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Lyonel Kaufmann blogue…

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Sur la route à moto avec un café

histoire

Révolution russe : L’autre Joseph

12 juillet 2017 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

2017 sera l’année de la commémoration des 100 ans de la Révolution russe d’Octobre. Avec la sortie de romans ou de témoignages, l’occasion est belle d’aller à la rencontre de cette période troublée au travers de destinées individuelles et familiales qui se mélangent à la « Grande Histoire ». Ces destins ne manquent pas de nous interpeller sur le vingtième siècle. Compte-rendu.

Avec « L’autre Joseph », Kéthévane Davrichewy a puisé dans la veine de son histoire familiale. En prenant pour matière la mémoire de sa famille, elle raconte la vie de son ancêtre Joseph Davrichachvili (ou Davrichewy), né vers la fin du XIXe siècle à Gori, en Géorgie. L’histoire de son arrière-grand-père se confond, durant l’enfance jusqu’à la Révolution de 1905, avec celle d’un autre Joseph, Joseph Djougachvili, dit Staline, né quatre ans plutôt également à Gori. L’un est le fils du préfet Damiané Davrichachvili et l’autre celui d’une couturière, Kéto Djougachvili.

Enquêtant sur son mystérieux arrière-grand-père et son supposé demi-frère encombrant, Kéthévane Davrichewy ravive la mémoire familiale. Mais prise dans ces destins croisés fabuleux, l’histoire intime prend une dimension vertigineuse…

Le roman dépeint également la société géorgienne de cette époque jusqu’à la révolution de 1905 ainsi que le Paris abritant une jeunesse russe qui se radicalise dans les rues et les cafés de la capitale avant de transposer la contestation et la radicalisation en Russie.

A la mort de Staline, personnage romanesque, Joseph Davrichachvili fera la une de magazines français pour sa ressemblance avec le Petit Père des peuples, au point de faire naître le soupçon sur la nature des relations entre le préfet et la couturière. En guise de réponse, Joseph Davrichachvili se contentera de publier en 1979 un livre de souvenirs intitulé assez trivialement « Ah ce qu’on rigolait bien avec mon copain Staline ».

Au-delà de l’imbrication de l’histoire russe dans cette histoire familiale, le récit et l’écriture sobre de Kéthévane Davrichewy enchantera le lecteur. Comme l’indique Télérama

« Kéthévane Davrichewy, qui a déjà écrit sur ses origines géorgiennes, côté maternel, se lance sur l’autre versant, infiniment plus difficile, car ici les pères sont souvent fuyants, la famille est désunie, la mémoire en grande partie perdue. L’auteur a enquêté, interrogé des témoins souvent de seconde main et finalement décidé d’imaginer la vie de son aïeul. Le résultat est saisissant, la distance, parfaite, la langue, au diapason du regard, d’une magnifique simplicité. « Joseph est le héros d’une histoire qui nous file entre les doigts. » (…) Derrière l’épopée, c’est l’envers intime que traque Kéthévane Davrichewy et qui la conduit, in fine, à entamer enfin le deuil de son propre père, auquel elle a dédié ce roman, peut-être le plus beau qu’elle ait écrit. »

Référence : Kéthévane Davrichewy (2017). L’autre Joseph. 10/18, 233 p.

Journal de classe: Ah! M. Freinet si vous saviez!

24 octobre 2016 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Célestin Freinet a introduit l’imprimerie dans sa classe voici près d’un siècle. Aujourd’hui les blogues permettent de créer des journaux scolaires aisément. Pourtant, rares sont les enseignant-e-s qui en ont créé un en Suisse romande. Comment favoriser le développement de ce formidable moyen éducatif? Proposition.

Source : Journal de classe: Ah! M. Freinet si vous saviez!

Jugend : la revue de l’Art nouveau numérisée dans son intégralité

8 août 2016 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

On peut juger de l’importance d’une revue aux conséquences qu’elle a sur le milieu auquel elle est consacrée. Dans le cas de la revue Jugend (Jeunesse), le débat n’a pas lieu d’être : c’est à partir du nom de la revue que se forme le Jugendstil, que l’on appelle en France l’Art nouveau. Ce mouvement artistique s’étendit rapidement dans toute l’Europe, avec des effets sur tous les arts.

