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Lyonel Kaufmann blogue…

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Sur la route à moto avec un café

histoire

Roy Rosenzweig (1950—2007)

29 octobre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire


Roy Rosenzweig (1950—2007)

Roy Rosenzweig n’est pas un historien fort connu dans nos contrées. C’est dommage. Historien américain, il est un des pionniers relativement à l’histoire et l’utilisation des nouveaux médias. Ses préoccupations portaient notamment sur la mise à disposition de ressources historiques sous forme digitale (Digital history).

Parmi ses travaux, il faut noter
– la réalisation d’un CD-Rom sur l’histoire américaine en deux volumes « Who built america ? » (volume 1 et volume 2).
– il est le co-fondateur en 1994 du Center for History and New Media.
– des supports de cours sur le web en relation notamment avec l’histoire américaine (History Matters. The U.S. survey course on the web) ou de l’histoire mondiale (World History Matters)
– un guide pour les étudiants et chercheurs en histoire des ressources digitales (Digital History: A Guide to Gathering, Preserving, And Presenting the Past on the Web) dont le titre résume bien les préoccupations et les orientations du travail de Reosenzweig.
– plusieurs essais en relation avec le travail de l’historien à l’ère des ressources digitales dont un récent article « Can History be Open Source? Wikipedia and the Future of the Past » [traduction en français par Clioweb, voir aussi notre billet Sur Wikipedia et l’Histoire (Clioweb et Rosenzweig)]. Ce dernier article souligne aussi son intérêt constant pour l’enseignement de l’histoire à l’ère digitale.
– la réalisation d’une banque de données digitales regroupant les ressources les plus diverses en relation avec les attentats du 11 septembre 2001 (The September 11 Digital Archive).

Son champ d’actions et de recherches était fort large puisqu’il englobe autant des considérations sur la conservation du passé à l’ère digitale (questions archivistiques), que sur leur utilisation dans la construction de l’histoire (questions historiques) ou que sur la formation historique des élèves (questions éducatives). Mais, il était avant tout un militant pour un accès libre à la connaissance historique sur le web. Il est décédé début octobre d’un cancer des poumons.

Liens:

• Roy Rosenzweig: Everyone a Historian
• La notice de l’American Historical Association
• Remembering Roy Rosenzweig de Dan Cohen (co-directeur avec Rosenzweig du Center for History and New Media)
• Digital Historian Roy A. Rosenzweig du Washington Post
• Bibliographie de ses principaux travaux (curriculum vitae)
• Ses livres sur Amazon (US)

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Un vote au Congrès américain sur le génocide arménien indigne Ankara (Le Monde)

11 octobre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire


« Ils ne périront pas »: comité américain de soutien des arméniens dans le Proche-Orient, Douglas Volk, 1918 (Source : Wikipedia)

Après le programme pétrole contre nourriture, les Etats-Unis vont-ils lancer un programme d’abandon de la morale contre un soutien de la Turquie dans son expédition irakienne?: »(près de 70 % du ravitaillement aérien destiné à l’Irak, un tiers du carburant et 95 % des engins blindés, vitaux pour les soldats américains, transitent par la Turquie) »:
Dans tous les cas, les relations entre les Etats-Unis et la Turquie entrent dans une ère de turbulence suite à un vote du Congrès américain reconnaissant le génocide arménien au début du XXe siècle dans l’Empire ottoman. [Un vote au Congrès américain sur le génocide arménien indigne Ankara Le Monde.fr : 11.10.07]. Les pressions du président Georges Bush, des membres de son gouvernement —ainsi que la présence de l’ambassadeur turc aux Etats-Unis au deuxième rang de la salle des auditions de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants— n’y ont rien fait en ce mercredi 10 octobre.

Au final, le texte, non contraignant, de la commission, a été voté par 27 voix contre 21 et sera envoyé à la Chambre des représentants pour examen en séance plénière. Il affirme que le massacre des Arméniens durant la Première Guerre mondiale a été un génocide et que cela doit être pleinement reconnu par la diplomatie américaine, notamment dans sa politique vis-à-vis de la Turquie.

La résolution va désormais être présentée devant la Chambre des représentants où un vote pourrait avoir lieu d’ici à la mi-novembre. Par ailleurs, un texte similaire à celui adopté par la commission circule d’ores et déjà au Sénat. En cas d’adoption, le président Bush pourra toujours exercer, en dernier recours, son droit de veto. Déjà, en octobre 2000, le président de l’époque, Bill Clinton, avait réussi à s’opposer à l’adoption d’une telle résolution.

