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Sur la route à moto avec un café

Lyonel Kaufmann

Revue de Presse : Découvrir la Suisse comme un touriste du XVIIIe siècle

1 février 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

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« Vue de la chute du Rhin, près de Schaffhouse », de Johann Ludwig Bleuler, Aegidius Federle et Friedrich Salathé, 1836 [DR]

Une collection de plus de 1000 oeuvres mises en ligne par la Bibliothèque nationale permet de se plonger dans les circuits du tourisme suisse des XVIIIe et XIXe siècles.

Je note:
«Une collection de plus de 1000 oeuvres mises en ligne par la Bibliothèque nationale permet de se plonger dans les circuits du tourisme suisse des XVIIIe et XIXe siècles.
Le tourbillon des chutes du Rhin, le Léman vu de Lavaux ou la silhouette blanche de la Jungfrau. Ces paysages emblématiques de la Suisse séduisent les touristes depuis plus de 200 ans.
En témoignent les quelque 1000 oeuvres mises en ligne sur Wikimedia la semaine dernière par la Bibliothèque nationale suisse. Les tableaux, disponibles en haute résolution et libres de droits, offrent une plongée dans la Suisse des XVIIIe et XIXe siècles, au fil des paysages et de scènes de la vie quotidienne. Une oeuvre d’artistes baptisés « petits-maîtres » qui a largement contribué à l’essor du tourisme dans le pays.»

via Toute l’info – RTS Un / RTS Deux http://ift.tt/1zsoLGt

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Revue de Presse : La Suisse a besoin d’une politique industrielle nationale

1 février 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La Suisse a besoin d’une politique industrielle nationale
By Jean-Daniel Delley

Photo Christian Bossert

Le franc fort et ses effets sur l’économie helvétique ravivent les revendications en faveur d’un allégement de la charge fiscale et administrative des entreprises. Comme si, à lui seul, l’effacement de l’Etat représentait le remède miracle. Alors que c’est une véritable politique industrielle dont nous aurions besoin.

Le franc fort ne peut qu’accélérer le phénomène de désindustrialisation en cours. Au cours des soixante dernières années, la part du secteur manufacturier à la valeur ajoutée a chuté de 40 à 20%, et à l’emploi de 50 à 22%.

Le Conseil fédéral et la majorité du Parlement ne semblent pas s’en émouvoir. En 2004, le gouvernement refuse une motion Leutenegger-Oberholzer (PS-BL) demandant l’élaboration d’une politique industrielle. Il est suivi en 2006 par le Conseil national. La garantie de bonnes conditions-cadres – marché du travail flexible, qualité de la formation, fiscalité et charges sociales modérées – suffit à préserver l’attractivité de notre pays. D’ailleurs, remarque le Conseil fédéral, la désindustrialisation se poursuivra, accélérée qu’elle est par la mondialisation. Voilà à quoi se résume la politique industrielle de la Suisse.

En 2011, l’intérêt pour une politique industrielle digne de ce nom déborde les rangs de la gauche. Un postulat Bischof (PDC-SO) s’inquiétant de la préservation du site industriel suisse reçoit le même accueil négatif de la part du Conseil fédéral. Ce dernier réaffirme sa politique de non-intervention dans l’économie et considère que seule la concurrence est à même de sélectionner efficacement les secteurs prometteurs. Le gouvernement ignore bien sûr les exemples de soutien étatique mentionnés par le postulant, tels l’agriculture (subventions), les grandes banques (garantie implicite) et le secteur énergétique (endossement des risques liés à l’énergie nucléaire). Mais cette fois-ci, une majorité parlementaire, probablement impressionnée par toute une série de fermetures d’entreprises, appuie largement le postulat.

L’idée fait son chemin puisque l’année suivante le conseiller national de Buman (PDC-FR) publie un manifeste en faveur d’une politique industrielle. L’élu fribourgeois rappelle que «la force du tissu économique suisse réside dans un réseau de très nombreuses petites et moyennes entreprises (PME)». Si les grandes multinationales peuvent se contenter de bonnes conditions-cadres, tel n’est pas le cas des PME. Aujourd’hui, la délocalisation touche même les entreprises de pointe et la recherche. Si le parlementaire reste un ferme partisan de l’économie de marché, il en appelle à une intervention publique lorsque cette dernière menace les intérêts du pays et le vide sa substance industrielle.

