
Au matin du deuxième jour à Ludovia, le terme d’influenceurs pour qualifier notre brochette de blogueurs est réapparu. Certes ce qualificatif est flatteur. Ce nouveau titre de noblesse est-il pour autant mérité au-delà de cette enceinte?
La composition du public de Ludovia fournissait un premier éléments de réponse. La difficulté de sortir le cercle des innovateurs et convaincus de technologie y était évident. Ce constat n’est d’ailleurs pas propre à Ludovia et porte en germe les risques d’un essoufflement de tous ceux qui s’activent dans le domaine. Ne formons-nous pas alors un frein plus qu’un moteur au développement du numérique à l’école?
Des tables-rondes, certains responsables régionaux en matière de développement du numérique restaient souvent sur leur faim concernant les réponses qu’ils venaient chercher. Ils s’éloignaient alors pour aller faire leurs emplettes auprès des concepteurs plus traditionnels de contenus numériques.
Les différences d’attentes de tous ces publics concernant le numérique à l’école mettaient également en évidence l’absence d’un consensus suffisamment large sur les finalités du numérique à l’école et la multiplication des projets et des outils proposés aux enseignant-e-s qui peinent à s’inscrire dans la durée.
D’une discussion avec François Bocquet est ressortie les travaux en sociologie des organisations concernant l’innovation. C’est ainsi que furent évoqués les travaux du Cautic sur les quatre grands profils d’attitude des acteurs face au changement et à l’innovation:
– les passionnés ou les geeks dans notre domaine;
– les pragmatiques du changement;
– les pragmatiques de la continuité;
– les objecteurs au changement.
A ce titre, il semblerait que pour généraliser une innovation il vaudrait mieux s’appuyer sur les pragmatiques du changement pour convaincre et former les pragmatiques de la continuité. Pour leur part, les passionnés braqueraient les pragmatiques de la continuité.
Le rôle des influenceurs seraient donc plus de défricher le terrain que de convaincre les pragmatiques. Pire, si une innovation n’atteint pas ce dernier public, on considère qu’elle « tombe » dans le gouffre de Moore (nom d’un consultant américain, Geoffrey Moore, spécialiste de l’innovation), comme tant d’innovations viables techniquement, mais mal adaptées aux usages de leur public. Dès lors, les concepteurs des dispositifs d’information et de communication ont le choix entre une logique de persuasion qui permet de recruter rapidement des usagers «pionniers», mais comportant des risques de démobilisation ultérieure, et une logique de négociation qui exige de nombreux aller-retour entre les impératifs techniques et les usagers pendant la conception, mais qui favorise une diffusion plus large et plus durable.
De retour de Ludovia, après une brève recherche, d’autres éléments en matière de sociologie ont attiré mon attention et sont plus particulièrement évoqués par Feirouz Boudhokhane(voir références en fin d’article). En premier lieu, Rogers (1995), dans son ouvrage Diffusion of Innovation, précise que
« La technologie ne peut pas être imposée, la possibilité d’examiner ses conséquences, de la tester et d’être formé à son utilisation facilitent le processus d’usage, le contraire peut inhiber. »
Or, il me semble que l’institution scolaire procède exactement à rebours de ce constat en matière de déploiement numérique. Le temps d’appropriation manque souvent. Seules les innovations se rattachant à du connu s’imposent dès lors en reproduisant les usages plus qu’en les dépassant comme semble le démontrer l’exemple récent des TBI (tableaux blancs interactifs).
Pour sa part, Rham (1987), dans un article sur la résistance à l’innovation ou le non-usage d’une technique, développe le concept de l’auto-efficacité qui
renvoie à la perception qu’à une personne d’elle-même, de ses capacités à exécuter une activité et à réagir face à un événement ou un objet. Cette perception influence son niveau de motivation et son comportement.
Je repensais alors à ces professeurs-documentalistes et à leurs craintes dans l’élaboration de leur séance de recherche sur internet ou à la complexification supplémentaire de toute séance où, aux questions des interactions enseignant-enseignés, s’ajoutent les questions et la gestion de l’interactivité humain-machine.
Je repensais aussi à mes étudiant-e-s en formation initiale qui construisent déjà leurs capacité à concevoir, à réaliser et à gérer leurs séquences d’enseignement-apprentissage sans interactivité avec la machine et qui doutent. Pour eux la contrainte supplémentaire d’intégrer en classe le numérique et plus particulièrement la machine dans les mains de leurs élèves est généralement une contrainte supplémentaire de trop à ce moment-là de leur construction professionnelle. J’essaie donc d’en tenir compte avec plus ou moins de réussite.
