Comment dire l’indicible ? Comment montrer l’horreur sans passer par la fiction ? C’est la question que pose ce monument du cinéma : Shoah, travail immense de Claude Lanzmann, qui nous a quitté le 5 juillet dernier. France Culture lui a rendu hommage.
L’émission :
« Je ne me suis jamais guéri de la mort. Ce qui me scandalise le plus dans le monde, c’est de devoir mourir. Je n’aime pas la musique, et je n’aime pas mourir. Vous pouvez dire ça de moi »… c’est ce que déclarait Claude Lanzmann il y a peu sur France Culture.
Claude Lanzmann a été résistant, journaliste, proche de Sartre, amant de Beauvoir, directeur de la Revue des Temps Modernes… puis réalisateur de Shoah qui fut évidemment sa grande œuvre. Il a été question de tout cela et de bien d’autres choses, comme son goût pour l’aventure. Nous nous arrêtons sur l’impact intellectuel de son travail, et sur le débat né à la sortie de Shoah en 1985… Un débat qui court jusqu’à aujourd’hui.
Car les 9h30 de films ont été un véritable choc à sa sortie. Lanzmann répondait à cette question impossible : Comment dire l’indicible ? Ce film et ses 350 heures de rushes sont un véritable tournant historiographique et posent définitivement la question du témoignage et de la représentation de la Shoah.
Intervenants :
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écrivain, philosophe
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professeur d’histoire et d’esthétique du cinéma à Paris III Sorbonne-Nouvelle, formateur au Mémorial de la Shoah
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Historien du cinéma
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maître de conférences en philosophie à l’Université Paris-Nanterre
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historien, chercheur postdoctoral à l’Université de Montréal et associé à l’Institut d’histoire du temps présent
Pour aller plus loin :
Shoah, une double référence ? : des faits au film, du film aux faits de
Shoah de Claude Lanzmann est aujourd’hui considéré comme une référence. Le film a en grande partie défini la manière dont est traité et représenté le génocide des juifs, au point d’imposer l’usage du terme Shoah dans la langue courante.
Pendant des années, il a été quelque peu difficile de contenir l’émotion que procure le film, et de tenter une approche distanciée, voire parfois critique. Dans les années 2000, un événement va notablement modifier la situation : la mise à disposition des rushs de Shoah au Musée Mémorial de l’Holocauste (Washington), c’est-à-dire de toutes les images non retenues dans la version finale du film, ainsi que les transcriptions et résumés annotés des entretiens. Il devenait ainsi possible de se confronter au film de l’intérieur. Fabrication du film et choix au montage, modes de diffusion, appropriations successives dans les médias et par les intellectuels, ou encore influence du projet sur le travail d’autres réalisateurs, l’étude de Shoah permet de mieux comprendre comment le film est devenu un monument.
Sans prendre le film comme un mythe qu’il faudrait déconstruire, mais en révélant la dynamique des places qu’occupent le réalisateur et ses équipes, ainsi que les protagonistes et les spectateurs, Rémy Besson, historien et spécialiste des cultures visuelles, retrace ici la genèse de Shoah. (Présentation de l’éditeur)
Source : Claude Lanzmann : filmer l’horreur
Crédit photo : • Crédits : Sven Hoppe – Maxppp
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