Jugend n°27, juillet 1898. Personnellement je trouve une certaine ressemblance avec l'actrice Drew Barrymore
Jugend n°27, juillet 1898. Personnellement je trouve une certaine ressemblance avec l’actrice Drew Barrymore

Jugend a fait preuve d’une longévité exemplaire, puisque la revue fut publiée jusqu’en 1940 : elle connut cependant des hauts et des bas, au fil des bouleversements politiques. Au moment de la Première Guerre mondiale, elle était devenue très nationaliste, avant de s’ouvrir de nouveau au reste de l’Europe au milieu des années 1920. Dans ses dernières années, la revue Jugend adhère ouvertement à certaines théories artistiques nazies, mais les autorités allemandes ferment tout de même la revue en 1940.

Source : Jugend : la revue de l’Art nouveau numérisée dans son intégralité

Image d’en-tête : Couverture du numéro 3 de Jugend, en 1896
(via Heidelberger historische Bestände)

Revue de presse : “Certains Italiens s’enthousiasment encore pour le régime fasciste”

19 avril 2016 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’éditeur de comics Shockdom avait subi une détestable agression à l’occasion du Romics, festival de comics italien. Le membre d’un courant d’extrême droite néofasciste, CasaPound, avait renversé un verre de cola sur son stand, visant tout particulièrement un ouvrage. Quando c’era LUI est une satire décapante s’attaquant aux nostalgiques de l’époque de Benito Mussolini, et plus encore à cette faction CasaPound. ActuaLitté est allé à la rencontre du scénariste de cette future tétralogie, Daniele Fabbri, qui nous raconte l’histoire de ce titre, et son contexte.

Un extrait de Quando c’era LUI, signé Stefano Antonucci, Daniele Fabbri et Daniele Perrotta

Lire l’interview : https://www.actualitte.com/article/interviews/certains-italiens-s-enthousiasment-encore-pour-le-regime-fasciste/64548

612/journal de la grande guerre: 6 avril 1916 — 1914-1918: Reims dans la Grande Guerre

9 avril 2016 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Je vous invite à suivre cet intéressant blog consacré à Reims pendant la Première Guerre mondiale. Vous aurez l’occasion de suivre le conflit au jour le jour au travers du Carnet d’un rémois Paul Hess et des contre rendus du journal Le Miroir.

Carnets du rémois Paul Hess (extraits) (…)Parmi les nouvelles plus ou moins intéressantes servant à remplir les colonnes des journaux, on en trouve une, assez amusante aujourd’hui: la voici. Quand finira la guerre? On est prié de répondre à une question que pose l’Enregistrement: quand finira la guerre? Il ne faudrait pas croire à une […]

via 612/journal de la grande guerre: 6 avril 1916 — 1914-1918: Reims dans la Grande Guerre

Tongres : Ambiorix, roi des Éburons

23 février 2016 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

En ce mardi 23 février, après une matinée passés à l’HELMo de Liège (institution de formation des maîtres), nous nous rendons à Tongres avec mon collègue. Ville romaine, Tongres abrite un musée gallo-romain et actuellement une exposition temporaire sur les Gladiateurs. C’est l’occasion de faire la connaissance avec Ambiorix, le Vercingetorix belge, mais qui lui réussit à s’échapper et à ne jamais être pris (si du moins il a existé).

Grande Place de Tongres : Statue d’Ambiorix, roi des Éburons.

Ambiorix est un chef des Éburons, un peuple gaulois du nord de la Gaule (Gaule belgique dans la terminologie antique). Selon Jules César, il partageait ce commandement avec Catuvolcos roi de la moitié des Éburons. Les Éburons sont établis «entre la Meuse et le Rhin» selon César, dans la région de Tongres – à l’époque Atuatuca Tungrorum, située «au centre du territoire»- ainsi que dans l’Ardenne et en Campine.

