
Après le cas et la tribu Malaussène, un trio étouffant avec la Guerre d’Algérie et le général de Gaulle en arrière-plan #toscane #Italie #summer2017☀️

Polar des plus nordiques, l’action d’Opération Napoléon d’Arnaldur Indridason se déroule en Islande sur quatre jours à fin janvier 1999 en pleine tempête de neige principalement sur le glacier Vatnajökull, à Reykjavik et sur la base américaine de Keflavik. Chronique policière.
Le rythme est endiablé et ne laisse aucun répit au lecteur du roman. La construction vous tient constamment en haleine. La trame du roman policier se veut historique. A la fin de la guerre (1945), un avion parti d’Allemagne avec à son bord des militaires allemands et américains s’écrase sur le glacier Vatnajökull à la suite d’une violente tempête de neige. Avertie tardivement en raison des conditions météos, une colonne de secours de l’armée américaine cherche en vain l’avion, d’éventuels survivants et des documents secrets compromettants.
En 1967, une deuxième tentative échoue à retrouver l’avion sur fond de présence de Neil Amstrong en Islande.
En 1999, l’avion sort des glaces et apparaît sur des images satellitaires. Cette apparition conduit à la mise sur pied d’une nouvelle expédition avec des soldat américains de la Delta Force et pilotée depuis une officine américaine à Washington. Sur place, la base américaine de Keflavik sert de base arrière à l’expédition et l’ambassade américaine est mise sous tutelle par les forces armées. Sur le glacier, l’expédition dérape lorsque deux membres d’une équipe de sauvetage islandaise découvrent par hasard l’avion et les soldats américains affairés autour. Elias, un des deux sauveteurs, a juste le temps d’appeler sa sœur, Kristin, à Reykjavik. Dès lors la chasse à la femme est engagée par deux barbouzes à Reykjavik.
Trois thèmes parcourent ce roman. Une trame historique se rapporte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et aux différentes tentatives de rapprochement entre les dignitaires nazis et les Anglo-saxons pour se retourner contre l’Union soviétique. Cette trame tourne autour de documents secrets présents dans l’avion. La deuxième trame se rapporte à la traque de Kristin et les différents moyens employés par cette dernière pour échapper à ses poursuivants tout en essayant progressivement de démêler la trame historique. La troisième trame se concentre sur les rapports ambigus entre les Islandais et la présence militaire américaine. Cette trame nous donne un aperçu sur le contexte islandais de la Deuxième Guerre mondiale et de la Guerre froide. Elle fait apparaître les tensions et les accommodations de la société islandaise à l’égard d’une présence étrangère forte sur un territoire à la population peu nombreuse et économiquement dépendante de cette manne étrangère. Mais cette présence est aussi vécue comme une forme d’occupation, une partie du territoire – la base américaine de Keflavik – et les activités s’y déroulant échappant à toute emprise islandaise.
Finalement, c’est cette troisième trame, plutôt secondaire dans le roman, qui est, à mon avis, la plus intéressante relativement à un pan important de l’histoire contemporaine de l’Islande. C’est aussi la plus crédible.
En effet, la trame historique autour de la fin du IIIe Reich s’inscrit dans la veine actuelle complotiste – mais le roman date de 1999 dans sa version originale tout en étant publié en 2015 en version française. Rien n’y est finalement très crédible.
Pour sa part, la partie thriller nous donne l’occasion de découvrir un équivalent féminin de James Bond avec l’héroïne Kristin. Elle est même accompagnée de Kristin’Men qui s’en prennent plein les gencives tandis que l’héroïne reste indestructible. Le méchant de l’histoire, un dénommé Ratoff, ne dépareillerait lui non plus pas dans un bon James Bond. Mais au final, la trame policière est aussi réaliste que celle d’un James Bond. L’action prime sur le réalisme. Elle est néanmoins réalisée avec le même brio qu’un bon James Bond.
Dans la chaleur estivale, vous aurez ainsi l’occasion de lire un bon polar de l’été et vous apprendrez même des éléments intéressants concernant la présence américaine en Islande durant la Guerre froide.
Pour compléter l’histoire de la base aérienne américaine de Keflavik, celle-ci occupait une superficie de 100 km2, et a accueilli durant la guerre froide environ 1900 soldats tout en fournissant des emplois à des Islandais. L’Islande ne disposant pas d’armée nationale, un accord bilatéral de 1951 prévoit que la défense du territoire islandais serait du ressort de l’armée américaine. La présence militaire en Islande se nommait officiellement Iceland Defense Force. Cependant, le 11 août 2006, les quatre F-15 de l’USAF présents sur l’île (il y en avait encore 37 en 1990) ont quitté cette dernière et le 30 septembre 2006, la base fut temporairement fermée jusqu’à ce que l’OTAN confirme l’envoi à partir du 1er avril 2008 de chasseurs pour assurer la police du ciel (Source : Wikipedia).
Arnaldur Indridason. Opération Napoléon. Paris: Métaillé Noir, 2015, 351 p. ISBN 979-10-226-0154-2