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 | La Crise des années 1930 | Le New Deal
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  | La crise de 1929 - Extrait de l'Article "Crises économiques" de l'Encyclopædia Universalis 2006
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  | La crise de 1929 est longtemps demeurée un champ clos où s'affrontent les explications concurrentes. Les approches libérales, qui insistent sur les atteintes aux mécanismes concurrentiels (L. Robbins, 1934) ; les approches marxistes, centrées sur la baisse tendancielle du profit dans un monde capitaliste voué à la sous-consommation (E. Varga, 1935) ; les approches keynésiennes, qui situent l'origine de la crise dans une déficience de la demande globale, par épuisement des occasions d'investissement (A. Hansen, 1941) ou chute de la consommation (P. Temin, 1976) ; enfin, les approches monétaires, qui mettent en exergue l'impact de la déflation sur le poids réel de la dette (I. Fisher, 1933) ou les erreurs de la politique monétaire américaine (M. Friedman et A. Schwarz, 1963) sont en fait à bien des égards complémentaires, malgré d'évidentes divergences, notamment sur l'incidence de la variable salaires réels. Une interprétation cohérente doit articuler - et non opposer - les explications conjoncturelles ou axées sur les erreurs de politique économique et les explications structurelles (par exemple, en termes de blocage du « mode de régulation » concurrentiel ; R. Boyer, J. Mistral, 1983). Mais la compréhension de la grande dépression a surtout progressé grâce aux analyses convergentes (C. Kindleberger, 1973 ; D. Alcroft, 1977 ; P. Fearon, 1978) qui insistent sur la dimension internationale des enchaînements. La gravité de la crise est due aux conditions déséquilibrées du rétablissement de l'étalon-or après la guerre, dans un monde où se cumulent les facteurs d'instabilité financière et où il n'existe plus de leadership international : la Grande-Bretagne n'est plus en état d'exercer le rôle qui était le sien avant 1914, et les États-Unis, confrontés à leurs propres problèmes, ne sont pas prêts à assumer leurs responsabilités mondiales.
© Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés
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  | Article paru dans Politique Etrangère, n°3-4, 2000 Résumé : On montre dans cet article l'importance des considérations politiques internationales dans les origines de la crise de 1929 et dans son déroulement. On analyse ensuite les conséquences multiples de la crise et des analyses qui en furent faites sur les relations internationales après la seconde guerre mondiale et sur leur organisation au sein des institutions internationales. On conclut à l'importance de la coopération internationale institutionalisée dans la prévention des crises. Pierre-Cyrille Hautcœur, ancien élève de l'Ecole normale supérieure et ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, agrégé de sciences sociales et de sciences économiques, est Professeur de sciences économiques à l'Université d'Orléans et chercheur au DELTA (CNRS-EHESS-ENS). Il est spécialiste d'histoire économique et spécialement monétaire et financière de l'Europe contemporaine.
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  | Article complet. La crise des années 1930 fut, avec les deux guerres mondiales, l'un des événements du siècle qui marquèrent le plus la conscience collective. Exemple sans doute unique d'une crise économique profonde et durable qui sembla ne pouvoir s'achever spontanément. Exemple également unique d'une dépression vraiment mondiale puisque seule l'URSS fut épargnée. Malgré son importance, la crise souffre d'une place relativement faible dans l'historiographie autre que strictement économique, sans doute due à un statut ambigu: vue comme une crise globale du capitalisme par les auteurs marxistes, elle est considérée de ce fait comme un phénomène purement économique, dans l'interprétation duquel histoires politique, diplomatique, culturelle ou même sociale n'ont guère place. Cette perception est renforcée par les travaux d’autres économistes pour lesquels cet épisode représente un défi aux mécanismes d'ajustement spontané de l'économie libérale qu’il convient de comprendre en termes d’abord économiques. L'importance de cet enjeu comme le poids de l'historiographie américaine, c'est-à-dire rédigée dans un pays où la première guerre mondiale fut un événement de bien moindre poids qu'en Europe, conduit à considérer les années 1920 comme le simple prolongement économique de la Belle Epoque et à minimiser les transformations ayant résulté de la guerre. Il nous semble qu’à l’opposé de cette perspective, l’importance de cette crise en fait naturellement le type même de l'événement dont les origines et les conséquences ont de fortes chances d'être multiples et de déborder le cadre de l'économique. Nous voudrions donc ici d’abord examiner comment la politique internationale joue un rôle majeur dans l’explication de la crise, puis quelles furent les répercussions de celle-ci sur les relations internationales.
Origines de la crise Nombre d'interprétations de la crise en font un événement principalement américain: le krach de Wall Street dans le cas le plus simpliste, l'effondrement du crédit provoquant un blocage de l'investissement et de la consommation sous l'effet des faillites bancaires en série dans la version plus sophistiquée actuellement dominante, la chute de la consommation sous l’effet d’un chômage rapidement croissant du fait de l’absence des régulations salariales dans une certaine tradition keynésienne, la saturation d'un mode de régulation dans lequel la demande ne suit pas la croissance de l'offre selon une lignée post-marxiste, toutes explications qui sortent peu du cadre national. Pourtant, deux autres lignées d'interprétation accordent davantage de poids aux interactions internationales, et de ce fait, presque nécessairement, aux considérations politiques. La première souligne les méfaits d’un système monétaire international de change fixe dans la transmission de la crise. La seconde invoque en priorité les conséquences de la première guerre mondiale en Europe.
Le rôle du système monétaire international Une partie de l’historiographie accorde un rôle important au système monétaire international dans l’origine et la transmission de la crise. Nous montrerons ci-dessous les principaux arguments en ce sens, puis nous chercherons à montrer que ce système n’avait guère d’alternative à l’époque, et que les conflits politiques créés par la lutte pour la prééminence en son sein et par son abandon désordonné eurent sans doute un impact plus grave. L’insistance sur le rôle du système monétaire international d’étalon-or repose d’une part sur une tradition d’interprétation de la crise relativement mineure qui accorde aux économies périphériques un rôle initiateur dans la récession, d’autre part sur les modalités de sortie de crise dans les différents pays, enfin sur la théorie économique actuelle. Dans la tradition qui voit la crise démarrer dans la périphérie, elle fut d’abord le résultat d’une fragilité imposée par une économie internationale hiérarchisée aux dépens des pays en question. L'Amérique latine et l'Océanie furent particulièrement concernées du fait que leur forte croissance dans les années 1920 avait été centrée sur les produits de base et dépendait de l'accès aux marchés de biens et de capitaux des pays riches. Quand les marchés à l’exportation se réduisirent, les prix baissèrent et ces pays devinrent incapables de payer leurs dettes, d’autant plus que les prêts se réduisaient. Le faible développement des systèmes financiers nationaux de ces pays accentua la crise en la transmettant sans l’amortir à toute l’économie et en interdisant une réorientation de la production. Leur dépendance politique, financière et commerciale aggrava la crise en empêchant les solutions les plus radicales : la cessation de paiement sur la dette externe ou la dévaluation. Dans la logique de l’étalon-or, ces pays pratiquèrent donc des politiques de rigueur qui accentuèrent la crise et la transmirent à l’étranger (par la baisse de leurs importations). Certains furent cependant contraints à la dévaluation ou au contrôle des changes ; d’autres, plus chanceux, évitèrent l’opprobre qui y était attachée en dévaluant dans la foulée de la Grande-Bretagne en 1931. La thèse qui accuse le système d’étalon-or de la transmission initiale de la crise considère qu’un système de changes flexibles aurait vu les monnaies concernées se déprécier progressivement, conduisant à un ajustement graduel au lieu de la rupture brutale qui eu lieu. En effet, selon elle, l’ajustement automatique que prédit la théorie classique en changes fixes était rendu inopérant par l’importance des déséquilibres existants, et ce pour deux raisons. D’une part une asymétrie existe en système d’étalon-or entre pays à excédents et à déficits de balance des paiements : pour éviter de quitter le système de change, un pays en déficit est contraint à une politique de rigueur qui aggrave sa situation (au moins à court terme) tandis qu'un pays excédentaire n'a aucune obligation de relancer son économie. C'était le cas à la fin des années 1920 des Etats-Unis ou de la France, pays qui d’ailleurs connaissaient le plein-emploi et une forte croissance, de sorte qu'une relance aurait été peu efficace car elle se serait heurtée aux limites des capacités de production. Des crédits accordés par les pays excédentaires aux déficitaires auraient pu constituer une solution de court terme, mais elle n’était souvent guère crédible étant donné le surendettement existant, et risquait donc d’aggraver les risques de crise de change plutôt que les supprimer. La seconde raison de l’absence d’ajustement spontané est la rigidité à la baisse des prix (et des salaires, qui en sont la principale composante), rigidité qui apparaît dans l’entre-deux-guerres et à laquelle une dévaluation est le meilleur remède. Les accusateurs du système d’étalon-or tirent enfin argument des formes de la sortie de la crise de nombre de pays. En effet, les pays ayant abandonné les changes fixes les premiers sortirent plus rapidement de la crise que les fidèles du " bloc-or " (ces mêmes pays qui autour de la France avaient formé l’Union Latine dans les années 1860, et qui maintinrent l’étalon-or jusqu’à 1935 ou 1936). Néanmoins, il convient de remarquer plusieurs limites de cette thèse. Tout d’abord si les changes fixes favorisent les crises de change, les changes flexibles connaissent souvent des fluctuations erratiques des cours des changes qui ont justement amené à leur préférer parfois les changes fixes. La seule expérience récente que l’on avait en 1929 des changes flexibles en 1929 était ainsi celle des chaotiques années d’après-guerre. Ensuite, les changes fixes résultent non d’un accord international (ces systèmes de change fixe n’ont de systèmes que le nom) mais de la définition unilatérale par chaque pays de la parité de sa monnaie en métal, parité qu’il est libre de modifier à sa guise (qu’une parité stable fasse partie de la panoplie du pays respectable n’annule pas entièrement cette liberté, comme en témoignent les stabilisations incluant des dévaluations, qui furent saluées par les marchés financiers). Loin d’être principalement motivée par ses relations internationales, la définition d’une parité fixe se veut d’abord une protection des nationaux contre les risques de dérapage inflationniste. Plus grave enfin, l’efficacité de la dépréciation monétaire comme instrument pour sortir de la crise fut en partie due à l’avantage compétitif qu’il procura aux premiers dévaluateurs, avantage qui avait comme contrepartie le dommage fait aux autres pays : celui qui dévaluait le premier prenait les parts de marché des autres pays grâce à des prix plus bas, renfonçant les autres dans la crise. Ces " dévaluations compétitives " conduisirent à des rétorsions protectionnistes de la part des pays victimes, ce qui contribua à restreindre les échanges internationaux. Le passage aux changes flexibles de l’Angleterre et des pays suiveurs conduisit donc à un renforcement des tensions politiques en Europe. Au total, il semble difficile d’incriminer