Ambiorix infligea une cinglante défaite aux légions romaines en 54 av. J.-C., peut-être dans la vallée du Geer. Il passe pour un chef rusé, qui réussit à échapper à César. Ambiorix est devenu un des héros nationaux de la Belgique dans la deuxième moitié du xixe siècle, porté par le même mouvement nationaliste et romantico-historique que celui qui toucha Vercingétorix pour les Français. Le poète et académicien Johannes Nolet de Brauwere van Steeland en fit cinq chants en 1841 qui connurent un grand succès et furent traduits cinq ans plus tard en vers français par le Dr Pierre Lebrocquy (docteur en droit et professeur de linguistique) (Gand 1797 – Nivelles 1864).

Source du texte : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Ambiorix

A écouter : Quelle pédagogie des mémoires ? France Culture

4 janvier 2016 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Nous commençons cette année 2016 en parlant de la mémoire. Au-delà des cours d’histoire, il s’agit d’apprendre à se souvenir ensemble, à l’école, des faits, dates, lieux du passé qui fabriquent une mémoire commune, éduquent les consciences : la Révolution française, la Grande Guerre, la Seconde Guerre mondiale et l’histoire douloureuse du XXème siècle. Peut-on parler de pédagogie de la mémoire ? À quoi peut-elle ressembler ?

Nos deux invités, un enseignant au collège et une élue de Paris se sont penchés sur la question.

Avec : Norbert Czarny, écrivain, professeur de lettres, autour de son travail avec le mémorial de la Shoah ; Catherine Vieu-Charier, adjointe au Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant

via Quelle pédagogie des mémoires ? – Information – France Culture.

Référence de l’image : Plaque commémorative L. Jennepin © Radio France

Noël 1915 : L’Image de la guerre : publication hebdomadaire illustrée

25 décembre 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

A l’origine, « L’image de la guerre » est une revue hebdomadaire publiée à Bellegarde dans l’Ain près de la Suisse.
Elle paraît pour la première fois en novembre 1914 et disparaît avec la fin de la guerre. Cette revue contient de nombreuses et bonnes photographies dont un grand nombre est dû au célèbre photographe de l’époque Henri Manuel. A partir de mars 1917, elle propose une édition populaire à quinze centimes et une édition de luxe à vingt cinq centimes.
Comme son titre l’indique, cette revue ambitionne de refléter le déroulement de la guerre. Pour cela elle propose de nombreuses photographies accompagnées de textes explicitant le contenu des clichés. Toutefois, cette revue raconte la guerre dans une version épurée et parfois décalée plus qu’elle ne la montre réellement.

Source de l’information : GUIDE DES SOURCES ILLUSTRÉES SUR LA GUERRE 1914-1918 AUX ARCHIVES MUNICIPALES DE TOULOUSE. (1913 – 2008)
L’ensemble des numéro de L’image de la guerre sur Gallica.

#JeSuisParis : l’horreur et l’effroi

15 novembre 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Aujourd’hui nous sommes saisis par l’effroi de ces actes terroristes, par nature ignobles, qui ont frappé Paris et la France en ce vendredi 13 novembre 2015. Les réseaux sociaux sont saturés par les avis de recherche angoissants et angoissés des proches. L’heure n’est même déjà plus au recueillement que certains sont prêts à la polémique ou à la récupération politicienne. Prenons alors le temps de faire un point de situation sur ce qui s’est passé. 

Avec «A Paris, la nuit la plus longue», Mediapart propose à ses abonnés un compte-rendu chronologique des événements de la nuit.

«Ce devait être un soir de paix. Un soir de braillements pour de faux, sous les assauts des guitares canailles et sexy des Eagles of death metal, dans la salle pleine comme un œuf du Bataclan, dans le XIe arrondissement de Paris. Un soir d’affrontement sportif bon enfant, le ballon de foot filant dans les filets sous les acclamations du public français et les huées des supporteurs allemands, au stade de France (à Saint-Denis), devant François Hollande. Mais c’est l’horreur qui s’est invitée en cette soirée du vendredi 13 novembre. Des hommes ont ouvert le feu au Bataclan pendant de très longues minutes, massacrant au moins 80 personnes. Des attaques ont eu lieu dans cinq autres lieux parisiens. Et trois kamikazes se sont fait sauter au stade de France. Les autorités dénombrent au moins 120 morts, ce qui fait de ces actions simultanées les plus graves attentats jamais survenus en France depuis la Deuxième Guerre mondiale.»

