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23 mars 2006 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Les 50 ans du rapport Khrouchtchev

Le journal Le Monde dans son édition datée du 18 mars 2006 revient sur la publication du rapport Khrouchtchev de 1956.

On en «fête» donc cette année les 50 ans. Rappel des faits tout d’abord :

Technorati Tags: Khrouchtchev, rapport Khrouchtchev


Le 17 mars 1956, une dépêche de l’agence Reuter et un article du New York Times révèlent au monde occidental l’impensable : le 25 février précédent, à la fin du XXe congrès du Parti communiste soviétique, Nikita Khrouchtchev s’est livré à huis clos à un implacable réquisitoire contre Staline.
Le contenu de la longue déclaration reste cependant fragmentaire. Il faut attendre le 2 juin 1956 pour que le grand quotidien américain publie la quasi-intégralité de ce qui est resté dans l’Histoire comme le « rapport Khrouchtchev ».

Sam Russel, Anglais âgé aujourd’hui de 91 ans, relate de quelle manière il a été informé de ce rapport des mars 1956 et les réactions l’accompagnant :

S’y ajoute aujourd’hui un témoignage privilégié, celui de Sam Russell, 91 ans. Cet Anglais, d’origine juive polonaise, de son vrai nom Manassa
il a été informé dès le début du mois de mars 1956 de l’existence du rapport. A partir du 28 février, le texte est en effet donné en lecture aux dignitaires des partis frères, puis aux communistes soviétiques. « Des réunions spéciales sont organisées dans chaque administration, dans chaque kolkhoze, par le procédé d’exemplaires numérotés qui doivent être restitués », explique Sam Russell. Il est interdit de prendre des notes et de poser des questions.
Des dizaines de milliers de membres du PC de l’URSS, médusés, prennent ainsi connaissance en catimini d’un rapport qui dénonce trente ans de culte de la personnalité, fustige les purges sanglantes des années 1930 et critique le détournement du pouvoir collégial. L’objectif, jugé aujourd’hui improbable, est d’informer tous les camarades des dérives de Staline sans que l’Occident bourgeois ne le sache.

Le plus extraordinaire est que cette stratégie fonctionnera au moins un temps. La situation de l’époque, le contrôle des journalistes étrangers, les vacances du correspondant de l’agence Reuters se mêlent dans ce scénario improbable. Finalement, le correspondant de Reuters envoie l’information depuis Stockholm tout en la situant à Bonn pour protéger son informateur !

Une fois publiée, la nouvelle sera ensuite longtemps niée par Nikita Khrouchtchev lui-même qui affirmera même, en mai 1957, que le document a été « fabriqué par les services de renseignement américains ». Car, si son réquisitoire lui a permis d’asseoir son pouvoir face à la vieille garde stalinienne, cela a également suscité des espoirs immenses de libéralisation du régime, en URSS et dans le bloc de l’Est. En juin en Pologne, et surtout en Hongrie, en octobre 1956, éclatent des révoltes, durement réprimées.
Pour beaucoup de militants communistes ouest-européens, ce sera le début des désillusions.

Pour terminer, le journal Le Monde pose la question suivante :

A l’heure du village planétaire, quand un battement d’aile de papillon à Sydney devient aussitôt un ouragan sur CNN, une telle omerta est-elle devenue impensable ?

Pour Guillaume Bourgeois qui a recueilli le témoignage de Sam Russe, rien n’est moins sûr, car

« Pour bien comprendre le phénomène du rapport Khrouchtchev, il faut se replacer à l’intérieur d’une communauté de croyants scellée par un pacte du secret. »

Pour conclure, l’article d’il y a cinquante ans du journal Le Monde :

L’icône brisée
Article paru dans l’édition du 19.03.06

IL EST extrêmement difficile de démêler la part du vrai et du faux, de l’exagération et du romanesque, dans le flot de dépêches qui depuis trois jours déferlent de Moscou sur le monde occidental.
On n’a pour l’instant qu’une certitude : Khrouchtchev a présenté effectivement, le 25 février, un rapport au XXe congrès réuni à huis clos, dans lequel il a dénoncé le culte de la personnalité et attaqué Staline en des termes infiniment plus vigoureux que ne l’avait fait Mikoïan en séance publique.

Mais qu’a-t-il dit exactement ? A-t-il vraiment présenté Staline comme un dément, comme un paranoïaque, qui depuis 1934 (année de l’assassinat de son plus proche collaborateur Serge Kirov) aurait accumulé les crimes les plus odieux et mis à feu et à sang son propre parti en envoyant à la mort tous ses adversaires présumés ?

Tant qu’on n’aura pas le texte exact du discours de Khrouchtchev – et d’après plusieurs dépêches de Moscou, il s’agirait d’un « document interne », non destiné à la publication, du moins dans l’immédiat – il faut être prudent.

Pour l’instant il n’est pas établi que le premier secrétaire du Parti communiste de la Russie ait procédé à une liquidation intégrale, définitive, de Staline, et par conséquent à une condamnation sans réserve de tous les actes accomplis par Staline depuis le jour où il élimina Trotski jusqu’à sa mort, soit pendant un quart de siècle.

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Commentaires

  1. Constantin Tavladorakis dit

    5 mars 2008 à 22 10 39 03393

    J’ apprecie enormement vos ouvrages. A ma 74eme annee je m’y enrichi, reconnaissant de pouvoir insister, grace a vous entre autres, a laisser mon temoignage.

    Répondre
  2. Lyonel Kaufmann dit

    5 mars 2008 à 23 11 42 03423

    @Constantin: voilà un commentaire qui me touche beaucoup. Merci infiniment!

    Répondre

Répondre à Constantin TavladorakisAnnuler la réponse.

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