
“C’est pas Dieu, c’est Bourdieu !” Le 1er décembre 1999, Pierre Bourdieu rencontrait les habitants du Val Fourré, une “zone urbaine sensible” comme on dit, située à Mantes-la-Jolie. 20 ans après, des habitants se souviennent de cette rencontre agitée, où tout ne s’est pas passé comme prévu. France Culture revient sur cet événement. Fort et puissant.
C’était il y a 20 ans jour pour jour. Le sociologue Pierre Bourdieu, invité par l’association “Point Cardinaux” et la radio locale Radio Droit de Cité, se rendait au Val Fourré, une cité de Mantes-la-Jolie connue pour ses violentes émeutes de 1991. Au programme de cette “sortie extra-scolaire” pour le sociologue : un débat avec les habitants sur le thème des inégalités sociales.
Bien plus que la distance – Mantes-la-Jolie n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres de Paris, l’effort n’est pas immense -, c’est le symbole qui marque ce déplacement : il faut “sortir les savoirs hors de la cité savante”, affirmait Bourdieu dans son texte Contre-feux, pour un mouvement social européen (Raisons d’agir, 2001). Depuis les grèves de 1995 en effet, l’auteur des Héritiers se veut être une figure du “savoir engagé”, intervenant plus souvent dans l’espace public. Au Val Fourré, les règles ne sont pas celles du Collège de France ou du plateau de journalistes et d’experts, c’est un autre terrain. Face à lui, pas d’étudiants rodés à l’exercice du jeu de questions-réponses émaillé de quelques concepts sociologiques de base, mais des habitants harassés, un travailleur social en colère, un boxeur défiant…
-A lire, voir et écouter : L’intellectuel sur le terrain : il y a 20 ans, Bourdieu face aux « sociologues de gouttières » | France Culture
Crédit photo : Pierre Bourdieu, lors d’une manifestation le 16 janvier 1998.• Crédits : Yann Latronche – Getty
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