Cette chronologie morbide démarre néanmoins peu avant 21h30 devant le restaurant «Le Petit Cambodge» :

«L’embardée funèbre démarre peu avant 21 h 30, devant le restaurant Le Petit Cambodge, restaurant à la mode chez les trentenaires, rue Alibert, non loin du canal Saint-Martin dans le 10e arrondissement. C’est une série de preiers tweets, comme ce message faussement rigolard qui annonce vers 21 h 30 la fusillade qui vient d’avoir lieu. Deux assaillants en voiture ont ouvert le feu sur la terrasse. Le bilan, on le saura au bout de la nuit, est déjà très lourd : 14 morts.»

Au même moment, à 21h40, une explosion se fait entendre tout près du Stade de France. Elle a été précédée d’une première explosion à 21h20. Comme le 11 septembre 2001,

«les terroristes n’ont pas frappé au hasard. Ils ont agi sous le nez des caméras de TF1 qui retransmettaient un match de l’équipe de France, qui reste un des derniers vecteurs de ferveur collective et populaire ; et au cœur de l’Est parisien, repaire d’une bonne partie de la jeunesse parisienne, et lieu de vie d’innombrables journalistes. Certains étaient au Bataclan, d’autres, nombreux, dans les bars, restaurants et appartements tout proches qu’ils ont l’habitude de fréquenter. La nuit la plus longue du XXIe siècle parisien a donc laissé des dizaines de milliers de traces numériques sur les écrans mobiles d’une population hyperconnectée, qui a vécu les attaques en quasi-direct.»

Dès 21h50, Benoît Tabaca, un des responsables de la communication de Google Europe, est devant le Bataclan et témoigne de très nombreux tirs ainsi que de la panique à la sortie de secours de la salle. A l’intérieur du Bataclan, mille cinq cents spectateurs assistent au concert du groupe américain Eagles of Death Metal, un groupe décrit musicalement comme peace and love (Eagles of Death Metal, un groupe peace and love dans l’enfer du Bataclan | Slate).

https://farm1.staticflickr.com/586/22628746599_f651264a89_c.jpg

«Pour résumer la philosophie des Eagles of Death Metal qui se produisaient ce vendredi 13 novembre 2015 au Bataclan à Paris lors de l’attaque la plus meurtrière de la soirée, leur premier album sorti en 2004 s’intitule Peace, Love, Death Metal. Ce supergroupe rock formé autour de Josh Homme, subtil leader et songwriter des Queens of The Stone Age, et Jesse Hughes, personnalité plus extravertie et flamboyante, se démarquait plus par son humour volontairement grivois ainsi que ses poses et riffs sexys que par une quelconque agressivité.»


Ainsi, à partir de 22h00, les témoignages d’autres attaques commencent à affluer sur les réseaux sociaux principalement sur Twitter.

«On se retrouve avec une fusillade au nord de République au Petit Cambodge, une fusillade au sud de République au Bataclan, et une explosion à Saint-Denis», résume un internaute sidéré.

Ce n’est cependant pas tout, car un scène smilaire se déroule devant le café «La Belle Equipe», 90 rue de Charonne tout près de l’ancienne rédaction de Charlie Hebdo. D’autres fusillades suivront encore dans le Xe ou dans le XIe, rue de la Fontaine-au-Roi (5 morts, selon le bilan de la Préfecture de police samedi à l’aube) et le long du boulevard Voltaire (un mort), ou encore à proximité de la place de la République. Paris est une zone de guerre.

Peu avant minuit, Hollande s’exprime en direct à la télévision et annonce les mesures d’urgence qu’il va prendre quelques instants plus tard, au cours d’un conseil des ministres extraordinaire.

https://www.youtube.com/watch?v=cekbNbzPTEw
Peu avant son intervention, il été précédé par Barack Obama parlant lui d’une attaque contre l’Humanité et apportant son soutien à la France (VIDEO. Obama s’exprime en français après les fusillades à Paris | Huffington Post).

Entre 0h30 et 1 heure du matin, l’assaut est donné au Bataclan. Avant l’assaut, le bilan provisoire des victimes au Bataclan est d’une quarantaine de tués et de plusieurs dizaines de blessés. Après l’assaut, on comprend qu’il y aura en tout plus de cent victimes… Alors qu’au stade de St-Denis, le bilan est de six morts, dont 3 kamikazes.