A noter que la notion de génocide a été reconnue notamment par la Suisse, la France, le Canada et le Parlement européen.: »(Le site du Comité de Défense de la Cause Arménienne [CDCA] vous permet notamment de suivre l’actualité de la reconnaissance du génocide arménien.) »: Concernant la Suisse, le 16 décembre 2003, le Conseil national suisse (chambre basse du parlement) a reconnu l’existence du génocide arménien par 107 voix contre 67 – et 11 abstentions – et demandé au Conseil fédéral (gouvernement) d’en prendre acte puis de transmettre la position du Conseil national par les voies diplomatiques usuelles. Deux autres parlements de cantons suisses, Genève en 1998 et Vaud en 2003 ont également voté des résolutions comparables.


Hérodote

Liens:

1.- La controverse sur le génocide arménien sur Wikipedia
• article Génocide arménien
• article Négation du génocide arménien
• le débat sur l’article Négation du génocide arménien

2.- Suisse : condamnation de Dogu Perinçek, négationniste du génocide arménien (2007)
• LeMonde.fr : La Suisse condamne un Turc pour négation du génocide…
• De Turquie, Blocher provoque une polémique en Suisse en critiquant la norme antiracisme qui a conduit à une procédure en Suisse contre deux Turcs pour leurs affirmations sur le génocide arménien.

3. Petite encyclopédie du génocide arménien : Un blog qui vaut le détour

Ouvrages sur le génocide arménien

• Gérard Chaliand, Yves Ternon (2006). 1915, le génocide des Arméniens. Bruxelles: Complexes (5e édition)
• Vahakn N Dadrian (1995). Autopsie du génocide arménien. Paris: Stock
Des éléments du livre en ligne sur GoogleBooks.
• Jean-Marie Carzou (1975). Un génocide exemplaire: Arménie 1915. Paris: Flammarion.
Le livre en ligne : http://www.imprescriptible.fr/carzou/

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« Qui contrôle Wikipedia ? » (Pointblog.com)

27 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

A la suite de la deuxième séance du MSHIS31 Didactique de l’histoire I, cette brève du site pointblog.com prolonge votre discussion sur la fiabilité des sites web et des encyclopédies en ligne plus particulièrement :

545 000 articles dans la version francophone de Wikipédia qui serait contrôlée par 158 administrateurs bénévoles nous dit l’article de 4 pages que lui consacre le mensuel L’Ordinateur Individuel. On y trouve deux courtes interviews, une de Denis Fasse (Encyclopédia Universalis) : ‘Wikipédia colle à l’actualité, ce que nous ne pouvons pas faire…. En revanche, nous pouvons faire appel à un spécialiste du climat pour expliquer, sur notre site ou sur le DVD, l’impact du réchauffement climatique sur le développement des cyclones.’ et Olivier Jacquot (conservateur à la Bibliothèque Nationale de France) : ‘Les erreurs présentes dans Wikipédia ne sont qu’un épiphénomène par rapport au volume de données disponibles.
pointblog.com : « Qui contrôle Wikipedia ? »

On pourra également lire le billet suivant : Sur Wikipedia et l’Histoire (Clioweb et Rosenzweig)

Ainsi que la comparaison effectuée entre Wikipedia et une encyclopédie papier (Brtiannica):
• Wikipedia-Britannica : la polémique sans fin (Homo Numericus)
• Wikipedia 4 – Britannica 3 ! (Ecrans de veille en éducation)

Une autre polémique (francophone cette fois-ci) est issue du travail réalisée par des étudiants de Sciences-Po sous la direction de Pierre Assouline:
• Les erreurs traquées de Wikipédia (Ecran.fr)
• Quand des étudiants de Science Po vandalisent Wikipédia… (WikiNews)
• Controverse à la sauce wikipédia (Agence Science-Presse)
• Wikipedia: à la recherche de l’équilibre (medievizmes.net) Article publié après un premier billet de Pierre Assouline de janvier 2007

Enfin, une démarche francophone à l’intention des élèves de 8-13 ans de contribution à une encyclopédie collaborative en ligne basée sur les principes du Wiki (et donc de Wikipedia) : Vikidia. Une manière originale de participer à un projet et de mieux comprendre le fonctionnement d’une encyclopédie telle que Wikipedia ?

