Quel est l’intérêt pour les élèves ? Est-ce que la pédagogie inversée améliore leur réussite ?
«J’enseigne en 7e année depuis 16 ans et je constate tous les jours que les élèves ont besoin de répétition pour bien assimiler les notions. Avec la vidéo, ils n’hésitent plus à m’interrompre : dès qu’ils n’ont pas compris, ils peuvent cliquer sur pause, revoir le cours et progresser à leur rythme. Autre aspect positif : cela me permet de mettre en pratique le cours avec des exercices ou des activités. Je maximise alors le temps auprès de mes élèves. Avant, je voyais les élèves en difficultés avant ou après la classe : c’était épuisant pour eux comme pour moi. Aujourd’hui, je circule plus au milieu des élèves et j’ai du temps à consacrer à ceux qui ont des difficultés. Les meilleurs n’ont pas besoin d’attendre le groupe car pour chaque module, j’indique l’intégralité des vidéos disponibles et je prépare des fiches d’enrichissement. Comme je veille à ce que les élèves se regroupent et s’autocorrigent, il arrive que les meilleurs me remplacent pour proposer des exercices aux autres. Une émulation se crée naturellement.»
La suite : Pédagogie inversée avec Youtube : une vraie émulation en classe
pédagogie
Revue de presse : Pédagogie inversée avec Youtube : une vraie émulation en classe
Quel est l’intérêt pour les élèves ? Est-ce que la pédagogie inversée améliore leur réussite ?
«J’enseigne en 7e année depuis 16 ans et je constate tous les jours que les élèves ont besoin de répétition pour bien assimiler les notions. Avec la vidéo, ils n’hésitent plus à m’interrompre : dès qu’ils n’ont pas compris, ils peuvent cliquer sur pause, revoir le cours et progresser à leur rythme. Autre aspect positif : cela me permet de mettre en pratique le cours avec des exercices ou des activités. Je maximise alors le temps auprès de mes élèves. Avant, je voyais les élèves en difficultés avant ou après la classe : c’était épuisant pour eux comme pour moi. Aujourd’hui, je circule plus au milieu des élèves et j’ai du temps à consacrer à ceux qui ont des difficultés. Les meilleurs n’ont pas besoin d’attendre le groupe car pour chaque module, j’indique l’intégralité des vidéos disponibles et je prépare des fiches d’enrichissement. Comme je veille à ce que les élèves se regroupent et s’autocorrigent, il arrive que les meilleurs me remplacent pour proposer des exercices aux autres. Une émulation se crée naturellement.»
Pédagogie inversée avec Youtube : une vraie émulation en classe
Revue de presse : Internet fait place nette dans la pédagogie
Difficile d’enseigner par les temps qui courent. Il faut dire que le temps court à la vitesse de l’électron. L’enseignant (Loys Bonod, Lycée Chaptal à Paris) qui a piégé ses élèves en fabriquant de faux corrigés afin d’établir de manière magistrale et éclatante qu’ils ne savent pas travailler sans internet a moins prouvé la tricherie des élèves que mis en évidence la date de péremption des exercices demandés.
Revue de presse : Plaidoyer pour une rencontre entre la culture populaire et la culture élitiste |
Je lis et entends depuis quelques jours des gens qui s’indignent, qui s’irritent même face aux jeunes supposément «ruinés par les réseaux sociaux». Ils ciblent leur désarroi en lien avec leur manque d’intérêt pour la formation académique et la culture savante, leur emprisonnement dans une culture de masse qui serait aussi pauvre que désolante. Il faudrait peut-être les inviter à se familiariser avec le concept de Cultural Studies!
Plaidoyer pour une rencontre entre la culture populaire et la culture élitiste |
Revue de presse : Internet fait place nette dans la pédagogie
Difficile d’enseigner par les temps qui courent. Il faut dire que le temps court à la vitesse de l’électron. L’enseignant (Loys Bonod, Lycée Chaptal à Paris) qui a piégé ses élèves en fabriquant de faux corrigés afin d’établir de manière magistrale et éclatante qu’ils ne savent pas travailler sans internet a moins prouvé la tricherie des élèves que mis en évidence la date de péremption des exercices demandés.
Revue de presse : Plaidoyer pour une rencontre entre la culture populaire et la culture élitiste |
Je lis et entends depuis quelques jours des gens qui s’indignent, qui s’irritent même face aux jeunes supposément «ruinés par les réseaux sociaux». Ils ciblent leur désarroi en lien avec leur manque d’intérêt pour la formation académique et la culture savante, leur emprisonnement dans une culture de masse qui serait aussi pauvre que désolante. Il faudrait peut-être les inviter à se familiariser avec le concept de Cultural Studies!
