
Cinq ans durant, la France fut, sans s’en apercevoir, une « peuplade sauvage du Paraguay ». C’est Patrick Rambaud qui l’écrit, en citant les travaux menés dans les années 1970 par l’ethnologue Pierre Clastres sur les Indiens Guayaki, tribu primitive où le chef est celui qui parle, peu importe ce qu’il a à dire. Ainsi François Hollande s’exprima-t-il beaucoup durant son quinquennat, mais pour ne pas exprimer grand-chose, raille l’écrivain dans cette nouvelle Chronique.
Pour camper le toujours chef de l’Etat, Rambaud a trempé sa plume dans le même vitriol que celui avec lequel il a peint la présidence de Nicolas Sarkozy. De François le Simplet, il fait un monarque sans épaisseur qui se complaît dans le « flou, cet état cotonneux et mol ». Que Hollande se console : il n’est pas le seul à se faire habiller pour l’hiver.
Attaché à n’omettre aucun événement de cette seconde partie de quinquennat (les attentats parisiens et niçois, la crise des migrants comme l’affaire du « burkini »…), Rambaud n’en dézingue pas moins la classe politique dans son ensemble. Il nous apprend, ainsi, qu’Emmanuel Macron a déjà existé sous les traits d’un préfet du prétoire romain, Naevis Sertorius Macro, l’assassin possible de l’empereur Tibère.
Sa description la plus caustique est toutefois réservée à François Fillon, reconnaissable à son « allure maladroite de Mister Bean, avec des sourcils fournis comme ceux de Groucho Marx [qui], cela prêtant à sourire, rassurait ». La charge a été écrite avant les révélations du Canard enchaîné. Frédéric Potet | Le Monde
Source : Art de la fugue et de la satire : notre sélection livres
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