La difficulté de tous les acteurs de Ludovia à chacun de leur niveau n’en apparaît que plus complexe à intégrer le numérique à l’école. Ceci sans décourager le 20% y recourant régulièrement en classe.
Aujourd’hui, il m’apparaît qu’en matière de numérique à l’école tous les acteurs les favorisant se trouvent au milieu du gué -situation guère confortable d’autant plus dans le contexte général de l’école et même plus largement- et qu’il convient de donner en premier lieu du temps au temps. Il ne faut pas oublier, par exemple, que l’école primaire obligatoire ou le concept des manuels scolaires (première innovation technologique scolaire dans ce contexte) mirent près d’un siècle à trouver leur forme définitive et à s’imposer. L’art du détournement étant également une des constantes dans les appropriations des outils technologiques, il faudra aussi que les influenceurs ou défricheurs que nous sommes en acceptent l’augure.
Références:
Feirouz Boudokhane. Comprendre le non-usage technique: réflexions théoriques. http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2006/Boudokhane/index.php
L’innovation dans le bon sens: http://tim.irisa.fr/tim-adherents/24-04-2001/Mallein_FR.pdf
Article wikipédia sur Philippe Mallein (Cautic): http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Mallein
CNDP-CRDP: Usages des TICE: observer et valoriser. Méthodes d’observation: http://www.agence-usages-tice.education.fr/jn/atelier_c.pdf
On peut bien sûr faire appel à toutes sortes de théories sociologiques pour expliquer pourquoi certaines innovations se diffusent et d’autres non. On peut aussi renvoyer les innovateurs, ou ceux qui se présentent comme tels, à eux-mêmes. On devrait à mon sens d’ailleurs, commencer par cela. A ce propos, je vous soumets deux remarques.
1. J’entends souvent les innovateurs interpréter leurs échecs (lorsqu’ils en connaissent) comme une preuve supplémentaire du conservatisme du milieu (les gens, les autres profs, l’éducation nationale, etc.) où ils situent leur intervention ou bien comme une erreur de stratégie, de marketing. Ne serait-il pas plus juste, dans bien des cas, de chercher ailleurs ? Par exemple, du côté de la valeur sociale de l’innovation elle-même ? Le Corbusier voulait éventrer Paris et il a trouvé que ceux qui l’en ont empêché étaient de vilains conservateurs…
2. J’observe que les innovateurs (mais ça s’applique à beaucoup d’autres catégories bien sûr) aiment à se retrouver entre eux. On peut le comprendre, ils se réconfortent. Mais au fond, ils ont tort car cela les installe dans leurs convictions et les prive de se confronter à la critique (ou au scepticisme) qui les ferait réfléchir, avancer peut-être.
Je vous dis cela en toute amitié. J’ai cru voir ce phénomène assez nettement à l’oeuvre dans les échanges de Ludovia que j’ai suivis de loin. Vous vous êtes admirés et enthousiasmés les uns les autres, ce qui vous a peut-être condamné à faire du sur-place.
Par exemple, tous les innovateurs de Ludovia étaient d’accord sur cette petite équation : les ENT, c’est mal, Tweeter, c’est bien. Et du coup, comme vous étiez tous d’accord là-dessus, vous ne vous êtes pas donné la peine d’en douter. Et vous avez eu bien tort, parce que c’est peut-être le contraire qui est vrai.
@Serge Pouts-Lajus : tout d’abord merci d’intervenir dans la discussion.
Ensuite, vous ne trouverez guère dans mes propos des critiques sur le conservatisme des enseignant-e-s pour interpréter des « échecs » en matière de tice. Bien au contraire, dans la mini-recherche menée en compagnie de mes etudiant-e-s et publiée en juin sur le site des Cahiers pedagogiques, j’explique la réussite de l’outil blog en éducation par le fait qu’il s’adapte aux pratiques existantes de ceux-ci.
Par ailleurs, en lecteur inspiré par Larry Cuban, je m’exprimais dans un sens comparable dans mes réflexions sur les tice qu’on peut lire ici sur cet espace : http://lyonelkaufmann.ch/histoire/medias-technologies/reflexions-sur-lutilisation-de-linformatique-dans-le-cours-dhistoire/
Dans un article déjà ancien pour le journal suisse Le Temps, j’indiquais qu’il fallait considérer l’attitude des enseignants comme rationnelle dans leur rapport soit au changement soit aux technologies.
