
« C’est cependant de toute évidence dans les médias que se formulent dans leur richesse et leur complexité les nouvelles formes de présence historique de ce passé anhistorique. Peut-être parce que, dans l’image, le cinéma ou les séries télévisées ne se pose même pas la question sous-jacente et lancinante qui habite l’histoire, l’enseignement et jusqu’à la littérature, laquelle ne se comprend que dans les conditions historiques de son déroulement : pourquoi transmettre le passé ? À quoi peut-il servir ? Les médias se contentent de l’utiliser, de le mettre en scène, en images fortes et en musique. Et même la tentative de reconstitution la plus scrupuleuse relève encore du jeu. C’est pourquoi ce jeu trouve son illustration concentrée dans l’extraordinaire expansion que lui ont donnée la bande dessinée, les jeux vidéo et les séries télévisées. Là, tout y est : les technologies numériques les plus nouvelles au service des clichés les plus répandus du patrimoine historique et mémoriel, le traitement le plus raffiné et le plus ludique de l’imaginaire collectif de base, la mondialisation possible des débouchés et des profits commerciaux et, pour tout dire, la tendance à l’infantilisation générale du monde contemporain.»
Pierre Nora
En rapport avec la citation ci-dessus, voici quelques articles du numéro, rédigés par des spécialistes de ces questions (Antoine de Baecque, Pascal Ory et Isabelle Veyrat-Masson).
- L’imaginaire historique du péplum hollywoodien contemporain par Antoine de Baecque
- La Révolution française au cinéma. À propos de Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot par Jean-François Pigoullié
- L’histoire par la bande ? par Pascal Ory
- Au cœur de la télévision : l’histoire par Isabelle Veyrat-Masson
- Jeux vidéo et Histoire par Thomas Rabino
- Révolution numérique et rapport au passé par Philippe Joutard
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