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Lyonel Kaufmann blogue…

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Sur la route à moto avec un café

histoire

Quand les élèves racontent l’histoire de l’immigration | La p@sserelle

20 octobre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans son dernier billet, Emmanuel Grange nous présente une démarche associant histoire de l’immigration et travail d’écriture avec des élèves de collège (Histoire-français). Une démarche tant d’enseignement que de publication fort intéressante et reproductible.

Ce travail a été réalisé par des élèves de 6ème. Ceux-ci devaient plancher sur un scénario réaliste : l’histoire d’un travailleur immigré qui arrive à Firminy (XIXe,  XXe ou XXIe siècle). Leur travail était le suivant:

«Après avoir défini l’identité de leur personnage (période, nom, nationalité, métier, domicile), les élèves racontent son histoire. Ils peuvent décrire, dessiner ou coller une photo de ce qui surprend leur personnage une fois arrivé à Firminy. S’ils souhaitent raconter leur propre histoire familiale, carte blanche.»

Voici, pour exemple, un extrait du récit réalisé par Bilel et qui raconte l’histoire de Mohammed B, métallurgiste, arrivé d’Algérie en bateau :

«Je suis arrivé en avril 1968 pendant les célèbres grèves de mai 68. […].

Ce qui m’a surpris, c’était les tours d’immeubles, en Algérie, il n’y avait pas ce type de logement à l’époque. Je vivais dans des maisons de pierre et de paille, de plain-pied. […].

»

L’entier de son récit ainsi que celui de deux autres de ses camarades sont à lire ici : Firminy, quand les élèves racontent l’histoire de l’immigration – La p@sserelle -Histoire Géographie-.

Merci à Emmanuel qui nous offre cette démarche et ces productions d’élèves. Ce travail correspond véritablement à une approche par compétence en histoire. Il s’agit notamment d’amener les élèves à construire un récit historique sous la forme d’un témoignage.

Classé sous :histoire

Développement des usages des ressources numériques en classe : ce qui coince …

14 octobre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Cet excellent article de synthèse du magazine éducatif Ludovia est consacré à l’usage des ressources numériques en classe. Ainsi, si les offres des éditeurs de ressources et manuels numériques foisonnent et que les Conseils généraux et les établissements les achètent, leurs usages ne vont très souvent pas de pair avec le développement des ventes. Le magazine s’attache donc à identifier en quelques points les freins à leur utilisation et à leur usage en classe.

En premier lieu, Ludovia dresse le constat que les éditeurs de ressources et manuels numériques foisonnent d’offres à destination des écoles et établissement scolaires. Les deux plus gros groupements d’éditeurs tels le Kiosque Numérique de l’Education (KNE) ou le CNS EDU, diffusent sous la forme d’abonnements ou d’accès illimités des ressources numériques sur leur portail ou sur catalogue. Le site.Tv est également commercialisé via le réseau des CRDP et CDDP.

Leur faible utilisation est expliquée par le magazine en fonction de trois raisons principales :
– aucun accompagnement n’est prévu au sein de l’établissement pour développer les usages et, a contrario quand l’accompagnement est fait, l’usage se développe;
– le niveau d’équipement en matériel informatique n’est pas suffisant; quand l’usage est correct, c’est la plupart du temps quand la collectivité a fait un effort important dans l’équipement des établissement (achat et renouvellement);
– les ressources acquises par l’établissement, n’ont pas été présentées aux enseignants.

Au niveau des enseignants, le magazine souligne que l’on retrouve dans l’éducation nationale les mêmes freins que dans d’autres secteurs marchands ou non marchands. Il s’agit en premier lieu de développer les motivations des enseignants à intégrer les ressources numériques. Or, lorsque l’enseignant ressources d’un établissement a développé une dynamique à ce propos, le voilà muté, non remplacé et le soufflé retombe. Par ailleurs, le manque d’échanges et de collaboration entre collègues ajoute à la difficulté.

Au niveau de la structure scolaire, le magazine pointe sur le rythme scolaire, le temps de mise en oeuvre et le temps de la classe et constate que ceux-ci sont tout simplement inadaptés au développement des usages numériques.

Cependant, le magazine conclut sur une pointe d’optimisme et constate que, quand la ressource numérique est livrée avec la formation, les accès et qu’elle est présentée notamment avec des exemples de scenario pédagogiques, elle a toute les chances d’être utilisée.

