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Lyonel Kaufmann blogue…

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Sur la route à moto avec un café

histoire

En Ludovia : sommes-nous des influenceurs?

30 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Au matin du deuxième jour à Ludovia, le terme d’influenceurs pour qualifier notre brochette de blogueurs est réapparu. Certes ce qualificatif est flatteur. Ce nouveau titre de noblesse est-il pour autant mérité au-delà de cette enceinte?

La composition du public de Ludovia fournissait un premier éléments de réponse. La difficulté de sortir le cercle des innovateurs et convaincus de technologie y était évident. Ce constat n’est d’ailleurs pas propre à Ludovia et porte en germe les risques d’un essoufflement de tous ceux qui s’activent dans le domaine. Ne formons-nous pas alors un frein plus qu’un moteur au développement du numérique à l’école?

Des tables-rondes, certains responsables régionaux en matière de développement du numérique restaient souvent sur leur faim concernant les réponses qu’ils venaient chercher. Ils s’éloignaient alors pour aller faire leurs emplettes auprès des concepteurs plus traditionnels de contenus numériques.

Les différences d’attentes de tous ces publics concernant le numérique à l’école mettaient également en évidence l’absence d’un consensus suffisamment large sur les finalités du numérique à l’école et la multiplication des projets et des outils proposés aux enseignant-e-s qui peinent à s’inscrire dans la durée.

D’une discussion avec François Bocquet est ressortie les travaux en sociologie des organisations concernant l’innovation. C’est ainsi que furent évoqués les travaux du Cautic sur les quatre grands profils d’attitude des acteurs face au changement et à l’innovation:
– les passionnés ou les geeks dans notre domaine;
– les pragmatiques du changement;
– les pragmatiques de la continuité;
– les objecteurs au changement.

A ce titre, il semblerait que pour généraliser une innovation il vaudrait mieux s’appuyer sur les pragmatiques du changement pour convaincre et former les pragmatiques de la continuité. Pour leur part, les passionnés braqueraient les pragmatiques de la continuité.

Le rôle des influenceurs seraient donc plus de défricher le terrain que de convaincre les pragmatiques. Pire, si une innovation n’atteint pas ce dernier public, on considère qu’elle « tombe » dans le gouffre de Moore (nom d’un consultant américain, Geoffrey Moore, spécialiste de l’innovation), comme tant d’innovations viables techniquement, mais mal adaptées aux usages de leur public. Dès lors, les concepteurs des dispositifs d’information et de communication ont le choix entre une logique de persuasion qui permet de recruter rapidement des usagers «pionniers», mais comportant des risques de démobilisation ultérieure, et une logique de négociation qui exige de nombreux aller-retour entre les impératifs techniques et les usagers pendant la conception, mais qui favorise une diffusion plus large et plus durable.

De retour de Ludovia, après une brève recherche, d’autres éléments en matière de sociologie ont attiré mon attention et sont plus particulièrement évoqués par Feirouz Boudhokhane(voir références en fin d’article). En premier lieu, Rogers (1995), dans son ouvrage Diffusion of Innovation, précise que

« La technologie ne peut pas être imposée, la possibilité d’examiner ses conséquences, de la tester et d’être formé à son utilisation facilitent le processus d’usage, le contraire peut inhiber. »

Or, il me semble que l’institution scolaire procède exactement à rebours de ce constat en matière de déploiement numérique. Le temps d’appropriation manque souvent. Seules les innovations se rattachant à du connu s’imposent dès lors en reproduisant les usages plus qu’en les dépassant comme semble le démontrer l’exemple récent des TBI (tableaux blancs interactifs).

Pour sa part, Rham (1987), dans un article sur la résistance à l’innovation ou le non-usage d’une technique, développe le concept de l’auto-efficacité qui

renvoie à la perception qu’à une personne d’elle-même, de ses capacités à exécuter une activité et à réagir face à un événement ou un objet. Cette perception influence son niveau de motivation et son comportement.

