et sous forme de carte postale vidéo :
A bientôt pour de nouvelles aventures.


L’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) nous propose sur son site une analyse critique du livre de Christopher Clark (2014). Les Somnambules. Paris: Flammarion. Ce livre de l’historien australien qui enseigne à Londres a été réédité 11 fois en Allemagne en 6 mois. Ses conférences sont très suivies.
L’historien Gerd Krumeich, Professeur émérite à l’université de Düsseldorff, a accepté que la revue « Historiens et Géographes » de l’APHG publie dans sa version numérique son article critique qui est paru dans la revue pédagogique pour les enseignants allemands « Geschichte für heute » en mars 2014.
Gerd Krumeich a publié en 2013 un livre « Juli1914, Eine Bilanz » en réponse aux thèses de Clark qui atténue les responsabilités allemandes dans le conflit charge les Serbes, les Russes et les Français. En octobre 2014, son dernier ouvrage « Le feu aux poudres. Qui a déclenché la guerre en 1914 ? » souligne au contraire les responsabilités allemandes dans le déclenchement du conflit.
La littérature sur les responsabilités de la Première Guerre mondiale a encore de belles années devant elles ! De remettre l’accent sur la responsabilité allemande ne peut qu’avoir les faveurs d’une revue française… même si dans le fond cela est un débat vain, relié principalement au Traité de Versailles, c’est-à-dire le traitement des vaincus par les vainqueurs.
Il est en outre réducteur de traiter l’ouvrage de Clarke sous le seul angle des responsabilités. Dans la deuxième partie de l’ouvrage, il tente notamment de répondre en autant de chapitre à quatre questions : comment s’est produite la polarisation de l’Europe en deux blocs alliance entre 1897 et 1907? comment les gouvernements d’Etats européens élaboraient-ils leur politique étrangère (les voix multiples de la politique étrangère européennes) ? comment les Balkans en sont-ils venus à être le théâtre d’une crise d’une telle complexité (l’imbroglio des Balkans ) ? comment un système international qui semblait entrer dans une ère de détente a-t-il engendré une guerre mondiale (la détente et les dangers de la période 1912-1914) ?
L’article d’Historiens et Géographes : Controverse sur les causes de la Grande Guerre
Mon compte-rendu de l’ouvrage de Christopher Clarke : Compte-rendu : Les Somnambules de Christopher Clarke