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Penser la destruction des juifs d’Europe (Le Courrier 25.09.2007)

26 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire


DR | L’historien américain Raul Hilberg

Dans son édition du mardi 25 septembre 2007, le journal Le Courrier revient sur la disparition récente de Raoul Hilberg (décédé le 4 août 2007) et propose une page entière au travail réalisé par cet historien relativement à son ouvrage majeur et capital sur le génocide juif : « La destruction des juifs d’Europe ».
L’article intitulé «Le tournant historiographique» est particulièrement intéressant pour comprendre l’apport de Raoul Hilberg relativement à l’historiographie du génocide et des génocides en général: »(Ainsi dans la dernière édition de son ouvrage, régulièrement remis à jour, Raoul Hilberg consacre un chapitre au génocide rwandais. Eric Vigne, ami et éditeur français de Hilberg chez Gallimard, expliquait à Rue89 que ce chapitre sur le Rwanda participait à la démonstration de Hilberg et qu’il voulait ainsi s’adresser aux tenants de la bataille du « pourquoi? », qu’avec ce nouveau génocide, où l’Europe n’avait rien fait, il s’agissait d’arrêter de dire que la connaissance historique permet d’agir et qu’il fallait plutôt s’appliquer à cerner le « comment? ».) »:

S’il considère le génocide juif comme «un événement sans précédent, un acte primordial jamais imaginé avant qu’il surgît», comme il l’explique dans La Politique de la mémoire, il démontre dans toute son oeuvre qu’il n’y a pas de plan central d’extermination, comme il n’existe pas de Führerbefehl pour supprimer les populations juives européennes, car cet ordre n’est pas nécessaire.
En affirmant la nature bureaucratique de la destruction et en soulignant la division du travail, Hilberg s’oppose à une interprétation faisant de Hitler un homme surpuissant et diabolique ou celle d’un génocide mis en place par quelques antisémites fanatiques. La décentralisation de la destruction des juifs réclamant la participation de tous les organismes disposant des moyens d’accomplir leur part de travail, il penche plutôt pour une concurrence des institutions qui aboutit à ce que l’historien allemand Hans Mommsen appelle une «radicalisation cumulée». Véritable initiateur d’un nouveau courant historiographique, Hilberg contribue au développement des Holocaust and Genocide Studies dont les nombreuses revues et les programmes universitaires soulignent l’importance. Rechignant à utiliser le mot «Holocauste», problématique étymologiquement parlant, Raul Hilberg se montre aussi critique face à la globalisation de la mémoire du génocide juif et à son instrumentalisation. Il n’hésite pas à dénoncer les organisations juives américaines – notamment sur leurs demandes de réparation contre les banques suisses – ou à défendre ses collègues, comme Norman Finkelstein écarté de son poste après la parution de L’Industrie de l’Holocauste.

Ces articles du Courrier présentent l’avantage d’être consultables en ligne : Penser la destruction des juifs d’Europe.

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Un astrolabe pour l’hémisphère sud (CultureMath)

25 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

image008.jpg
L’astrolabe réalisé pour 21 degrés de latitude sud. (Source : CultureMath)

En découvrant le site CultureMath, via son dossier sur la Géométrie de la Grèce antique (voir notre billet d’hier), je suis également «tombé» sur la fort intéressante dépêche suivante :

« Un astrolabe pour l’hémisphère sud » est une animation proposée par l’IREM de la Réunion pour la fête de la science. Un groupe de professeurs du lycée Édouard-Branly de Créteil, dont le noyau est composé de Gérard Delaforge (productique), Thierry Boucher (physique), Philippe Dutarte (mathématiques), ont réalisé un astrolabe pour l’hémisphère sud à la demande de Dominique Tournès, professeur à l’IUFM de la Réunion, spécialement pour la fête de la science 2007. Celle-ci aura lieu du 12 au 18 novembre à la Réunion, soit un mois plus tard qu’en métropole: le temps pour les visiteurs du nord de traverser l’océan en bateau en se guidant avec l’astrolabe. L’opération est fiancée par l’IREM de la Réunion et Sciences Réunion.

Philippe Dutarte présente cette animation en exclusivité pour CultureMATH: c’est ici.

Pour en savoir plus sur l’astrolabe, voir Les instruments de l’astronomie ancienne, de l’antiquité à la Renaissance de Philippe Dutarte.

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La Géométrie de la Grèce antique (CultureMath)

24 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

CultureMath ouvre l’année scolaire 2007-2008 avec un grand dossier de Bernard Vitrac sur les Géomètres de la Grèce antique. Le dossier présente les oeuvres d’Hippocrate, Euclide, Archimède, Apollonius, Ptolémée, Héron, Ménélaos…, et évoque des lieux et des contextes historiques particulièrement importants pour l’histoire des mathématiques (les cités ioniennes, Athènes, Alexandrie…). Il se répartit en dix articles qui ont été publiés dans la revue « Les Génies de la Science » (numéro 21), et que CultureMath diffusera progressivement. Ce mois-ci, vous découvrirez L’origine de la géométrie grecque et Le cas Hippocrate.