L’article: LUDOVIA – Développement des usages des ressources numériques en classe : ce qui coince ….

Classé sous :histoire Balisé avec :freins, Manuels, numériques, Outils, Ressources, utilisation

Les mécanismes de la créativité | InternetActu.net

13 octobre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Wired a récemment publié les extraits d’une conversation entre deux des penseurs les plus radicaux de la technologie contemporaine, Kevin Kelly et Steven Berlin Johnson. InternetActu en rend compte. En voici un extrait intéressant à la fois dans une perspective historique et pédagogique.

Bonne nouvelle, non seulement l’innovation est collective, mais en plus elle ne serait pas motivée par l’appât du gain ou les pressions économiques. Du moins selon Johnson : “J’ai essayé d’analyser le phénomène de manière systématique, explique-t-il. J’ai pris environ 200 innovations cruciales apparues depuis Gutenberg, et j’ai regardé combien d’entre elles provenaient d’entrepreneurs individuels ou de compagnies privées, et combien de réseaux collaboratifs fonctionnant hors du marché. Il s’avère que l’entrepreneur génial et solitaire a toujours été une rareté. Il existe bien plus d’innovations provenant de réseaux ouverts et non marchands que nous le soupçonnons.”

Une autre condition est indispensable à la créativité : le droit à l’erreur, et même à celui de faire n’importe quoi. Cela suppose un environnement généreux en ressources. Ce qui rejoint l’une des marottes de Johnson, sa réévaluation de la pop culture, et même de la culture “trash”. Un point de vue largement partagé par Kelly : “Il y a dix ans j’ai affirmé que le problème principal de la TV tenait au fait qu’il n’existait pas suffisamment de mauvaise TV. C’était si cher de faire de la télé que les financiers ne pouvaient permettre qu’on réalise des émissions vraiment nulles – ou vraiment géniales. Donc tout était médiocre. C’était avant YouTube. Maintenant, il y a de la télé vraiment géniale. Pour créer quelque chose de grand, vous devez avoir les moyens de produire beaucoup de déchets.”

viaLes mécanismes de la créativité « InternetActu.net.

Classé sous :histoire Balisé avec :Créativité invention

Retour d’expérience de l’utilisation du manuel numérique en classe | Ludovia

8 octobre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Durant l’année scolaire 2009/2010, le collège Victor Hugo de Lavelanet (en Ariège) a été amené a utiliser le manuel numérique. Lors de cette expérimentation, le collège a rencontré au démarrage pas mal de difficultés techniques. L’expérience a concerné trois classes de sixième sur les disciplines anglais, français et histoire-géographie. Dix professeurs, soit la moitié de l’équipe enseignante a participé au programme.

LUDOVIA TV – Retour d’expérience de l’utilisation du manuel numérique en classe.

Classé sous :histoire Balisé avec :manuel numérique

Rwanda : de la guerre au génocide

29 septembre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Comment, le 7 avril 1994, une faction a-t-elle décidé et engagé le génocide tutsi ? Le livre d’André Guichaoua enquête sur les stratégies étatiques génocidaires mises en œuvre par un gouvernement extrémiste après qu’il eut éliminé les autorités légitimes.

André Guichaoua, Rwanda, de la guerre au génocide. Les politiques criminelles au Rwanda (1990-1994), Paris, La Découverte, 2010, 622 p., 29 €.

L’ouvrage qu’André Guichaoua consacre au génocide tutsi, perpétré en 1994, est l’aboutissement de quinze années d’enquêtes, menées notamment au Rwanda dans le cadre du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le principal mérite de cette somme est d’avoir établi comment le génocide a été décidé et organisé, en quelques jours, par une faction d’autorités politiques et militaires qui s’était emparée du pouvoir.

Le compte-rendu : Rwanda : la marche au génocide – La vie des idées.