Au début des années 1990, de nombreux experts ont vu dans la création du Web l’acte de naissance d’une communauté virtuelle. Les ordinateurs en réseau rendaient possible le dépassement des frontières physiques et ouvraient une ère de communion électronique. Cette utopie à portée de main trouve son origine dans la contre-culture nord-américaine et plus particulièrement la culture hippie, mais elle se serait transformée pour finir par rallier les idées économiques les plus individualistes, les moins progressistes socialement. Reste à trouver notamment des réponses à ces nouvelles formes d’exploitation du travailleur-consommateur.
Dans son ouvrage Aux sources de l’utopie numérique (C&F Editions, 2012), Fred Turner, professeur associé au département de Communication de l’Université de Stanford, revisite l’histoire des origines intellectuelles et sociales de l’internet en suivant le parcours de Stewart Brand, un « entrepreneur réticulaire » (p. 41). L’ouvrage s’ouvre sur une interrogation :
comment se fait-il que le mot révolution soit sur toutes les bouches à l’évocation des technologies numériques alors qu’elles étaient le symbole d’un système inhumain qui a mis le monde au bord de l’apocalypse nucléaire ?
Pour y répondre, l’auteur s’attache à retracer les origines de l’utopie numérique dans la trajectoire de Stewart Brand, au croisement des mondes sociaux, des idéologies et des objets technologiques. Si tous les éléments de l’utopie numérique remontent pour Turner à la contre-culture développée par les hippies de la côte Ouest dans les années 60,
Turner a finalement montré à quel point leur rêve s’était transformé pour finir par rallier les idées économiques les plus individualistes, les moins progressistes socialement, leur donnant dans les années 90 le vernis de coolitude New age qui leur manquait pour gagner les esprits.
« Uber prétend appartenir à ce qu’on appelle l’“ économie du partage ”, le fait que les gens donnent une partie de leur temps et de leur vie personnelle pour le bien être d’autres gens.
Mais, dans les faits, Uber emprunte un élément de l’idéologie de la contreculture – l’idée d’une communauté de partage – pour monétiser la vie quotidienne et il le fait avec une puissance extraordinaire.
Il ne s’agit ni plus moins que d’une forme de capitalisme rampant qui s’immisce dans les parties les plus intimes de notre vie, sous le masque d’une culture alternative. »
La même réponse aurait pu être formulée relativement au service Airbnb. Nous nous retrouvons en pleine utopie de la participation et qu’on ne jure que le « co » : économie collaborative, coworking, financement collaboratif ou participatif… et où les « utilisateurs » sont la nouvelle force de travail. Nous sommes désormais dans l’ère du « Digital labor » où nos moindre comportements sont exploités. Le consommateur et le travailleur ne font plus qu’un sans que le premier ne perçoive son aliénation :
Force est de reconnaître que les théoriciens de l’internet n’avaient pas anticipé ce processus de captation de valeur. Richard Barbrook, le théoricien de l’idéologie californienne dans son article The Hi-Tech Gift Economy (L’économie du don high-tech), en 1998, émettait l’hypothèse que l’internet relevait de l’économie du don et promettait de nous ramener aux sociétés prémodernes. Force est de constater qu’on en est revenu. Les situations d’exploitation algorithmique tout comme l’économie du partage nous en ont détournés. Désormais, comme l’explique le journaliste italien Carlo Formenti (Wikipédia, blog) dans Felici e sfruttati (Heureux et frustré), des entreprises captent cette valeur et mettent les utilisateurs dans la situation paradoxale d’être à la fois heureux et exploités. Car le paradoxe est bien là. Dans cette exploitation croissante du moindre comportement, l’utilisateur ne se sent ni aliéné, ni détaché de sa propre production, de sa communauté ou de sa sociabilité. Au contraire. Ces plateformes prédatrices sont la condition de son inscription.
C’est ainsi que
Chaque like que nous déposons sur Facebook mesure notre participation comme notre performance. Chaque like permet de construire une réputation, un capital social, mais aussi mesure notre parcipation sur ces plateformes. En fait, il suffit de saisir une recherche dans un moteur de recherche pour produire de la valeur pour lui, permettant d’améliorer son moteur et ses résultats. Le problème est que ce travail est un travail de « faible intensité » qui, pour cela, peine à être reconnu comme tel.
Un travail de faible intensité, mais générant des ressources financières et des profits non-négligeables. Ainsi en est-il pour Airbnb, société créée en 2008 :
En six ans, ce modèle économique a transformé une modeste start-up créée par des étudiants de San Francisco (lire les « Repères ») en une colossale machine à cash. Si Airbnb ne communique pas son chiffre d’affaires, des analystes l’ont estimé à plus de 700 millions d’euros en 2013. En avril dernier, le Wall Street Journal indiquait que le site avait réalisé une levée de fonds de plus de 330 millions d’euros, le valorisant ainsi à 7,3 milliards d’euros. Soit plus que certaines chaînes hôtelières internationales… alors même que les hôteliers dénoncent une concurrence déloyale.
Une forme de concurrence considérée comme déloyale par les hôteliers et surtout une machine à contourner les lois fiscales nationales :
Selon les révélations de nos confrères de BFM Business, le site de location d’appartement Airbnb échapperait à l’impôt grâce à un « tour du monde » particulier de l’argent perçu. En effet, divers paradis fiscaux seraient mis à contribution pour que la startup américaine ne paye pas l’impôt dans le pays où la location s’est effectuée. Particulièrement en France.
Mais les conséquences de cette économie numérique ont également des conséquences non négligeables sur la vie de personnes bien réelles :
Pourtant, une enquête parue dans Le Temps du 14 novembre 2014 montrait – comme nous le subodorions – que le phénomène des locations d’appartements au travers de la plate-forme www.airbnb.com avait déjà atteint une ampleur non négligeable avec des conséquences directes sur le marché du logement. Ainsi, selon cette enquête sur la région de Genève il y a plus de 2000 offres de locations sur cette plate-forme. Chose particulière, près de 1000 logements étaient en mains d’opérateurs commerciaux. Ces 1000 logements sont donc sortis du marché local et inaccessibles à la population locale résidente. Ces logements représentent 0,44% du parc immobilier du canton de Genève. Leur remise sur le marché ferait plus que doubler les logements disponibles. En effet, au 1er juin 2014, le nombre de logements vacants était de 863 selon l’Office cantonal de la statistique.
Comment finalement répondre à l’exploitation constante et à la monétarisation souterraine de nos moindres comportements ? Concernant la rémunération des internautes deux grandes options sont discutées. La première repose sur le modèle du micropaiement et du principe des royalties. Elle consiste à rémunérer l’usager quand on utilise ses données. La seconde option discutée et celle d’un revenu inconditionnel universel des internautes.
Concernant le livre de Turner, vous pouvez en lire le compte-rendu suivant : Samuel Goëta, « Fred Turner, Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand un homme d’influence », Questions de communication [En ligne], 23 | 2013, mis en ligne le 31 août 2015, consulté le 21 décembre 2014. URL : http://questionsdecommunication.revues.org/8619.