Concernant les ENT (Environnement numérique de travail), il est vrai qu’une majorité des « influenceurs » présents sont opposés ou très critiques à leurs égards. Lors de la première table-ronde consacrée au référentiel numérique, ils se plaignaient surtout du manque de transparence et de chiffres concernant leur utilisation ainsi que de la relative pauvreté des informations recueillies sur leurs usages (rares chiffres qui restent très globaux). Cependant vous serez bien en peine de trouver de ma part une critique sur les ENT sur ce blog ou dans mes tweets à Ludovia. Il convient donc à chacun de ne pas procéder par généralisation abusive. Ceci dit en toute amitié également.
Maintenant il vrai, mais c’est le cas pour tout groupe aux avis « homogènes » que le risque de croire avoir raison tout seul existe pour les innovateurs comme pour d’autres. Il me semble que cet article va justement dans le sens de prendre de la distance pour essayer de ne pas tomber dans ce piège. Plusieurs des personnes présentes à Ludovia avaient ce souci-là et regrettaient que des personnes avec d’autres avis -dont des enseignants « lambdas »- ne soient pas présentes. Histoire que nous avancions tous ensembles dans l’intégration du numérique dans nos actes d’enseignement-apprentissage.
Mes remarques ne s’adressaient pas particulièrement à vous. Effectivement, vos positions ne tombent pas dans les travers que je soulignais. Mes excuses en tous cas pour ce possible malentendu.
Que les innovateurs, que les profs geeks, se retrouvent entre eux, c’est normal et c’est très bien. Mais, en plus de se faire mutuellement plaisir en se montrant ce qu’ils savent faire, ils devraient, à mon sens, aussi :
– relativiser leurs enthousiasmes (aujourd’hui on s’emballe pour Twiter et FaceBook, mais il n’y a pas si longtemps, on s’emballait pour SecondLife et NetVibes),
– être prudents lorsqu’ils traitent de questions générales : le fait de bien connaître l’informatique ne donne pas d’autorité particulière pour traiter de l’avenir de l’école et notamment, pour porter des critiques radicales contre l’institution scolaire.
J’ai fait observer à Mario qui n’est pourtant pas le plus imprudent de tous, que les blogueurs de Ludovia ont relayé une charge contre l’école publique dont le contenu et l’origine sont pourtant hautement problématiques.
Merci en tous cas pour vos billets et pour votre hospitalité sur ce blog.
@Serge Pouts-Lajus : c’est avec un très grand plaisir que vous êtes accueillis ici. N’hésitez donc pas à revenir.
Dans le prolongement de vos propos, même si à titre personnel je m’enthousiasme pour certains outils technologiques (mais pas tous ceux que vous citez!), j’essaie effectivement de plus en plus de distinguer ma phase d’exploration-découverte avec celle de l’utilisation avec mes étudiant-e-s.
Généralement, je les mets d’abord en situation également d’exploration-découverte et non d’intégration directe en classe. Le but est de leur construire une familiarité avec l’outil et de sortir du bien/mal.
Je conduis également des activités de recherches-développement justement pour en cerner plus précisément le potentiel (ce qui devrait être le cas prochainement avec twitter en histoire) sur la base d’un scénario pédagogique.
Adepte de la co-construction d’une intelligibilité, je vous rejoins dans les dangers, plus qu’évident, d’avoir raison tout seul. Mais cela dépasse largement la catégorie « blogueurs de Ludovia »…
« Sommes-nous des influenceurs ? »
Pour ma part, cela fait un moment déjà que je parle de « leaders d’opinions »; car je crois effectivement que c’est de cela qu’il s’agit. Et je souris (sans m’en moquer) donc de cette « horde de bloggueurs » invités à Ludovia… avec comme mission de booster la réflexion locale par la voie (voix) de la blogosphère et de Twitter.
Ces leaders d’opinion étaient donc sollicités pour instrumenter une mobilisation du fait de leur réseautage assez conséquent (combien de followers cumulés par l’entremise de ces 10-12 bloggueurs-euses ?). Bien ! Actons la chose en nous demandant si c’est un nouveau concept qu’il faut répéter dans d’autres circonstances. A l’identique, ou en le modifiant. 🙂
Le ping-pong L.K et S. P-L, au niveau des commentaires, a aussi retenu mon attention. Je pense pour ma part que l’influence des innovateurs sur leur entourage ne se fait que par contagion de proximité. Cette manière de voir m’a été un jour présentée comme conclusion d’une recherche effectuée par un fournisseur mondial d’hardware (dont je peux taire le nom, car c’est en soi, sans importance), et j’y adhère.