le système monétaire international de l’époque d’une responsabilité majeure dans la crise, alors que son abandon en ordre dispersé renforça les conflits diplomatiques entre pays. En revanche, le caractère hiérarchisé de l'étalon de change or établi à Gênes renforça les aspects conflictuels de son fonctionnement. En effet, on y distinguait deux types de monnaie : les monnaies "centrales", qui devaient être garanties par de l'or et qui de ce fait pouvaient servir d'instrument de réserve aux autres, et les monnaies "normales" gagées surtout par des réserves constituées des monnaies centrales. Naturellement, la situation hiérarchique dans le système n'était pas la même dans les deux cas, car une monnaie centrale contrôlait en partie la situation monétaire dans les pays qui détenaient sa monnaie comme réserve. Au moment de la conférence de Gênes, seuls les Etats-Unis (d'ailleurs absents) avaient une monnaie convertible, donc susceptible d'être utilisée comme réserve. Ils détenaient d'ailleurs l'essentiel des stocks d'or monétaire du monde. Le retour à la convertibilité de la livre, jointe à la position traditionnelle de la Banque d'Angleterre dans le système d'étalon-or et dans le commerce international, conduisit nombre de pays à utiliser la livre pour leurs réserves (comme c’était déjà le cas avant 1914). Quand la France retrouva la convertibilité, elle se hâta de concurrencer la Grande-Bretagne sur ce terrain, et rêva de renforcer ses positions diplomatiques en Europe centrale par des liens entre banques centrales et entre monnaies. Ceci la conduisit à liquider ses avoirs en devises, affaiblissant du même coup les banques centrales anglaise et américaine. Cette multiplication des monnaies " centrales " diminuait également la masse monétaire susceptible d'être gagée par les stocks d'or mondiaux, ce qui affaiblissait le système d'étalon-or. Pourtant, ce dernier problème était moins grave que les conflits pour la prééminence : le risque d’insuffisance de la masse monétaire mondiale du fait du caractère matériellement limité du stock d’or (qui sera dénommé dilemme de Triffin dans les années 1950) était présent à l’esprit des responsables de l’entre-deux-guerres, et un rapport de la SDN conclut en 1930 que le risque restait faible. Les conflits européens et la crise Les conflits politiques en Europe ont joué un rôle d’abord, durant les années 1920, en créant un contexte économique d’une grande fragilité dans lequel la moindre étincelle pouvait déclencher une crise grave, ensuite par le obstacles qu’ils ont représenté à la mise en œuvre de solutions coopératives lors du déroulement de la crise elle-même. La guerre a contribué à la crise selon au moins trois dimensions. En premier lieu, l’imbroglio des dettes de guerre et des Réparations a dominé politique internationale et budgets nationaux durant l’ensemble des années 1920. Le conflit sur les Réparations et l’incapacité (en résultant largement) de l’Allemagne à équilibrer un tant soit peu son budget conduisirent directement à l’hyperinflation de 1923. Celle-ci détruisit en outre l’épargne financière antérieure et affaiblit le système financier. En France, le contraste entre l’insistance américaine sur les dettes de guerre et la faiblesse du soutien pour les Réparations incita à l'intransigeance, tandis que les retards de paiement des Réparations accroissaient la méfiance envers l'Allemagne. Deuxième cause de la crise, le processus de stabilisation des économies européennes après la guerre a multiplié les tensions. Paradoxalement, la restauration du système international a priori le plus favorable aux échanges (un système d'étalon-or sans restrictions substantielles aux mouvements de biens ou de capitaux) se fit dans le désordre et le conflit sur ses bases essentielles. Les différents pays rétablirent la convertibilité de leur monnaie dans le désordre, non sans rivalité (cf. ci-dessus), et les crises spéculatives qui jonchèrent ce chemin furent fréquemment attribués non aux " fondamentaux " économiques (inflation ou endettement excessifs) mais aux spéculateurs ennemis (que ce fut lors de l'hyperinflation allemande ou lors des " attaques " contre le franc en 1924 et 1926). Les stratégies suivies étaient différentes et largement incompatibles: ainsi la Grande-Bretagne parvint, pour maintenir son prestige, celui de la livre et de la place de Londres, à rétablir en 1925 la parité or d'avant-guerre. Néanmoins, ceci amputa la compétitivité de son économie, ce qui, avec les pertes de la guerre, rendit sa balance des paiements structurellement déficitaire. Elle ne put dès lors reprendre son rôle de prêteur international qu'en empruntant à court terme ce qu'elle prêtait à long terme. La France, à l'opposé, ne parvint pas à s'imposer un retour à la parité d'avant-guerre du fait de l'importance de sa dette publique; la dépréciation du franc renforça sa compétitivité. Elle stabilisa sa monnaie en 1926 à un niveau sous-évalué par rapport à la livre. Enfin la stabilisation du mark après l’hyperinflation fut sans doute réalisée à un niveau trop élevé, qui conduisit, avec les Réparations, à un déficit structurel de balance des paiements. Celui-ci fut couvert par des crédits américains si considérables qu’on les qualifia de "Réparations américaines envers l'Allemagne". Dès lors la rigueur était inutile tant que l’on ne demandait pas le remboursement de ces dettes. La stabilité du système de change international dépendait donc d'un réajustement progressif des balances des paiements des différents pays, ce qui supposait des politiques économiques compatibles, voire coordonnées ; or les tensions politiques freinaient toute coopération. Dernière conséquence de la guerre à avoir eu un rôle dans la crise : le morcellement de l’Europe. La multiplicité de petits Etats en Europe fragilisa le continent économiquement et financièrement. Nombre de relations économiques furent rompues par les indépendances. Le capital qui circulait librement dans l'empire austro-hongrois fut freiné par l’apparition d’un risque de change et de risques politiques. Repliés sur des économies nationales de petites tailles, les systèmes bancaires devinrent inadaptés. La multiplicité des monnaies fragiles divisait les réserves et augmentait les risques de contagion en cas de panique.
Déroulement de la crise et conflits politiques Davantage que la crise précoce des pays de la " périphérie ", celle de l'Allemagne pesa dans le déclenchement de la dépression mondiale. On a vu que la situation économique allemande restait fragile malgré les crédits américains, sans doute du fait des tensions sociales qui conduisaient à des salaires élevés, et de la faiblesse d'un marché financier encore affecté par l'hyperinflation. Une récession forte commença en 1927. Cependant, l'économie allemande inspirait encore confiance aux prêteurs. La situation financière fut aggravée par le recul des prêts américains qui eut lieu à la mi-1928. Le gouvernement allemand renforça alors sa politique d'austérité (dans l'espoir d'obtenir par sa "vertu" une réduction des Réparations), ce qui aggrava la crise.
La crise allemande restait alors réelle, résultat des coûts élevés d'adaptation de l'économie au besoin de dégager le montant des Réparations dans un contexte de taux de changes fixes aux parités en partie mal adaptées, ce qui impliquait une amputation durable du niveau de vie. Le début de la crise américaine vit d'ailleurs une coopération internationale réussie dans la baisse des taux d'intérêt en 1929-1930, qui permit d'encourager une reprise économique sans augmenter les pressions sur les balances des paiements les plus fragiles. Quand l'Allemagne obtint, dans le cadre du plan Young une réduction des versements au titre des Réparations, et un crédit transitoire, on pensa que la récession touchait à sa fin. En fait, la crise économique allait se voir renforcer par une crise financière internationale d'une ampleur unique.
La crise financière qui commença à l'automne 1930 avait des racines réelles multiples en Autriche ou en Allemagne, mais elle ne prit de l'ampleur que du fait de l'absence de coopération internationale. Une des sources majeures de sa transmission internationale se trouve paradoxalement dans le plan Young lui-même : en effet, à titre de compensation de la baisse du montant dû par l'Allemagne au titre des Réparations, le plan inversa la hiérarchie entre les Réparations et les autres dettes de l'Allemagne. Alors qu'auparavant les créanciers internationaux pouvaient prêter à l'Allemagne sans risque important tandis que l'Allemagne avait intérêt à s'endetter au maximum (puisque cela lui permettait d'obtenir de l'argent sans augmenter le montant total qu'elle devrait débourser, grâce à un remplacement des paiements de Réparations par des intérêts de la dette commerciale), ces créanciers encourraient désormais des risques considérables. Non seulement il devenait dangereux de prêter davantage, mais le niveau de la dette existante était désormais considéré comme excessif.
Les banques étrangères, spécialement américaines, tentèrent alors de retirer leurs capitaux engagés en Allemagne. Comme les crédits à court terme représentaient l'essentiel de la dette allemande, et que cette dette était due largement par un système bancaire dont l'actif était moins liquide que ce passif, une crise était inévitable. Elle commença par le Credit Anstalt autrichien en mai 1931, et s'étendit par contagion psychologique à l'Allemagne. Dans les deux pays, la crise bancaire fut aggravée par les sorties de capitaux effectués par les nationaux ; elle se transforma en crise monétaire car tout sauvetage du système bancaire imposait une création monétaire qui menaçait la convertibilité de la monnaie.
La seule solution à court terme était un prêt international d'envergure qui permît de compenser l'impact sur la couverture monétaire de l'intervention du prêteur en dernier ressort. C'est à ce point que les tensions politiques firent obstacles à la coopération internationale. La France voulut profiter de cette urgence pour imposer l'abandon du projet d'union douanière austro-allemande. Le retard qui en résulta suffit à donner une telle dimension à la crise que la seule solution devint un moratoire sur les paiements intergouvernementaux (imposé par le président américain Hoover) et une suspension de la convertibilité des monnaies autrichienne et allemande.
Les répercussions dépassèrent largement l'Europe. Devant l'effondrement de la confiance, les pays emprunteurs se heurtèrent tous à une impossibilité de renouveler ou augmenter leurs emprunts: les cessations de paiements d'Etats et les dévaluations se multiplièrent alors. Les banques américaines subirent des pertes, une immobilisation de leurs créances et une perte de confiance de leur clientèle qui conduisit à la seconde crise bancaire, cause majeure d’aggravation de la crise américaine. Les banques anglaises, en position illiquide du fait de créances à plus long terme que leurs dépôts et de l'immobilisation de leurs avoirs allemands, subirent un run international qui imposa la dévaluation de la livre sterling (21 septembre 1931). La crise financière était devenue mondiale.
Seule une coopération internationale aurait pu permettre de freiner la crise, mais les tensions politiques et l’absence d’institutions douées d’une capacité d’action suffisante s'y opposaient. Un exemple en est donné par l'action de la Banque des règlements internationaux. Créée en 1930, la BRI avait pour mission la surveillance des systèmes bancaires et la coopération internationale. Elle échoua d'abord parce qu'elle n'avait pas encore l'autorité nécessaire pour coordonner l’action des banques centrales. Plus prosaïquement, le fait qu'elle fut également chargée de surveiller le paiement des Réparations fit que le Sénat américain interdit au Système de réserve fédéral de participer à son activité (par crainte de voir liées Réparations et crédits interalliés). En termes politiques, la crise s'aggrava parce que la confiance entre pays avait cédé la place à la méfiance, et parce qu'aucun pays n'était capable ou désireux d'assumer les coûts (le prêteur en dernier ressort devrait prêter à guichet ouvert lors d’une crise bancaire) et la responsabilité d'organiser la coopération.
