Guy Taillefer, éditorialiste au journal Le Devoir, nous propose une intéressante analyse des résultats des élections américaines de mi-mandat. Extraits.
«Sur le fond, les résultats de ces élections de mi-mandat, pour lesquelles les électeurs se sont mobilisés en nombre record, viennent resouligner une dure évidence, à savoir qu’elles dénotent une exacerbation des fractures apparues dans toute leur béance depuis la montée en force de M. Trump dans la vie politique américaine.
Si, en fait, il n’y a pas eu à proprement dit de « vague bleue », il ne faut pas pour autant sous-estimer l’ampleur de la performance démocrate, vu les opérations de redécoupage des circonscriptions à des fins partisanes et les manoeuvres utilisées dans maints États républicains pour nuire à l’exercice du droit de vote des minorités noire et hispanique. Le contexte en est un de rétrécissement systémique de la démocratie électorale américaine.
Et c’est donc dans ce contexte qu’en Géorgie, un État que certains considèrent comme « l’épicentre de l’entreprise de suppression du vote », la progressiste afro-américaine Stacey Abrams, qui refusait mardi soir de concéder la victoire, l’a presque remporté contre l’ultrarépublicain Brian Kempt (48,6 % contre 50,5 %). Et qu’une percée tout aussi extraordinaire s’est produite au Texas, où le démocrate O’Rourke, bénéficiant de l’évolution démographique des régions urbaines de l’État, à commencer par celle de Houston, a pratiquement réussi à bouter Ted Cruz hors du Sénat (48,3 % vs 50,9 %). Ce ne sont pas de minces exploits.»
Pour Guy Taillefer, dans l’immédiat, la base électorale de Donald Trump s’est rapetissée. Pour lui,
« une « insurrection des banlieues » contre le trumpisme a bien eu lieu. »
Il termine son éditorial avec le renvoi de Jeff Session qui, s’il n’était pas une surprise, indique à la fois la vulnérabilité du président américain, traduit également une atteinte à l’État de droit et à l’indépendance de la justice et donne le ton des relations que ce président toxique souhaite avoir avec une Chambre à majorité démocrate.
Les ingrédients de la deuxième saison de la série « Main basse sur la Maison-Blanche » sont ainsi posées. Cette dernière s’annonce aussi «trash» que la première. Il n’y a visiblement guère de quoi s’en réjouir.
Source : Élections de mi-mandat: état d’exacerbation | Le Devoir
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