• Passer au contenu principal
  • Passer à la barre latérale principale

Lyonel Kaufmann blogue…

Sur la route à moto avec un café

12 juillet 2020 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Lecture : «À contre-courant rêvent les noyés» de Carl Watson

Carl Watson lance ses héros dans un voyage halluciné entre parano et parodie. Avec À contre-courant rêvent les noyés, Watson nous a concocté, entre autres, une parodie de Sur la route de Kerouac. Moto, routes, vinyles, Janis Joplin et les années 1970, cela ne peut que m’intriguer et me donner envie de le lire.

« J’émis l’idée que le mythe de la route américaine en tant que métaphore de la liberté était en train de s’estomper, et que la quintessence du récit occidental n’était plus « la route » mais plutôt le mystère, parce que la paranoïa et la tromperie étaient des phénomènes endémiques. »

«So long». Voyage dans l'Ouest américain. (1970-1985). Photo Bernard PLOSSU. SIGNATURES
«So long». Voyage dans l’Ouest américain. (1970-1985). Photo Bernard PLOSSU. SIGNATURES

Carl Watson reprend les choses où les avaient laissées ses grands prédécesseurs : Kerouac, Ginsberg et toute la Beat Generation. Comme eux, Frank Payne et Tanya McCoy prennent la route, traversent les Etats-Unis et rêvent à une vie plus authentique, loin de la routine du quotidien et des conformismes sociaux. Mais nulle trace de romantisme, A contre-courant rêvent les noyés est un grand roman sur le désenchantement du monde et la perte des illusions. Ce que saisit avec une rare acuité Carl Watson, c’est ce moment où quelque chose bascule, où la « contre-culture » se laisse engloutir par le mercantilisme :

« Selon moi, il s’agissait de faux « produits culturels » présentés comme « authentiques » afin de simuler une réalité bidon dont le seul but était de vendre des annonces publicitaires d’une sous-culture artificielle à ceux qui possédaient les mêmes livres et qui, dans leur communion extatique, se croyaient supérieurs aux autres. La classe ouvrière était oubliée depuis longtemps ; la gauche avait évolué vers le pire : ce n’était plus que de la pose ; le gauchisme était devenu une mode. »

Source : https://www.culturopoing.com/livres/carl-watson-a-contre-courant-revent-les-noyes/20200506)

«Au moment où se déroule le roman, Janis Joplin faisait partie intégrante de la vie américaine. Vous ne pouviez pas entrer dans un bar sans que quelqu’un choisisse une de ses chansons sur le juke box, souvent Piece of My Heart, qui était particulièrement populaire. Janis était partout, tout le temps. Depuis ce temps-là, j’ai rencontré pas mal de femmes qui essayaient d’être Janis, même si elles ne voulaient pas le reconnaître.»
Carl Watson. Carl Watson : « Sur la route », sans Kerouac – Entretien

Prendre la route dans les années 70 ne va pas sans une certaine bande-son (les vinyles de Janis Joplin accompagnent le nouveau roman de Carl Watson), et la certitude que rien n’est innocent. Tout a déjà été vécu et écrit par la génération précédente, celle des années 50 (un exemplaire de Sur la route de Jack Kerouac traîne ici ou là), rien ne sera jamais aussi libre et jouissif que les fastes années 60 qui ont succédé au long après-guerre. Le type de voyage que propose Carl Watson dans A contre-courant rêvent les noyés nécessite un avertissement, il nous est prodigué dès l’incipit : «Il était environ vingt-deux heures trente, au début du mois d’octobre 1974, une époque de profonde dislocation spirituelle et d’effondrement émotionnel.» Frank Payne – Francis Lucretius Payne – et Tanya McCoy, ensemble par intermittence, font de l’auto-stop de Portland à La Nouvelle-Orléans, puis repartent à moto vers la Californie où Tanya a des amis.