Les conséquences de la crise des années 1930 pour les relations internationales Les conséquences de la crise sur les relations internationales furent tout aussi importantes, et ce à la fois aux plans réel et idéologique. Nous tenterons de suggérer d’abord ses conséquences principales sur la politique internationale (c’est-à-dire, au delà de la seconde guerre mondiale, sur la guerre froide et l’émergence de l’Union européenne, les deux événements politiques majeurs de l’après-guerre) ; nous montrerons ensuite plus précisément comment le souvenir de la crise a eu un rôle majeur dans l’organisation des relations économiques internationales après la guerre.
Les conséquences politiques La première conséquence de la crise fut la seconde guerre mondiale. On sait en effet que sans la crise, Hitler ne serait sans doute pas parvenu au pouvoir. Cependant, la guerre résulte avant tout du mauvais règlement de la précédente. De manière analogue, la crise a joué dans la justification économique des mouvements indépendantistes un rôle similaire à celui de la guerre dans leur justification politique, en montrant aux peuples colonisés la déroute de leurs maîtres. Les théories développées par les économistes sud-américains de la " dépendance ", prônant un développement plus autocentré, eurent ainsi moins leur origine dans l’admiration pour l’Union soviétique que dans la réaction à une crise durant laquelle les marchés d’exportation s’étaient effondrés ou fermés. Troisième conséquence politique : l’affaiblissement de la position idéologique de l’Ouest par rapport à l’Est dans la guerre froide. Si elle ne fut pas la " grande crise " du capitalisme que certains espérèrent sans doute, la crise ne fut résolue aux yeux des contemporains que par des méthodes étatistes, y compris aux Etats-Unis. Et si, surtout à partir des années 1970, des interprétations nouvelles atténuèrent le rôle de l’Etat dans la sortie de la crise, il n’en reste pas moins vrai que la crise avait affaibli la prééminence de l’idéologie libérale, spécialement en Europe. Dernier effet politique majeur de la crise : la résolution du problème européen. En 1945, Américains et Européens se rappelèrent le rôle dans la crise des conflits sur les réparations et les dettes de guerre et celui de la crise dans la reprise de la guerre franco-allemande. Prévues initialement, les réparations furent finalement abandonnées, tandis que les Etats-Unis organisèrent la reconstruction de l’Europe et encouragèrent l’intégration les économies allemande et française pour rendre la guerre impossible, à commencer par la mise en commun du charbon et de l’acier dans la CECA. Dans une Europe appauvrie où les importations étaient aussi nécessaires à la reconstruction qu’étaient rares les moyens de les payer, les Etats-Unis acceptèrent de relancer les échanges avant de restaurer un système monétaire international stable, se souvenant du rôle des stabilisations désordonnées des années 1920 dans le démarrage de la crise. Les accords de Bretton-Woods restèrent donc durablement une coquille vide (jusqu’à 1958 en Europe) tandis qu’était mise en place une Union Européenne des Paiements dessinée de manière à favoriser la coopération et le commerce en Europe et appuyée par les Etats-Unis (dont la dotation au financement du fonds de roulement de l’UEP joua un rôle crucial dans le succès). On notera que cette politique, en apparence purement économique, fut organisée par le Département d’Etat américain contre l’avis d’un Trésor plus soucieux d’un retour à l’étalon-or et au business as usual. On sait quel fut son impact dans la réconciliation franco-allemande, le démarrage de l’Union européenne, la stabilité politique de l’Europe de l’ouest et son arrimage définitif aux Etats-Unis. La différence entre les deux après-guerre tient ainsi au rôle différent des Etats-Unis, qui, largement inspirés par le souvenir des années 1930, assumèrent l’hégémonie après 1945. Le fait que l’hégémonie américaine ne fut plus contestée, même par l’Angleterre, contribua naturellement au résultat.
Conséquences économiques Les conséquences principales de la crise sur les relations économiques internationale portent sur la mise en place d’institutions internationales destinées à assurer la coopération ou à faciliter la négociation afin d’éviter les ruptures dommageables à l’ensemble de l’économie mondiale. L'interprétation de la dépression qui modela la réorganisation économique de l'après-guerre est la suivante: la transmission internationale de la dépression résulte de l'importance des flux de capitaux à court terme spéculatifs (hot money), de la fragilité des systèmes bancaires, de l'absence de coordination entre banques centrales, des dévaluations compétitives et de la rigidité excessive du système de changes fixes. D'où la création à Bretton-Woods d'un système de changes fixes mais ajustables : fixes parce que l’on pensait alors toujours que cela favorisait les échanges internationaux ; ajustables parce qu’en cas de déséquilibre majeur, il valait mieux dévaluer que contracter l'économie ; mais ajustables avec l’accord du FMI, ce qui permettait d’éviter les dévaluations compétitives. Dans ce système, les gouvernements étaient autorisés à maintenir des contrôles aux mouvements de capitaux (pour éviter les attaques spéculatives), et même encouragés à les surveiller, ce à quoi s’employaient également le FMI et la BRI). Enfin, étaient créés des programmes d'aide du FMI pour faciliter les ajustements structurels, toujours douloureux. Deux autres traits du système monétaire international d’après-guerre tirèrent également les leçons de la crise, non sans effets pernicieux à terme : la prééminence du dollar et la création abondante de liquidité internationale. La prééminence des Etats-Unis à la fin de la guerre conduisit à un système monétaire international qui achevait l’idée d’étalon de change-or de la conférence de Gênes : le dollar servirait de réserves aux banques centrales des autres pays, et ne serait plus convertible en or que pour elles. Cette organisation évitait naturellement la lutte pour la suprématie, mais permettait l’abus par les Etats-Unis de leur pouvoir de création de la monnaie internationale. Longtemps pourtant ce risque fut négligé car, autre souvenir de la crise, on s’inquiétait davantage de l’inverse : la pénurie de liquidité internationale qui pouvait résulter de l’étalon-or. La peur de la déflation (et l’espoir de certains de les substituer aux dollars) amena d’ailleurs tardivement le FMI à créer les Droits de tirage spéciaux (DTS), embryon de monnaie internationale dont l’échec permit de percevoir les limites atteintes alors par la coopération internationale. Au delà du système monétaire international, l’organisation du GATT, forum de coopération internationale destiné à faciliter les échanges commerciaux trouva aussi son inspiration dans l’effondrement du commerce international qui eut lieu pendant la crise du fait de la succession de protections tarifaires, de prohibitions et de dévaluations compétitives. Fonctionnant selon le principe de la nation la plus favorisée, le GATT limita les conflits commerciaux bilatéraux, et empêcha les successions de rétorsions en fournissant un espace où les responsables des politiques commerciales s'habituèrent à négocier. L’ensemble de la reconstruction des relations économiques internationales après la guerre peut donc se lire comme un effort pour organiser une coopération internationale afin d’éviter le retour d’une crise analogue à celle des années 1930. Cet effort fut couronné de succès puisque paix, croissance et intégration internationale allèrent de pair. Il est donc paradoxal, mais cela témoigne aussi de l’importance continuée de la crise dans les esprits, de voir que dans les années 1960, c’est au nom d’une nouvelle lecture de celle-ci que les critiques s'attaquèrent au système de Bretton-Woods. On contesta le rôle des mouvements de capitaux dans la crise pour privilégier les erreurs de politique monétaire. On affirma que les changes flexibles auraient facilité l’ajustement de déséquilibres structurels réduits à des différences de politiques monétaires (cf. ci-dessus). Néanmoins, il s'agissait sans doute davantage de justifier un refus croissant de coopération (ou de l'hégémonie américaine) que d'une nouvelle analyse de la crise. Le retour d’une hégémonie américaine depuis la chute du mur de Berlin et une décennie de croissance rapide permet à un seul pays de résoudre des crises financières encore fréquentes, toujours dans le souvenir du besoin vital d’un prêteur international en dernier ressort. Il reste que l’émergence de l’Union européenne comme puissance monétaire porte en germe une rupture de cette hégémonie face à laquelle la leçon de l’entre-deux-guerres semble encore de construire sans relâche des lieux de coopération permettant d’éviter incompréhension, lenteur et inefficacité dans la lutte contre les crises.