Classé sous :histoire Balisé avec :Génocide, Rwanda

Que s’est-il vraiment passé à Sétif en mai 1945 ? | Télérama

24 septembre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

  • Que s’est-il vraiment passé à Sétif en mai 1945 ? | Télérama
    A Cannes, et aujourd’hui encore à sa sortie, “Hors-la-loi”, le nouveau film de Rachid Bouchareb (“Indigènes”), est l’objet d’une polémique… En cause, quelques minutes au début qui évoquent le massacre de Sétif, perpétré par les forces françaises en mai 1945, qui a fait des milliers de morts et entraîné, plus tard, la guerre d’Algérie. Telerama y revient avec notamment deux témoignages issus du documentaire réalisé en 1995 par Mehdi Lallaoui et diffusé sur Arte.
    (tags: RevuePresse histoire Algérie Sétif 1945 massacre colonisation décolonisation)
  • Pourquoi la droite réhabilite-t-elle le colonialisme ? | Télérama
    «Du Point au Figaro magazine et à L’Express, la presse a labouré ce sillon depuis dix ans. Cinquante ans après les indépendances, c’est donc tout un discours néoconservateur de ­réhabilitation de l’entreprise coloniale, très charpenté, avec ses relais médiatiques et ses auteurs fétiches (Daniel Lefeuvre, Guy Pervillé, Pascal Bruckner, etc.), qui a imposé son magistère, face à une gauche intellectuelle absente, tétanisée.»
    (tags: RevuePresse histoire Algérie colonisation révisionnnisme néoconservateur Sarkozy)

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Sommes-nous des influenceurs? : La longue traine m’a rattrapé!

16 septembre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Ou quand une série d’articles datant de l’été 2007 confirme la théorie de la longue traîne de Chris Anderson, fournit un aperçu du travail journalistique en 2010 et apporte un éclairage sur la notoriété à l’ère des reseaux sociaux.

En juillet-août 2007, je rédigeais une série de quatre articles consacrés à la Grande Depression et au New Deal. Deux articles traitaient plus particulièrement de la question historiographique. L’ensemble rencontra un joli succès d’estime. Une recherche sur Google le confirme puisque, en formulant la requête « crise economique 1930 new deal » ou « Grande Dépression new deal », l’un ou l’autre de mes articles figure dans les cinq premiers résultats. Fort bien déjà jusqu’ici.
Maintenant, en ce début septembre 2010, un économiste américain, Douglas Irwin, publie un article de recherche dans lequel il affirme que la crise mondiale du début des années 1930 serait davantage due à la France et à l’accumulation de ses réserves d’or qu’aux Etats-Unis. Sur la base d’une dépêche de l’AFP, le site de L’Expansion.fr publie alors le 14 septembre un article intitulé « La Grande Dépression des années 30 est-elle due à la France? » ((http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/la-grande-depression-des-annees-30-est-elle-due-a-la-france_238874.html))
Dans la foulée, L’Expansion confie à une journaliste, Laura Raim, le soin d’investiguer notamment sur l’apparent côté novateur de la thèse développée par Irwin. Elle part donc à la recherche autant d’un historien que d’économistes. Dans sa quête, les moteurs de recherche sont convoqués: aujourd’hui ils ont remplacé les carnets d’adresse des journalistes toujours plus contraints par le temps. C’est ainsi, via l’adresse mail indiquée sur mon site, que je reçois hier dans ma messagerie une demande de contact pour que je donne « mon éclairage sur le sujet ». Par mail, je lui retourne mes coordonnées téléphoniques.
A mon tour de consulter la toîle, je lis rapidement le prémier article de L’Expansion qui me renvoie à l’article d’Irwin en anglais. Je complète en lisant sa notice biographique sur Wikipedia. Tout cela me permet notamment de le replacer rapidement au sein de son courant de pensée. Il se situe très clairement dans les approches libérales et monétaristes popularisées par Milton Friedman ((pour en savoir plus, vous pouvez lire cet article: http://lyonelkaufmann.ch/histoire/2007/08/03/grande-dpression-et-new-deal-2-que-nous-dit-lhistoriographie-1/))
Rapidemment le téléphone sonne et nous engageons une discussion d’une vingtaine de minutes. Au final je me retrouve en compagnie d’économistes et il s’agit maintenant de répondre à la question suivante

« La France a-t-elle vraiment provoqué la Grande Dépression? » ((http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/la-france-a-t-elle-vraiment-provoque-la-grande-depression_238997.html))

Une nouvelle problématique qui pourrait être utilisée en classe pour traiter ce sujet. Avis aux amateurs.

C’est ainsi qu’à l’ère des réseaux sociaux, on peut étre convoqué dans la posture de l’expert pour les médias et que se construit une notoriété « digitale ».

Classé sous :histoire Balisé avec :Crise économique, Grande Dépression, Ludovia, réseaux sociaux

Comment apprend-on dans les communautés en ligne?