Plaidoyer pour une rencontre entre la culture populaire et la culture élitiste |
Revue de presse : Configurations pédagogiques | Enseignant en cherchant
Trois enseignants d’histoire-géographie partagent des photos de leur salle de classe. Ceux-ci utilisent un vidéoprojecteur ou un TBI. Ils présentent les avantages et les inconvénients de leur configuration soit en terme de configuration de classe soit dans l’utilisation de l’outil technologique.
Un autre article fort intéressant, y compris pour les commentaires déposés et datant de 2010, d’un enseignant est à lire : «TBI: Tableau Bien Inutile» http://www.ticeman.fr/lacaverne/?p=62
L’illusion de la pédagogie numérique | Christine Vaufrey
- L’illusion de la pédagogie numérique | Le blog de Christine Vaufrey – Excellents propos de Christine Vaufrey:
« Je connais “l’appareil photo numérique”, “la télévision numérique”, mais la “pédagogie numérique”, franchement, je ne vois pas. Bien entendu, on comprend que M. Fourgous s’appuie sur l’idée que la société tout entière s’est numérisée (ce qui est faux), et qu’en numérisant l’école, on la rapproche de la vraie vie. Mais cela ne suffit pas à créer une pédagogie. La pédagogie ne se définit pas par son outil, mais par l’activité cognitive et sociale qu’elle met en oeuvre dans la démarche d’apprentissage.» - Deuxième extrait :
«Ce n’est évidemment pas “le numérique” (les tablettes, les téléphones intelligents…) qui rend possible la construction des connaissances. C’est l’intention pédagogique de l’enseignant, qui éventuellement utilise les Tice comme outils facilitant l’atteinte des objectifs d’apprentissage.»
Deux avis que je partage et un article que je vous conseille de lire.
Teacher Resistance and Reform Failure | Larry Cuban
Dans son dernier billet, Larry Cuban s’inscrit en faux contre la résistance des enseignants au changement. Il pointe par contre des différences d’attentes, d’approche et de mesure du changement suivant que l’on soit responsable politique (éducatif) ou enseignant. Larry Cuban invite les responsables éducatifs à envisager leurs réformes à partir des trois questions que se posent les enseignants devant une innovation pédagogique. En définitive, Larry Cuban décrit les enseignant comme des pragmatiques sceptiques devant l’innovation.
Teachers and policymakers judge the worth of classroom changes differently
Policymakers determine the worth of proposed changes in curricular, instructional, and school practices on the criteria of organizational effectiveness, efficiency, and equity. Teachers accept, modify, and reject innovations and mandates on the basis of similar criteria but with the focus on students and classrooms. In doing so, they ask substantially different questions than policymakers who focus on the system, not individual classrooms.
Called the “practicality ethic ,” teachers ask:
1. Will the innovation or change directly help me solve learning and teaching problems I face now, not problems someone else has defined?
2. If the change helps me, how much of my time and energy will the innovation take to learn in order for students to benefit?
3. How can I adapt the change to fit my particular students?
Few designers of innovative programs or policymakers who adopt changes consider such practical questions that teachers, the implementers of the change, ask. Pity.
****************************************************************************
Teachers do adopt changes but they are, and will be, skeptical pragmatists of classroom-directed policies, not “stone-age obstructionists” all too often blamed for reforms failing (practicality ethic, p.3).
via Teacher Resistance and Reform Failure | Larry Cuban on School Reform and Classroom Practice.
En Ludovia : sommes-nous des influenceurs?
Au matin du deuxième jour à Ludovia, le terme d’influenceurs pour qualifier notre brochette de blogueurs est réapparu. Certes ce qualificatif est flatteur. Ce nouveau titre de noblesse est-il pour autant mérité au-delà de cette enceinte?
La composition du public de Ludovia fournissait un premier éléments de réponse. La difficulté de sortir le cercle des innovateurs et convaincus de technologie y était évident. Ce constat n’est d’ailleurs pas propre à Ludovia et porte en germe les risques d’un essoufflement de tous ceux qui s’activent dans le domaine. Ne formons-nous pas alors un frein plus qu’un moteur au développement du numérique à l’école?
Des tables-rondes, certains responsables régionaux en matière de développement du numérique restaient souvent sur leur faim concernant les réponses qu’ils venaient chercher. Ils s’éloignaient alors pour aller faire leurs emplettes auprès des concepteurs plus traditionnels de contenus numériques.
Les différences d’attentes de tous ces publics concernant le numérique à l’école mettaient également en évidence l’absence d’un consensus suffisamment large sur les finalités du numérique à l’école et la multiplication des projets et des outils proposés aux enseignant-e-s qui peinent à s’inscrire dans la durée.
