Les récentes déclarations de Mark Zuckerberg sur le besoin de prioriser la libre expression sonnent particulièrement creux en Asie du Sud-Est, où les plateformes de Meta sont devenues les meilleures alliées des régimes de censure, rappelle le chercheur d’origine vietnamienne Dien Luong.
— À lire sur www.courrierinternational.com/article/decryptage-chantre-autoproclame-de-la-libre-expression-facebook-a-institue-la-censure-en-asie-du-sud-est_226821
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Partisanerie et polarisation sociale au Mexique | Le Devoir
Comment interpréter les élections au Mexique ? Dans cette tribune dans Le Devoir, Hugo Rangel Torrijo, enseignant à l’Université du Québec à Montréal et à l’université de Guadalajara, les analysent du point de vue de l’évolution démocratique et sociétale mexicaine, faute de quoi selon lui l’interprétation des résultats risque d’être superficielle.
Son premier constat porte sur l’accession d’une femme à la présidence, Claudia Sheinbaum. Avec 59,3 % des votes, son élection s’inscrit dans un mouvement plus large, celui de la représentation accrue des femmes en politique au Mexique. Avec un pourcentage de femmes députées en 2021 de 49,2 % (et de 50,8 % au Sénat), le Mexique dépasse ainsi la moyenne des pays nordiques européens qui s’établit à 40%.

Son deuxième constat réside dans une tradition républicaine remontant au mouvement de Reforma (1857–1860) qui a instauré un pays laïque. Dans ce contexte, il n’y a pas eu de questionnements sur le fait que le président actuel, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), soit protestant presbytérien ou que la présidente élue, Claudia Sheinbaum, soit juive. Il faut noter cependant que la candidate de la coalition de droite, Xóchitl Gálvez, a fait appel à la foi chrétienne, sans que cela ne trouve d’écho en 2024 auprès d’un électorat, majoritairement catholique.
Son troisième est la polarisation extrême de la campagne, qui est aussi et surtout l’expression d’une société fortement divisée, plombée par de grandes et anciennes inégalités. Les intérêts des groupes et des partis, exacerbés par un climat d’affrontement, ont donné lieu à de nombreux incidents pendant la campagne électorale de 2024.
L’article : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/814849/idees-partisanerie-polarisation-sociale-mexique?)
Asma Mhalla: « Les géants de la tech ont une aversion idéologique assez viscérale pour la démocratie »
Spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques, de la technologie et de l’intelligence artificielle, Asma Mhalla a publié mi-février « Technopolitique: Comment la technologie fait de nous des soldats » (Seuil), un essai dans lequel elle invite à garder la tête froide face à l’accélération technologique, à poser les bonnes questions et à mener les bons débats.
Mhalla critique l’approche purement technique ou morale de l’intelligence artificielle sans considérer ses implications politiques. Elle considère les géants tech comme des acteurs politiques et militaires, particulièrement aux Etats-Unis, et souligne leur aversion idéologique pour la démocratie. Mhalla met en garde contre un « complexe techno-militaire » et appelle à une analyse plus politique des enjeux technologiques pour renforcer la démocratie.
Asma Mhalla critique également la presse (la « fabrique de l’information ») qui se concentre trop sur la technique et pas assez sur le politique, contribuant ainsi à un malaise démocratique. Elle met en garde contre une dépolitisation qui empêche la création d’un nouveau récit démocratique et d’un projet commun face aux ”Bigs Tech”, indiquant que le fact-checking seul est insuffisant pour traiter de ces enjeux.
L’article complet de la RTS : https://www.rts.ch/info/sciences-tech/2024/article/asma-mhalla-les-geants-de-la-tech-ont-une-aversion-ideologique-assez-viscerale-pour-la-democratie-28425779.html?rts_source=rss_t
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« J’ai choisi mon camp. J’ai choisi la paix »
Alors que nous connaissons une montée continue de la violence de la haine non seulement à Gaza ou en Israël, mais également dans le monde vis-à-vis des Juifs (antisémitisme) ou des musulmans (islamophobie), il faut saluer le courage de ces femmes qui, indépendamment de leurs origines, font entendre une autre voix, celle de la paix. Et il faut surtout les entendre !