Le constat qu’avaient fait les chercheurs était que, pour gravir un escalier de x marches qui mènerait à un seuil d’innovation y, les praticiens se mobilisent à l’exemple de ceux qui sont sur la marche juste au dessus de la leur, et non sur l’exemple de celui qui a atteint le seuil final escompté. L’exemple de celui-là est généralement hors de portée et relativement frustrant… du fait du niveau déjà atteint, alors que le « voisin d’escalier » lui, fait des choses pas trop compliquées qui donnent bien plus l’impression d’être à la portée de celui qui va se mobiliser.
Une philosophie des petits pas que je tente d’appliquer en formation continuée d’enseignants en Education aux Médias (Belgique francophone). Une philosophie de la réussite aussi ! Car, à viser trop vite trop haut, on tente de monter quatre à quatre … et on dévale tout aussi vite, parfois.
Certes, il y a toujours des enthousiastes, des baroudeurs de la curiosité non-stop… Ceux-là escaladent sans peur du vide qu’ils surplombent… Chacun y va avec sa nature ! Et ce qui me mobilise moi, c’est que le plus grand nombre aille de l’avant !
Ce commentaire ne se place pas sur le terrain des usages, il y aurait en effet beaucoup de travail comparatif à effectuer sur l’utilisation des outils de mass média tels que Facebook et Twitter dans établissements scolaires comparés à ceux des briques qui constituent les ENT, d’autant que ces derniers sont très différents les uns des autres. C’est une analyse que je ne saurais faire, même si elle ne manque pas d’intérêt.
Non, mon commentaire concerne la transparence et la communication liée aux dossiers ENT. Il y a exactement deux ans à la suite de Ludovia 2008 où nous avions eu une table ronde sur les ENT, je postais ce commentaire sur le blog de Mario Asselin. Il reste toujours d’actualité.
Je regrette que bien des questions soulevées alors soient restées sans réponses deux ans plus tard. Je vous renvoi sur la page de la synthèse qu’a rédigé Lyonel Kaufmann à propos de la première table ronde du mardi 24 août 2010 à Ludovia où le représentant de la Caisse de dépôts n’a pas présenté d’indicateurs nationaux et interrogé sur ce manque a répondu que « ces indicateurs étaient la propriété de chacun des porteurs de projets ENT » et qu’elle ne pouvait hélas les communiquer. Mais j’ai cru comprendre à l’intervention d’un membre de la DGESCO (ex-SDTICE) que l’année prochaine nous disposerions enfin de tels indicateurs.
Car sans esprit partisan, je demeure toujours extrêmement surpris sur les seules informations disponibles en 2010 (une des rares dont nous disposons, cher Serge Pouts-Lajus). Elles peuvent paraitre contradictoire au premier abord, par exemple les cartes des projets ENT ne sont pas identiques. Il y a celle de la Caisse des Dépôts et Consignations qui affiche les projets qu’elle accompagne et celle du Ministère de l’Education nationale.
Le Landais que je suis par exemple, à la lecture des cartes de couvertures des ENT publiés sur le site national Educnet, a cru défaillir en découvrant la carte de l’Aquitaine et les taux brejneviens de pénétration dans les collèges de son département.
J’écris « défaillir » car les chiffres concernant les collèges du département des Landes sont faux où alors ils n’évaluent pas la même chose que les autres projets. De quoi parle-t-on ? des comptes créés ? des comptes effectivement activés par les utilisateurs ? de la moyenne mensuelle des utilisations ? Chacun comprendra aisément qu’il ne s’agit pas de la même chose.
Je pose ces questions car à en croire les informations de la carte collège, le taux de généralisation de l’ENT aquitain serait de plus de 94% c’est-à-dire supérieur à celui du département du Puy de dôme 55% et même de tous les départements français. C’est très étrange car en cliquant sur le département des Landes on obtient « Généralisation – Projet académique (briques pédagogiques d’un ENT), mais partenariat avec le CG non encore établi ». Pour faire simple, l’ENT Argos du Rectorat de Bordeaux n’a intégré en test qu’une brique vie scolaire qu’il y a moins d’un an et au moins 14 collèges landais sur 35 utilisent des briques d’éditeurs privés (Pronote, EducHorus, etc.). Il est donc mathématiquement quasi-impossible que de tels taux soient le reflets des usages. Je vais par ailleurs souvent dans les collèges au cours de l’année et jamais je ne vois ni n’entend parler d’ENT en cours, en salle des professeurs, ou via les Assistants d’éducations qui gèrent le matériel.
Ces données ne décrivent pas la même réalité :
– du coté de l’académie de Bordeaux, nous avons des briques pédagogiques, c’est-à-dire des pièces détachées dont personne ne nie que rassemblées, et coordonnées, elles pourraient (conditionnel) constituer un “futur” ENT ;
– et de l’autre coté, des maisons déjà construites et habitables, pas toutes sur le même plan architectural, mais toutes fonctionnelles, ce sont des ENT tels que ceux d’Auvergne, d’Alsace ou de Midi-Pyrénées (pour ne citer que les plus anciens).
