestira l’année prochaine dans le cadre de la nouvelle organisation des lycées professionnels.
Bibliographie :
Ricœur, P. (2000). La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli, Paris, Point Seuil.
Bonafoux, C., De Cock Pierrepont, L., Falaize, B. (2007). Mémoires et histoire à l’école de la
République, Paris, Armand Colin.
Borne, D., Nembrini, J-L., Rioux, J-P. (2002). Apprendre et enseigner la guerre d’Algérie et le
Maghreb contemporain : Actes de l’université d’été, Paris, 29-31 août 2001. CRDP de l’Académie
de Versailles.
Ledoux, S. (2013). Enjeux d’une écriture historienne du devoir de mémoire, CVUH.
Thénault, S. (2014). La guerre d’indépendance algérienne. Mémoires françaises. Historiens et
Géographes, n° 425, février 2014, pp. 75-90.
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