Au-delà des conditions-cadres auxquelles se limite l’ambition du Conseil fédéral, Dominique de Buman propose notamment de soutenir les investissements des PME, trop souvent confrontées à la réticence des banques. L’Allemagne dispose depuis le milieu du siècle passé d’une Banque publique d’investissement qui, apparemment, n’a pas nui à son économie. Pour stimuler l’innovation, il suggère la création de pôles de compétitivité spécifiques réunissant acteurs privés et publiques, aussi bien pour le financement que pour la recherche. La Commission fédérale pour la technologie et l’innovation, avec son budget annuel de 100 millions non intégralement utilisés tant sont complexes ses critères d’attribution, ne fait pas le poids. Pour soutenir les secteurs industriels d’avenir, de Buman ne craint pas la mise en place d’un système d’autorisation pour les investissements étrangers dans les entreprises stratégiques et pour éviter le rachat intempestif de start-ups lorsque leurs innovations deviennent intéressantes pour le marché.

La gauche a ouvert ce débat depuis plusieurs années déjà. En 1992, l’Union syndicale suisse (USS) adopte une résolution pour une politique industrielle, technologique et de la recherche tournée vers l’avenir. Il s’agit de préserver la place industrielle, menacée par la recherche du profit à court terme et le manque d’innovations.

En 2009, Unia esquisse les grandes lignes d’une transformation écologique et sociale de la Suisse qui seule permettra aux entreprises de s’imposer sur les marchés européen et mondial. Au centre de ses revendications, la création d’un fonds en faveur des entreprises actives dans les technologies propres.

Plus récemment, Denknetz, la boîte à idées de la gauche syndicale, a publié une réflexion sur l’évolution de la politique industrielle en Europe depuis 1945. Pour ce qui est de la Suisse, Denknetz observe que la gauche se contente trop souvent de revendiquer une politique qui offrirait aux entreprises helvétiques les mêmes conditions et les mêmes soutiens que leurs concurrentes étrangères; en quelque sorte une perspective étroitement nationale. Or il s’agit de stimuler une profonde transformation de l’économie, à l’interne comme dans ses rapports avec l’extérieur. Une économie fournissant des produits socialement utiles tout en ménageant les ressources naturelles et l’environnement. Et une politique qui vise à terme à équilibrer les échanges avec les pays les moins développés.

Dans l’attente de ce futur coopératif et pacifié, il faudra d’abord briser la résistance du Conseil fédéral et du très libéral Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Et faire comprendre que le laissez-aller qu’ils persistent à défendre ne dessine aucun avenir pour la place industrielle helvétique.

Je note :
«Le franc fort et ses effets sur l’économie helvétique ravivent les revendications en faveur d’un allégement de la charge fiscale et administrative des entreprises. Comme si, à lui seul, l’effacement de l’Etat représentait le remède miracle. Alors que c’est une véritable politique industrielle dont nous aurions besoin.

Le franc fort ne peut qu’accélérer le phénomène de désindustrialisation en cours. Au cours des soixante dernières années, la part du secteur manufacturier à la valeur ajoutée a chuté de 40 à 20%, et à l’emploi de 50 à 22%.»

January 31, 2015 at 03:46PM
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Revue de Presse : Retour sur le New Deal

29 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Révisant l’histoire du New Deal, Ira Katznelson voit celui-ci comme un moment fondamental de réinvention de la démocratie américaine. En plaçant le Sud et le Congrès au centre de son récit, l’historien américain revoit cette histoire sur laquelle tout semblait avoir été dit.

Je retiens :

«Peut-on encore dire quelque chose de nouveau sur le New Deal ? Posée en introduction de Fear Itself : The New Deal and the Origins of Our Time, la question n’est pas que rhétorique. A la fois politologue et historien réputé, enseignant à l’Université Columbia de New York, Ira Katznelson connaît toute l’étendue de la bibliographie, des dizaines d’ouvrages et des centaines d’articles qui font des années 1930 et 1940 une terre cartographiée avec précision. Au cours des trente dernières années, l’image désormais classique d’un New Deal orchestré depuis la Maison Blanche par Roosevelt et le Brains Trust [1] s’est effacée à la faveur de nouvelles perspectives montrant les mobilisations sociales, les travaux des réseaux réformateurs à partir de l’ère progressiste (1890-1920) les efforts des hommes d’affaires soucieux de rationaliser l’économie américaine ou encore les artistes et auteurs qui façonnèrent la culture de l’époque. Ce faisant, une idée forte s’est imposée. Moins que la cohérence de l’action politique menée par Roosevelt et son efficacité dans le combat contre la crise, c’est la rupture opérée dans l’histoire de la culture politique des États-Unis que l’on souligne désormais : le New Deal fut une période de redéfinition de la liberté américaine, l’État devenant, par son intervention, le garant d’une forme de sécurité économique fondée sur des droits sociaux complétant les droits politiques déjà inscrits dans la constitution.

