
Révisant l’histoire du New Deal, Ira Katznelson voit celui-ci comme un moment fondamental de réinvention de la démocratie américaine. En plaçant le Sud et le Congrès au centre de son récit, l’historien américain revoit cette histoire sur laquelle tout semblait avoir été dit.
Je retiens :
«Peut-on encore dire quelque chose de nouveau sur le New Deal ? Posée en introduction de Fear Itself : The New Deal and the Origins of Our Time, la question n’est pas que rhétorique. A la fois politologue et historien réputé, enseignant à l’Université Columbia de New York, Ira Katznelson connaît toute l’étendue de la bibliographie, des dizaines d’ouvrages et des centaines d’articles qui font des années 1930 et 1940 une terre cartographiée avec précision. Au cours des trente dernières années, l’image désormais classique d’un New Deal orchestré depuis la Maison Blanche par Roosevelt et le Brains Trust [1] s’est effacée à la faveur de nouvelles perspectives montrant les mobilisations sociales, les travaux des réseaux réformateurs à partir de l’ère progressiste (1890-1920) les efforts des hommes d’affaires soucieux de rationaliser l’économie américaine ou encore les artistes et auteurs qui façonnèrent la culture de l’époque. Ce faisant, une idée forte s’est imposée. Moins que la cohérence de l’action politique menée par Roosevelt et son efficacité dans le combat contre la crise, c’est la rupture opérée dans l’histoire de la culture politique des États-Unis que l’on souligne désormais : le New Deal fut une période de redéfinition de la liberté américaine, l’État devenant, par son intervention, le garant d’une forme de sécurité économique fondée sur des droits sociaux complétant les droits politiques déjà inscrits dans la constitution.
Ira Katznelson a pourtant réussi le tour de force d’écrire un ouvrage novateur à plus d’un titre. Pour s’en convaincre, il faut toutefois abandonner l’espoir d’y trouver une nouvelle analyse des mécanismes de la crise de 1929, ou encore un nouveau récit de la politique de développement économique que fut la Tennesse Valley Authority. Les quatre élections successives de Roosevelt n’y sont pas mentionnées, pas plus que le célèbre affrontement l’opposant aux juges de la Cour suprême en 1937. Fear Itself rebat néanmoins les cartes du New Deal en proposant une analyse novatrice et stimulante qui place le Sud et le Congrès au centre d’un récit des années 1930 et 1940, construit autour du combat entre la démocratie et le totalitarisme.»
January 29, 2015 at 07:30AM
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