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  | Les Sorties de la crise de 1929 - Extrait de l'Article "Crises économiques" de l'Encyclopædia Universalis 2006
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  | Le président Roosevelt, dès l'inauguration de son mandat en mars 1933, affirme résolument la priorité au redressement économique national sur tous les impératifs internationaux. C'est aussi dans un cadre national que se développent les politiques de reprise des autres grands pays. L'interprétation de la reprise reste un sujet bien plus controversé que les mécanismes de crise. Mais l'issue à la dépression est en général créditée d'avoir ouvert la voie à la grande expansion d'après guerre. Au-delà d'une reprise cyclique, elle représente un changement de « régime économique » (P. Temin), marqué par le renversement des anticipations en 1933 ; elle conduit à instaurer une « convention keynésienne de plein-emploi » (N. Baverez), et finalement un nouveau « mode de régulation » - « fordiste » (M. Aglietta) - caractérisé par l'interaction continue entre les gains de productivité et la progression du pouvoir d'achat salarial. Mais ce schéma général doit être confronté à l'analyse historique. Parmi les démocraties occidentales, il est troublant de constater que les deux grands pays dont les choix symbolisent la volonté de surmonter la crise déflationniste - les États-unis, avec le New Deal en 1933, la France, avec le Front populaire en 1936 - sont les derniers à ne pas avoir réellement émergé de la dépression avant 1939, alors que l'Angleterre met à son actif un redressement précoce et soutenu, hors de toute rupture. […] Le New Deal doit-il, en dépit de ses incohérences, être tenu pour l'expérience la plus porteuse d'avenir ? Un foisonnement de mesures, les unes acceptées, les autres combattues par le patronat, traduit une implication de l'État dans la vie économique sans précédent en temps de paix. L'objectif direct - faire remonter les prix - est atteint après la dévaluation du dollar en 1933. La hausse des salaires nominaux et réels devance la reprise. Le chômage est indemnisé. Mais le contenu du nouveau « compromis social » demeure très incertain. L'économie américaine, de rebonds en rechutes, n'a réussi à la veille de la guerre ni à retrouver le niveau d'investissements de 1929, ni à résorber un chômage massif et permanent. Le « réamorçage de la pompe » n'a pas eu lieu. Que Roosevelt garde malgré tout le prestige d'avoir osé affronter la dépression est révélateur du traumatisme qu'est demeurée, pour l'Amérique, la crise de 1929. […] L'issue à la dépression des années trente est en fait la guerre, qui réalise une « nouvelle donne » mondiale. En 1945, les États-Unis affirment leur leadership au sein du camp occidental. L'intervention gouvernementale, « keynésienne » ou non, bénéficie dans presque tous les pays d'un consensus au moins provisoire, et prend une dimension internationale avec le plan Marshall. Condition essentielle de la croissance, la réouverture des économies nationales devient dès 1945 une priorité. © Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés
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  | Crises et renouveau du capitalisme. Le 20e siècle en perspective (Laval: Presses de l'Université Laval 2002)
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  | L'OUVRAGE se divise en deux parties. La première partie examine quatre crises: celle des années trente (I. Joshua), celle des années 1970 (M. Husson), les crises financières contemporaines (M. Zerbato), et la crise de la dette (É. Toussaint). La seconde partie porte sur la nouvelle économie et le renouveau actuel du capitalisme. S'agit-il là d'un changement de cours du capitalisme comme ce fut le cas après la Longue dépression (G. Duménil et D. Lévy), d'un nouveau régime d'accumulation, «à domination financière » (F. Chesnais), ou encore d'un nouveau cycle long dans une dynamique de longue durée qui arrive à son terme (I. Wallerstein) ? Le débat est ouvert. Les deux parties sont précédées d'une introduction et suivies d'une discussion entre les participants. Renouveau du capitalisme ou.... De la première partie, je retiendrai le texte de Joshua, qui se démarque nettement des trois autres, somme toute très « classiques ». L'auteur, en effet, propose une explication originale de la crise de 1929 , développée plus en détail dans son livre, La crise de 1929 et l'émergence américaine (Paris, PUF, 1999). « La crise débute aux États-Unis, franchit l'Atlantique, frappe l'Europe, et fait retour, amplifiée, en Amérique » (p.11). Le schéma est fondé, dit l'auteur, mais cache l'essentiel: il n'y a pas eu une mais deux crises, l'une aux États-Unis et l'autre en Europe, « dont l'addition des effets donnera la grande dépression ». L'origine de la crise américaine doit être recherchée dans l'essor rapide d'un capitalisme moderne qui s'est fait au détriment de l'agriculture et de la production artisanale et dans la chute brutale de la consommation, amplifiée par la généralisation du salariat. La crise européenne est avant tout celle de l'Angleterre, déclassée par les Etats-Unis et incapable de soutenir le symbole de sa puissance passée, l'étalon-or. En clair, pour l'auteur, les faits démentent l'hypothèse selon laquelle la crise de 1929 serait une crise de suraccumulation.
Source : http://www.historycooperative.org/journals/llt/53/br_39.html
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  | La Grande Dépression et le New Deal
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  | Introduction - Tirée de l'article "New Deal" de de l'Encyclopædia Universalis 2006
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  | Historiens et économistes ont beaucoup discuté sur le sens et la portée du New Deal. Aux États-Unis, pays consacré au capitalisme libéral, l'intervention de l'État fédéral dans la vie économique n'était sans doute pas une nouveauté, mais jamais encore cette intervention n'avait été aussi massive, aussi continue, aussi efficace à bien des égards. […] On peut d'ailleurs mettre en doute l'efficacité du New Deal en tant que remède économique. En 1938, les États-Unis atteignent tout juste leur niveau de production d'avant la crise, mais leur revenu national reste encore en deçà, et le chômage est loin d'être résorbé. Le seul pays avec lequel puisse être comparée la modicité de ces résultats est la France. Cependant, le New Deal a servi d'exemple dans plusieurs pays [avec sa] politique consistant à lutter contre la crise par une augmentation des prix et des salaires, au lieu de recourir à la traditionnelle déflation […]. © Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés
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  | It is now well over a half-century since the Great Depression of the 1930s, the most severe and protracted economic crisis in American history. To this day, there exists no general agreement about its causes, although there tends to be some consensus regarding its consequences. Those who at the time argued that the depression was symptomatic of a profound weakness in the mechanisms of capitalism were only briefly heard. After World War II, their views appeared hysterical and exaggerated, as the industrialized nations sustained dramatic rates of growth and as the economics profession became increasingly preoccupied with the development of Keynesian theory. As a result, the economic slump of the interwar period came to be viewed as a policy problem rather than the outgrowth of fundamental tendencies of capitalism. The presumption was that the Great Depression could never be repeated owing to the increasing sophistication of economic analysis and policy formulation. Indeed, the belief became commonplace that the business cycle was "tamed" and "obsolete." The erratic performance of the American economy during the 1970s and 1980s and more recent challenges associated with globalization have made this notion itself obsolete. Entirely new varieties of economic thinking have emerged, asserting that the government cannot alter levels of real output except under exceptional circumstances. Indeed, confidence in the "Keynesian Revolution" has been shaken, and a new "classicism" has come to prominence in economic thought. In this climate of economic opinion, it is important to remember that the postwar optimism for Keynesian economics emerged at a time of dramatic reconstruction in the world economy and concomitant prosperity in the United States. Such hope had been absent in the decade of the Great Depression, and even during the war years there had been apprehension that a return to depression would come close on the heels of victory. But the high growth rates of the fifties and sixties obscured the prewar debates and dissolved for the moment any fears of a return to hard times. Yet far from being resolved, the concerns and misgivings of the depression and war years simply faded from view. It has by now long been fashionable to claim that "Keynes is dead," and few economists choose to engage with the ideas of an older generation who struggled to understand devastating events at a time when orthodox theories and remedies no longer sufficed. Indeed, the vast majority of contemporary economists have grown decidedly hostile to arguments concerning the Great Depression that do not focus on the short run or on policy failure. In this respect, they have avoided the structural, institutional, and long-run perspectives more characteristic of the work of their forebears who sought to situate the Great Depression within a historical framework that spanned several decades or more. By so doing, they have lost an appreciation not simply of some possible causes of the Great Depression itself, but also of the subsequent development and performance of the American economy since mid-century. It is for this reason that I seek, through a reassessment of these older analytical approaches, to persuade you of the insight afforded by an understanding of "The Great Depression as Historical Problem."
Trends in the Literature The older literature concerning the Great Depression in the United States may be broadly classified into three categories. One set argued that the severity and length of the downturn was the direct result of the collapse of financial markets that began in 1929. Such work emphasized the causes of the 1929 crash and those factors that amplified its impact. Another school of thought concluded that the economic calamity of the 1930s was the direct result of poorly formulated and politically distorted actions undertaken by the government. A third set of research took a broader perspective and attempted to analyze the depression in a long-run context. It suggested that whatever the origins of the slump, the reasons for its unparalleled length and severity predated and transcended the events of 1929.
The Stock Market Crash as Cause All short-run analyses of the Great Depression shared a common attribute. They focused on the immediate causes and impacts of the New York Stock Market collapse of 1929, and they asserted that the resulting devaluation of wealth and disruption of the banking system explained the intensity of the crisis. The "business confidence" thesis was perhaps the best example of this school of thought. It held that regardless of the mechanisms that caused the collapse, the dramatic slide of the stock market created intensely pessimistic expectations in the business community. The shock to confidence was so severe and unexpected that a dramatic panic took hold, stifling investment and thereby a full recovery. A more comprehensive formulation of the short-run argument directly confronted the question of why financial markets collapsed. Looking to the political and institutional distortions created by the Treaty of Versailles, some writers (such as Irving Fisher and Lionel Robbins) argued that the depression was the inevitable consequence of the chaotic and unstable credit structure of the twenties. The principal irritant consisted of a dangerous circle of obligations and risks, epitomized by the Dawes Plan of 1924, in which the United States lent funds to Great Britain, France, and Germany, at the same time the Allies depended on German reparations to liquidate their American debts. By 1928 American banks were already quite wary of the situation, but their predictable response, cutting back on loans to European governments, merely made the situation worse. Moreover, the demise of the gold standard in international trade and demands that Germany make reparations payments in gold created a net gold flow into the United States that led to a veritable explosion of credit. Extremely unstable credit arrangements thereby emerged in the twenties, and once the crash came, the collapse of the banking system was quick to follow. Thus excessive credit and speculation, coupled with a weak banking network, caused the Great Depression. Another version of the short-run approach concerned the immediate effects of the crash on consumer wealth and spending. The severity of the downturn, it was argued, resulted in a drastic devaluation of consumer wealth and a loss of confidence in credit. The resulting decreases in purchasing power left the economy saddled with excess capacity and inadequate demand. None of these short-run arguments were completely convincing. Because the business confidence thesis was subjective, it was virtually impossible to evaluate in the light of historical evidence. There was also the objection that notions like these mistook effect for cause; the economic circumstances of the thirties may have generated pessimism and panic, rather than being caused by such feelings. Later economists frequently rejected the excessive credit and speculation argument on the grounds that it abstracted too boldly from real rather than monetary events in the interwar economy. Indeed, business cycle indicators turned down before the stock market crashed. Indices of industrial production started to fall by the summer of 1929, and a softness in construction activity was apparent in 1928. Such critics as John Kenneth Galbraith held that "cause and effect run from the economy to the stock market, never the reverse. Had the economy been fundamentally sound in 1929 the effect of the great stock market crash might have been small . . . the shock to confidence and the loss of spending by those who were caught in the market might soon have worn off." As for the wealth and spending hypothesis, the evidence did not provide compelling proof. The dramatic decline in consumption expenditures after 1929 may have been due to the stock market debacle; it may have arisen once expectations had been dampened by the events after 1929; or it may have been an outgrowth of a declining trend in construction activity and in farm incomes during the twenties. But even recent investigations have been incapable of unambiguously explaining a large portion of the decline in spending. We can speak of a drop, but we cannot say for sure why it happened.
Policy Errors as Cause Another approach to understanding the Great Depression evaluated the extent to which the slump was the result of systematic policy errors. According to this school of thought, inadequate theory, misleading information, and political pressures distorted the policy-making process. Such investigators as Melvin Brockie, Kenneth Roose, and Sumner Slichter maintained that from 1932 onward the American economy showed great potential for recovery, only to be set back profoundly by the 1936 recession. They asserted that the New Deal's Industrial Codes raised labor costs and material input prices, thus negating whatever monetary stimulus existed. The rhetoric and ideology of the Roosevelt Administration may have further contributed to the downturn by jeopardizing the confidence of the business community. Not surprisingly, several investigators labeled the downturn of 1936-1937 the "Roosevelt Recession." It was not solely criticisms of actual government policy in which these writers indulged to explain the depression's unusual severity. In some cases they also criticized the government for not doing enough. They maintained that the private sector moved too quickly in the mid 1930s in raising prices. As a result, by 1937 consumers increasingly resisted higher prices as they sought to liquidate the large debt incurred earlier in the decade and to maintain their savings in uncertain times. The average propensity to consume subsequently fell, and a recession took hold. Pro-competitive policies presumably were the solution, but government action (such as the creation of the Temporary National Economic Committee to Investigate the Concentration of Economic Power) was too little, too late, and was often inspired more by political than economic concerns. The notion that the Great Depression was essentially an outgrowth of policy failures was problematic at best. To be sure, one could with the benefit of hindsight engage in some forceful criticism of economic policy during the 1930s. But it seems a futile exercise. After all, in many respects the Roosevelt Administration (especially the Board of Governors of the Federal Reserve System) did what many of its predecessors had done in the face of a cyclical downturn. One must ask, therefore, how government officials suddenly became so inept in the interwar period. Moreover, the question remains: why were traditional policies that had seemingly worked in the past and that represented a theoretical consensus among generations of economists suddenly so perverse in the 1930s? What had changed in the structure and operation of the national economy in the interwar period that made orthodox economic theory and policy inadequate?
