
Ce n’est pas le genre de livre dont on peut faire le tour ou mesurer les reliefs. De toutes parts, Illska (« le mal », en islandais) déborde le jugement, roman d’une grande liberté, constitué d’une multitude de ruptures de ton et de points de vue, d e va-et-vient entre la seconde guerre mondiale et notre époque. En son centre, il y a Agnes, une thésarde de Reykjavik, d’origine lituanienne, qui étudie les mouvements d’extrême droite en Europe ; en 1941, ses arrière-grands-parents paternels ont tué, pendant les massacres de Jurbarkas, où furent assassinés les 2 000 juifs de la bourgade, ses arrière-grands-parents maternels. Cet épisode historique est narré en alternance avec le portrait de la jeune femme, tiraillée entre son compagnon, Omar, et son amant, Arnor, néonazi raffiné. Oscillant entre les registres tragique et comique, passant parfois par la bouffonnerie, Illska nous soumet des questions complexes, aiguise notre sens de l’observation, multiplie les digressions qui n’ont rien d’accessoire. Le résultat est virtuose. Macha Séry In Le Monde des Livres
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