Plus tard, sur Reddit, on pourra lire le témoignage bouleversant d’Afrofagne :

«Le jeu de l’attente.
Un silence plus que pesant dans la salle interrompu ponctuellement par des coups de feu. Pas de timer, de logique, rien. Juste, de temps en temps, un coup de feu. Et on se demande si le prochain coup est pour soi-même.
Attendre que la police arrive, sans aucune notion du temps (pas de montre, portable inaccessible). Sentir des gens se lever pour se faire abattre aussitôt. Et encore. Et encore…»

A 1h30, le conseil des ministres prend fin et l’état d’urgence est décrété. Monte alors des réseaux sociaux, la litanie des appels à témoignages pour connaître le sort d’un proche… Pour le journal suisse Le Temps, la proclamation de l’état d’urgence sur tout le territoire «transforme l’Hexagone en champs de bataille contre le terrorisme» (Analyse: la France est en guerre | Le Temps).

«Paris en état de siège. Une nuit d’horreur. Un pays entier face à l’effroi du terrorisme. Plus qu’une crise, une guerre. François Hollande n’a pas parlé, ce soir, en chef d’Etat soucieux d’éviter l’escalade et de rassurer ses concitoyens. C’est une déclaration martiale, nouée par l’émotion, que le président français a prononcé alors que le bilan de plus de 120 morts tétanise la population.»

A ce moment-là, les chiffres avancés parlent d’environ 140 morts.

A huit heures du matin, Slate (Attentats du 13 novembre: le 11-Septembre français) explique en quoi l’analogie de ces attentats avec ceux du 11 septembre 20101 est cette fois-ci valable :

«Comme le 11 septembre 2001 à New York (pas à Washington), les terroristes ne visaient pas des objectifs militaires, des ennemis religieux désignés par une fatwa, à l’image de Charlie Hebdo, ou même des juifs devenus avec une banalité insupportable les cibles répétées du terrorisme islamiste et arabe depuis quarante ans. Il s’agissait de faire un carnage pour instaurer la crainte, pour montrer sa capacité à frapper fort, pour galvaniser son camp. L’objectif est bien politique: traumatiser les sociétés frappées et leurs dirigeants, affaiblir leur détermination et infléchir leur politique.
Autant la comparaison avec le 11 septembre 2001 n’avait pas de sens après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo, Porte de Montrouge et l’Hyper Cacher, autant cette fois elle est incontestable. Il s’agit d’une déclaration de guerre à la France et à ses dirigeants.»

Slate relie également ces attentats à d’autres attentats aussi meurtriers : 2.973 morts à New York et Washington, 191 morts à Madrid (2004), 56 morts à Londres (2005), 173 morts à Bombay (2008).

Pour leur part, le Huffington Post et Le Monde (Attaques à Paris : les spécialistes du terrorisme s’attendaient à un nouvel attentat) parlent d’un scénario-cauchemar attendu et craint de la part des services antiterroristes : des attaques simultanées, une prise d’otages, menées par plusieurs tireurs et au moins un kamikaze. Pour Le Monde,

«Depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, à Paris, les 7 et 9 janvier, le dispositif antiterroriste a été largement remodelé : loi renseignement en juin, état-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) placé directement auprès du ministre de l’intérieur en juillet. Mais, face à la détermination de l’Etat islamique et à l’imprévisibilité de certains islamistes radicalisés, aucun policier ni responsable du ministère de l’intérieur n’a jamais cru au « risque zéro ».

« Chaque jour, nous procédons à la mise hors d’état de nuire d’individus désireux de frapper notre pays. La fragilité psychologique, voire psychiatrique, de certains d’entre eux facilite le passage à l’acte. Et il peut y avoir des gens qui passent à travers les mailles du filet. C’est pourquoi nous les resserrons davantage en confortant nos services », assurait le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, dans L’Express, le 1er juillet.

Depuis janvier, dans cinq dossiers terroristes, les mis en examen ont reconnu un projet de frapper la France, dont des salles de concert. Dernier cas en date, à Toulon, il y a quelques jours.»