Il s’agit du troisième volet d’un grand entretien de Slate (et Non-fiction.fr) avec Laurent Véray, professeur d’études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Paris III, portant sur le cinéma «de» et «sur» la Grande Guerre.

L’époque de la Grande Guerre a été l’occasion de la mise en place d’un modèle du «film de guerre», d’un dispositif cinématographique pérenne qu’on retrouve jusque dans la production contemporaine. Sur le fond aussi, 14-18 constitue un objet cinématographique récurrent, souvent retravaillé, notamment dans les deux dernières décennies. Au-delà de ces continuités, quelles sont les grandes ruptures de cette histoire des films «sur» 14-18, après les films «de» 14-18?
Laurent Véray – Sur le temps long, on observe effectivement un grand écart entre les films sur 14-18 réalisés sur le moment et postérieurement. Les éléments psychologiques –la difficulté du retour, la peur, l’angoisse des soldats au combat– se développent après la guerre, puisque pendant le conflit, les personnages sont dans des postures héroïques plus conformes aux ambitions patriotiques de la plupart des films de cette époque, dans lesquels mourir est presque un honneur très vite récompensé. Et plus généralement, tandis que les films du début du XXe siècle tendaient à glorifier la mort, les films plus récents font souvent des héros des victimes. Les soldats sont des hommes brisés, anéantis par la guerre, ce sont des personnages mutilés, traumatisés, qui perdent leur virilité.
Sur des séries telles Apocalypse à la question
Si la mise en série des archives, nécessairement fragmentaires, relève d’une forme de manipulation destinée, a minima, à faciliter le récit, quel usage peut-on faire de l’image d’archive pour en exploiter sans le tordre le potentiel d’informations historiques?
La réponse de Laurent Véray:
Il n’y a pas une seule pratique valable, et c’est cela qui, justement, va à l’encontre des séries comme Apocalypse: il n’y a pas qu’un seul mode de récit de l’histoire. Les formes du récit varient en fonction de la nature même du support et du mode de représentation que l’on utilise, mais aussi de nos sensibilités, de nos perceptions respectives, de notre culture, et de notre idéologie éventuellement. Il n’y a pas une vérité historique, mais un ensemble de travaux historiques sur une période donnée. Et on sait bien que des mêmes sources peuvent donner lieu à des analyses divergentes. Je pense qu’il faut défendre une richesse de représentations, de créations et de disparités d’usages possibles, qui peut aller de formes très classiques, comme les grands récits rétrospectifs, jusqu’à des formes expérimentales. Certains artistes s’emparent de matériaux historiques, fixes ou animés, et font des performances, des installations, etc. A mi-chemin, des films ni expérimentaux, ni trop classiques choisissent un dispositif adapté en fonction des sources utilisées, qui correspond aussi à une hypothèse de travail, en s’éloignant de la prétention à vouloir tout raconter. Finalement, c’est l’idée selon laquelle on peut tout dire, tout montrer –cette vision totalisante de l’histoire– que je trouve effrayante. Dans l’analyse des causes et des conséquences en histoire, on se rend bien compte que les choses ne sont jamais simples et qu’il est illusoire de croire qu’on pourrait tout comprendre en regardant des fresques historiques formatées par la télévision.
Lire l’entier de l’entretien : Retrouver 14-18 : cent ans de cinéma vus par Laurent Véray | Slate.fr.

Le thème du mois Décor de Film a été choisi par Alexinparis http://www.unitedstatesofparis.com.
Note d’Alexinparis: « parce qu’il arrive qu’une rue, un immeuble, un paysage, un intérieur soit suffisamment cinégénique au point de les imaginer comme décors possibles d’un film (passé ou à venir). »

Ce 11 novembre 2014, c’était l’heure de l’exercice Tornado. Avec des fumigènes et des figurants pris «par les flammes», Lausanne était à l’heure d’un film catastrophe. Enfin presque…
Le thème traité par les autres participants :
Guillaume, Tuxana, magda627, Crearine, Frédéric, Anne, Josette, Bestofava, Sandrine, Destination Montréal, Giselle 43, Calamonique, Ava, BiGBuGS, Isa ToutSimplement, Kantu, Blogoth67, Rythme Indigo, Mimireliton, MauriceMonAmour, Les Filles du Web, Laurie, Dr. CaSo, Thalie, Lavandine83, Yoppappop, Woocares, Aude, Cocazzz, Julia, Alexinparis, Alban, Wolverine, Tofashionandbeyond, Salon de Thé, Nicky, Zaza, Gilsoub, Luckasetmoi, E, Amy, A’icha, Eurydice, Isa de fromSide2Side, Voyager en photo, Lau* des montagnes, Akaieric, Maria Graphia, Cricriyom from Paris, Christophe, Cara, El Padawan, Philae, KK-huète En Bretannie, Cécile Atch’oum, Sylvie, Nanouk, princesse Emalia, La Fille de l’Air, Utopique-Lily, Céline in Paris, Arwen, Laurent Nicolas, Mamysoren, MyLittleRoad, Autour de Cia, Les bonheurs d’Anne & Alex, Lavandine, Brindille, Estelle, La Nantaise à Paris, Renepaulhenry, Tambour Major, Milla la galerie, Yvette la Chouette, Dame Skarlette, Tataflo, Lyonelk, DelphineF, Pilisi, Krn, Chloé, Isaquarel, Marion, Vanilla, Eva INside-EXpat, Marmotte, Gizeh, Mahlyn, Loulou, Pixeline, Agnès, François le Niçois, La Dum, Memories from anywhere, Morgane Byloos Photography, Champagne, Agrippine, Xoliv’, Testinaute, Chat bleu, Laulinea, Homeos-tasie, Marie, Kenza, Blue Edel, Fanfan Raccoon, MissCarole.