Ira Katznelson a pourtant réussi le tour de force d’écrire un ouvrage novateur à plus d’un titre. Pour s’en convaincre, il faut toutefois abandonner l’espoir d’y trouver une nouvelle analyse des mécanismes de la crise de 1929, ou encore un nouveau récit de la politique de développement économique que fut la Tennesse Valley Authority. Les quatre élections successives de Roosevelt n’y sont pas mentionnées, pas plus que le célèbre affrontement l’opposant aux juges de la Cour suprême en 1937. Fear Itself rebat néanmoins les cartes du New Deal en proposant une analyse novatrice et stimulante qui place le Sud et le Congrès au centre d’un récit des années 1930 et 1940, construit autour du combat entre la démocratie et le totalitarisme.»

January 29, 2015 at 07:30AM

via La Vie des idées http://ift.tt/1y8f5ya

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Mouettes

29 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

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Mouette sur les quais de Montreux.

Classé sous :Photo du jour Balisé avec :Flickr, IFTTT, machiato

Il achète 31 pellicules photos aux enchères et découvre un trésor au développement

27 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le photographe Levi Bettweiser parcoure la planète à la recherche de photographies perdues ou pas encore développées. Oui cela existe et pour son projet Rescued Film Project, il a récemment acheté pas moins de 31 pellicules photo non développées dans une vente aux enchères dans l’Ohio l’an dernier. Il ne savait pas trop ce qu’il allait y trouver ni dans quel état allaient être les clichés.

Bettweiser a eu la surprise de sa vie en développant les films qui étaient parfaitement conservés et qui dataient de la seconde guerre mondiale. Ces pellicules appartenaient à un soldat (inconnu) qui les a toutes étiquetées (Boston Harbor, Lucky Strike Beach, France, etc). Un trésor en soi. Voyez la vidéo du « Rescued Film Project » ci-dessous et quelques unes des photos noir et blanc tirées des 31 rouleaux :

Classé sous :histoire Balisé avec :39-45, Photographies

La découverte de cet outil préhistorique remet en cause l’évolution humaine

17 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Des chercheurs de l’Université de Montréal ont découvert en juin 2014, un outil en os taillé par l’homme, sur le site archéologique de la grotte du Bison, en Bourgogne, rapportait ce vendredi Radio Canada. Il daterait de l’époque néandertalienne, soit il y a plus de 55.000 ans. Ses fonctions étaient multiples puisqu’il servait à dépecer le gibier et en extraire la moelle, mais aussi à affûter des outils de pierre. Fabriqué à partir d’un fémur gauche de renne adulte, il était également utilisé comme grattoir explique le communiqué publié mercredi par l’Université de Montréal. 

outil en os

« C’est la première fois qu’un outil multifonctionnel est découvert à cette époque. Ceci prouve que les néandertaliens étaient capables de comprendre les propriétés mécaniques de l’os, ce qui était, jusqu’alors, attribué à notre espèce, les Homos sapiens » affirme Luc Doyon, du département anthropologique à l’Université de Montréal.

Source : La découverte de cet outil préhistorique remet en cause lévolution humaine.

Classé sous :histoire

Qu’évoque pour vous l’Océan ? | Photo du mois

15 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Le thème du mois «Qu’évoque pour vous l’Océan ?» a été choisi par Pilisi.