Long-Run Factors as Cause The literature that focused on long-run factors in the American depression was distinctive in holding that the stock market crash of 1929 was less important than certain developments in the economy that had deleterious impacts throughout the interwar period. Some authors (for example, Seymour Harris and Paul Sweezy) argued that during the 1920s the distribution of national income became increasingly skewed, lowering the economy's overall propensity to consume. Others, such as Charles Kindleberger, W. Arthur Lewis, and Vladimir Timoshenko, focused on a shift in the terms of trade between primary products and manufactured goods, due to the uneven development of the agricultural and industrial nations. This change in the terms of trade, they argued, created a credit crisis in world markets during the bad crop yields of 1929 and 1930. At the same time that agricultural economies were losing revenue because of poor harvests and declining world demand, the developed economies were contracting credit for the developing nations and imposing massive trade restrictions such as America's Hawley-Smoot Tariff of 1930. As the agricultural nations went into a slump, the industrialized countries (most notably the United States) lost a major market for their output. Hence, the downturn of 1929 became more and more severe. Industrial organization economists (Adolf Berle and Gardiner Means most prominent among them) sought an explanation of the depression in the trend toward imperfect competition in the American economy of the early twentieth century. After the crash of 1929, prices became increasingly inflexible, due to the concentrated structure of American industry and the impact of labor unions. On the one side, these "sticky prices" further limited the already constrained purchasing power of consumers. On the other, noncompetitive pricing predominated in the capital goods sector, meaning producers were less willing to buy new plants and equipment. Price inflexibility thus inhibited the recovery of both final product demand and investment demand. There were several weaknesses in these theories. Those authors who focused on an increasingly unequal distribution of income did not marshal unambiguous evidence to make their case, nor did they specify precisely how such factors came to life in the interwar economy. While Berle and Means claimed to have demonstrated a relative price inflexibility in concentrated economic sectors during the 1930s, their critics were unconvinced. Given that the aggregate price level fell by one-third in the early thirties, they argued, how inflexible could the general price system have been? The "sticky prices" thesis also relied on an assumption of perfect competition in all markets other than those where the imperfections existed. If this assumption were relaxed, the thesis did not hold. The terms of trade argument similarly had a major flaw. The major weaknesses in the American economy of the interwar period were domestic, and the collapse of demand on the part of agricultural nations was not highly relevant. During the 1920s, exports as a share of the nation's gross national product had annually averaged only a bit over 5 percent. A fall in export demand, then, could not have played a major role in worsening or prolonging the Great Depression.
Theories of Economic Stagnation Continued research on the Great Depression necessarily relied upon the work of Joseph Schumpeter on cyclical processes in modern economies. Schumpeter held that the interwar period was an era in which three major cycles of economic activity in the United States (and Europe) coincidentally reached their nadir. These cycles were 1) the Kondratieff, a wave of fifty or more years associated with the introduction and dispersion of major inventions; 2) the Juglar, a wave of approximately ten years' duration that appeared to be linked with population movements; and 3) the Kitchin, a wave of about forty months' length that had the appearance of a typical inventory cycle. Schumpeter's efforts were paralleled by those of Simon Kuznets and, more recently, Moses Abramovitz and Richard Easterlin. Kuznets was successful in documenting the existence of waves of some fifteen to twenty years in length. These periodic swings, according to Abramovitz, demonstrated that in the United States and other industrialized countries, "development during the nineteenth and early twentieth centuries took the form of a series of surges in the growth of output and in capital and labor resources followed by periods of retarded growth." Significantly, "each period of retardation in the rate of growth of output . . . culminated in a protracted depression or in a period of stagnation in which business cycle recoveries were disappointing, failing to lift the economy to a condition of full employment or doing so only transiently." The specific behavioral mechanisms that could account for the Kuznets phenomenon (and its precise manifestation in the United States in the 1930s) were necessarily the focus of continued debate. It is in this context that we can understand the large literature on "secular stagnation." In general, stagnation theorists agreed that stagnation, or economic maturity, as it was sometimes called, involved a "decrease of the rate of growth of heavy industries and of building activity . . . [and] the slowing down of the rate of growth of the total quantity of production, of employment, and usually of population. It [also involved] the rising relative importance of consumer goods." However, they differed in emphasis, falling into two broadly defined groups: those who focused on the decline of new technologies and those who were more concerned with the shrinkage of investment outlets as the rate of population growth fell. Followers of this second school held that as population growth fell off, and as major markets in housing, clothing, food, and services consequently contracted, outlets for new investment were quickly limited. Both variants of stagnation theory had limitations. For one, arguments concerning economic maturity and population growth conflated population with effective demand. As one critic put it: "[i]t is sometimes maintained that the increase in population encourages investment because the entrepreneurs anticipate a broadening market. What is important, however, in this context is not the increase in population but in purchasing power. The increase in the number of paupers does not broaden the market." Much like the population theory, the variant of stagnation theory that focused on the decline of technological change embodied many inconsistencies and questionable assertions. Proponents of this school claimed that the lower rate of technological innovation (said to be a primary cause of the economy's inability to recover from the depression) derived from the state of technological knowledge at the time, yet they offered little justification of this position. A further objection to the technology argument was apparent to some of the stagnation theorists themselves. Their work contained an implicit assumption that new innovations were always of the capital-using type, but if innovations were capital-saving, their argument foundered. Heavy investment (in railroads, motor cars, and housing, for example) during earlier stages of economic growth may have given way in later periods to newer forms of investment in managerial technique and information processing. These latter innovations may not have absorbed very large amounts of investment expenditure at all. While they may have improved the organization and efficiency of production, their impact on spending would not have been adequate to the task of systematic recovery.
The Work of Josef Steindl It was the Austrian economist Josef Steindl who provided the most sophisticated version of the economy maturity idea. Not surprisingly, he did so in part by explicitly situating the Great Depression in the United States within a long-term development framework. His work linked economic stagnation directly with the behavior of capitalist enterprise, thereby avoiding the mechanistic qualities of many of the stagnation arguments as well as their frequent appeals to external factors. Steindl's version of the maturity thesis was that long-run tendencies toward capital concentration, inherent in capitalist development over time, led to a lethargic attitude toward competition and investment. Specifically, the emergence of concentrated markets prevented the utilization of excess capacity that is required for an economic revival. Price inflexibility in concentrated industries is intensified during depressions, and this has an important impact on the response of firms to economic fluctuations. Firms' revenues tend to be so jeopardized in a slump that price reduction seems unfeasible. There may even be incentives to raise prices in order to compensate for the reduction in sales. For a given industry, therefore, the impact of a decline in the growth rate will depend on the extent to which the industry is concentrated. In a sector where the squeezing out of competitors is relatively easy, large declines in demand will result in the reduction of profit margins for each firm as prices are cut. By contrast, in a concentrated market, profit margins will tend to be inelastic in the face of lowered demand. At the macroeconomic level the implications of inelastic profit margins are most profound. In these circumstances, price reductions do not compensate for declines in the rate of growth, and thus companies tend to reduce their rate of capacity utilization. Reductions in capacity utilization imply not only declines in national income but also increases in unemployment. In the presence of underutilized capacity, firms will be increasingly disinclined to undertake any net investment. A cumulative process is thereby established wherein a decline in the rate of growth, by generating reductions in the rate of capacity utilization, will lead to a further decline in the rate of expansion as net investment is reduced. Individual firms, by believing that decreases in their own investment will alleviate their own burden of excess capacity, merely intensify the problem economy-wide. The greater the proportion of the nation's industry that is highly concentrated, the greater the tendency for a cyclical downturn to develop into a progressive (and seemingly endless) decline. A further consequence of the existence of highly concentrated sectors in the national economy is the impact it has on demand. The higher profit margins secured by large firms are indicative of an increasingly skewed distribution of output that, when combined with the reluctance of firms to invest (or otherwise spend) their revenues, generates a rising aggregate marginal propensity to save. Declining effective demand is combined with rising excess capacity when a slump occurs. The potential for recovery, barring the intervention of exogenous shocks, government spending, or the penetration of foreign markets, is therefore greatly lessened. What is central to Steindl's thesis is the concept of long-term alterations in industrial structure that make the economy as a whole less capable both of recovering from cyclical instability and of generating continued growth. He assumed the emergence of oligopolistic market structure to be inherent in the process of capitalist development, because of capitalism's tendencies toward the development of large-scale manufacturing techniques and financial concentration. Economic maturity and the threat of stagnation result because the growing incidence of "[o]ligopoly brings about a maldistribution of funds by shifting profits to those industries which are reluctant to use them." In order to escape stagnation, capital must be redistributed either to more competitive sectors or new industries. Indeed, during the Great Depression, some members of Roosevelt's "Brain Trust," such as Rexford Tugwell, argued forcefully for the imposition of an "undistributed profits tax" to prevent the accumulation of corporate surpluses. The incentive of the tax, it was claimed, would lead firms to issue more of their surpluses in the form of productive investment or dividends. As a result, the mobilization of capital resources would be more efficient and more likely to generate recovery. Embedded in the Revenue Act of 1936, the undistributed profits tax proved to be one of the most unpopular and controversial pieces of legislation to emerge from the New Deal, and it was repealed in 1938. Interestingly enough, there exists no clear relationship between stagnation and concentration in American industry during the Great Depression. By applying a static conception of market structure, investigators have tended to focus on the number of firms in an industry as the primary determinant of a sector's competitiveness. Yet, as I discovered in my own research, some highly concentrated industries were relatively vibrant during the decade, while others appeared virtually moribund. Clearly, the evidence concerning market structure was a frail reed upon which Steindl based his theory. Whether a given industry is dynamic or not involves several issues unrelated to the number of firms or the extent of capital concentration issues having to do with the industry's position in the economy's input-output matrix, the durability of its output, and the relative maturity of the industry with respect to the shifting composition of the economy as a whole. The weaknesses in Steindl's analysis do not, of course, obscure the importance of his contribution to an understanding of the Great Depression in particular, and of mature capitalist economies in general. That importance derives from the fact that Steindl attempted to situate the decade of the thirties within a larger historical framework. In this context, he could view the Great Depression as the outcome of an interaction between cyclical forces dating from 1929 and tendencies of long-run development spanning a half-century or more. In short, he was thus able to understand the Great Depression as a historical problem.
