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  | Repenser la Révolution Un quart de siècle après François Furet, Annie Jourdan réévalue la singularité de l'événement. Un laboratoire dont la visite décape l'esprit
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  | LA RÉVOLUTION, UNE EXCEPTION FRANÇAISE ? d'Annie Jourdan. Flammarion, 464 p., 24 € .
[…] Non, la Révolution française n'est pas unique. Elle prend place dans un ensemble de bouleversements politiques et sociaux qui, de part et d'autre de l'Atlantique, entre 1770 et 1799, agissent et réagissent les uns par rapport aux autres, au risque de désorienter l'historien. En s'appuyant sur une historiographie peu pratiquée, anglo-saxonne, mais aussi hollandaise et allemande, l'historienne […] signe sur le fait révolutionnaire un livre [important].
En trois décennies, des hommes de cultures et de traditions diverses vivant dans des ordres politiques différents, ont forcé les portes de la démocratie. Ces hommes en révolution - Américains, Hollandais, Français, Italiens et Suisses enfin - adoptent les mêmes préférences républicaines : participation politique, vertu civique, patriotisme, souveraineté populaire. Ils imaginent des rites et des modes d'organisation identiques : comités locaux et de correspondance, assemblées élues, clubs patriotiques, presse politique, pétitions, manifestations, obsession du serment et multiplication des fêtes allégoriques. De part et d'autre de l'Atlantique, ils écrivent des constitutions fondées sur la volonté populaire et la représentation. […], les dynamiques américaines, hollandaises et françaises sont de nature révolutionnaire parce qu'en dépassant les buts initialement fixés (une plus grande autonomie des colonies anglaises, la réforme fiscale en France), elles substituent un ordre à un autre.
LE POIDS DES RÉSISTANCES En quoi, alors, empruntent-elles des voies différentes ? […] Dans les pays à dominante protestante, comme en Angleterre en 1688, le consensus, le compromis et le contrat l'emportent sur la loi. En France, au contraire, le poids du catholicisme, le centralisme monarchique, une culture de l'exclusion et de la force ont conduit les révolutionnaires à faire de la loi le palladium du peuple, l'incarnation absolue de l'Etat. D'un côté le pluralisme, des structures décentralisées et fédératives, de l'autre l'unité et l'indivisibilité.
Ces différences entraînent des façons de faire la révolution qui singularisent les modèles anglo-saxon et français. Même si les révolutionnaires américains et hollandais ont eu leurs immigrés (les loyalistes fidèles à l'Angleterre aux Etats-Unis, les patriotes opposés au Stadhouder en Hollande), les résistances ont été beaucoup plus fortes, les réactions plus violentes en France, parce que les contre-révolutionnaires s'y réclamaient d'un pouvoir fort, personnalisé et sacralisé, perçu comme seul légitime. Même s'il y aurait sans doute à dire sur la dégradation, en France, de la conscience du droit divin au XVIIIe siècle, le poids de ces résistances fait de la Révolution française un cas particulier.
Dans une première partie, Annie Jourdan décrit tout le processus révolutionnaire comme le déroulement quasi mécanique d'une série de contradictions et d'impasses sans cesse dépassées par les passions et les luttes de pouvoir. Mais l'exception n'est pas encore là. […]
Non, l'exception française réside dans cette "énigme de la Terreur" qui gêne Annie Jourdan et qu'elle tente de comprendre avec d'autant plus de conviction que la Révolution n'est à ses yeux qu'une, et non plurielle. […] Cette exception de la Terreur est aussi celle d'un pays coupé en deux. Deux discours s'opposent : celui de Robespierre, conseillant de conduire "le peuple par la raison" et "les ennemis par la terreur", et celui des ultraroyalistes de 1815, qui joue l'abri de la providence divine.
Ces remarques ne rendent pas compte de l'ensemble du travail d'Annie Jourdan. […] Jourdan explore les révolutions de la fin des Lumières dans l'espace politique et culturel de leur temps. Deux mondes - l'ancien et le nouveau - s'éclairent mutuellement. En cela, La Révolution, une exception française ? est un livre important, à lire absolument. Parce qu'il comptera dans l'histoire du débat intellectuel sur la question.
édition électronique du 26 mars 2004
Emmanuel de Waresquiel
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  | Le lapin de Varennes De la fuite de Louis XVI à la Terreur.