A l’été, Johanna Daniel alias Peccadille rédigeait son mémoire de fin d’études intitulé « les outils d’annotation et l’édition de corpus textuels pour la recherche en SHS » . Son sujet s’y prêtant particulièrement, elle s’est essayée à des pratiques d’écriture connectée qui a suscité plusieurs échanges intéressants sur les réseaux sociaux.
Dans son dernier billet, elle revient en détail sur ses propres pratiques d’ « écriture connectée » et se pose quelques questions du type :
A lire : ECRITURE 2.0/CONNECTÉE : RETOUR SUR LA RÉDACTION D’UN MÉMOIRE

Seul le public a fait défaut hier soir au Rocking Chair pour assister au concert tout simplement splendide de The Excitements.

Etta James, Tina Turner et Aretha Franklin ne semblent pas si loin quand on évoque le groupe espagnol The Excitements. Le sextet puise effectivement son inspiration dans le meilleur de la musique afro-américaine du siècle passé : un son délicieusement rétro tout droit du venu du début des sixties, des tempos endiablés empruntés au rhythm’n’soul, des cuivres ensorcelants et une ardeur follement contagieuse. Mené par Koko-Jean Davis, une tigresse à la voix captivante et à la prestance scénique fascinante, The Excitements promet de plonge le public dans de véritable frénésie dansante.
Un début de concert digne des Blues Brothers avec le sextet, puis l’arrivée de Koko-Jean Davis pour un début plutôt tranquille avant d’enchaîner des titres dansants et bourrés d’énergie et un final en apothéose devant un public ravi de l’aubaine.
Parce qu’elle est contemporaine du premier âge du cinématographe, l’histoire de la Première Guerre mondiale n’est pas vraiment dissociable de celle du cinéma. Les tranchées ont donné leur matière à ses bandes ; les armées et les gouvernements ont pour la première fois mobilisé les opérateurs au service du divertissement des soldats, de l’information des populations et de la propagande ; et de très nombreuses façons, l’intensification et la diversification de la production cinématographique en a transformé les techniques, l’esthétique, et jusqu’à la géographie. Mêmes et autres, l’histoire de la Grande Guerre et celle du cinéma sont aussi un entrelac centenaire, puisque de 1914 à 2014, des Croix de Bois à Un long dimanche de fiançailles, de Capitaine Conan à Apocalypse, on n’a cessé de remonter ou de recréer des images de la guerre.
Parler de l’histoire cinématographique de la guerre 14-18, ou encore, de 14-18 dans l’histoire du cinéma, c’est ainsi traverser un champ de questionnements particulièrement vaste, structuré par un faisceau d’interactions singulièrement vertigineux, et entrecoupé d’innombrables plis. C’est une aventure pionnière, dont Laurent Véray est incontestablement l’un des explorateurs les plus expérimentés. Professeur d’études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Paris III.
Ce premier volet de cet interview avec Laurent Véra est consacré au film «Les croix de bois». A suivre donc… : ENTRETIEN – Filmer la Grande Guerre – avec Laurent Véray – Nonfiction.fr le portail des livres et des idées.

La notation des élèves est de plus en plus contestée, notamment par les chercheurs. Pour La Vie des idées, Pierre Merle fait une synthèse des conclusions de ces travaux au moment où les institutions en France s’emparent de la question et propose des pistes pour renouveler les pratiques d’évaluation des élèves.
Les recherches sur la notation, menées depuis plusieurs dizaines d’années, aboutissent à au moins cinq résultats consensuels dans la communauté scientifique :
A partir de ces constats, Pierre Merle s’intéresse aux changements envisageables et propose six pistes :
Son article développe chacun des 11 points ci-dessus. A lire : Faut-il en finir avec les notes ? | La Vie des idées