Le collectif Guerrières de la paix publie une tribune dans la presse pour la paix au Proche-Orient. DR
Porter une autre voix au nom de la paix, c’est la mission que s’est fixé le collectif « Les Guerrières de la paix », qui rassemble des femmes israéliennes, palestiniennes, iraniennes, françaises, sénégalaises ou encore ouighoures. Face au conflit qui fait rage au Proche-Orient, elles se mobilisent pour lancer haut et fort un message de sororité et de solidarité à toutes les victimes, quel que soit leur camp.
À l’aune du drame qui se déroule sous les yeux du monde depuis le 7 octobre 2023, le collectif a signé un manifeste « J’ai choisi mon camp. J’ai choisi la paix » et organisé un rassemblement sans slogan ni bannières le dimanche 22 octobre place du Châtelet à Paris.
Ecoutez (sur YouTube) Hanna Assouline qui a fondé « Les Guerrières de la paix » en 2022 dans le sillage du documentaire qu’elle avait réalisé quelques années auparavant (5 ans).
Les rivaux de Trump laissent (encore) passer leur chance

La conclusion de Russel Berman, dans The Atlantic, à l’issue du débat d’hier soir entre les candidats républicains à la primaire et en l’absence de D. Trump.
chacun de ces débats sans Trump offre à ses adversaires la possibilité de présenter des arguments contre lui, une plateforme pour critiquer le favori sans avoir à faire face à une réfutation immédiate. Pour la troisième fois consécutive, Mme Haley et ses concurrents ont pour la plupart laissé passer leur chance. S’ils cherchent à devenir les colistiers de Trump ou à le remplacer d’urgence, ils ont peut-être fait avancer leur cause. Mais si leur objectif est de déloger Trump en tant que candidat, des occasions comme celle de ce soir s’éloignent.
Source : Trump’s Rivals Pass Up Their Chance
Crédit photo : Mike Segar / Reuters
Finlande, 1939 : “Nous nous battons seuls contre l’envahisseur” soviétique
L’invasion russe de l’Ukraine réveille de mauvais souvenirs en Finlande. Devenu indépendant en 1917, à la faveur de l’écroulement de l’empire tsariste, ce pays a dû endurer, lui aussi, une agression militaire au début de la Seconde Guerre mondiale.
Dans son édition du 2 mars, Hufvudstadsbladet, lu par la minorité suédophone de Finlande, reproduit la une de son édition du 11 décembre 1939, avec l’appel au “monde civilisé” lancé par le Parlement de ce jeune État. Cela fait alors douze jours que, sur ordre de Staline, l’Armée rouge a envahi son petit voisin occidental avec la certitude de le faire plier rapidement. La Finlande ne compte alors que 3,7 millions d’habitants, face aux 168 millions de Soviétiques. À Helsinki, les députés, oubliant leurs divergences, rédigent une déclaration unanime à destination des “peuples de culture”, auxquels ils s’identifient.
“Le peuple finlandais, qui s’est toujours efforcé honnêtement de construire son avenir en harmonie avec toutes les autres nations et sur la base d’un travail pacifique, a été victime d’une attaque impitoyable de la part de son voisin oriental, sans que la Finlande obtienne la moindre explication”, protestent les parlementaires dans leur appel, reproduit par Hufvudstadsbladet.