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  | Par Jean-Yves GRENIER - jeudi 03 juin 2004
Timothy TACKETT Le roi s'enfuit. Varennes et l'origine de la Terreur Traduit de l'américain par Alain Spiess. Préface de Michel Vovelle. La Découverte, 285 pp., 19,50 €.
u même titre que le 14 juillet 1789 ou la Fête de la Fédération en 1790, la fuite du roi et son arrestation à Varennes le 21 juin 1791 appartiennent aux événements mythiques de la Révolution française. Il est pourtant peu étudié, car les historiens n'y ont vu qu'un épiphénomène dont le médiocre héros, Louis XVI, comptait déjà peu dans le processus révolutionnaire. Timothy Tackett, l'un des meilleurs historiens américains de la Révolution française, émet l'hypothèse contraire. Pour prouver l'importance de la fuite du roi, il s'emploie à dépasser l'événement, même s'il nous le raconte par le menu dans la meilleure veine du récit historique, afin de comprendre sa signification dans le développement à plus long terme de la Révolution. La question qui l'intéresse est de comprendre pourquoi la Révolution française, peu violente à ses débuts et destinée, comme la Révolution américaine, à suivre une voie libérale, s'est radicalisée avec la Terreur pour devenir en 1794 un régime politique brutal. La réponse de l'historiographie aujourd'hui dominante, dite «critique» parce qu'elle s'oppose à l'interprétation marxiste longtemps majoritaire, considère que la Terreur était déjà en germes dans les événements de 1789. Timothy Tackett refuse cette inéluctabilité car, selon lui, la Révolution est un «processus de radicalisation» qui s'est développé bien après 1789, à la suite de nombreuses crises. Or «la seule crise que les révolutionnaires ne purent surmonter fut le refus de l'idée même de monarchie constitutionnelle par le monarque régnant». En ce sens, la fuite à Varennes fut un traumatisme. Timothy Tackett s'intéresse de très près aux réactions de la population, s'appuyant en particulier sur une collection de plusieurs centaines de lettres écrites à l'Assemblée nationale entre juin et juillet 1791. Ces nombreux témoignages montrent sans ambiguïté un changement d'attitude spectaculaire à l'égard du roi. Le choc fut brutal, car, pour de nombreux Français, il restait le père de la nation, une personne exceptionnelle malgré la désacralisation accélérée qu'avait connue la figure du monarque au cours des dernières années de l'Ancien Régime. Sa fuite fut ressentie par beaucoup comme une trahison et elle marqua le transfert de souveraineté du roi à la nation. Après le 21 juin, plus un seul journal, à l'exception de ceux des royalistes les plus réactionnaires, n'était favorable au roi. Alors que l'idée de république n'était jusqu'alors partagée que par une minorité d'intellectuels radicaux, la fuite à Varennes favorisa sa diffusion, en particulier au sein du peuple parisien. «Ce n'est que depuis l'événement du 21 juin, écrit l'abbé Sieyès, que nous avons vu surgir tout à coup un parti républicain.» Cette évolution se produisit pourtant dans un climat de grande inquiétude. Timothy Tackett montre bien la force de cette angoisse collective suscitée par la peur d'une invasion étrangère, angoisse qui n'est pas sans rappeler la fameuse Grande Peur qui avait emporté les provinces françaises en juillet 1789, affolées à l'idée que les «aristocrates» alliés à des brigands allaient exercer d'impitoyables représailles. C'est cette atmosphère d'inquiétude, de crise de l'imaginaire politique mais aussi de peur obsessionnelle des complots provoquée par la fuite du roi qui explique à moyen terme, selon l'auteur, l'émergence de cette gestion paranoïaque de la politique qui caractérise la Terreur. Le poids de l'événement dans les transformations politiques est donc considérable, ce qui conduit Timothy Tackett à faire un rapprochement étonnant entre juin 1791 et septembre 2001. «Les deux événements paraissent illustrer la manière dont un fait peut à lui seul refondre spectaculairement la Gestalt des perceptions de l'opinion publique. Ils ont donné lieu chez les dirigeants à une suspicion frénétique et à un rejet des principes des droits de l'homme et d'une justice équitable qu'ils se targuent de représenter. Ils les ont poussés même, à plus long terme, à déclencher des guerres préventives aux conséquences extraordinairement dangereuses et périlleuses.» Comparaison n'est pas raison, mais ce surprenant parallèle fait réfléchir. La Révolution française, deux siècles après, resterait-elle une référence pour penser le politique ?
http://www.liberation.fr/page.php?Article=211506
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  | Articles des Annales historiques de la Révolution française
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  | Guy Lemarchand, «À propos des révoltes et révolutions de la fin du XVIIIe siècle», in Annales historiques de la Révolution française, Numéro 340, [En ligne], mis en ligne le : 27 avril 2006. URL : http://ahrf.revues.org/document2236.html. Consulté le 10 juillet 2006.