12 septembre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Bonne nouvelle! Une enquête récente confirme qu’on apprend dans les communautés en ligne. Fort bien, mais on y apprend pas forcément ce qui était attendu au départ. Comment en tenir compte alors avant de se lancer? Comment s’assurer que tous les élèves en bénéficieront?

Dans cet article de Thot ((Comment apprend-on dans les communautés en ligne?)), Christine Vaufrey rend compte des résultats de l’étude réalisée par l’Institute for Prospective Technological Studies (IPTS) qui a publié un rapport intitulé L’innovation pédagogique dans les nouvelles communautés d’apprentissage (Pedagogical Innovation in New Learning Communities, en anglais seulement). Ce rapport rend compte de l’étude approfondie de douze communautés d’apprentissage en ligne.

Les résultats de cette enquête indiquent qu’effectivement on apprend dans ces différentes communautés en ligne, mais que les membres de ces communautés apprennent
– majoritairement de manière informelle, et de manière inattendue;
– au travers des interactions entre pairs, bien plus qu’en dialoguant avec un « expert » désigné comme tel (apprentissage majoritairement collaboratif, construit sur une multitude d’interactions et non pas sur un système de question / réponse unique);
– pour autant qu’ils parviennent à faire des liens, des connexions entre les sujets et à transférer les apports de l’expérience des autres sur les leurs;
– plus facilement si les membres de la communauté ont un intérêt commun que celui-ci soit personnel ou professionnel;
– mieux en étant ouvert au changement, à l’innovation et à la création;
– grâce à l’engagement des membres dans la vie de leur communauté, engagement lui-même sous-tendu par le sentiment de progresser, de renforcer ses capacités (empowerment) et la prise de responsabilités.

Au final, l’apprentissage intervient sur des champs spécifiques (qui vont, dans le cas des communautés analysées, du montage vidéo à la microbiologie en passant par l’administration publique), mais aussi et surtout sur des compétences transversales telles que l’ouverture et l’expression culturelles, la tolérance, le respect des autres, la capacité à animer un processus démocratique.

En conclusion, les auteurs du rapport soulignent que les modèles pédagogiques traditionnels ne sont pas radicalement remis en cause dans les communautés virtuelles d’apprentissage, mais que celles-ci créent de nouveaux équilibres entre enseignement et apprentissage d’une part, et entre connaissances structurées pré-existantes et connaissances, d’autre part.

Pour ma part, ces résultats m’incitent à rapprocher ces dispositifs de communautés en ligne aux démarches de pédagogie de projet. En effet, comparativement à des démarches d’apprentissage plus habituelles, celles-ci déterminent a priori l’ensemble des apprentissages à réaliser. Or, l’enquête met justement en évidence le caractère inattendu d’une (grande) partie des apprentissages développés et leur caractère informel. Bien entendu, une pédagogie de projet comporte également des apprentissages attendus, mais organise de manière plus souple les parcours pour tenir compte des apprentissages effectivement réalisés, combler les « trous » et prendre en compte les apprentissages inattendus.
De plus, la phase de indispensable de la dévolution en pédagogie de projet ((Interdisciplinarité et pédagogie de projet)) facilitera l’intérêt commun des participants ainsi que leur engagement dans la tâche. Elle est même indispensable pour que la communauté en ligne soit bénéfique pour tous les participants. Autrement, les communautés en ligne risquent bien de bénéficier en premier lieu aux élèves intrinsèquement motivés et accroitront les écarts entre les « bons » élèves et les autres. Ce risque me paraît particulièrement évident dans des démarches pédagogiques plus traditionnelles.

Dans un autre ordre d’idée, les communautés en ligne paraisssent intéressantes dans le développement de savoir-faire techniques principalement en lien avec des habiletés numériques (p. ex. montage vidéo).

Classé sous :histoire Balisé avec :réseaux sociaux

Wikipedia, Patrimoine culturel et historiographie | booktwo.org

8 septembre 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

«This particular book—or rather, set of books—is every edit made to a single Wikipedia article, The Iraq War, during the five years between the article’s inception in December 2004 and November 2009, a total of 12,000 changes and almost 7,000 pages.
It amounts to twelve volumes: the size of a single old-style encyclopaedia. It contains arguments over numbers, differences of opinion on relevance and political standpoints, and frequent moments when someone erases the whole thing and just writes “Saddam Hussein was a dickhead”.»