Je repensais alors à ces professeurs-documentalistes et à leurs craintes dans l’élaboration de leur séance de recherche sur internet ou à la complexification supplémentaire de toute séance où, aux questions des interactions enseignant-enseignés, s’ajoutent les questions et la gestion de l’interactivité humain-machine.
Je repensais aussi à mes étudiant-e-s en formation initiale qui construisent déjà leurs capacité à concevoir, à réaliser et à gérer leurs séquences d’enseignement-apprentissage sans interactivité avec la machine et qui doutent. Pour eux la contrainte supplémentaire d’intégrer en classe le numérique et plus particulièrement la machine dans les mains de leurs élèves est généralement une contrainte supplémentaire de trop à ce moment-là de leur construction professionnelle. J’essaie donc d’en tenir compte avec plus ou moins de réussite.

La difficulté de tous les acteurs de Ludovia à chacun de leur niveau n’en apparaît que plus complexe à intégrer le numérique à l’école. Ceci sans décourager le 20% y recourant régulièrement en classe.

Aujourd’hui, il m’apparaît qu’en matière de numérique à l’école tous les acteurs les favorisant se trouvent au milieu du gué -situation guère confortable d’autant plus dans le contexte général de l’école et même plus largement- et qu’il convient de donner en premier lieu du temps au temps. Il ne faut pas oublier, par exemple, que l’école primaire obligatoire ou le concept des manuels scolaires (première innovation technologique scolaire dans ce contexte) mirent près d’un siècle à trouver leur forme définitive et à s’imposer. L’art du détournement étant également une des constantes dans les appropriations des outils technologiques, il faudra aussi que les influenceurs ou défricheurs que nous sommes en acceptent l’augure.

Références:
Feirouz Boudokhane. Comprendre le non-usage technique: réflexions théoriques. http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2006/Boudokhane/index.php
L’innovation dans le bon sens: http://tim.irisa.fr/tim-adherents/24-04-2001/Mallein_FR.pdf
Article wikipédia sur Philippe Mallein (Cautic): http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Mallein
CNDP-CRDP: Usages des TICE: observer et valoriser. Méthodes d’observation: http://www.agence-usages-tice.education.fr/jn/atelier_c.pdf

Classé sous :histoire Balisé avec :innovation, ludovia2010, médiaTICE, pédagogie

En Ludovia : Pascal et Virginie (portrait minute)

26 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Ludovia est aussi le lieu des rencontres et échanges informels et l’occasion pour moi de réaliser un portrait minute de Pascal et Virginie.

Pascal et Virginie sont des formateurs tice. Ils interviennent à l’école primaire dans le cadre du projet numérique destiné aux écoles rurales. Ils y accompagnent les enseignants dans leur choix et l’intégration de différents outils prônés par l’institution. Ainsi en a-t-il été pour les classes mobiles et le TBI (tableau blanc interactif).
Leur action se caractérise par un fort pragmatisme non dénué d’ambition pédagogique. Ils sont centrés sur les acteurs afin que ceux-ci utilisent ensuite les outils introduits en classe.
Dans le cadre des outils du web 2.0, ils ont ainsi passé un premier temps à tester et à observer plusieurs solutions avant d’en proposer un nombre limité aux enseignant-e-s. Leurs critères de choix principaux vont dans le sens de la facilité d’appropriation de l’outil et dans sa pérennité (durabilité). En effet, il ne sert à rien de proposer un service qui aura disparu six mois ou une année après.
Actuellement ils ont retenus trois services web 2.0 qu’ils proposent aux enseignant-e-s:
– Netvibes
– Diigo
– Tumblr.

Mon heureuse surprise est constituée par tumblr. que j’apprécie particulièrement et qui propose une plate-forme de blogs très simple à mettre en oeuvre. Certainement que son adaptation à d’autres langues que l’anglais, dont le français, a joué son rôle dans ce choix.

Classé sous :histoire

En Ludovia : ma deuxième journée (25 août)