S’il n’y a pas eu de déclaration de guerre, Joseph Staline réclame depuis plusieurs mois une petite portion de l’isthme de Carélie, proche de Leningrad (l’actuelle Saint-Pétersbourg), et la location d’une presqu’île à l’entrée du golfe de Finlande pour y établir une base
[…]
Source : Finlande, 1939 : “Nous nous battons seuls contre l’envahisseur” soviétique
La guerre en Ukraine remet la souveraineté alimentaire de l’Europe au cœur des débats
Le conflit risque de remettre en cause les objectifs verts de l’agriculture européenne. Lors d’une réunion informelle avec le commissaire à l’Agriculture, les ministres de l’UE ont demandé une évaluation de certaines stratégies, dont celle dite «De la ferme à la fourchette», au nom de la souveraineté alimentaire. Quitte à remettre en cause la réduction des pesticides et le passage à une agriculture bio. Extrait.
Julien Denormandie [ministre de l’Agriculture français] a surtout pointé «la mission nourricière de l’Europe», répondant ainsi aux demandes répétées des acteurs du monde agricole. Dans leur viseur, le Pacte vert européen et la stratégie «De la ferme à la fourchette» («Farm to Fork») qui prévoit notamment de réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030 et de tripler les surfaces en bio pour passer à 25 % à la même échéance. Hostile depuis le départ à cette stratégie, le monde agricole s’appuie depuis des mois sur plusieurs études, et notamment un rapport du service scientifique de la Commission, pour affirmer qu’une telle feuille de route diminuerait les rendements européens. Auprès de l’AFP, mercredi, l’interprofession des céréales s’est de nouveau attaquée à cette stratégie. Dans un communiqué envoyé dans la soirée, pendant le point presse de Julien Denormandie et Janusz Wojciechowski, la FNSEA a ainsi réaffirmé que «l‘Union européenne doit remettre la souveraineté alimentaire en priorité absolue», et surtout déclaré : «En premier lieu, la logique de décroissance souhaitée par la stratégie européenne “Farm to Fork” doit être profondément remise en question. Il faut au contraire produire plus sur notre territoire, produire durablement mais produire.»
Source : La guerre en Ukraine remet la souveraineté alimentaire de l’Europe au cœur des débats
L’Europe censure les médias prorusses, une décision controversée
En réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne a décidé d’interdire certains médias acquis à la cause du Kremlin, tels que Russia Today (RT) ou Sputnik. Mais pour certains spécialistes, cette censure envoie un mauvais message et peut même s’avérer contre-productive.
Mesure inédite en « temps de paix »
L’UE, quant à elle, a choisi l’approche plus radicale, celle de l’interdiction. Or, cela détonne dans l’histoire récente de l’Europe. Les rares interdictions de diffuser mises en place depuis la Seconde Guerre mondiale ont été prononcées dans des contextes particuliers: la France a utilisé cet outil pendant la guerre d’Algérie, et l’Allemagne de l’Ouest avait également interdit des publications communistes.
Selon l’historien français Fabrice d’Almeida, spécialiste des médias et de la propagande, cette pratique existe rarement en temps de paix. « Ce type de mesures, ce sont celles qu’on prend quand on est vraiment en guerre. Quand on a des troupes engagées, on rentre dans un système où la liberté d’expression n’a plus lieu d’être », déclare le chercheur. Or, explique-t-il, l’UE n’a pas proclamé l' »état de siège », qui est la mesure technique qui permet de censurer directement les journaux et de surveiller l’information.
En interdisant à ces médias russes de diffuser, l’Union européenne se comporte donc comme en temps de guerre alors que, formellement, elle n’est pas engagée dans ce conflit. « C’est un peu étrange en termes de pure légitimité », estime Fabrice d’Almeida.
Source : L’Europe censure les médias prorusses, une décision controversée
Pourquoi ne pas soigner les non-vaccinés est une idée effrayante
Omicron pousse les hôpitaux à leurs limites, mais le système médical a toujours une responsabilité éthique envers tous les patients, quels que soient les choix qu’ils font. Dans un récent article The Atlantis explique pourquoi l’idée qui consisterait à ne pas soigné les non-vaccinés est terrible et est contraire à tous les principes médicaux. Extrait traduit.