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  | Table des matières de l'article I - Le cadre de la problématique d’ensemble II - De l’émeute à la révolution III - Le phénomène révolutionnaire IV - Lectures de la Révolution française
Introduction de l'article : La question mise au programme des concours du C.A.P.E.S. et de l’agrégation d’histoire pour 2005-2006 recoupe le champ chronologique des Annales historiques de la Révolution française. Intitulée « Révoltes et Révolutions en Europe (Russie incluse) et aux Amériques 1773-1802 », elle a suscité en quelques mois pas moins de dix publications destinées à couvrir en large partie le sujet, sept étant collectives et trois individuelles, soit au total à peu près 3000 pages imprimées dont, sans les tables des matières, bibliographies et documents, plus de 2500 pages de texte. […], la lecture de ces ouvrages apporte d’abord un bilan des connaissances sur une matière vaste par son assise géographique et qui, si elle est restreinte à trois décennies, se situe dans une période de bouleversements rapides et intenses du monde. De plus, le nombre et la variété des méthodes et des types d’explication mises en œuvre par les intervenants permet, dans une certaine mesure, d’appréhender des débats de fond en cours et les différences d’orientation dans les interprétations, c’est-à-dire de saisir les courants historiographiques actuellement aux prises. Par conséquent, la grande majorité des contributions dans ces volumes dépasse le but pratique immédiat de préparation aux concours et offre des synthèses qui peuvent donner réflexion aux chercheurs.
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  | La Révolution française et la Suisse
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  | Éveline Maradan et Georges Andrey, «Les troupes suisses capitulées et les relations franco-helvétiques à la fin du XVIIIe siècle», in Annales historiques de la Révolution française, Numéro 321, [En ligne], mis en ligne le : 21 février 2006. URL : http://ahrf.revues.org/document1778.html. Consulté le 10 juillet 2006. Compte-rendu de la thèse soutenance de thèse de Alain-Jacques Czouz-Tornare
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  | Extrait 1 : Dans cette thèse vivante et neuve, ce spécialiste de la Révolution du point de vue helvétique se situe en marge des deux courants dominants de l’historiographie suisse : d’un côté une tradition d’inspiration patriotique qui tend à idéaliser le service militaire des Suisses en France, et de l’autre un point de vue radical inspiré au xxe siècle par l’école des Annales et ravalant ce service au rang d’un mercenariat. Le Fremdienst, comme on le nomme en Suisse, a fait l’objet, au pays de la modération et de la neutralité, d’une lutte sans merci entre les auteurs de ces différentes obédiences qui aboutit à une forme de Damnatio Memoriae. Pour ces deux tendances, le service étranger illustrait l’état de dépendance de la Suisse à l’égard de l’étranger et de la tutelle de la France dont le roi fonctionnait en Suisse comme une sorte de principe unificateur tacite. Cette étude met en exergue les contrastes et les déséquilibres du tissage cantonal d’une Suisse généreusement présentée d’ordinaire comme le produit d’une volonté, une Willensnation. La France assurait un minimum de cohésion interne dans la Confédération et ce, dans les limites naturelles... de ses intérêts. Qu’elle fût royale, républicaine ou impériale, la France sut éviter la dislocation et le renforcement de la Suisse qu’elle maintint sous une tutelle plus ou moins visible. Le service de France en est la forme la plus emblématique, spectaculaire et efficace. Bien avant que Napoléon Bonaparte ne s’en arroge le titre, les rois de France exerçaient le rôle de Médiateur au sein de la Confédération. Le Corps helvétique était sous l’Ancien Régime à peine un État de droit et ne disposait d’aucune unité. Il s’agissait selon Czouz-Tornare d’une Nation de l’extérieur, c’est-à-dire une construction hétéroclite voulue et entretenue par les grandes puissances, en particulier la France qui, plus que tout autre, avait intérêt pour des raisons géopolitiques à ménager l’existence d’une Suisse au cœur de l’Europe. […] Ces constats sont particulièrement gênants pour des gardiens de la mémoire historique comme le furent longtemps les historiens suisses. […]
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  | Extrait 2 : Récusant l’hagiographie classique (« Honneur et Fidélité ! ») dominée par des historiens militaires dans la veine du Vaudois Paul de Vallière, le chercheur établit que la célèbre insurrection du régiment de Châteauvieux en août 1790 tire son origine dans des motifs essentiellement économiques et fut exploitée politiquement par tous les camps en présence. Il montre par la même occasion que les Suisses n’ont pas été imperméables aux idées révolutionnaires. 1790, l’année des grandes révoltes militaires, fut bien l’année malheureuse de la fidélité helvétique. D’autres régiments suisses faillirent se révolter et en juillet 1791, le régiment de Castella aurait pu subir le même sort que Châteauvieux, s’il s’était trouvé, comme dans le cas de Nancy, une conjoncture favorable à l’extension des désordres. En 1790, tant la Cour que les patriciens qui gouvernaient une grande partie de la Suisse trouvèrent intérêt à faire un exemple avec Châteauvieux pour raffermir leurs positions respectives. Les gouvernants suisses alémaniques firent des francophones les responsables des troubles afin de les isoler sur le plan confédéral, tant on craignait outre-Jura la contagion révolutionnaire par l’intermédiaire des soldats de retour de France. Châteauvieux devint ainsi la brebis galeuse, l’exception qui confirme la règle, alors qu’il nous apparaît plutôt ici comme l’arbre qui cache la forêt.
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  | Recueil de sites de Revues consacrées à la Révolution française (ajouté en juillet 2007)
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