26 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

En ce deuxième jour, je suis entré dans la classe dans le cadre du colloque scientifique « Interactions/Interactivités » pour y observer les interactions entre élèves et professeurs (interactions) et entre humains et machines (interactivité).
Vieil habitué de ces dispositifs en FLE (Français langue étrangère), le linguiste François Mangenot nous a rappelé que tout un courant, dont il ne fait pas partie, rêve de remplacer les professeurs par les machines. Et après allez vous plaindre des résistances des enseignants…
Pour sa part, depuis de nombreuses années, il s’intéresse aux impacts des différents outils de communication sur la relation pédagogique au plan communicationnel. Ainsi, par exemple concernant les forums (asynchrone), s’est-il interrogé sur les solutions à mettre en place pour sortir d’une forme de monologue conversationnel qui plus est peu naturel. Sur cette base ont été réalisées des discussions portant sur un sujet clivant (pour ou contre les zoos) pour susciter les échanges. Pour recréer une conversation à distance et asynchrone, des vidéos, où plusieurs participants échangent, permettent de recréer le dialogue.
Dans ses scénarios de communication, il s’intéresse aux interactions entre pairs, entre les pairs et leur tuteur et l’interactivité avec la machine ainsi que sur les tâches à réaliser et la configuration du travail collectif. Il démontre ainsi la particularité d’une relation médiatisée par ordinateur puisque celle-ci combine une interactivité humain-machine avec les interactions verbales. Les enjeux pédagogiques et ceux de la communication en sont singulièrement complexifiés.

Dans cette perspective-là, l’intervention d’Anne Cordieux a éclairé cette complexification de la situation et la relation pédagogiques en introduisant un tiers souvent perçu par l’enseignant-e comme un intrus ou une menace: l’ordinateur/Internet. Dans le cas présent, il s’agissait de séances consacrées à la recherche sur internet par des professeurs documentalistes.
Ici, la situation est encore complexifiée par le fait que ces séances n’ont pas lieu dans le cadre habituel du centre de documentation, mais dans l’univers (hostile) de la salle informatique. Pour ces enseignant-e-s, à la peur de la panne technique, s’ajoute encore la crainte d’un dialogue pédagogique dégradé entre eux et leurs élèves. Tout prend donc une importance accrue et, la peur étant mauvaise conseillère, aboutit à des organisations et gestion de séquences pédagogiques où l’enseignant subit la situation.
Au final, sur une séquence de 60 minutes environ, les élèves passeront moins de 10 minutes avec l’ordinateur et le reste du temps à remplir une fiche-outil et à écouter le prof. Tant le prof que les élèves sortent de ces séances dépités…

Ces deux interventions m’ont largement réconcilié avec le colloque.

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En Ludovia : ma première journée (24 août)

25 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Tout a démarré avec le colloque scientifique « Interactions/Interactivités » avec trois interventions d’universitaires dont 2 sémioticiens. Pendant que quelques blogueurs en étaient encore à boire le café, Philippe Dumas nous demandait si nous voulions être amis. Il ne nous a pas laissé répondre…
En résumé donc beaucoup de peine de la part des intervenants à entrer en communication avec la salle et un discours hermétique et jargonnant. Seul Patrick Mpondo-Dicka a échappé au naufrage en parlant un langage compréhensible pour la salle. En nous indiquant que les interactions en face à face étaient les plus couteuses psychologiquement, Son propos avait le mérite de nous faire entrevoir un des avantages des interactions via les réseaux sociaux.
Le plus intéressant est venu pour moi d’un gazouillis de Laurence Juin (http://twitter.com/frompennylane) :

«Toute communication performante nécessite (selon moi) des règles établies et respectées (oral, tchat, réseaux sociaux etc)»

et on aurait bien voulu que des recherches permettent d’en situer les conditions et les limites à partir de la question des interactions.

Après le repas – fort bon- je me suis quelque peu dépêché pour retrouver les participant-e-s de la première table-ronde de Ludovia, chargé que j’étais d’en réaliser la synthèse avec son animateur Benoit Ducange (ministère de l’éducation nationale).
Le sujet portait sur le référentiel numérique « Collège et Etablissement Numérique » conçu depuis 2009 pour les chefs d’établissement. Ce référentiel vise à optimiser le fonctionnement de l’établissement dans son utilisation des outils numériques en collaboration avec ses partenaires (le rectorat et la collectivité locale). Les documents des participants et la synthèse sont en ligne ici: http://www.ludovia.org/2010/2010/08/24/1400-–-16h00-table-ronde-evaluation-des-politiques-numeriques-«le-referentiel-numerique-»-interactions-collectivites-editeurs-enseignants/

Chargé par Benoit de clore la table-ronde par une synthèse a chaud, je me suis essayé à l’exercice en m’appuyant sur les réactions postées par mes petits camarades sur Twitter et via mes notes prises sur mon iPad. Bonne exercice pour apprendre à gérer son iPad en situation, je laisse le soin aux autres d’apprécier la synthèse ainsi réalisée en direct.