Viken (Suède) – 18 juillet 2014

L’interprétation du thème par les autres participants :

Xoliv’, DelphineF, Tuxana, Blogoth67, Luckasetmoi, A’icha, Eurydice, Agnès, Thalie, Angélique, Chat bleu, La Fille de l’Air, Brindille, Krn, Nicky, Mamysoren, Voyager en photo, Pilisi, Loulou, Milla la galerie, Sandrine, Laulinea, Dr. CaSo, Testinaute, Yvette la Chouette, Calamonique, Jülide-Trognon de pomme, Marmotte, BiGBuGS, Cricriyom from Paris, Bestofava, Claire’s Blog, Eva INside-EXpat, Destination Montréal, Memories from anywhere, A chaque jour sa photo, KK-huète En Bretannie, Photo Tuto, Guillaume, CetO, Morgane Byloos Photography, Pixeline, Céline, Gizeh, El Padawan, Les bonheurs d’Anne & Alex, Tambour Major, MauriceMonAmour, Champagne, Laurent Nicolas, Sylvie, Frédéric, Arwen, Amy, Homeos-tasie, François le Niçois, Renepaulhenry, Josiane, Rythme Indigo, Tofashionandbeyond, Maria Graphia, Utopique-Lily, Lavandine83, Isa ToutSimplement, Blue Edel, Mimireliton, Tataflo, Autour de Cia, Julia, CécileP, Nanouk, Woocares, Christophe, Galéa, Mahlyn, Wolverine, Estelle, Lavandine, Ava, Agrippine, magda627, Isa de fromSide2Side, Alexinparis, Philae, Salon de Thé, Josette, Agathe, Lau* des montagnes, Cara, Marie, Isaquarel, Dame Skarlette, Gilsoub, Lyonelk, princesse Emalia, MissCarole, MyLittleRoad, Marion, Vanilla, Chloé, Akaieric, Iris, Giselle 43, Zaza, Alban, Laurie, Aude, Fanfan Raccoon, Cocazzz, Céline in Paris.

Classé sous :Photo du mois

« Charlie Hebdo » : « Le crayon guidant le peuple », décryptage d’une photo

14 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

« Le Triomphe de la République. » C’est le nom de la statue qui domine la place de la Nation, à Paris. C’est aussi le titre qu’on est tenté de donner, par métonymie, à cette photo prise à la fin de la Marche républicaine du 11 janvier par Martin Argyroglo, jeune photographe indépendant dont l’image fait le tour du monde… et la couverture de « l’Obs », en kiosque ce mercredi.

Cette scène visuellement grandiose, certains internautes l’appellent « Le crayon guidant le peuple », parce que l’image – avec d’autres – évoque irrésistiblement Delacroix. Le photographe, lui, se garde de l’emphase et des élans patriotiques : il a intitulé son cliché « Nation », simplement « puisque c’est là qu’il a été réalisé. »

Décryptage :  « Charlie Hebdo » : « Le crayon guidant le peuple », décryptage d’une photo culte – L’Obs.

Classé sous :histoire

«Charlie Hebdo» s’installe à «Libé» : «Bon, on fait le journal ?» | #JeSuisCharlie

9 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Depuis mercredi, 12 personnes sont mortes au champ d’honneur de la liberté de la presse. Les survivants sont debouts et s’attachent, avec l’aide notamment de leurs confrères, à poursuivre et à sortir le prochain numéro. Hébergés dans les locaux de «Libération», voici le compte-rendu de leur conférence de rédaction.

Exceptionnellement cet article de Libération est en Creative Commons CC BY-SA 3.0 (il faut citer l’auteur, et réutiliser la même licence), afin de permettre sa diffusion par les autres médias ou sur d’autres blogs.

En publiant cet article, c’est ma manière de dire aujourd’hui #JeSuisCharlie. En déplaise à certains pisse-froids qui ergotent sur le sens de cette action citoyenne et morale. En s’en prenant à des journalistes et à la liberté de la presse, les assassins s’en sont pris à chacun d’entre nous et par là-même à l’humanité. En le publiant, c’est affirmer que l’humanité est toujours debout et en vie. C’est le sens pour moi que je donne à #JeSuisCharlie. Ni plus, ni moins.

En tout, la conférence de rédaction de Charlie Hebdo aura duré plus de trois heures. C’est qu’en plus du chemin de fer, des sujets, des deadlines, il faut aussi ce vendredi matin parler des morts, des blessés, des hommages, des obsèques. La salle du hublot, où Libé tient habituellement sa réunion quotidienne, est occupée pour l’occasion par les rescapés de l’hebdo satirique. La pièce, éclairée d’un côté par une grande fenêtre ronde, est à la fois surchauffée et ouverte aux quatre vents pour laisser filer la fumée de cigarettes.