Pour la première fois dans l’histoire, nous construirions un système —peut-être pour un temps limité— capable d’enregistrer et de nous renseigner sur chacune des oscillations de la pensée sur un phénomène historique. Tout peut donner lieu à un bouton « histoire ». Et le processus de construction du récit est consultable et peut être débattu.

On Wikipedia, Cultural Patrimony, and Historiography | booktwo.org.

Classé sous :histoire Balisé avec :Historiographie, réflexions, wikipedia

Quand Ludovia rencontre Larry Cuban

31 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans son dernier billet de blog, Larry Cuban éclaire, une nouvelle fois diront certains, la confusion existant depuis la nuit des temps technologiques entre intégration technologique et réforme pédagogique.

Il y revient au travers d’un article publié en 2005 par Judi Harris et surtout d’un article rétrospectif publié la même année par McMillan Culp, Honey et Mandinach. ((Larry Cuban « Confusing Technology Integration with Instructional Reform ». Judi Harris (« Our Agenda for Technology Integration: It’s Time to Choose » et McMillan Culp, Honey et Mandinach «A retrospective on twenty years of education technology policy»))

Dans son éditorial de 2005, Judi Harris tentait d’expliquer les raisons pour lesquelles une série et projets d’intégration des technologies en milieu scolaires -le langage LOGO dans les années 1980 ou l’abandon ces dernières années des programmes d’un ordinateur pour un élève- étaient considérés comme des échecs. Pour elle, deux raisons principales

  • le technocentrisme
  • et le dogmatisme pédagogique.

Le technocentrisme pour Harris consiste à chercher des utilisations pédagogiques particulières pour les outils technologiques alors que pour la majorité des enseignants et directeurs d’école l’intégration des technologies n’est pas la finalité en soi, mais qu’il s’agit avant tout d’apprendre. Ce hiatus était d’ailleurs perceptible à Ludovia entre « influenceurs » et décideurs territoriaux.

Le dogmatisme pédagogique consiste à associer nouvelles technologies et la nécessité d’un basculement vers une pédagogie « constructiviste ». A ce sujet, Judi Harris s’interroge sur cette soi-disant nécessité. Preuve en est, pour elle, que les usages des technologies en Europe, en Asie et aux Amériques mettent en évidence combien de nombreux et puissants outils technologiques finissent par être utilisés pour appuyer l’enseignement centré sur l’enseignant. Elle en appelle à la séparation des objectifs de transformation de l’enseignement-apprentissage de ceux de l’intégration des technologies. Cet appel lancé en 2005 a depuis trouvé peu d’écho.

Pour sa part, « A retrospective on twenty years of education technology policy » est un article consacré aux défis et opportunités d’intéger la technologie dans les collèges et lycées américains. Il synthétise les recommandations faites dans différentes publications consacrées de 1983 à 2005 à ces questions. La version originale de leur travail devait contribuer à planifier et développer le nouveau plan national éducatif en matière de technolgie (National Education Technology Plan). Ce plan était destiné à informer et à guider les décideurs dans leurs efforts pour s’assurer que les écoles seront en mesure d’utiliser efficacement la technologie pour appuyer un enseignement de haute qualité et l’apprentissage pour tous les élèves. ((«This plan, mandated by the NCLB legislation, is intended to inform and guide policymakers in their efforts to ensure that schools will be able to use technology effectively to support high-quality teaching and learning for all students.»))

Trois questions guidaient les auteurs dans leur analyse:

  • Why do we invest in educational technologies? What rationales have shaped these investments?
  • What are the requisite steps to ensure that technologies are effectively implemented? What specific recommendations have been given priority?
  • What assumptions underlie our vision for how technologies can impact teaching and learning, and how have these changed?

Les auteurs constataient que le consensus augmentait concernant les attentes des éducateurs/enseignants et du public au sujet de la littéracie numérique. Ceux-ci la définissait comme étant la capacité à utiliser les ordinateurs, à communiquer, à localiser et gérer l’information et, peut-être le plus important, à utiliser efficacement ces outils pour appuyer l’apprentissage des savoirs.