D’une discussion avec François Bocquet est ressortie les travaux en sociologie des organisations concernant l’innovation. C’est ainsi que furent évoqués les travaux du Cautic sur les quatre grands profils d’attitude des acteurs face au changement et à l’innovation:
– les passionnés ou les geeks dans notre domaine;
– les pragmatiques du changement;
– les pragmatiques de la continuité;
– les objecteurs au changement.
A ce titre, il semblerait que pour généraliser une innovation il vaudrait mieux s’appuyer sur les pragmatiques du changement pour convaincre et former les pragmatiques de la continuité. Pour leur part, les passionnés braqueraient les pragmatiques de la continuité.
Le rôle des influenceurs seraient donc plus de défricher le terrain que de convaincre les pragmatiques. Pire, si une innovation n’atteint pas ce dernier public, on considère qu’elle « tombe » dans le gouffre de Moore (nom d’un consultant américain, Geoffrey Moore, spécialiste de l’innovation), comme tant d’innovations viables techniquement, mais mal adaptées aux usages de leur public. Dès lors, les concepteurs des dispositifs d’information et de communication ont le choix entre une logique de persuasion qui permet de recruter rapidement des usagers «pionniers», mais comportant des risques de démobilisation ultérieure, et une logique de négociation qui exige de nombreux aller-retour entre les impératifs techniques et les usagers pendant la conception, mais qui favorise une diffusion plus large et plus durable.
De retour de Ludovia, après une brève recherche, d’autres éléments en matière de sociologie ont attiré mon attention et sont plus particulièrement évoqués par Feirouz Boudhokhane(voir références en fin d’article). En premier lieu, Rogers (1995), dans son ouvrage Diffusion of Innovation, précise que
« La technologie ne peut pas être imposée, la possibilité d’examiner ses conséquences, de la tester et d’être formé à son utilisation facilitent le processus d’usage, le contraire peut inhiber. »
Or, il me semble que l’institution scolaire procède exactement à rebours de ce constat en matière de déploiement numérique. Le temps d’appropriation manque souvent. Seules les innovations se rattachant à du connu s’imposent dès lors en reproduisant les usages plus qu’en les dépassant comme semble le démontrer l’exemple récent des TBI (tableaux blancs interactifs).
Pour sa part, Rham (1987), dans un article sur la résistance à l’innovation ou le non-usage d’une technique, développe le concept de l’auto-efficacité qui
renvoie à la perception qu’à une personne d’elle-même, de ses capacités à exécuter une activité et à réagir face à un événement ou un objet. Cette perception influence son niveau de motivation et son comportement.
Je repensais alors à ces professeurs-documentalistes et à leurs craintes dans l’élaboration de leur séance de recherche sur internet ou à la complexification supplémentaire de toute séance où, aux questions des interactions enseignant-enseignés, s’ajoutent les questions et la gestion de l’interactivité humain-machine.
Je repensais aussi à mes étudiant-e-s en formation initiale qui construisent déjà leurs capacité à concevoir, à réaliser et à gérer leurs séquences d’enseignement-apprentissage sans interactivité avec la machine et qui doutent. Pour eux la contrainte supplémentaire d’intégrer en classe le numérique et plus particulièrement la machine dans les mains de leurs élèves est généralement une contrainte supplémentaire de trop à ce moment-là de leur construction professionnelle. J’essaie donc d’en tenir compte avec plus ou moins de réussite.
La difficulté de tous les acteurs de Ludovia à chacun de leur niveau n’en apparaît que plus complexe à intégrer le numérique à l’école. Ceci sans décourager le 20% y recourant régulièrement en classe.
Aujourd’hui, il m’apparaît qu’en matière de numérique à l’école tous les acteurs les favorisant se trouvent au milieu du gué -situation guère confortable d’autant plus dans le contexte général de l’école et même plus largement- et qu’il convient de donner en premier lieu du temps au temps. Il ne faut pas oublier, par exemple, que l’école primaire obligatoire ou le concept des manuels scolaires (première innovation technologique scolaire dans ce contexte) mirent près d’un siècle à trouver leur forme définitive et à s’imposer. L’art du détournement étant également une des constantes dans les appropriations des outils technologiques, il faudra aussi que les influenceurs ou défricheurs que nous sommes en acceptent l’augure.
Références:
Feirouz Boudokhane. Comprendre le non-usage technique: réflexions théoriques. http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2006/Boudokhane/index.php
L’innovation dans le bon sens: http://tim.irisa.fr/tim-adherents/24-04-2001/Mallein_FR.pdf
Article wikipédia sur Philippe Mallein (Cautic): http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Mallein
CNDP-CRDP: Usages des TICE: observer et valoriser. Méthodes d’observation: http://www.agence-usages-tice.education.fr/jn/atelier_c.pdf