Voilà un dossier intéressant tant pour l’enseignant-e de mathématiques que pour l’enseignant-e d’histoire!

Accueil CultureMATH

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Après Alix, voilà Hotep et l’Egypte antique

24 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le Matin Online > L’héritier d’Alix lance sa propre série historique – Loisirs > Culture (dimanche 22 septembre 2007)

Après dix-huit ans de travail auprès de son «maître» Jacques Martin, l’auteur d’origine suisse Rafael Morales lance «Hotep», sa propre série dont l’histoire se situe dans l’Egypte antique. Le premier volume, «Le scribe de Karnak», est cette semaine. Le Journal Le Matin Dimanche a rencontré l’auteur qui précise les intentions de son sujet :

«Je savais que je voulais traiter de l’Egypte, explique Rafael Morales. Je suis passionné par le sujet depuis toujours. J’ai essayé de trouver une période vierge, originale.» «Hotep», qui mêle fiction et cadre historique, se situe donc en 278 avant Jésus Christ, «rencontre entre l’Egypte millénaire et l’hellénisme conquérant». L’ouvrage se veut accessible à tous, et pas seulement aux connaisseurs de l’histoire égyptienne: «Il y a certains termes spécialisés expliqués par des notes. Mais l’histoire aurait pu se dérouler ailleurs… Ce n’est surtout pas une BD didactique!»

Le héros, Hotep, a une famille, des amis, et se retrouve confronté aux bouleversements de l’époque, au choc des cultures, à la corruption, etc. Morales s’imagine son personnage central «évoluer, vieillir au fil des albums».


Rafael Morales dispose d’un blog sur lequel il raconte son quotidien pendant la création d’«Hotep»: http://rafaelmorales.canalblog.com/. Vous pourrez y lire notamment un interview comparable à celui accordé au Matin Dimanche, en plus développé, réalisé par son éditeur Glénat.

«Hotep. Tome I, Le scribe de Karnak», par Rafael Morales, Glénat, en vente dès le 26 septembre.

La couverture illustre d’emblée la filiation de l’auteur avec Jacques Martin et Alix. Presque trop ?

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Staline réhabilité dans les manuels scolaires (24Heures – 21.09.2007)

21 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans L’Histoire de la Russie revisitée par Poutine, le «petit père des peuples» est un héros.
Vladimir Poutine avait réclamé au début de l’été des manuels d’histoire plus patriotiques. Sa volonté a été accomplie. L’Académie des sciences a donné son feu vert mercredi à un nouveau manuel scolaire intitulé L’Histoire de la Russie de 1945 à 2006, présentant Staline comme «l’un des plus grands leaders de l’époque soviétique », dont les purges de 1937 étaient un «mal nécessaire» pour contribuer à la grandeur du pays. Le manuel, destiné au secondaire, doit servir de base pour l’étude de l’histoire dès la rentrée prochaine.
Par ailleurs, dans cette nouvelle mouture, les années Eltsine sont dépeintes sous un jour plus sombre et Vladimir Poutine est le sujet principal d’un chapitre consacré à la démocratie russe.
Cette relecture de l’Histoire, réminiscence des vieilles pratiques soviétiques, a été réalisée en partie par des analystes proches du Kremlin.

Extraits d’un article publié par Adèle Smith (Moscou) dans le journal 24Heures du vendredi 21 septembre 2007.

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Thèse du « hobbit » comme un nouvel hominidé corroborée par une étude

21 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

L’analyse de trois os d’un poignet corrobore la thèse controversée selon laquelle le « hobbit », humanoïde de petite taille dont des ossements ont été découverts en 2003 en Indonésie, est bien une nouvelle espèce d’hominidé. C’est ce qu’indique une étude publiée jeudi.
Les détracteurs de cette conclusion, font valoir que les os fossilisés du « hobbit » découvert sur l’île indonésienne de Florès, sont ceux d’un ancêtre de l’homme victime de malformations.
Mais cette dernière découverte après d’autres analyses, notamment des empreintes de l’intérieur du crâne du « hobbit », baptisé « Homo floresiensis », fournit un nouvel élément en faveur de la thèse d’une espèce d’hominidé différente ayant vécu durant la même période que les premiers humains.
Les fossiles datent dans les deux cas du Pléistocène supérieur (- 120’000 à – 10’000 ans environ), rappellent les auteurs de l’étude publiée dans la revue américaine Science.

