
Pour Caleb. Bonne journée !
Prends cette valse
(d’après Federico Garcia Lorca, Traduction de Jean Guiloineau)
A Vienne il y a dix jolies femmes.
Il y a une épaule où la mort va gémir.
Il y a un promenoir avec neuf cents fenêtres.
Il y a un arbre où les colombes vont mourir.
Il y a un morceau déchiré du matin,
qui pend dans la Galerie du Gel –
Aïe, aïe aïe aïe
Prends cette valse, prends cette valse
Prends cette valse aux mâchoires serrées.
Je te veux, je te veux, je te veux
sur une chaise avec un magazine mort.
Dans la grotte à la pointe du lys,
dans un vestibule où n’est jamais allé l’amour.
Sur un lit où la lune a sué
dans un cri plein de pas et de sable –
Aïe, aïe aïe aïe
Prends cette valse, prends cette valse
prends sa taille brisée dans ta main.
Cette valse, cette valse, cette valse, cette valse,
avec son propre accord
d’alcool et de mort
traînant la queue dans la mer.
Il y a une salle de concert à Vienne
où votre bouche avait mille questions.
Il y a un bar où les garçons ne parlent plus,
ils ont été condamnés à mort par la tristesse.
Ah, mais qui grimpe sur ton portrait
avec une guirlande de larmes arrachées ?
Aïe, aïe aïe aïe
Prends cette valse, prends cette valse
prends cette valse, qui se meurt depuis des années.
Il y a un grenier où jouent les enfants,
où je suis vite allé m’allonger avec toi,
dans un rêve de lanternes hongroises,
par quelque doux après-midi.
Et je verrai ce que tu as attaché à tes chagrins,
tous tes moutons et tes lys des neiges –
Aïe, aïe aïe aïe
Prends cette valse, prends cette valse
avec ses « Je ne t’oublierai jamais, tu sais ! »
Et je danserai avec toi à Vienne,
je porterai un masque de rivière.
La jacinthe sauvage sur l’épaule
la bouche sur la rosée de tes cuisses.
J’enterrerai mon âme dans mon album,
avec les photos et la mousse.
Et j’offrirai au flot de ta beauté
mon pauvre violon et ma croix.
Et tu m’emmèneras danser
dans les fontaines de tes poignets –
O mon amour, O mon amour
Prends cette valse, prends cette valse
elle est à toi. C’est tout ce qu’il y a.
Merci… je préfère largement!
C’est en plus, une de mes chansons préférées de sa période « synthé ». Je me rappelle avoir essayé de la faire aimer à des amis (ainsi que first we take manhatan) mais sans trop de succès car, ils trouvaient cela kitsch.
Ils n’ont pas tort quand on regarde la vidéo d’Hallelujah (proposée après this waltz). Mais quelle chanson. Avec, entres autres ces magnifiques paroles:
« There’s a blade of light in any word » (que je traduirais par « il y a une fissure de lumière dans chaque mot » mais que Guy Corneau traduit librement en « Il y a une fissure, une fissure dans tout, comme cela la lumière peut entrer »).
Ces quelques mots répondent selon moi à la question générale « Chanson belle ou chansons triste? ».
(malheureusement, ce couplet ne figure pas dans la reprise de Jeffe Buckley, reprise qui m’a fait découvrir Cohen)… bon je vais écouter la lastr FM alors!
Cher Caleb, la suite de cette journée Léonard Cohen est programmée pour 22h00… Tu devrais retrouver tes «amours» de jeunesse…
J’ai découvert cette chanson grâce au film : Love de Marion Vernoux . Je ne m’en lasse pas.Merci pour la traduction !
C’était hier le 80è anniversaire de Léonard Cohen.