
Au hasard des circonstances nocturnes
Au hasard des chemins de la mémoire et des souvenirs
Sur ma platine virtuelle
L’heure est à la chair de poule.
Partir aux bouts cassés
Aux entrailles de chair
Voir la tranquilité
Comme on peut voir la mer
Partir aux innocences
Aux caresses du coeur
Une étoile à la chance
Une lune à dix heures
Partir au monde entier
Au commencement de tout
Aux péchés que j’avoue
Devant Dieu qui se tait (Isabelle Boulay, Au moment d’être à vous)
Il en est ainsi de certaines chansons
Reliées aux circonstances
Tristes ou gaies de l’existence
Allez savoir pourquoi
Soudain du tréfond d’une tristesse enfouie
Revient à la surface une chanson
Et attraper le ciel
Pour seule maladie
Au bras d’une étincelle
Y retrouver la vie…
Y retrouver la vie… (Isabelle Boulay, Au moment d’être à vous)
Soudain les événements, le contexte
Reviennent me hanter dans le soir blême
Le coeur se serre
La douleur revient
Du tréfond d’une blessure jamais entièrement cicatrisée
Du tréfond de l’absence désormais certaine de l’être aimé
Autrement, les sensations sont plutôt bizarres lorsque je m’occupe de son courrier ou de son appartement. C’est la première fois que je suis dans son appartement sans qu’elle soit présente.
C’est aussi la première fois qu’elle perd toute autonomie. Même quand elle a été en difficulté jusqu’alors avec son dos et que je m’occupais de certaines affaires courantes [notamment quand j’étais à la maison à l’adolescence], elle était à la maison, pouvait se mouvoir et gardait une certaine indépendance.
Là, elle est à la merci tant de l’hôpital que de moi. (mars 2004)
Jour après jour
Il avait fallu lutter
Il avait fallu pas après pas
Continuer à avancer sans trop montrer
La douleur au fond du coeur
Cinq semaines maintenant
Cinq semaines rythmées
Au quotidien des visites hospitalières
Ou d’un coup de téléphone
Comme un long corridor
Sans fin
Pour ne pas parler de tunnel
Un pas devant l’autre
Et toujours la vie
Malgré tout
Pour les enfants
Contre le désespoir
Adossé au chagrin (avril 2004)
Mais c’est dans la douleur de l’autre
Que s’inscrit le plus profond de mon désespoir
Alors que crie mon impuissance à l’en décharger
Combien de larmes et de cris dans la nuit?
Ma mère elle vacille plus ou moins fort suivant les jours.
Pauvre flamme ballotée au gré des douleurs ou des bonnes/mauvaises nuits.
C’est elle le courage. Clouée sur son lit à longueur de nuit et de journée.
Qu’il est, pour elle, autant dur de partir que de rester ! (début mai 2004)
A l’approche de la séparation prochaine et définitive
L’instabilité des jours rend le futur inepte
Un voile s’installe
Impossibilité de toute projection.
Mercredi, elle allait relativement bien, mais le tout entrecoupé de courts moments d’endormissement.
Hier, jeudi, en visite avec Christine, la plupart du temps elle n’était pas avec nous. Confusion et agitations.
Mais depuis qu’elle perd pied, elle ne souffre plus de ses douleurs physiques.
Je sais qu’ainsi, à petits pas, elle s’éloigne et prend confusément ou non congé de nous et du monde.
Tout en sachant que nous sommes là, que nous ne la laisserons pas.
Je sais qu’elle ne verra pas l’été.
Je le sais confusément et de plus en plus certainement depuis un certain temps. (mi-mai 2004)
La fin est proche, mais l’heure ressemble à un déni
La rationalité ne sert qu’à tenir bon
L’été n’est qu’une catégorie à la fois proche, lointaine et impalpable
Les heures, les minutes, les secondes ne s’organisent
Qu’en fonction de la prochaine visite ou de la visite passée
Chaque demain est un autre jour
Combien d’étapes, combien de renoncement
Volonté de ne pas savoir le trop certain.
Il n’empêche malgré la certitude
La surprise vient au moment de la concordance
Entre l’annonce et la réalité de l’acte définitif
Le plus dur sera encore à venir…
Si j’étais jardinier
je ferais pousser une fleur
en forme de coeur.
Elle serait pour maman
qui la garderait longtemps.
Car maman saurait que la fleur
c’est tout l’amour de mon coeur. (25 mai 2004)
Depuis il ne se passe pas un seul jour
Sans qu’à un moment ou à un autre
Son regard, mon regard, mes pensées
Partent vers elle
Sourire aux lèvres ou larmes à l’oeil.
Maintenant, je m’endors en pensant à elle, je me déplace en pensant à elle, je me lève en pensant à elle.
[…]
Absence et présence se mêlent, alternent, disparaissent et réapparaissent.
Elle est juste de l’autre côté. Mais de quel côté ? (2 juin 2004)
Le mystère aujourd’hui reste entier
Comme les raisons qui ce soir me poussent à rédiger ce billet.
Un jour ou l’autre, on se retrouvera
Comme un matin d’enfance
Un jour tout autre, on se reconnaîtra
Au-delà du silence…
(Isabelle Boulay, Un jour ou l’autre)
Peut-être…
– Vous reprendrez bien un peu d’été?
– Avec plaisir, il ne peut pas faire de mal.
– Resterez-vous assis au bar?
– Pourquoi pas. Ici ou ailleurs, le temps se passe de commentaires.
– Alors je reviendrai vous trouver.
– Avec plaisir, cela ne peut pas faire de mal. Et même un peu de bien. (21 juin 2004)
En ce temps-là sur ma platine accompagnant mes pas, s’égrénaient en boucle outre Isabelle Boulay : Diane Krall (Narrow Daylight), Karim Kacell (Mother, Mother, Bluesville, N’arrête pas de rêver), Mindy Smith (Hurricane)
Laisser un commentaire