Source : SDA-ATS News Service

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Jacques Martin (1933-2007), parabole des années Giscard

17 septembre 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire


Jacques Martin au Théâtre de l’Empire, le 21 décembre 1998 (AFP)

Dans le dédale des hommages funéraires consacrés à Jacques Martin, je ne pensais guère y trouver mon compte au-delà d’une certains nostalgie relativement à la TV de mon début d’adolescence. Jusqu’à la lecture du journal «24Heures» de ce samedi:

1975, en plein règne giscardien, Jacques Martin déboule sur les écrans aux côtés d’une joyeuse bande de farfelus. Leurs noms: Stéphane Collaro, Piem, Pierre Desproges ou encore Daniel Prévost. Leur hymne: La pêche aux moules, une scie inénarrable troussée par l’animateur lui-même.


«C’est le journal le plus amusant de France, mais je déconseille à mes ministres d’y participer», commente alors Giscard. Chaque dimanche, après la messe, la France se plie en deux. […]

L’esprit satirique de cette parodie de journal télévisé n’est cependant pas du goût de tout le monde. En 1976, la fine équipe s’exile sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2) pour y observer l’actualité par le petit bout de La lorgnette. Le bail durera vingt ans. Le temps pour Jacques Martin de squatter la quasi-totalité des programmes dominicaux.

Désormais moins soucieux de faire rire aux dépens de ses contemporains, l’animateur «le plus populaire de France» décide de se consacrer à un public plus familial.

Ainsi fait, cet article permet de replacer le parcours télévisuel de l’animateur dans la perspective plus large de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. En effet, l’aventure de cet animateur n’aurait pas été possible dans la télé quasi-stalinienne des années de Gaulle, puis Pompidou, crispée par le choc de l’année 1968 et engoncée dans son formol.

Cette trajectoire télévisuelle nous offre une parabole du septennat giscardien. Petit retour en arrière.

Avec sa candidature, Giscard d’Estaing se positionne comme le candidat du renouveau, jeune, dynamique, désireux de réformer la France en profondeur. Une fois élu, il se propose de tourner la page du gaullisme pour engager la France dans le moule libéral. Seulement voilà, cette nouvelle société giscardienne se prend rapidement les pieds dans le tapis de la crise du système fordiste, accélérée par la crise pétrolière de 1973. Et, après deux ans d’une volonté de modernisation de la société (abaissement de la majorité à l’âge de 18 ans, loi sur l’interruption volontaire de grossesse, divorce par consentement mutuel, création d’un secrétariat d’État à la condition féminine), la deuxième partie du septennat giscardien change drastiquement de cap pour privilégier une logique gestionnaire et conservatrice sur fond de la montée d’un chômage de masse.


Jaquette du DVD de la Paramount – Le Petit Rapporteur (2006)

Le ton décapant du Petit rapporteur transpose donc sur le petit écran cet élan modernisateur. Les chroniques villageoises de Pierre Bonte remplacent la mère Denis, sans moderniser autrement que par leur ton le monde rural français. Ces chroniques illustrent ainsi l’ambiguïté de cet élan modernisateur tant télévisuel que politique du septennat.


Source : inconnue (image reprise de http://www.kitof.net/images/jacquesmartin.jpg)

Et deux après déjà comme le président, l’animateur Jacques Martin se voit contraint d’effectuer progressivement un virage sur l’aile. D’abord en quittant la première chaîne pour atterrir sur Antenne 2, puis en édulcorant de plus en plus ses émissions. Jacques Martin ne retrouvera son ton caustique qu’à la fin des années 1990, juste avant son éviction du petit écran à la suite de son accident cérébral.


Portrait officiel du président Valéry Giscard d’Estaing

Pour Valéry Giscard d’Estaing, les choses n’iront pas aussi bien que pour Jacques Martin et les ennuis ne cessent de s’accumuler à partir de 1978. Ainsi, lors des élections législatives de 1978, la droite l’emporte mais le RPR de Jacques Chirac remporte 154 sièges tandis que son parti, l’UDF, seulement 124. Jacques Chirac affiche son hostilité envers l’UDF qui est pour lui «le parti de l’étranger», car trop tourné vers l’Europe et non vers la Nation. Puis la crise en France est de plus en plus grave. Peu à peu, la personnalité même de Giscard est contestée : ses repas avec le Français moyen finissent par agacer ou susciter des moqueries. Enfin c’est le scandale des diamants de Bokassa qui précipitera sa déchéance.

A lire:

S. Berstein et JF Sirinelli (sous la direction de) (2007). Les années Giscard. Les réformes de société (1974-1981) ; Paris: Armand Colin. Voir le compte-rendu des Clionautes.

R. Boyer, J.P. Durand (1993). L’Après fordisme. Paris: Editions Syros. Nlle édition 1998.

Multitudes : La crise du rapport salarial fordiste : une interprétation

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