
Il n’a jamais vraiment disparu. DJ, musiciens ou simples passionnés écument foires et magasins pour mettre la main sur ce nouveau Graal. Plus qu’un objet, le disque est pour eux une affaire de transmission et d’authenticité.
La musique d’Andy Carthy, alias Mr Scruff, se nourrit de samples issus de sa vaste collection.
© Eilon Paz for Dust & Grooves
La réédition à tout prix
Quand le vinyle n’était plus l’affaire que de quelques acharnés, tout semblait simple. De petits labels pointilleux, comme les Américains de Sundazed, remettaient au goût du jour des groupes cultes et réalisaient de précieuses éditions. Ils traquaient les bandes de Bob Dylan pour rééditer, en « mono miraculeuse », ses premiers albums tels qu’on pouvait les écouter quelques semaines après leur enregistrement. Les multinationales leur laissaient le champ libre : ils étaient plus obstinés, scrupuleux, et surtout plus doués pour toucher un public spécialisé. Aujourd’hui, le marché s’affole. Les petits labels se multiplient et rééditent parfois sans autorisation et sans s’approcher des bandes originales, copiant simplement le CD. Et les grandes enseignes se précipitent sur cette source de profit en rééditant leurs catalogues. Les prix flambent, flirtant souvent avec les 30 euros, soit le double du CD. Un disquaire californien, Colin Tappe, s’alarme de cette inflation, qui ne réconciliera pas les jeunes générations avec le disque : « Les majors, écrit-il, ont déjà commis une erreur fatale dans les années 1990 en vendant les CD trop cher, ouvrant la porte à la révolution du piratage et du mp3. Maintenant qu’elles ont l’occasion de se racheter, elles se tirent une balle dans le pied. Le même pied ! Avec la même arme ! Et la même balle ! »
À faire Disquaire Day, le 18 avril. Plus de 200 disquaires indépendants y participent dans 12 villes en Suisse, 90 en France, 4 en Belgique et 2 au Luxembourg : www.disquaireday.fr
À lire « Dust & grooves, Adventures in record collecting », éd. Dust & Grooves Publications. Le livre réunit les portraits de fondus de vinyls par le photographe Eilon Paz et leurs interviews (en anglais). A commander sur dustandgrooves.com, 68$.
(Source : Vinyle mania : malgré la crise, le disque dure | Télérama.fr)
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