Plus subjectivement, le défi de ce référentiel consistera à laisser réellement l’initiative aux chefs d’établissement, de travailler dans la durée et à faire décoller les usages concrets avec les élèves et leur famille. La contre-partie de la « liberté » laissée aux établissements doit être la transparence des projets y compris dans les résultats obtenus. C’est pas gagné dans le contexte fortement hiérarchisé de l’éducation nationale er face à la difficulté actuelle d’accès aux rares données disponibles en la matière.
Sur Twitter certains louaient le pragmatisme anglo-saxon en la matière comparativement au modèle français.

La rédaction de la synthèse avec Benoit Ducange m’a certes privé ensuite de la table-ronde sur les manuels numériques, mais m’a permis de faire l’heureuse connaissance de Benoit qui se montrera également hilarant et efficace -les deux sont possibles- lors du barcamp du soir.
Le barcamp commença lui par une longue plage publicitaire pour une zappette scolaire et s’est terminé dans le plus pur esprit des barcamps, Mario Asselin (http://twitter.com/MarioAsselin) dixit. Ouf!

Pour le reste ce compte-rendu ne saurait rendre la richesse des interactions et des rencontres entre participants. Le point-fort de Ludovia est bien de permettre la rencontre de personnes d’horizon divers et variés dans un cadre convivial et non normatif.

To be continued…

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Sur la route de Ludovia : jour 1

22 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

C’était donc aujourd’hui le signal du départ pour Ludovia puisque j’ai choisi de joindre l’utile à l’agréable en choisissant de m’y rendre à moto. Histoire aussi de complexifier la question de l’éducation nomade!

A l’heure du départ


Nouveau concept de MotoBus pour compléter l’offre du MédiaBus de la HEP Vaud?

Matériel nomade

Non Guillaume tu ne rêves pas..
.

Si je n’étais pas quelque peu craintif, la solution iPad + iPhone seuls, j’aurais retenu…
Au final, ils seront accompagnés de mon MacBook Air!
Mais je compte bien tenter au maximum l’expérience en situation du iPad.
To be continued…

Classé sous :histoire Balisé avec :colloque, e-education, iPad, Ludovia

En route pour Ludovia 2010

21 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Toute la semaine prochaine, vous pourrez me retrouver ou me suivre à Ludovia 2010. En effet, j’y ai été invité officiellement au titre de « blogueur » pour rendre compte de la manifestation et faire la synthèse d’une des tables-rondes.

Mais qu’est-ce que Ludovia?

Ludovia est une Université d’été sur l’e-éducation et les applications Multimédia Ludiques et Pédagogiques. Elle regroupe des enseignants, des chercheurs, des entreprises actives dans le domaine, des collectivités publiques locales, des représentants de l’Education nationale française et des chefs d’établissements. Toutes et tous viennent faire part de leurs expériences en la matière. C’est déjà la 7e édition de cette manifestation qui est devenue un must dans le domaine.

Où est-ce? Quand? Quel est le sujet?

Ludovia se déroule à Ax-les-Thermes en Ariège. L’Université ouvre ses portes lundi soir 23 août et se termine le vendredi 27 août.

Le sujet de cette 7e édition est « Créativité et interaction ».

Qui sont les blogueurs invités?

Cette vidéo de Mario Asselin et Christophe Batier y répond:

http://www.dailymotion.com/swf/video/xdqoxv_ludovia-2010-les-blogueurs_school?additionalInfos=0
Ludovia 2010 Les Blogueurs
envoyé par Batier. – Découvrez plus de vidéos de la vie étudiante.

Qui ferai-je?

Tout d’abord il me faut découvrir cette manifestation et son ambiance. Cela donnera peut-être lieu à des éléments insolites dont je rendrais compte. Je vais aussi rencontrer pour la première fois en chair et en os des amis blogueurs ou twitteriens que j’apprécie beaucoup. 😀

Ensuite, une chose est sûr, je suis le rapporteur d’une des tables-rondes. La première! Ma synthèse sera publiée sur le site de ludovia. Les synthèses seront présentées le jeudi après-midi.