Je trouve étrange et un peu surréaliste que l’on représente sur une carte de la même manière, un tas de pièces détachées, et des maisons construites. Educnet, n’est pas le site de tel ou tel Rectorat, mais un site national, gouvernemental, un excellent site de référence. Si la légende des cartes est d’ailleurs siglée source SG-STSI-SDTICE, il est regrettable que le Ministère de l’Education nationale ne précise pas de quoi on parle et n’harmonise pas ces données au niveau national, et qu’il se retranche derrière la phrase sibylline « cette carte a été élaborée à partir de données collectées en académie, auprès des CTICE, entre mars et avril 2010« .
Partant de cet exemple, que je connais bien, j’ai hélas un doute affreux sur le reste de la carte… Ce n’est pas de ma faute, mais si une telle erreur est passée se pourrait-il qu’il en existât d’autres ? donc je me mets à douter de la communication (le mot est laché) du Ministère. Est-ce que lorsque j’écris ces lignes j’attaque ou je remets en cause l’école publique républicaine pour reprendre la formule de Serge ? Je ne le crois pas. Est-ce que demander plus de transparence sur ce dossier, mettre en place des indicateurs nationaux pour les publics qui se connectent et les services qu’ils utilisent, constitue en soi une remise en cause d’une opération ?
Pour prendre un peu de hauteur, il serait souhaitable que six ou sept années après le lancement des projets ENT et un certain nombre de déploiements, on puisse connaitre ce qu’apporte réellement la mise en place des ENT dans le cadre des applications de vie scolaire certes, mais aussi d’accès à des ressources éducatives dans un cadre plus vaste sur la pertinence pédagogique de telles application en fonction du type de public auquel l’Ecole s’adresse.
Merci @Mediacteur pour son commentaire.
Je constate que vous employez la métaphore de l’escalier qui ressemble fort au concept de zone proximale cher à certains… dont votre serviteur. Par un autre bout, ces éléments se rapprochent donc de l’idée qu’il vaut mieux confier la généralisation du changement aux pragmatiques du changement qu’aux passionnés/geeks (enfin en tout cas à ceux qui ne sont les adeptes que du dernier truc à la mode…) pour former/inciter les pragmatiques de la continuité.
Mais je sais que cela aussi est fort beau en théorie et que dans la pratique, même le step by little step, ne produit pas forcément et toujours les effets attendus. C’est en tout cas ce que je constate modestement par rapport à certaines actions de formation que j’ai conçues et menées. Y compris avec une forte dose de pédagogie de la réussite. Je le constate en tout cas dans une attente de forte généralisation de la démarche.
La situation est peut-être encore différente entre formation initiale et formation continuée. Toujours est-il que je suis fort intéressé par vos démarches et que je viendrai certainement guigner par chez vous. 😉
@Lionel : Merci !
Je compléterai alors mon propos en précisant que je crois é-nor-mé-ment à la mise en place d’une nouvelle technologie (ou d’une nouvelle stratégie) dans la pratique professionnelle d’un enseignant si celui-ci peut d’abord se faire la main dans un no-man’s land non professionnel… ses loisirs, par exemple !
C’est d’ailleurs comme cela que je fonctionne aussi personnellement. Comment parler de quelque chose que l’on connaît si on ne l’a pas d’abord expérimenté dans le détail… Et un vrai terrain de mise en oeuvre qui ne soit pas professionnel mais qui justifie le temps et l’énergie qu’il faudra investir… existe-t-il alors ailleurs que dans le monde du loisirs ?
Et donc, en formation, je ne suis nullement gêné par des profs qui me disent vouloir d’abord tirer profit de leur parcours pour le bénéfice d’une association ou d’un club dans lequel ils sont actifs…
Le transfert pédagogique se fera plus tard, le « bon » moment venu !
Pourtant, je reste persuadé aussi, que l’enseignant pourrait se risquer à démarrer son expérimentation en classe… mais peu s’y aventurent, convaincu que les élèves vont leur monter sur la tête…
Or le constat qui est fait, c’est que -sauf de rares exceptions qu’il ne faut pas ignorer- la plupart du temps, les élèves sont très heureux de pouvoir seconder (voire dépanner parfois aussi) un prof qui a « fait le saut » technologique…
Etre pionnier, c’est donc parfois aussi être porté par le groupe, pour récompense de son audace ! Et je tente d’en convaincre les profs.