«Après un mois de manifestations réprimées avec la violence policière que l’on sait (plusieurs morts, des milliers de blessés), et la place nette faite à coups de lance à eau et de gaz lacrymogène dans le parc Gezi attenant à la place Taksim désormais aussi célèbre que la place Tahrir, un homme seul a poursuivi la lutte à sa manière. En s’y tenant debout immobile pendant des heures. Devenu l’icône du mouvement par la force d’une seule photo, un peu comme le fut à « son corps défendant » le jeune chinois stoppant par sa seule présence une colonne de chars sur la place Tian-An-Men, le chorégraphe du nom de Erdem Gunduz a fait des émules dans toute la Turquie. D’autres « hommes à l’arrêt » ont pris le relais de sa présence muette et non-violente. Mais à Istanbul, le mouvement a pris ces derniers jours un autre visage avec l’apparition d’hommes et de femmes, certes debout et immobiles, mais ostensiblement plongés dans la lecture d’un livre. Jusqu’à inspirer un « Taksim Square Book Club », comment en témoigne le blog du photographe anglais George Henton.»
Résistance
Film & Histoire : La Résistance
La pause estivale est l’occasion de rattraper ses retards en lecture de toutes sortes. Je vous proposerai donc quelques ouvrages ou lecture en ligne en lien avec le cinéma et l’histoire. Pour le reste, le site tournera très certainement au ralenti. Bon été!
Dans son article «Les représentations successives de la Résistance dans le cinéma français» paru en 2008 dans la Revue historique des armées, Jean-François Dominé nous offre un panorama de la représentation de la Résistance dans le cinéma français de 1944 à 2008.
Jean-François Dominé nous propose un découpage en quatre époques auxquelles nous ajoutons des films emblématiques de celles-ci et cités dans l’article:
- 1944-1945, la Résistance magnifiée : La Bataille du Rail de René Clément (1946)
- 1946-1957, la Résistance en retrait : Le Silence de la mer de Jean-Pierre Melville (1949) et La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956).
- 1958-1969, le renouveau de la Résistance : Paris brûle-t-il ? de R. Clément (1966), La Grande vadrouillede Gérard Oury (1966) et L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville (1969)
- 1971-1983, la Résistance en question : Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls et Alain de Sédouy (1971), Lacombe Lucien de Louis Malle (1974) et Papy fait de la Résistance de Jean-Marie Poiré (1983)
- 1984-1993, aux marges de la Résistance : Une Affaire de femmes (1988) et L’Œil de Vichy (1993) de Claude Chabrol, Au revoir les enfants de Louis Malle (1987) et Uranus de Claude Berri (1990)
- Depuis 1994, en mémoire de la Résistance : Un héros très discret de Jacques Audiard (1995), Lucie Aubrac (1997) de Claude Berri, Monsieur Batignole de Gérard Jugnot (2002) et Laissez-passer de Bertrand Tavernier (2002)
Dans l’immédiat après-guerre émerge un courant patriotique rapidement tari. Sous la IVe République, la reconstruction mais surtout la guerre d’Algérie font un peu oublier la Seconde Guerre mondiale et la Résistance. Le retour du général de Gaulle entraîne un regain d’intérêt pour celle-ci. S’ouvre, en 1970, une période de remise en cause du mythe de la France unie et résistante qui prévalait jusqu’alors. Apparaît également un intérêt nouveau pour les aspects méconnus de la Résistance: la mémoire juive, l’action des étrangers, le rôle des femmes, les excès de la Libération. Depuis une douzaine d’années, la Résistance est devenue une lointaine référence à laquelle le cinéma rend hommage.
A la suite de Dominé, nous noterons que plusieurs cinéastes sont revenus à plusieurs reprises dans leurs oeuvres sur l’Occupation et la Résistance (Chabrol, Clément, Melville) à des périodes différentes. C’est certainement un angle de travail intéressant.
En conclusion Dominé souligne qu’
En d’autres mots, le cinéma a représenté la Résistance d’une manière correspondant le plus souvent à l’image que s’en faisait l’opinion. C’est pourquoi il l’a tour à tour magnifiée, explorée, interrogée, critiquée, parodiée, citée et honorée.
Une nouvelle fois, le cinéma joue le révélateur de son époque concernant le regard que celle-ci porte sur un passé proche ou lointain. Les lecteurs assidus de ce blog ne devrait plus s’en étonner.
Jean-François Dominé, « Les représentations successives de la Résistance dans le cinéma français » Revue historique des armées, 252 | 2008, [En ligne], mis en ligne le 05 août 2008. URL : http://rha.revues.org//index3173.html. Consulté le 20 juin 2010.