Par ailleurs, je publierai ici un compte-rendu journalier (enfin j’espère…) de Ludovia où je serai jusqu’à jeudi soir, probablement quelques photos sur mon Café Blog et je gazouillerai (@lyonelkaufmann) en direct. Pour ceux qui veulent suivre en direct tous les contributeurs, le hashtag (mot-clé) choisi est #ludovia2010.

Je terminerai que en disant je suis à la foi très heureux d’avoir été invité parmi un panel de blogueurs de Français, Québécois et Belge que j’apprécie et un peu inquiet de savoir si je serai à la hauteur d’un tel événement.

Autrement excusez-moi, mais je dois encore préparer mes affaires…

Classé sous :histoire Balisé avec :2010, e-education, Ludovia

Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris

8 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La projection sur la Piazza Grande de Locarno du film de Daniel von Aarburg «Hugo Koblet, pédaleur de charme» donne l’occasion à André Crettenand de répondre à question : Qu’est-ce qu’un héros suisse?

Dans ce cadre-là, Hugo Koblet déteint par rapport aux héros magnifiés au 19e siècle pour, selon la jolie formule d’André Crettenand, «faire une nation avec des confettis d’Etat»:

ce qui est remarquable, c’est la célébration nouvelle de la star si peu suisse au fond, réussissant sans travailler, dépensier, volage mais si généreux, charmant, bon camarade et amoureux de la vie.

Pour André Crettenant, il ne fait aucun doute que le film est déjà promis au succès. Ne serait-ce que par le contraste avec Ferdi Kübler, l’autre champion suisse du vélo de ces années-là plus proche que Kublet de l’imaginaire du héros national suisse attendu.

L’affirmation de Koblet comme héros national décalé par rapport aux héros nationaux du 19e siècle s’inscrirait parfaitement dans les observations plus générales faites concernant l’évolution des héros nationaux occidentaux. Ainsi, à propos de la figure de Luther et de son traitement au fil des différentes commémorations protestantes en Allemagne, Yves Bizeul ((Bizeul Y. (2010). Le Huguenot résistant et Luther, le colosse aux pieds d’argile. In Cottret B. & Henneton L. (dir). Du bon usage des commémorations. Histoire, mémoire et identité XVIe-XXIe siècle. Rennes: Presses universitaires, p. 67)) note-t-il

il faut bien voir que l’humanisation des anciens héros et la reconnaissance de leurs faiblesses peuvent être des stratégies payantes dans une haute modernité qui vénère moins le «surhomme» goéthéen et nietschéen que l’homme en recherche, traversé de doutes, mais aussi capable de grandeur.

Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris.

Classé sous :histoire Balisé avec :cyclisme, film&histoire, héros national, Hugo Koblet, identité suisse, imaginaire national, légendes nationales, Mythe&Histoire, Suisse

Une image pour la guerre | L’Atelier des icônes

6 août 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Dans un court et brillant article, André Gunthert porte son regard et son analyse sur la dernière couverture du Time. Le portrait d’une jeune afghane Aisha actuellement aux Etats-Unis pour une opération de reconstruction faciale.

Portrait d

André Gunthert l’a met notamment en relation avec un autre portrait d’une Afghane désormais célèbre réalisé par Steve McCurry et pris en 1984. En 2002, le photographe avait d’ailleurs retrouvé la jeune fille et cela avait donné lieu à ce double portrait:

Afghan girl 1984-2002

Il constate au propos du portrait d’Aisha et concernant notre trouble devant cette image que

Alors que l’image de la victime féminine est habituellement utilisée comme symbole pour dénoncer le conflit, celle-ci sert à l’inverse à légitimer la poursuite de l’occupation.

Ce retournement du schéma explique l’autre différence essentielle de cette icône: au lieu d’une photographie de reportage prise sur le vif, il s’agit d’un portrait soigneusement posé (réalisé par Jodi Bieber pour le magazine), comme celui d’un mannequin ou d’une célébrité, qui rend plus affreux encore le contraste entre la mise en scène de la beauté et la blessure ouverte.