The U.S. Economy Since the Great Depression Steindl had, of course, focused his work on the interwar economic crisis of the 1930s. His central theses regarding maturity and stagnation in advanced capitalist economies seemed particularly compelling when viewed in terms of the long-run historical experience of the Great Depression. Yet both the postwar record, at least in the case of the United States, and some of the theoretical lacunae in his earlier claims, led Steindl to modify some of the arguments of his 1952 book. With the 1976 republication of his Maturity and Stagnation in American Capitalism, Steindl allowed that technical innovation, product development, public spending, and research and development initiatives might provide the means to escape from investment inertia. Even so, he was extremely concerned that most accumulation strategies in mature capitalist nations would focus on military-industrial activity and war itself. Using both public and private investment funds for other purposes, while obviously desirable, would be "exceedingly hard" given "the workings of political institutions." The wisdom (not to mention the prescience) of Steindl's 1976 observations becomes apparent as soon as one surveys the more recent evolution of American capitalism. American accumulation in the latter half of the twentieth century, on the one side, confirmed many of Steindl's suppositions regarding expansion in advanced industrial states. On the other, it demonstrated both the unique and abiding flexibility of capitalism in the face of contradictory tendencies toward underutilization, and the importance of political and social forces often thought by economists to be superfluous. In all these respects, contemporary history reveals the conceptual power and importance of what Steindl had to say when he first examined the crisis of the1930s. But it also reminds us of the unyielding impacts of contingency and human agency in economic performance over time. World War II achieved in the United States, of course, what the New Deal could not--economic recovery. With the start of war in Europe, the unemployment rate began to fall so that by the time of the Japanese naval offensive at Pearl Harbor, only 7 percent of the labor force remained idle. American entry into the war brought almost instantaneous resolution of the persistent economic difficulties of the interwar years. Between 1939 and1944 the national product, measured in current dollars, increased by almost 125 percent, ultimately rising to $212 billion by 1945. Yet as World War II came to a close many economists and businesspeople worried about the possibility of a drop in the level of prosperity and employment. But these apprehensions proved to be unwarranted. In the first year after the war, gross national product fell less than the postwar reduction in government spending; unemployment did not even reach 4 percent; consumer spending did not fall at all, and eventually rose dramatically. Although recessions occurred between 1945 and the mid 1970s, most of them lasted only about a year or less, and none of them remotely approached the severity of the Great Depression. During these three decades American output steadily increased with only minor setbacks. According to the Federal Reserve Board's index, manufacturing production doubled between 1945 and 1965, and tripled between 1945 and 1976. Such robust economic performance is hardly surprising in wartime especially when conflict is global and, with few exceptions, kept outside of national boundaries. What is most striking about the American economic experience linked with World War II was the enduring growth and prosperity of the postwar years. Consumption and investment behavior played a major part in this great prosperity of the late forties and fifties. As soon as Germany and Japan surrendered, private and foreign investment in the United States rose quickly. On the domestic side, reconversion was itself an investment stimulus. Modernization and deferred replacement projects required substantial deployments of funds. Profound scarcities of consumer goods, the production of which had been long postponed by wartime mobilization, necessitated major retooling and expansion efforts. Even fear of high inflation brought on by the dismantling of wartime price and wage controls prompted many firms to move forward the date of ambitious and long-term investment projects. On the foreign side, both individuals and governments were eager to find a refuge for capital that had been in virtual hiding during the war. Along with a jump in domestic investment, therefore, a large capital inflow began in late 1945 and early 1946. Domestic consumption was the second major component of postwar growth. Bridled demand and high household savings due to wartime shortages, rationing, and controls, coupled with the generous wages of the war economy, contributed to a dramatic growth in consumer spending at war's end. The jump in disposable income was bolstered by the rapid reduction in wartime surtaxes and excises. And the baby boom of the wartime generation expressed itself economically in high levels of demand for significant items like appliances, automobiles, and housing. G.I. Bill benefits additionally served to increase the demand for housing and such things as educational services, with associated impact on construction and other industrial sectors. Foreign demand for American exports grew rapidly in the immediate postwar years. In part the needs of devastated areas could only be met by the one industrial base that had been nearly untouched by war-related destruction. Explicit policy commitments to the rebuilding of allied and occupied territories, such as the Marshall Plan in Europe, also served to increase the foreign market for the output of American industry. American postwar prosperity and the benefits of world economic leadership continued throughout most of the 1950s. But the prosperity of the decade, while robust and impressive, nevertheless weakened by 1957. This set the stage for the arrival of a new brand of economics in Washington, explicitly (and self-consciously) imbued with the doctrines of Keynesianism. From the "New Frontier" policies of John F. Kennedy, to the "Great Society" agenda of his successor Lyndon Johnson, through the declaration of a "New Federalism" by Richard Nixon, there ensued an era of sustained central government intervention in the nation's economic life. The goal of many (but not all) of the "new" economists of the early 1960s--achieving simultaneously acceptable levels of unemployment and inflation--has more recently shattered. But throughout the sixties and much of the seventies (and for some even during the eighties) the perceived obligation of government to secure overall economic instability was not seriously questioned and remained one of the more important changes of twentieth-century American economic history. Historical specificity notwithstanding, American economic performance in the latter half of the twentieth century seems to have conformed in many respects with the general analytical propositions derived from interwar economics. The ability to forestall and/or overcome tendencies toward economic stagnation has depended upon a varied set of circumstances, both global and domestic. But a continuation of such a charmed existence is apparently no longer possible. Josef Steindl himself noted, in 1976, that "the cheerful extroverted era of [postwar] growth has apparently come to an end." And, in words that today seem as relevant as they did over twenty years ago, he noted that the reasons for this were "the reduction of tension between the superpowers . . . the increase in tension within the capitalist countries . . . and . . . the emergence of environment, raw material, and energy problems . . . ." In the midst of a return to the unstable growth of earlier decades, an altogether reactionary (re)orientation of fiscal and monetary policy has occurred. A resurgence of general equilibrium approaches to cyclical phenomena has prompted the formupoignancy of this state of contemporary affairs are made strikingly clear when we reflect upon the Great Depression as a significant and coherent historical problem. q Note on this Issue: As this article amply demonstrates, consideration of the economic history of the Great Depression necessarily focuses on both quantitative and aggregate data that tend to obscure the human dimensions of the event. Indeed, the challenge for those of us who teach about this profound economic crisis is to find substantive ways in which to link the economics of the interwar years with the personal and social experience of its contemporaries. It is for this reason that the inspired work of the contributors to this special issue of the OAH Magazine of History should prove so useful to all of us in our work with students. In the pages that follow, readers will find visual and textual examination of the many ways in which Americans endured, understood, and ultimately overcame the burdens of the Great Depression. These articles and lesson plans will assist us all in our determination to convey to students the singular nature of the economic crisis of the interwar era and the remarkable accomplishments of the generation that lived through it.
Bibliography Abramovitz, Moses. "The Nature and Significance of Kuznets Cycles." Economic Development and Cultural Change 9 (1961): 225-48. Bernstein, Michael A. The Great Depression: Delayed Recovery and Economic Change in America, 1929-1939. New York: Cambridge University Press, 1987. Brockie, M. "Theories of the 1937-38 Crisis and Depression." Economic Journal 60 (1950): 292-310. Easterlin, Richard A. Population, Labor Force, and Long Swings in Economic Growth: The American Experience. New York: National Bureau of Economic Research, 1968. Fisher, Irving. Booms and Depressions: Some First Principles. New York: Adelphi, 1932. ------. The Stock Market Crash And After. New York: Macmillan, 1930. Galbraith, John Kenneth. The Great Crash, 1929. 3d ed. Boston: Houghton Mifflin, 1972. Harris, Seymour. Saving American Capitalism: A Liberal Economic Program. New York: Knopf, 1948. Keynes, John Maynard. The General Theory of Employment, Interest, and Money. New York: Harcourt, Brace and World, 1964. Kindleberger, Charles Poor. The World in Depression: 1929-1939. Berkeley: University of California Press, 1973. Kuznets, Simon. "Long Swings in the Growth of Population and in Related Economic Variables." Proceedings of the American Philosophical Society 102 (1958): 25-52. Lewis, W. Arthur. Economic Survey, 1919-1939. Philadelphia: Blakiston, 1950. Means, Gardiner C., and Adolf A. Berle. The Modern Corporation and Private Property. New York: Harcourt, Brace and World, 1968. Roose, Kenneth D. The Economics of Recession and Revival: An Interpretation of 1937-1938. New Haven: Yale University Press, 1954. Schumpeter, Joseph A. Business Cycles: A Theoretical, Historical, and Statistical Analysis of the Capitalist Process. New York: McGraw-Hill, 1939. Slichter, Sumner. "The Downturn of 1937." Review of Economics and Statistics 20 (1938): 103-15. Steindl, Josef. Maturity and Stagnation in American Capitalism. 1945. Reprint, New York: Monthly Review Press, 1976. ------. "On Maturity in Capitalist Economies." In Problems of Economic Dynamics and Planning: Essays in Honour of Michal Kalecki, 423-32. New York: Pergamon, 1966. ------. "Reflections on the Present State of Economics." Banca Nazionale del Lavoro Quarterly Review 148 (1984): 3-14. Sweezy, P. M. "Demand Under Conditions of Oligopoly." Journal of Political Economy 47 (1939): 568-73. Timoshenko, Valdimir P. World Agriculture and the Depression. Ann Arbor: University of Michigan Press, 1933. United States Department of Commerce. Historical Statistics of the United States: Colonial Times to 1970. Washington, DC: Government Printing Office, 1975.
Michael A. Bernstein is a professor of history and associated faculty member in economics at the University of California, San Diego. His most recent book is A Perilous Progress: Economists and Public Purpose in Twentieth-Century America (2001).
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  | Only during the Depression itself was serious attention given to structural explanations. Why? A simple answer is that in the midst of this incredible crisis, with suffering all about them, economists were willing to look at any possible explanation. Yet their flexibility was in large part due to the fact that orthodox economic theory could not point to seemingly viable remedies: 'economics had lost its intellectual moorings, and it was time for a new diagnosis' (Gordon 1998). Many economists had been forced into the unenviable position of advocating government spending to aid the poor when their theory - and influential colleagues such as Hayek, Schumpeter, and Mises - called for balanced budgets (Snowdon and Vane 1999: 14). Keynes himself had urged expansionary fiscal policy for years before developing a theoretical justification (Klein 1947). To say that macroeconomics was 'born' during the 1930s would be an oversimplification. As Laidler (1999) has shown, Keynes borrowed much of his theoretical apparatus from previous theorists. Moreover, post-war Keynesian macroeconomics would ignore Keynes' emphasis on uncertainty and expectations, while combining many of his other ideas with previous ideas of Wicksell and Marshall (Laidler 1999). Nevertheless, Keynes - aided by the experience of the Depression - brought to the fore the idea that market mechanisms alone could generate lengthy periods of high unemployment. Modern macroeconomists agree that their field effectively emerged with Keynes' General Theory. Keynes wrote in 1936, and the initial reception of his work was mixed (Snowdon and Vane 1999: 1). It was only post-war that (the Hicksian interpretation of) Keynesian macroeconomics would gain widespread acceptance. Structural theory thus received such attention during the 1930s primarily because, while some sort of macroeconomic analysis did exist, a macroeconomic theory capable of providing a coherent explanation of sustained unemployment did not.