Contrairement aux mandats de vaccination, qui limitent les emplois que les personnes non vaccinées peuvent occuper ou les espaces dans lesquels elles peuvent entrer, refuser des soins médicaux serait une question de vie ou de mort. Et dans de tels domaines, les soins médicaux devraient être offerts en fonction de l’urgence des besoins d’un patient, et non des circonstances menant à ce besoin. Les personnes dont les actions se mettent en danger, comme les fumeurs atteints d’un cancer du poumon ou les cyclistes qui tombent sans casque, sont toujours traitées. Ceux dont les actions ont mis en danger les autres, comme les conducteurs ivres ou les terroristes, sont également traités. « Nous sommes tous pécheurs », m’a dit Carla Keirns, professeure d’éthique médicale et de médecine palliative au Centre médical de l’Université du Kansas. « Personne n’a pris toutes les décisions parfaites, et aucun d’entre nous pourrait se retrouver dans une situation où nous sommes malades. » C’est un principe fondamental de la médecine moderne que « tout le monde a un droit égal à soulager de la souffrance, peu importe ce qu’il a fait ou n’a pas fait », m’a dit Daniel Goldberg, historien médical et éthicien de la santé publique à l’Université du Colorado.
Comme le montrent les exemples historiques, les personnes les plus privilégiées en bénéficient généralement lorsque les soins sont alloués. Dans les années 1960, alors que les appareils de dialyse étaient encore rares, un groupe de sept profanes a été chargé de décider quels patients devraient recevoir le traitement de sauvetage. Parmi des facteurs tels que l’âge, le sexe, l’état matrimonial, la richesse et l’éducation, le soi-disant Comité Dieu a également examiné quelles personnes avaient « le plus grand potentiel de service à la société » et étaient « actives dans le travail religieux ». Sans surprise, comme l’ont montré des analyses ultérieures, le comité a favorisé les hommes blancs d’âge moyen de la classe moyenne. « Quand il est devenu public, les Américains étaient indignés », m’a dit Keirns. « Ils ont reconnu que lorsque vous essayez de faire des distinctions morales, vous finissez par tenir contre les gens des circonstances indépendantes de leur volonté. »
Source : www.theatlantic.com/health/archive/2022/01/unvaccinated-medical-care-hospitals-omicron/621299/
De l’art d’être de bons ancêtres
La ville japonaise de Yahaba, qui compte 27 000 habitants, n’a rien d’exceptionnel, hormis le fait qu’elle accueille l’une des expériences les plus originales de l’histoire de la démocratie moderne, qui ouvre des horizons insoupçonnés. Depuis 2015, ses habitants participent à Future Design, une expérience unique de démocratie participative, dans le cadre de laquelle ils sont invités à des réunions publiques pour discuter des projets concernant l’avenir de leur ville. Au début, les participants sont eux-mêmes, avec leur propre point de vue. Mais ensuite, et c’est là que ça devient intéressant, ils doivent porter des sortes de toges colorées et s’imaginer vivre en 2060.
L’étonnant, c’est que quand ils se mettent dans la peau des habitants de 2060, les habitants réclament des mesures bien moins frileuses, que ce soit dans le domaine de la santé ou de la lutte contre le changement climatique. Grâce à Future Design, les habitants de Yahaba ont ainsi accepté de voir leur facture d’eau augmenter de 6 % pour financer un investissement à long terme dans les infrastructures nécessaires à une bonne gestion de l’eau de la ville. Ils s’étaient rendu compte que c’était indispensable pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
La méthode a rapidement fait son chemin au Japon et est utilisée dans des grandes villes comme Kyoto, Matsumoto et Suita. Même le ministère des Finances japonais l’utilise comme outil pour contrecarrer le court-termisme qui domine la mise en place de stratégies économiques.
Source : De l’art d’être de bons ancêtres | Courrier International