Posés sur la grande table ronde, des ordinateurs prêtés par le groupe Le Monde. Assis tout autour, Willem, Luz, Coco, Babouse, Sigolène Vinson, Antonio Fischetti, Zineb El Rhazoui, Laurent Léger… En tout, plus de 25 personnes, mines grises et yeux bouffis, noyau dur, proches ou collaborateurs occasionnels, sont là pour préparer le prochain numéro de Charlie Hebdo. Il doit sortir mercredi prochain, et sera tiré à un million d’exemplaires, soit vingt fois environ leur tirage habituel.

«J’ai pu voir tout le monde à l’hôpital». Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie, commence par là. «Riss a été blessé à l’épaule droite mais le nerf n’est pas touché. Il a évidemment très mal. La première chose qu’il a dite, c’est qu’il n’est pas sûr qu’on va pouvoir continuer à faire le journal.» Fabrice Nicolino, touché à plusieurs reprises dans l’attentat, «va mieux», même s’il «souffre évidemment beaucoup». Patrick Pelloux, urgentiste et chroniqueur à Charlie, explique alors la blessure à la mâchoire d’une autre victime, Philippe Lançon, également journaliste à Libé. Simon Fieschi, leur webmaster, a quant à lui été «placé en coma artificiel». Une jeune femme s’effondre. «Tu n’as pas à te sentir coupable !», la réconforte Gérard Biard. Tout le monde hoche la tête en silence. Celle qui pleure, c’est la journaliste Sigolène Vinson, présente à la rédaction au moment du drame mercredi mais épargnée par les agresseurs.

Biard enchaîne sur les morts. Comment organiser les obsèques ? Et l’hommage national ? Avec quelle musique ? Quand même pas des drapeaux ? «Il ne faut pas une symbolique qu’eux-mêmes auraient détestée, note quelqu’un autour de la table. On a tué des gens qui dessinaient des petits bonhommes. Pas des étendards. Il faut qu’on rappelle la simplicité de ces gens, de leur travail. Nos amis sont morts, mais on ne va pas les exposer sur la place publique.» Tout le monde acquiesce.

Demandes d’abonnements en masse

Une journaliste explique qu’une cagnotte, créée spontanément sur internet par des inconnus, a déjà récolté 98 000 euros en moins de 24 heures. Les rescapés de Charlie sont submergés par les demandes d’abonnements, qu’ils n’arrivent pas à gérer pour l’instant. Mais très vite, ils devraient recevoir de l’aide du groupe Lagardère sur ce point. L’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, prend la parole. «Il y a de l’argent qui arrive de partout. Des aides, des locaux, du personnel pour gérer les demandes…»«On a reçu du soutien de très nombreux médias, lui fait écho Christophe Thévenet, autre avocat du titre. Il y a les dons, déjà les 250 000 euros via l’association Presse et pluralisme, le million d’euros promis par Fleur Pellerin… Vous allez avoir des finances comme jamais à Charlie !» L’avocat en sait quelque chose : c’est lui qui a créé les statuts du journal, et qui fait les assemblées générales du titre. Ces derniers mois, l’hebdo avait fait un appel aux dons pour tenter de renflouer les caisses du titre, mal en point.

«Bon, on fait le journal ?, demande Gérard Biard, qui a visiblement envie d’en découdre. Qu’est-ce qu’on met dans les pages ?»«J’sais pas, y’a quoi comme actu ?», lance Patrick Pelloux. Fou rire nerveux. Biard reprend : «Moi je serais pour faire un numéro, entre guillemets, normal. Que les lecteurs reconnaissent Charlie. C’est même pas un numéro exceptionnel». «Même pas mal !» lance quelqu’un autour de la table. Certains évoquent l’idée de laisser des espaces blancs là où les morts de mercredi auraient dû écrire ou dessiner. Mais finalement, l’équipe est contre. «Je ne veux pas qu’il y ait matériellement un vide, argumente Gérard Biard. Il faut qu’ils soient tous là, dans les pages. Et Mustapha aussi.» Mustapha Ourrad, le correcteur, fait partie de la longue liste des tués de l’attentat de mercredi. «Alors laissez mes fautes !», rigolent Patrick Pelloux et les autres.

