
Le constat de Pascal Duplessis :
«Ce qui m’a d’abord intéressé avec les deux témoignages rapportés, en HG et en français, c’est le déroulement de la séance. Si je reprends ces deux déroulés, voici ce que je comprends :
- phase d’exposition (« magistral », à la maison, 2 à 4 mn)
- phase d’application (« entraînement », en classe)
- phase de structuration des connaissances (« production d’une synthèse-ressource », en classe)»
Sa première question :
«Qu’est-ce qui change donc avec les constituants d’une séance « classique », laquelle est depuis longtemps basée sur le triptyque « exposition – application (tâche) – structuration » ?»
Une deuxième série de questions fort pertinentes :
«Ce qui m’étonne donc le plus ici est cette évacuation de la phase d’exposition hors du cours. Pourquoi diffracter ainsi le temps du cours et renvoyer la phase expositive hors de la sphère scolaire ? Quel intérêt y a-t-il à déléguer la médiation enseignante à une médiation documentaire numérique ? Pourquoi prendre le risque que des élèves ne prennent pas le temps d’ouvrir la capsule, n’aient pas les moyens (techniques) de l’ouvrir, n’aient pas les moyens (cognitifs, culturels) de la recevoir ? Pourquoi prendre le risque d’une exposition courte et comprimée du savoir ? Pourquoi s’en remettre à une médiation technique plutôt qu’humaine pour cette exposition ?»
S’y ajoute :
«En définitive, la « classe inversée » semble pointer du doigt quelques dérives bien connues des méthodes dites « magistrales » en poussant apparemment une proposition inspirée des méthodes actives. A l’analyse pourtant, la méthode ne semble pas active mais emprunte le schéma de la transmission traditionnelle : on montre d’abord, on fait appliquer ensuite pour s’assurer que tout le monde a bien compris. Où est donc le changement annoncé ? Moins d’exposition et plus d’application. Cela suffit-il pour parler d’innovation ? Plus que tout, la « classe inversée » semble vouloir tirer sa particularité d’un usage des technologies numériques.»
Une nouvelle série de questions fort pertinentes :
«Le numérique aurait-il des vertus éducatives intrinsèques qui viendraient pallier comme ici un déficit de culture pédagogique de ces deux enseignants ? Ne pouvaient-ils pas se poser la question hors de la donne numérique et trouver des solutions pour moins parler et faire davantage réfléchir leurs élèves ? Qu’est-ce qui pouvait bien les empêcher de tenter d’autres approches, d’autres méthodes pédagogiques ?»
La conclusion finale :
«La priorité donnée à l’outil sur le but, la primauté du numérique sur le pédagogique, n’est-ce pas plutôt là qu’il faut chercher l’inversion ?»
April 9, 2014 at 1:52AM
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