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  | Several modern authors have recognized that no single explanation of the Depression is compelling. Snowdon and Vane (1999: 20) applaud Haberler's (1958) observation that 'explanations which run in terms of one single cause have been more and more discredited and should be regarded with suspicion.' Romer (1993: 24) observes that, 'Not surprisingly an experience as devastating and complex as the Great Depression has many different causes.' Calomiris (1993: 80) concludes that, 'hellipone must combine financial influences with other factors to explain protracted under-utilisation of resources.' Obstfeld and Rogoff (1996) go a step further and recognize that there is 'still no fully satisfactory explanation of the Great Depression's remarkable duration.' In urging flexibility, these authors are in accord with many modern general treatments of business cycles, such as Hall (1990) and Zarnowitz (1992), who also urge openness to diverse types of explanation. It is not clear that any of these authors imagine looking beyond macroeconomics for these diverse causes; certainly this has not been the effect.
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  | Historical surveys face a problem as they approach the present in that it is not always clear which lines of research will prove of greatest importance. Two strands of research that appear to have the greatest present popularity in the discipline will be discussed here. One of these is the Temin/Eichengreen discussion of the gold standard and expectations (below). The other focuses on the Federal Reserve, and argues for an additional mechanism to that identified by Friedman and Schwartz for transmitting monetary shocks to output and employment: Fisher's debt-deflation mechanism (see Snowdon and Vane 1999). The two approaches can be viewed as complements (see Bernanke 2000). Bernanke (1983) has suggested that credit constraints had real effects by limiting agents' access to credit. While this approach can be applauded for betraying some openness to microeconomic interactions and institutional peculiarities, the evidence amassed in its support can be as easily attributed to a declining demand for funds due to a lack of viable investment opportunities. That is, even if it is accepted that bankers of the time rejected a higher proportion of loan applications than previously, this might reflect the fact that entrepreneurs were bringing forward less attractive investment proposals (due to a declining marginal efficiency of investment) rather than a decreased willingness to loan. Bankers of the time certainly complained of decreased demand (Szostak 1995). Temin (1989: 53-4) notes that Bernanke predicts that the credit crunch would disproportionately hurt small firms, but the biggest contractions of activity occurred in industries dominated by large firms.
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  | Temin (1989) and Eichengreen (1992) have argued that the gold standard played the central role in causing the Depression. Countries determined to maintain fixed exchange rates but facing downward pressure on the value of their currency were forced to deflate (whereas those facing upward pressure did not need to act). The contractionary activities of the Federal Reserve and other central banks are attributed to the gold standard. The theory thus has a potential advantage of better explaining the global nature of the Depression. Temin argues that adherence to the gold standard created a 'policy regime' that guided both policy decisions and individual expectations. Difficulties in tracing the Depression to any single policy blunder can thus be overcome by reference to a series of blunders. Yet it is not clear that even all policy blunders taken together can explain the Depression. Thus expectations play a major role: if people are expecting deflationary policies they will be pessimistic and cut back on investment and consumption. Temin recognizes that expectations were high in 1929, but argues that they had turned sour by the Spring of 1931 at the latest. He credits the American recovery from Depression to a clear change in policy regime by Roosevelt, while recognizing that the direct macroeconomic impact of Roosevelt's actions were moderate (Temin 1989: 96-7, 107-8). Whereas Darby had attempted to bring theory and data into congruence by changing the data, some macroeconomists - influenced no doubt by the greater role expectations have come to play in macroeconomic theory - thus strive to bridge the gap through reference to (largely unobservable) expectations.
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  | CONCLUDING REMARKS At various points in time, it has been recognized that existing macroeconomic approaches to understanding the Depression faced serious difficulties. Often, the nature of those anomalies pointed, at least in part, toward the sort of solutions that might be forthcoming from structural approaches. Yet the profession has always responded, since the development of a macroeconomics that claimed to have an explanation for sustained unemployment, by only looking at potential macroeconomic solutions. This is powerful evidence that the profession was primarily concerned with testing a particular theory (aided perhaps by ideological and methodological biases) rather than explaining causal relationships. The fact that the same result is found at each historical decision point suggests strongly that there has been a bias toward testing a single theory in the profession's treatment of the Depression. […] The obvious cost is that economists' understanding of the Depression may be artificially truncated. If non-macroeconomic forces were important during the Depression, economists should not dismiss the possibility that they were and are important at other times. It might just be that they are more obvious at times of major fluctuations (Szostak 1995). If economists turn their backs on structural explanations of the Depression, it is highly unlikely that the operation of structural forces will be recognized in calmer times. This may be especially dangerous if/when faced by another serious downturn. Moreover economists have tended to apply macroeconomic theory to the study of economic growth; structural theory may have much to contribute there as well (Szostak, forthcoming).
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  | Controverse économique / historique : le New Deal a-t-il prolongé et aggravé la crise économique des années 1930?
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  | Extrait de Wikipedia (en) : Prolonged/worsened the Depression (http://en.wikipedia.org/wiki/New_Deal#Prolonged.2Fworsened_the_Depression) A 1995 survey of economic historians and economists asked "Taken as a whole, government policies of the New Deal served to lengthen and deepen the Great Depression." Of the economists 27% agreed and 51% disagreed. Of the economic historians, only 6% agreed and 74% disagreed. (the rest were in the partly agree/disagree group).
The minority view is represented by Harold L. Cole and Lee E. Ohanian who argue that the "New Deal labor and industrial policies did not lift the economy out of the Depression as President Roosevelt and his economic planners had hoped," but that the "New Deal policies are an important contributing factor to the persistence of the Great Depression." They claim that the New Deal "cartelization policies are a key factor behind the weak recovery." They say that the "abandonment of these policies coincided with the strong economic recovery of the 1940s." Lowell E. Gallaway and Richard K. Vedder argue that the "Great Depression was very significantly prolonged in both its duration and its magnitude by the impact of New Deal programs." They suggest that without Social Security, work relief, unemployment insurance, mandatory minimum wages, and without special government-granted privileges for labor unions, business would have hired more workers and the unemployment rate during the New Deal years would have been 6.7% instead of 17.2%.
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  | The Great Depression: Consensus among American Economic Historians (http://eh.net/lists/archives/eh.res/feb-1997/0010.php) Three years ago I conducted a survey of American economic historians on a wide range of issues, including some on the Great Depression. Based on the survey, I concluded that the profession has not reached a consensus about the causes of the Great Depression, nor about the impact of the New Deal on economic growth. The findings from the survey (and some of my comments from the article) are given below. While the propositions that I included on the survey were generally from classic works in the field (Friedman & Schwartz and Temin) these questions miss a number of major issues. They do not ask about the new round of research on the Great Depression which has tried to refocus on issues beyond the traditional Keynesian-Monetarist debate, nor do they ask much about what may be the most important set of issues: the long-term impact of the Great Depression and the New Deal on the American economy and its institutions. […] On top of the profession's lack of agreement about the genesis of the Great Depression, there is a disagreement about the role of the New Deal. In fact, the economists in the sample are almost evenly divided on the question of whether or not when taken "as a whole, government policies of the New Deal served to lengthen and deepen the Great Depression." The consensus among historians is that the New Deal did not lengthen and deepen the depression.
Robert Whaples - Department of Economic - Wake Forest University Robert Whaples, "Where Is There Consensus among American Economic Historians?, In Journal of Economic History, Vol. 55, No. 1, March 1995
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  | Il n’y a aucune preuve que le New Deal eut une quelconque efficacité dans la lutte contre la crise, qui perdura jusqu’à ce que l’Amérique mobilise son économie pour la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, les raisons de son échec relatif sont très controversées.
8. 1. Vision progressiste Ceux qui se méfient des marchés pensent que le New Deal était la bonne manière d’attaquer le problème, mais que la crise était tellement profonde que même une intervention de grande envergure n’aurait pu venir à bout des dommages causés par l’instabilité du marché. En tout cas, si le pays n’est pas véritablement sorti de la Grande Crise, il en a au moins empêché l’aggravation. Il inaugura une tradition d’interventionnisme étatique dans le marché. D’autre part, Roosevelt fit de la fonction présidentielle l’autorité centrale du gouvernement fédéral américain.
8. 2. Vision libérale Ceux en faveur des marchés affirment que la crise fut à la fois causée et entretenue par l’intervention du gouvernement sur le marché. La principale critique envers le New Deal est qu’il a très fortement augmenté les coûts des entreprises, et a donc empêché les employeurs d’investir pour accroître leur productivité, ou pour embaucher.
8. 3. Vision politique Le principal résultat du New Deal est avant tout politique : la Dépression que subit le peuple américian est en train de déchirer son tissu social car jamais dans son histoire, il n'a subi une telle crise. Roosevelt le sent très bien. Aussi, il s'efforce avant tout de restaurer la confiance du peuple dans son système économique et politique. Son discours inaugural contient, au début, la phrase-clé de son programme : " The only thing we have to fear is fear itself ! " (la seule chose que nous devons craindre est la crainte elle-même !). La crise de 1937 fut peut-être encore plus grave que celle de 1929, mais sans conséquences politiques parce que Roosevelt avait restauré la confiance.
8. 4. Débats à propos du deuxième mandat de Roosevelt (1937-1941) Les historiens de gauche et de droite sont en général déçus par le deuxième mandat de Roosevelt. Ceux de droite, comme John T. Flynn, dénonce une tendance « dictatoriale » et « socialiste » de Roosevelt dans son ouvrage The Roosevelt Myth (1956). D’autres au contraire ont trouvé le New Deal trop conservateur. Dans les années 1960, la nouvelle gauche américaine s’est révélée très critique envers la politique de Roosevelt : Barton J. Bernstein, en 1968, fait la liste des opportunités ratées et des solutions inadéquates aux problèmes économiques et sociaux des années 1930. Paul K. Conkin dans The New Deal (1967) dénonce une politique favorable aux patrons. Howard Zinn, dans un essai de 1966, reproche au New Deal d’avoir préservé le capitalisme aux États-Unis.