«Ah tiens ! Fidel Castro est mort !», tonne Luz en faisant des doigts d’honneur, découvrant l’info (qui sera vite démentie) sur son téléphone. Le reporter Laurent Léger tente de recentrer le débat sur le journal : «Je pense qu’il ne faut pas qu’on fasse des nécrologies, on va pas faire un numéro hommage.» La rédaction discute du contenu du journal. Gérard Biard : «J’espère qu’on va arrêter de nous traiter de laïcards intégristes, qu’on va arrêter de dire « oui, mais » à la liberté d’expression». Laurent Léger : «Je pense qu’on peut aussi dire qu’on a été très seuls ces dernières années». Luz : «Il faut aussi que ce numéro parle de l’après». Corinne Rey : «Qu’on fasse passer le message qu’on est vivants !» Richard Malka : «Et qu’on ne laisse pas de côté la critique des religions.»

Charlie Hebdo est un curieux journal : il ne compte pas vraiment de rubriques, mais des «espaces» attribués à tel auteur, à tel dessinateur. Pour ceux des défunts, l’équipe décide de dénicher des inédits à publier. Ainsi, dans le numéro qui sera en kiosque mercredi, il y aura du Charb, du Cabu, du Wolinski, du Honoré… Pendant les discussions, il y a des sanglots ici, ou là, comme des feux de brousse qui s’allument pour s’éteindre ensuite dans les bras du voisin. Il y a des mains saisies et des regards mouillés.

Richard Malka s’éclaircit la voix : «Manuel Valls vient d’arriver dans les locaux». L’équipe soupire, s’éparpille, bavarde. Accompagné de la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin, qui arbore un autocollant « Je suis Charlie » sur la poitrine, et de toute une meute de journalistes extérieurs, assistants, et communicants, le Premier ministre vient serrer la main des présents, lâchant quelques infos sur l’intervention en cours à Dammartin-en-Goële – «Les deux assassins sont dans la souricière» – avant de leur souhaiter «plein de courage».

Biard hasarde : «C’est bon y a plus de journalistes ? Y a plus de ministres ? Pour la page 16 on fait quoi ?». Sa question se perd dans le bruit des canettes de Coca qu’on ouvre, des pains au chocolat qu’on grignote, des pleurs qu’on étouffe, des sirènes de police, dehors. Dans son coin, Patrick Pelloux se marre : «C’est donc une vraie conférence de rédaction, c’est le bordel, on est bien repartis !»

L’article original : «Charlie» s’installe à «Libé» : «Bon, on fait le journal ?» – Libération.

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Parution : La Suisse face à l’espionnage, 1914-1918

8 janvier 2015 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Christophe Vuilleumier: La Suisse face à l’espionnage, 1914-1918, Genève 2014. Publiée aux Éditions Slatkine.

Présentation du livre par l’éditeur
La Première Guerre mondiale ne se déroula pas uniquement sur les champs de bataille. Elle se développa, de manière insidieuse, dans les pays neutres, sous des formes moins sanglantes mais tout autant efficaces. La Suisse, à proximité immédiate des pays en guerre, parfois à quelques centaines de mètres des affrontements, allait être un terrain particulièrement propice pour l’espionnage. Allemands, Français, Anglais, Autrichiens, Turcs, tous développèrent des réseaux de renseignements sur le territoire helvétique, organisant à certaines occasions des opérations militaires entre Zurich et Genève.

Industriels suisses impliqués dans l’économie de guerre, tel Jules Bloch dont le train cheminait sans cesse de Bienne à Genève, chargé de fusées d’obus, Nachrichtenoffizier, comme Hans Shreck, chef du contre-espionnage allemand qui allait être arrêté par la police fédérale avant d’être exfiltré de la clinique dans laquelle il était interné, ou simples agents recrutés parmi la population locale, les espions allaient devenir une hantise dont les Suisses conservent un vague souvenir sans pourtant se rappeler les événements qui défrayèrent les chroniques cinq années durant.

Christophe Vuilleumier est un historien suisse. Indépendant, il publie ses travaux en Suisse et à l’étranger. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIe siècle et du XXe siècle, dont certaines sont devenues des références. Docteur ès Lettres, il est président de la Société d’histoire de la Suisse romande et membre de plusieurs comités de sociétés savantes.

Commander le livre sur le site de l’éditeur : http://www.slatkine.com/fr/editions-slatkine/69044-book-07210646-9782832106464.html

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