Concernant les recommandations faites pour appuyer et soutenir les investissements. Les auteurs ont identifiés sept points-clés à l’intention des décideurs:

  1. Améliorer l’accès, la connectivité et l’infrastructure nécessaire;
  2. Créer un contenu et des logiciels de plus haute qualité ;
  3. Fournir de manière plus soutenue, un développement professionnel de haute qualité et soutenir les enseignants qui cherchent à innover et à se développer en la matière;
  4. Augmenter le financement provenant de sources multiples pour une série d’activités pertinentes;
  5. Définir et promouvoir le rôle des différents partenaires, y compris le public et le secteur privé;
  6. Accroître et diversifier la recherche, la mesure et l’évaluation des dispositifs;
  7. Examiner, réviser et mettre à jour les règlements et les politiques qui influent sur l’utilisation en classe de technologie, notamment en matière de confidentialité et de sécurité.

Dans le contexte actuel de raretés des ressources à disposition des pouvoirs publics, ces points-clés semblent tenir de la gageure. D’autant qu’il s’agit de développer une approche combinée et non successive de ces sept points.

Dans le domaine de la recherche et de l’efficacité dans l’emploi des technologies à l’école, le rapport « Teachers’ Tools for the 21st Century » du  Department of Education US de 2000 identifiait neuf questions essentielles à examiner

  1. Comment l’utilisation des ordinateurs, l’Internet et d’autres applications par les enseignants et les étudiants affectent le rendement des élèves, les connaissances et les compétences?
  2. Quel est l’impact de l’informatique et de l’utilisation d’Internet sur la manière dont les enseignants enseignent et les élèves apprennent, et quel est l’impact plus large sur la réforme de l’éducation?
  3. Quels coûts et avantages a l’investissement dans la technologie comparativement à d’autres innovations pédagogiques, telles que des classes plus petites ou de l’enseignement individualisé?
  4. Quels sont les types de technologies disponibles dans les écoles (par exemple, la qualité / vitesse, les types de connexions Internet, les applications logicielles)?
  5. Quels sont les changements organisationnels dans les écoles qui permettront l’utilisation accrue des technologies (par exemple, l’efficacité administrative, les connexions domicile-école, la communication collégiale) ou la viabilité de la mise en œuvre de la technologie et de son utilisation?
  6. Quelles sont les dépenses budgétaires en matière de technologie éducative au niveau de l’école, du district, de l’Etat, et au niveau national?
  7. Quelles sont les stratégies de perfectionnement professionnel et de soutien technique pour améliorer une utilisation efficace par les enseignants de la technologie?
  8. Quels sont la durée et le type de technologie utilisée dans l’enseignement et l’apprentissage à l’intérieur et l’extérieur de l’école?
  9. Quels sont les effets de différents types d’applications de la technologie sur certains types d’étudiants (par exemple, élèves déficients en anglais courant, l’éducation spécialisée ou les élèves doués et talentueux)?

Leur revue scientifique se concluait sur la question suivante:

Quelles sont les hypothèses sous-tendent notre vision sur la façon  dont les technologies peuvent avoir un impact l’enseignement et l’apprentissage?

La réponse d’un des premiers rapports datant de 1988 (Power On! (Office of Technology Assessment, 1988) identifiait quatre ingrédients cruciaux dans la maturation des technologie en éducation et permettant de soutenir efficacement l’éducation en collège et lycée:

  • un accès à la technologie,
  • un appui soutenu pour les éducateurs pour apprendre à utiliser la technologie,
  • le développement de logiciels éducatifs,
  • l’assurance que la recherche et de développement n’est pas seulement soutenu, mais étroitement liée aux besoins et aux priorités des praticiens.

Ces quatre éléments préfiguraient les recommandations formulées dans de nombreux rapports publiés au cours des années suivantes.

A partir de 1995, le ton change significativement dans les rapports de politique éducative. Désormais, en réponse à l’émergence d’Internet comme un des principaux moteurs des changements dans les affaires, la vie civique et, dans une certaine mesure, de l’éducation, ces rapports politiques commencent à présenter les technologies d’enseignement en tant que moteur de la réforme scolaire, plutôt que comme une trousse d’outils et de ressources. Dans ces rapports, la technologie devient un outil de transformation, qui promet, tout simplement par sa présence et ses moyens, à provoquer des changements dans la façon dont les enseignants enseignent, dans l’organisation des écoles, et dans la manière dont les élèves travaillent ensemble et apprennent. Durant cette période, la plupart des rapports commencent également à présenter les praticiens, leurs besoins et leurs intérêts sous un éclairage différent. Les enseignants sont désormais regardés en grande partie en fonction de ce qui est présenté comme étant leurs «lacunes».

