
Doucement, démarrer doucement, c’est mon programme de la journée. C’est déjà ma dernière journée à moto en Norvège. Autant en profiter, savourer délicatement de ces moments.
Pendant mon déjeuner, je rédige encore la première version de ma journée de la veille. Autrement l’hôtel est aussi kitsch au lever qu’au coucher. J’erre entre Bonanza et les Trolls. Est-ce là l’image traditionnelle de l’hiver norvégien en station de ski ? l’expression et la traduction norvégienne du mythe de l’Ouest américain ? la fusion des deux ? Dans tous les cas, je suis égaré. Ai-je pendant la nuit rejoint le Montana ? Heureusement le déjeuner est bien norvégien et la réceptionniste du jour ne pipe pas un seul mot d’anglais…
Sur le parking, en chargeant Captain Adventure, je croise mon voisin motard finlandais. Sa BMW Adventure, modèle 2014, serait, selon lui, la première Adventure liquide à avoir été immatriculée en Finlande. Il m’indique venir ici chaque année à la même époque pour le festival country du coin. Je me retrouve donc dans le trip Norvège-USA. Il est temps de partir. Vite !
Ma première étape du jour est pour la stavkirke de Ringebu. L’occasion m’est offerte de traverser la contrée du Peer Gynt, nom du héros du drame d’Henrik Ibsen. Cette route, m’indique le Guide bleu, tire son nom quelque peu abusif de souvenirs légendaires et littéraires du grand écrivain norvégien. Je plussoie avec le guide quand celui-ci indique que la route traverse de sombres forêts de sapin et que c’est une bonne façon de découvrir la montagne norvégienne. Je finis par redescendre de la montagne pour rejoindre Ringebu. Il fait beau. Tout roule.
Pas trop de chance en arrivant devant la stavkirke, car un mariage m’interdit tout le périmètre de l’église. A moi de trouver des angles originaux pour traiter du sujet.
Avant de partir, j’entrevois la mariée, splendide comme il se doit. Elle ajuste le noeud papillon de son papa en costume traditionnel. J’observe en silence alors qu’un touriste essaye désespérément de voler la scène avec son appareil photo.
Il est temps de reprendre la route en direction de Lillehammer. Le ciel est noir, puis l’orage se déchaîne. Il faut espèrer qu’il n’en sera pas ainsi jusqu’à Oslo. Autrement, ça promet d’être coton. J’enfile ma combi pluie. Heureusement, la pluie cesse avant Lillehammer. Ouf, ma visite de Lillehammer n’est ainsi pas compromise. Cap sur le tremplin de saut. On y accède soit par un télésiège – que je ne vois qu’après, soit par une route qui serpente sec sur la colline et qui se termine en chemin de terre.
La vue depuis le sommet du tremplin est magnifique. Je doute que les athlètes avaient le temps de s’en apercevoir.
Après cette visite, je m’arrête au centre-ville. la Storgata a un petit air de Gstaad. Comme le soleil est de la partie, j’en profite pour manger sur une terrasse.Trop agréable.
Il faut maintenant songer à rejoindre Oslo. Que me propose mon GPS ? Je choisis la version longue. Laissons-nous surprendre. Et je ne vais pas être déçu. Une nouvelle fois, je vais être surpris et émerveillé par le décor et les paysages. En fait, le parcours m’emmène vers l’intérieur. Je commence par monter dans la forêt au-dessus de Lillehammer. Pendant 20 kilomètres, je vois défiler de la forêt à perte de vue. Aucune habitation en vue, à l’exception d’un camping et des cabanes au milieu de nulle part. J’ai pas intérêt à tomber en panne. Une nouvelle fois, j’ai l’impression de me retrouver au Québec. Seul au monde, je suis.
Après ces vingt premiers kilomètres, la route se rétrécit quelque peu. Je remonte sur des collines et découvre le village de Kinn, puis je rejoins la vallée et Dokka où je prends évidemment un café (un Dokkafeiné…).
Je longe ensuite le Randsfjord par sa rive droite. C’est la variante non touristique, mais elle est d’autant plus superbe que 1). la circulation est rare, 2) tu surplombes régulièrement le fjord, 3) tu peux tranquillement admirer la vie norvégienne et leur art des maisons toujours bien situées en fonction du paysage.
Je longe ce fjord sur 80 kilomètres, histoire cher lecteur que tu te fasses une idée de la ballade enchanteresse.
Après le Randfjord, j’enchaîne plus brièvement avec le Tyrifjorden, tout aussi magnifique.
Je termine enfin en arrivant sur le fjord d’Oslo. Au loin, j’aperçois l’impressionnant tremplin d’Holmenkolen.
Après 318 kilomètres, il est 19h35 quand j’arrive, une nouvelle fois heureux de ma journée, à l’hôtel. Demain sera une journée sans moto à Oslo. En 6 jours, j’ai parcouru 1954 kilomètres en Norvège. Au total, depuis mon départ le 1er juillet, j’ai parcouru 3464 kilomètres. Pas mal !
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