Alors que certains recherchent un proche en lançant des appels sur twitter via le hastah #rechercheparis, les enseignants doivent préparer leur cours de lundi. Le site « Les Outils Tice » propose un ensemble de ressources, publiées au moment des attentats contre Charlie Hebdo en janvier de cette année (Dire l’indicible. Comment parler des attentats avec vos élèves).

Les principes de base ont été édictés par Eduscol, le Portail national des professionnels de l’éducation (Liberté de conscience, liberté d’expression : outils pédagogiques pour réfléchir et débattre avec les élèves)

  • Moduler son attitude pédagogique selon l’âge des élèves : à l’école maternelle, du début à la fin de l’école élémentaire, au collège…
  • Accueillir l’expression de l’émotion des élèves, sans sous-estimer, y compris chez les très jeunes enfants, leur capacité à saisir la gravité des situations ;
  • Rassurer les élèves : l’école est un espace protégé ; l’évènement s’est déroulé dans un lieu et un temps circonscrit, même si les média en parlent et diffusent plusieurs fois les images ;
  • Etre attentif au « niveau de connaissance » que les élèves ont de l’évènement : certains élèves peuvent n’en avoir aucune connaissance ; d’autres ne disposer que d’éléments partiels, voire erronés, provenant de sources variées. Il faut aider à clarifier les termes entendus et répétés, pour que les enfants ne restent pas enfermés dans un présent dominé par la peur.
  • Respecter la sensibilité des élèves (le sentiment de peur, d’incompréhension, d’injustice, de révolte…) ;
  • Respecter l’émotion de la communauté éducative et s’appliquer à la mettre à distance ;
  • Construire une réflexion problématisée, par-delà le seul évènement, qui s’inscrive dans le cadre des programmes d’enseignement (enseignement moral et civique, littérature, histoire, arts…) ; définir en équipe pédagogique les actions envisagées, en prenant appui sur tous les acteurs de la communauté éducative.
  • Informer les responsables légaux, pour les élèves les plus jeunes, des actions pédagogiques entreprises.

A signaler également, le dossier de Géoconfluences (Pour contribuer à la réflexion après les attentats du 13 novembre 2015) qui intéressera tout particulièrement les professeurs d’histoire-géographie. Il s’agit d’une sélection de ressources universitaires publiées par des spécialistes de géographie et de géopolitique pour contribuer à l’analyse. Sont privilégiées les ressources en ligne, en accès libre ou via le portail cairn.info. Si les auteurs sont majoritairement des géographes et des géopoliticiens, ils peuvent être aussi des politistes, anthropologues, sociologues, historiens. Les liens sont valides au 14 novembre 2015. Ce dossier vise à être enrichi.

https://farm1.staticflickr.com/610/22994957566_04c36e1462_c.jpg

« Liberté, égalité, fraternité »… plus que jamais les valeurs de la République devront être à l’honneur dans les établissements scolaires en France comme ailleurs dans le monde.

Roman. « Illska », d’Eirikur Orn Norddahl

22 octobre 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire


Ce n’est pas le genre de livre dont on peut faire le tour ou mesurer les reliefs. De toutes parts, Illska (« le mal », en islandais) déborde le jugement, roman d’une grande liberté, constitué d’une multitude de ruptures de ton et de points de vue, d e va-et-vient entre la seconde guerre mondiale et notre époque. En son centre, il y a Agnes, une thésarde de Reykjavik, d’origine lituanienne, qui étudie les mouvements d’extrême droite en Europe ; en 1941, ses arrière-grands-parents paternels ont tué, pendant les massacres de Jurbarkas, où furent assassinés les 2 000 juifs de la bourgade, ses arrière-grands-parents maternels. Cet épisode historique est narré en alternance avec le portrait de la jeune femme, tiraillée entre son compagnon, Omar, et son amant, Arnor, néonazi raffiné. Oscillant entre les registres tragique et comique, passant parfois par la bouffonnerie, Illska nous soumet des questions complexes, aiguise notre sens de l’observation, multiplie les digressions qui n’ont rien d’accessoire. Le résultat est virtuose. Macha Séry In Le Monde des Livres

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