En 1995, par exemple, l’apprentissage à distance est largement utilisé des cours de langue étrangère dans les écoles rurales et le traitement de texte et les ressources numériques sont utilisés avec une fréquence accrue par les enseignants de tous les niveaux et tous types d’écoles confondus. Cependant, dans les rapports produits peu de temps après, ces mesures sont déconsidérées et jugées comme insignifiantes face au potentiel radical de changement et de transformation qu’offre la technologie. Un fossé commence alors à émerger.

Au début des années 2000, peu avant la publication de ce rapport de synthèse, les auteurs notent qu’une foule d’influences, à la fois internes et externes, ont incité à revoir la relation des technologies à la pratique et à revoir les réalisations et les défis auxquels les praticiens doivent faire face. Ce réexamen est, en partie, une réponse à des résultats suggérant que la technologie en soi ne contribue guère à conduire des améliorations fondamentales dans l’enseignement et l’apprentissage.

Parallèlement, les rapports de recherche constatent que même avec un câblage complet des établissement et l’accumulation de l’infrastructure des télécommunications dans l’éducation, les innovations technologiques ((favorisées par la communauté des chercheurs et destinées à favoriser les démarches d’enquête, de collaboration, ou de relations re-configurées entre élèves et enseignant)) continuent à n’être utilisées que par un infime pourcentage des enseignants aux Etats-Unis. Au lieu de cela, les enseignants se tournent vers des outils comme les logiciels de présentation et des outils de gestion tels que les ENT (environnement numérique de travail) destinées à soutenir et à améliorer leurs pratiques actuelles. Ce sont là, pour les auteurs, les succès réels de la technologie dans les classes américaines.

En 2005,  les rapports sur les politiques les plus récentes mettaient en avant la nécessité de faire un usage productif des données d’évaluation, de fournir des ressources de plus en plus individualisées et flexibles de perfectionnement professionnel et de réaliser des économies de nature administrative.

En conclusion, deux thèmes principaux ressortent de cette analyse de 20 années de politique de recommandations concernant les investissements en technologie dans l’éducation. Le premier est le flux et le reflux des besoins des praticiens et des questionnements relatifs à  la technologie en tant que partie  intégrée du système éducatif. La deuxième est la nécessité d’une meilleure compréhension entre les chercheurs et les décideurs sur la nature systémique de l’évolution de l’éducation en général et de l’intégration des technologies éducatives en particulier.

Par ailleurs, parmi les réussites méconnues, les auteurs pointent, par exemple, la croissance soutenue de l’apprentissage à distance, en particulier dans les écoles rurales. Celle-ci a eu un impact significatif sur ce qui paraissait être un défi insurmontable : fournir toute une gamme de possibilités de perfectionnement professionnel pour ces enseignants en milieu rural et offrir à leurs élèves la même diversité de cours que ceux offerts aux étudiants vivant dans d’autres contextes.

Pour autant, le défi de l’école du XXIe siècle reste complexe et combine une multitude de facteurs:

The world in which we live is increasingly sophisticated, multifaceted and nuanced. People need high-level learning skills to act, respond, learn and adjust to ever-changing circumstances. As the world grows increasingly complex, success and prosperity will be linked to people’s ability to think, act, adapt and communicate creatively. ((Le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus sophistiqué, multiforme et nuancé. Les gens ont besoin d’un haut niveau d’apprentissage, des compétences d’agir, de réagir, d’apprendre et de s’adapter aux circonstances en constante évolution. Comme le monde devient de plus en plus complexe, le succès et la prospérité sera liée à la capacité des gens à penser, d’agir, d’adapter et de communiquer de manière créative.))

Partnership for 21st Century Skills. (2003). Learning for the 21st century. Washington, DC. http:www.21stcenturyskills.org

Pour les auteurs, il s’agissait pour les 20 prochaines années de trouver un équilibre

  • entre les exigences de l’amélioration des pratiques au fil du temps et les préoccupations du public tels que la responsabilité et l’équité,
  • entre le cycle de changement dans la technologie et le cycle de changement dans les écoles,
  • entre les compétences de demain et les compétences d’aujourd’hui.

Nous n’en avons certainement pas terminé ni avec le flux et le reflux, ni avec les tâtonnements…

Classé sous :histoire Balisé avec :éducation, Larry Cuban, ludovia2010, Réforme, technologies

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