Sources:

  • Le billet d’André Gunthert: Une image pour la guerre | L’Atelier des icônes.
  • L’histoire des photos de Steve McCurry: Afghan Girl

Classé sous :histoire Balisé avec :Guerre, icône, Image

Comment la science fabrique des contes de fées | Pris(m)e de tête

30 juillet 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Il y a peu, un beau conte de fées se trouvait […] dans tous les manuels scolaires. Une histoire touchante mais… fausse et biaisée. Dans une publication teintée d’humour, l’anthropologue et féministe Emily Martin décrypte avec précision les stéréotypes masculins et féminins utilisés en biologie de la reproduction. L’ovule est passif, fragile et dépendant, la menstruation est un échec de la reproduction et les ovaires voués à la dégénérescence. La femme est donc improductive et gaspilleuse de son stock d’ovules  ! Au contraire, le spermatozoïde est fuselé, rapide, autonome, un petit bijou de technologie, et la spermatogenèse ne s’arrête jamais, renouvelant constamment les gamètes. En bref, les processus biologiques féminins apparaissent toujours moins dignes que leurs homologues masculins.

via Comment la science fabrique des contes de fées | Pris(m)e de tête.

Image: ntr23 sur Flick, licence CC

Classé sous :histoire

Film & Histoire : Le débarquement de Normandie

27 juillet 2010 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

La pause estivale est l’occasion de rattraper ses retards en lecture de toutes sortes. Je vous proposerai donc quelques ouvrages ou lecture en ligne en lien avec le cinéma et l’histoire. Pour le reste, le site tournera très certainement au ralenti. Bon été!

Olivier Wieviorka est l’auteur en 2007 de l’Histoire du débarquement en Normandie – Des origines à la libération de Paris, 1941-1944. A proprement parler son propos n’est pas directement lié aux oeuvres cinématographiques telles Le Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan. Pourtant sa lecture en est un indispensable contrepoint.

En effet, le Jour J, cet événement sur lequel on pense tout savoir et auquel le cinéma semble avoir définitivement forgé une légende, fait l’objet d’un examen particulièrement critique de la part d’Olivier Wieviorka. L’histoire proprement militaire que reprend O. Wieviorka diffère de sa version cinématographique : au jour J, plutôt réussi et pas si meurtrier que cela, succède une épuisante campagne dans le bocage contre une armée allemande bien accrochée. Du 6 juin au 31 juillet, en effet, les armées alliées piétinant sur leurs objectifs eurent à subir des pertes considérables dans des combats rapprochés et brutaux.

Le compte-rendu de la Revue Sciences humaines met aussi en évidence que

Pour la première fois, O. Wieviorka relève l’incidence élevée des pertes par dépression, automutilations, abandons de poste (25 à 33 % des pertes non fatales) et évoque la manière dont les services de santé improvisèrent une prise en charge de ces cas. L’issue viendra de la reprise des succès militaires, mais entretemps le sentiment que ces soldats anglais, canadiens ou américains, même expérimentés, n’allaient pas si souvent combattre la fleur au canon pour la démocratie et contre le nazisme, mais désespéraient souvent de revoir leur pays, s’est imposé au lecteur.

Nous sommes ainsi bien loin de John Wayne et plus proche de la chronique d’hommes ordinaires.

Pour la Revue d’historique des armées, l’ouvrage de Wieviorka

apporte une étude précise, détaillée et qui envisage le débarquement dans tous ses aspects : politiques, économiques, sociaux et diplomatiques. Mais cela reste avant tout un ouvrage d’histoire militaire.

Les comptes-rendus ou interviews:

  • Le compte-rendu de la Revue Sciences humaines
  • Le compte-rendu de la Revue historique des armées
  • l’interview en 2009 du journal Le Monde : Olivier Wieviorka : « Le débarquement est aujourd’hui présenté sous un jour moins triomphaliste »

Pour sa part, l’article fort complet de la Bataille de Normandie sur Wikipedia propose une bibliographie fort utile de cette bataille ainsi qu’une brève filmographie et une galerie de photographies. Bibliographie où l’ouvrage de Wievorka figure en bonne place.

Olivier Wievorka (2007). Histoire du débarquement en Normandie : des origines à la libération de Paris (1941-1944). Paris: Seuil (collection L’univers historique), 441 pages.

Classé sous :histoire Balisé avec :39-45, Cinéma, Débarquement, film&histoire, France, Histoire, Normandie

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