Avoir des amis consiste à demander un coin pour dormir ou au moins poser son sac, et partager de l’alcool, bières, gin, bourbon, porto, n’importe quoi ajouté à l’héroïne et aux cachets divers, codéinés ou non. On discute. «J’émis l’idée que le mythe de la route américaine en tant que métaphore de la liberté était en train de s’estomper, et que la quintessence du récit occidental n’était plus « la route » mais plutôt le mystère, parce que la paranoïa et la tromperie étaient des phénomènes endémiques.»

Source : «A contre-courant rêvent les noyés», bitume postbeatnik – Libération

Le livre : Carl Watson. A contre-courant rêvent les noyés. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Thierry Marignac. Vagabonde, 340 pp., 19,90 €.

Partager :

  • Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) E-mail
  • Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Imprimer
  • Cliquer pour partager sur Mastodon(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Mastodon
  • Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tumblr
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook
  • Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre) LinkedIn
  • Cliquez pour partager sur WhatsApp(ouvre dans une nouvelle fenêtre) WhatsApp
  • Cliquez pour partager sur Threads(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Threads
  • Cliquer pour partager sur Bluesky(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Bluesky

J’aime ça :

J’aime chargement…

Articles similaires

Classé sous :Blogcafé

Previous Post
Next Post

Interactions du lecteur

Laisser un commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Barre latérale principale

Lyonel Kaufmann

Lyonel Kaufmann

Historien & Blogueur

Afficher le Profil Complet →

Derniers articles

  • Bleu – Vevey (10.09.2025) 14 septembre 2025
  • Google admits the open web is in ‘rapid decline’ 9 septembre 2025
  • « Le suicide politique de François Bayrou est le produit d’un régime politique à bout de souffle » 9 septembre 2025
  • Canards de bain en compagnie de flamants roses 16 juillet 2025
  • Destination Ecosse : sélection rock et rock alternatif 15 juillet 2025
  • Destination Ecosse : Les Philosophes amateurs (Vettriano) 14 juillet 2025
  • Destination Ecosse : Paul Graham (photographie) 8 juillet 2025
  • Nous sommes tombés 7 juillet 2025
  • Moment de répit | Cully (08.06.2025) 8 juin 2025
  • Ah la vache | Bulle (06.06.2025) 7 juin 2025

Catégories & Pages

  • Blogcafé
  • Photo du mois
  • Photo du jour
  • Roadbook
  • TubesCafé
  • Politique de confidentialité

Recherche

Pages et Articles Phares

  • Nous sommes tombés
    Nous sommes tombés
  • #Captain Sramble'R : l'histoire d'une transformation d'une BMW R1150R (2)
    #Captain Sramble'R : l'histoire d'une transformation d'une BMW R1150R (2)
  • Pour répondre à Eric #Zemmour sur #Vichy
    Pour répondre à Eric #Zemmour sur #Vichy
  • Il achète 31 pellicules photos aux enchères et découvre un trésor au développement
    Il achète 31 pellicules photos aux enchères et découvre un trésor au développement
  • Quinze héroïnes qui ont marqué l'histoire du western | Slate
    Quinze héroïnes qui ont marqué l'histoire du western | Slate
  • Dr Folamour en classe | Le réseau Ludus : jouer en classe
    Dr Folamour en classe | Le réseau Ludus : jouer en classe
  • Zucchero - Il Volo - Venezia, Piazza San Marco
    Zucchero - Il Volo - Venezia, Piazza San Marco
  • 200 pays sur 200 ans en 4 minutes
    200 pays sur 200 ans en 4 minutes
  • De l'air… avec mon MacLinux
    De l'air… avec mon MacLinux
  • Ludovia 2011 : Tous nomades ?
    Ludovia 2011 : Tous nomades ?

Abonnez-vous à ce blog par e-mail.

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par e-mail.

Creative Commons License
Ce contenu est mis à disposition sous un contrat Creative Commons. Lyonel Kaufmann 2004-2025
Kickstart Pro de Genesis Framework · WordPress · Se connecter

 

Chargement des commentaires…
 

    %d