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  | Critiques de la droite conservatrice américaine à l'égard du New Deal
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  | - Le New Deal est infiltré par des communistes; - Le New Deal est en partie (mais pas dans sa totalité) un programme fasciste équivalent à une dictature présidentielle: telle est notamment la position de Hoover, le prédécesseur de Roosevelt, dans ses mémoires. Cette position est rejetée par des historiens spécialistes du fascisme : "What Fascist corporatism and the New Deal had in common was a certain amount of state intervention in the economy. Beyond that, the only figure who seemed to look on Fascist corporatism as a kind of model was Hugh Johnson, head of the National Recovery Administration." Stanley Payne, History of Fascism (1995) p 230.
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  | Richet I. De l’utopie socialiste au réalisme chrétien. Reinhold Niebuhr et le New Deal
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  | Résumé de l'article (lire l'article complet en ligne : http://www.transatlantica.org/document178.html) Le New Deal est le premier mouvement réformiste d’ampleur dans l’histoire des Etats‑Unis qui n’ait pas été inspiré, ni soutenu, par les forces du protestantisme. Si une majorité des protestants et de leur clergé se sont opposés au New Deal à partir de positions conservatrices, le théologien Reinhold Niebuhr en a développé au départ une virulente critique de gauche avant de finalement rallier le président démocrate à la fin des années trente. Nourrie par le rejet de l’idéalisme du Social Gospel, incapable à ses yeux de comprendre les rapports sociaux en terme de classe et de pouvoir, la critique de Niebuhr emprunte les outils d’analyse marxistes pour développer une approche réaliste, tant du point de vue des fins que des moyens de la lutte politique. Le New Deal lui apparaît avant tout comme un programme visant à sauver le capitalisme, alors que la société fondée sur la justice qu’il envisage passe par la socialisation des moyens de production qui ne pourra émerger qu’à travers des conflits sociaux au cours desquels les moyens de lutte même violents sont justifiés. Mais sous l’influence des évènements en Europe au lendemain de la victoire d’Hitler, Reinhold Niebuhr se tourne au milieu des années trente vers une réflexion théologique inspirée de l’orthodoxie de Karl Barth et de son frère Richard Niebuhr, qui l’amène à réintroduire le péché comme la limite absolue de toute l’expérience humaine, interdisant d’envisager la création d’une société de paix et de justice. Ce nouvel absolutisme théologique nourrit un relativisme politique, le réalisme chrétien consistant désormais à choisir la moins mauvaise des options en présence. De ce point de vue, le président démocrate qui appelle à la préparation militaire s’impose désormais comme le choix le plus réaliste face à la montée du fascisme en Europe.
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  | 1.- Le texte de Carl N. Degler intitulé "The Third American Revolution" tente de prouver que le New Deal proposé par Roosevelt constitue la troisième révolution américaine. Le New Deal, qui a été la progéniture de la crise, a fait émerger de cette dernière une nouvelle conception de ce que constitue une société satisfaisante. Il a complètement bouleversé l'ordre établit en revivifiant le Parti démocrate, en protégeant la syndicalisation des travailleurs américains, en régularisant l'économie et en garantissant un minimum de bien-être à la population.
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  | 2.- Barton J. Bernstein, quant à lui, tente de démontrer dans l'article intitulé "The New Deal: The Conservative Achievements of Liberal Reform" que le New Deal n'a pas transformé le système américain en opérant une redistribution du pouvoir, mais a plutôt aidé à conserver et à protéger le capitalisme corporatif. Les moyens employés par FDR étaient avant tout libéraux, et ne servaient que des buts conservateurs. Le New Deal n'a donc pas révolutionné la société américaine par ces changements, mais a avant tout permit une continuation. Malgré les améliorations apportées, il a échoué à maints égards.
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  | 3.- Quant à Susan Ware, dans son livre intitulé "Beyond Suffrage:Women in the New Deal", elle tente de prouver qu'un certain nombre de femmes à la maison blanche, constituant le "network", ont joué un rôle important dans les politiques du New Deal, en aidant à en diffusé le contenu et en faisant du lobbying. Toutefois, elle avoue que ce programme de réformes constituait des lacunes. Sur le plan social et même dans les campagnes électorales, les femmes ont été d'un grand intérêt, ce qui constitue une innovation importante pour l'époque.
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  | Démarches et réflexions pédagogiques
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  | «Le New Deal, un moment très important dans l’histoire des Etats-Unis, fait partie des questions qui ont été abandonnées en chemin par l’histoire scolaire. Cette situation pourrait nourrir une intéressante étude de cas sur les choix de contenus opérés par les concepteurs des programmes. Ces choix dépendent de nombreux facteurs, notamment de l’évolution de la recherche historique (le triomphe récent de l’histoire culturelle aux dépens de l’histoire sociale), du contexte politique et idéologique… Ainsi, les instructions actuelles qui écrivent, à propos des " transformations de l’âge industriel " : " le phénomène majeur est la croissance économique " laissent peu de place à l’étude de " la catastrophe collective " décrite par Russell Aven (cf Jean Heffer La grande dépression, les EU en crise, Archives Gallimard).» (introduction de Daniel Letouzey relativement à sa page sur le New Deal)
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  | Pour Claude Robinot, «la grande force des Américains c'est de traduire, presque immédiatement, leur histoire en scénarios de film. Regardez le photogramme extrait de "Gold diggers 1933", il est antérieur au travail de Dorothy Lange et des autres photographes de la Farm security administration (1935-1942). Pourtant ils se confondent et se répondent dans un dialogue entre réel et fiction qui crée le fond d'une histoire culturelle américaine.»
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  | A partir des documents multimédias proposés, C. Robinot propose les pistes suivantes de travail: - Texte : Comment Roosevelt décrit-il la crise ? (mécanisme économique et effets sociaux) - Film 1 : Quelles images retenir de la crise économique, pourquoi est-elle particulièrement cruelle pour cette génération ? - Texte 2 : Quels sont les remèdes proposés pour relancer l'économie ? - Film 2 : Pourquoi, dans une démocratie, faut-il convaincre l'opinion publique de la justesse des choix politiques ? Comment les Américains s'y prennent-ils pour essayer de convaincre ?
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  | Comment représenter une crise économique ?
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  | Le site Modern American Poetry comporte un dossier sur la Grande Dépression. Ce site propose notamment un dossier de photographies et de travaux d'artistes peintres : - A Photo Essay on the Great Depression : les photographies; (http://www.english.uiuc.edu/maps/depression/photoessay.htm) - A Depression Art Gallery : 53 reproductions de travaux d'artistes. (http://www.english.uiuc.edu/maps/depression/artgallery.htm) A l'aide de ce site, il me paraît intéressant de comparer de quelle manière la crise est présentée au travers de ces deux médias (thèmes abordés, personnages présentés, lieux choisis, …). Il serait aussi possible de s'interroger sur l'utilisation de la couleur dans les tableaux. 1° Dans un premier temps, il s'agirait de fournir deux documents différents aux élèves, sans leur légende ou autre indication, et de leur demander ce que ces documents représentent selon eux et quels thèmes ces documents pourraient illustrer. Une autre entrée en matière consisterait à leur présenter différents documents photographiques/picturaux et de leur demander lequel de ceux-ci présenterait le mieux une situation de crise économique et pour quelles raisons. --> 2° Les photographies et tableaux permettent de mettre en évidence deux éléments de la crise américaine : la crise agricole et la crise industrielle/urbaine. La description des photos choisies devraient permettre de l'établir. Localisation, éléments présents sur les photographies/tableaux --> éléments d'analyse de l'image. Les élèves devraient même pouvoir établir que c'est aux Etats-Unis (photographie avec un policier New-Yorkais, tableaux avec des Buildings. 3° Travail complémentaire de vérification et de collecte d'informations. Travail sur la dimension de l'occurence + de la chronologie sur la Grande Dépression (+ le New Deal). Choix de x événements auquel il s'agira d'associer une image (photographie, tableaux, film) symbolisant cet événement. 4° Quel rôle les artistes et l'industrie culturelle joueront dans le New Deal? (Utilisation notamment de la séquence de Robinot):
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  | New Deal Network (http://newdeal.feri.org/): un énorme site américain consacré au New Deal, il propose une extraordinaire collection de documents, précisément présentés, voir en particulier la collection de récits d'anciens esclaves collectée par l'administration Roosevelt.
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  | La société en crise, immigration, pauvreté et New deal par Philippe Rouyer
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  | La dépression et le New Deal America in the 1930's (University of Virginia) : un site extrêmement riche, qui donne accès à de nombreux documents graphiques et audiovisueles. Le cinéma, la presse, la musique populaire, la littérature, les grandes réalisations des années 30 (du Chrysler Building à la New York Fair).
[…]
The Civilian Conservation Corps, une des créations les plus originales du New Deal : abondante iconographie, bibliographie, documents primaires et liens vers tous les sites relatifs au CCC sur le site du New York Sate CCC Museum
The depression and the new deal : l'histoire à travers les chansons (Woody Guthrie et autres). Biographie de Woody Guthrie, fac-simile d’affiches, paroles sur le Radio Project de Virginia University. On pourra aussi visiter :This land is your land, rural music and the Depression.
FDR Cartoon Archives : collection de caricatures politiques parues sous la présidence de F.D. Roosevelt
Les grands travaux, le Hoover Dam : quelques documents primaires intéressants sur le site du Bureau of Reclamation. Visiter le History Program.
Survey et Survey Graphic : 86 articles en ligne, publiés entre 1933 et 1941.
American Life Histories, la voix des années 30 : transcriptions et fac-simile des manuscrits rédigés à partir de 2900 entretiens effectués entre 1936 et 1940 dans le cadre du Federal Writer's Project de la Works Progress Administration.
Social Security Administration History Page : un site du gouvernement américain, qui réunit de très nombreux documents (transcrits et non dans leur forme originale) sur l'histoire de la Sécurité Sociale, et en particulier sa naissance en 1935.
Work Progress Administration in Kentucky : Narrative Reports 1935-1937. reproduction intégrale d'une vingtaine de numéros de ce périodique essentiel pour connaître l'action de la WPA dans l'une des régions les plus défavorisées à cette époque (Kentucky Virtual Library).
Upton Sinclair et le plan EPIC (End Poverty In California, 1934) : le texte du programme, par Upton Sinclair . Quelques textes d'Upton Sinclair et divers documents sur le site du Museum of the City of San Francisco.
[…]
Ben Shahn's New York New York pendant la dépression : exposition en ligne de 150 photographies de Ben Shahn, peintre, graphiste puis photographe engagé. Bonnes reproductions (Harvard Museums) .
A.E. Forbes Communist Collection : une bonne centaine de documents réunis par A.E. Forbes, limitant communiste de Pittsburg, dans les années 1930-1940 (University of Pittsburg Digital Library)
Always lend a helping hand : Sevier county remembers the Great Depression. Il ne s'agit pas de Sevier County dans le Tennessee, le pays de Dolly Parton, mais de Sevier County dans l'Utah. 26 Témoinages, photographies,
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