
C’est un Hogarth souriant comme à son habitude, mais visiblement fatigué qui accueille Stéphane Mayère pour décrypter F.E.A.R. Il livrera une vision acérée de la société et de l’époque au fur et à mesure de l’entretien.
Sur le titre « Gaza » (qui n’est pas sur F.E.A.R.) :
Steve Hogarth : Yeah ! J’ai écrit Gaza juste pour montrer qu’il y avait des enfants qui grandissaient dans un tel endroit et qu’il ne fallait pas que le reste du monde tourne le dos à ces enfants. De la même manière qu’on ne doit pas tourner le dos à un enfant qui grandit à Alep ou dans un camp. J’ai vu 200 enfants dans un camp à Calais. Pourquoi ? Si leur but est de venir en Angleterre, on devrait juste les laisser prendre un bateau et venir. On n’a pas besoin de remplir des formulaires administratifs pour sauver des enfants de cette barbarie, on doit juste en prendre soin, les préserver. Comme si ce n’était pas déjà assez difficile pour eux d’être orphelins… On devrait les traiter comme la famille royale, pas comme de la saleté….(il reste pensif) « El Dorado » parle de tout ça, de la perte d’humanité, à cause de l’argent… »The gold stops us, The gold always did« … et de comment je ressens cela, l’album ne décrit pas seulement les choses , mais aussi comme je suis affecté par ce que j’y raconte. Ce disque est personnel, c’est ma fenêtre sur le monde… (il sourit) On a peut-être assez parlé de « El Dorado » non ? (Tout le monde rit) C’est quoi la suivante ? « Living in FEAR » ? « El Dorado » et « New Kings » sont des chansons sur l’existence, par certains aspects, elles sont presque interchangeables. Elles parlent, d’argent, de non-compromis, d’obsessions… Mais « Living in FEAR« , au contraire est là pour dire : tu n’as pas à vivre comme ça, il y a un autre chemin. Quand j’ai emménagé dans mon village, il y a quelques années, il y avait un vieil homme qui habitait un peu à l’écart et qui laissait sa clé sur la porte en permanence. A l’extérieur. Un jour je lui ai fait remarquer et il m’a dit : je sais… il la laissait volontairement, ce n’était pas un oubli. D’abord c’était un moyen de ne pas perdre ses clés (rires) ensuite il estimait qu’il n’avait rien qui vaille la peine d’être volé.
Interview réalisé le 20 septembre 2016 par Stéphane Mayère.
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