Dans ma recherche d’un écosystème souverain (cf. De l’air… avec Joplin et Nextcloud ou Premiers pas avec Nextcloud 3.0), la question de l’ordinateur, de son système d’exploitation et des logiciels à utiliser se pose ardemment en 2025. Et la question n’est pas si simple.

Constats de départ
Aujourd’hui, sous Windows ou MacOS, nos données ont plus que tendances à être récupérées soit par Microsoft, soit par Apple sans parler des logiciels qui sont connectées au réseau ou au cloud et dont les données, là aussi, sont possiblement collectées par leurs éditeurs.
Dans toute la mesure du possible, je privilégie l’hébergement de mes données sur mes propres espaces, hors GAFAM. Il s’agit aussi de publier en premiers lieu sur ses blogs et non sur les réseaux sociaux. Je privilégie un ensemble de logiciels open source plutôt que des logiciels propriétaires.
MAIS je pense qu’il me faut aller plus loin. Il nous faut sortir de la dépendance aux plate-formes et outils états-uniens. J’envisage de limiter mes accès à internet. En clair, il s’agit de développer un usage du numérique débranché du réseau et de ne plus être connecté en continu, mais de travailler en mode local sur ma machine.
Expérimentations passées
Alors comment procéder ? Récemment, je vous ai fait part de mon expérience frustrante (De l’air… avec mon MacLinux) en installant Linux Mint sur un ancien MacBokk 12″
Au final, l’expérience reste incomplète et partiellement frustrante. Du côté du MacBook 12″, celui-ci fait son âge. Je rêve d’un petit notebook avec un processeur M1 ou M2, améliorant tant les performances que l’autonomie. Je rêve évidemment, car un tel portable entrerait en concurrence avec l’iPad Air ou l’iPad Pro 11″. Ce matériel ancien pose aussi des frustrations au niveau de Linux Mint du côté de la carte son ou du bluetooth. C’est dommage, car l’interface et l’appui sur le logiciel libre valent le détour.
Un nouvel essai avec l’installation d’Asahi Linux sur un MacBook Air M1 n’a pas apporté plus de satisfaction, car le partage du disque entre une partition MacOS et une Linux diminue de manière importante le stockage de mon MacBook Air et de son disque de 256GB. Il y a aussi, soyons honnête, l’habitude prise d’utilisation de MacOS. Il est difficile de s’en passer.
J’ai donc repris le cahier des charges d’un environnement de nature frugale et limitant l’usage et l’accès au l’informatique dans les nuages (cloud). Les éléments de l’écosystème choisi doivent pouvoir être utilisé déconnectés.
Solutions envisagées
Je suis reparti ensuite de zéro pour réinitialiser un MacBook selon la procédure suivante Effacer le contenu de votre Mac et restaurer ses réglages par défaut. Une fois ceci fait, en redémarrant, il ne faut surtout pas reconnecter son MacBook à son compte Apple ou utiliser le magasin d’applications d’Apple. Par ailleurs, je n’ai ni initialisé Siri, ni l’intelligence artificielle d’Apple, car vous enverrez automatiquement des données à Apple.
A ce stade, un de mes regrets est qu’à ma connaissance, il n’est pas possible ou très difficile de supprimer les applications Apple installées par défaut.
Logiciels alternatifs
Au niveau des logiciels à installés, l’idée est d’en sélectionner avec parcimonie et issus du libre (open source) le plus possible. Les applications d’Apple sont à remplacer. Mon objectif est de les remplacer par des solutions suisses et européennes pour échapper à la législation américaine (on ne sera jamais assez prudent désormais tant par rapport aux États-Unis qu’à la Chine). Voici la liste des applications à remplacer et le remplaçant choisi ou potentiel :
- le gestionnaire de mot de passe : Bitwarden (open source), premier logiciel téléchargé me concernant, ou ProtonPass;
- iCloud : Nextcloud (deux solutions d’hébergement en Europe avec Zaclys ou Tabdigital) ou pCloud (permet de sauvegarder les données de votre ordinateur et d’accéder à vos fichiers sans que ceux-ci soient physiquement sur votre ordinateur). Une autre excellente alternative : kDrive d’Infomaniak.
- Safari (navigateur) : Firefox;
- Mail : Proton Mail ou Tuta qui sont deux logiciels de mail sécurisés (chiffrement) et permettant, en formule payante, d’intégrer des domaines d’e-mails personnalisés;
- Bureautique (Pages, Keynote, Numbers) : LibreOffice (bureautique) et Zettlr (application pour rédiger en Markdown, y compris des textes scientifiques). J’y ajoute encore Zotero pour la gestion bibliographique et de mes lectures.
- Photos : digikam. A noter que Nextcloud peut aussi jouer ce rôle pour autant que vous puissiez installer « Souvenirs » avec leur application photos, mais cela nécessite une connexion internet.
- Musique : Audivarna (solution payante, mais de qualité audiophile et permettant de gérer AirPlay ou les réseaux UPnP) ou Strawberry Music Player.
Trois logiciels s’ajoutent encore à ces remplaçants d’applications Apple :
- CleanMyMac pour l’entretien régulier de mon ordinateur et sa protection;
- ProtonVPN ou CleanVPN pour la protection de mes connections;
- Antidote pour les corrections orthographiques et grammaticales.
Le plus intéressant dans tout cela réside dans le fait que les solutions suisses ou européennes sont en première ligne pour remplacer des solutions états-uniennes et offrent une protection des données renforcées.
Critères de choix en résumé
- Solutions open source et européennes/suisses de préférence.
- Capacité à fonctionner hors ligne/hors cloud.
- Protection renforcée des données personnelles.
Perspective analogique
MAIS, mes réflexions portent sur un retour au monde analogique le plus large possible et de procéder à une réduction volontaire des usages numériques : réseautage humain sans interface numérique (médias sociaux), recours encore plus systématique aux carnets papiers pour rédiger des textes, réaliser des dessins ou coller mes photos de roadtrip au format papier dans un album mêlant textes et images et même revenir à l’agenda papier pour noter mes rendez-vous et lister mes tâches. Et évidemment lire des livres papiers.
Il s’agir ici de privilégier le lien humain direct et limiter l’intermédiation numérique.
Sources d’inspiration
A ce sujet, je me suis lancé récemment dans des lectures d’ouvrages publiés dans les années 1920-1930 pour mieux saisir comment les gens ont vécu l’installation des régimes totalitaires et leurs différentes manières de résister.
Dans ce cadre-là, ma première lecture a été pour Berlin Alexander Platz d’Alfred Döblin. Ce roman a été publié en 1929. Il relate le parcours de Franz Biberkopf, délinquant à peine sorti de prison, dans le monde de la pègre dont il réalise qu’il lui est impossible de sortir. Nous sommes dans un Berlin où se mêle déjà les affrontements politiques entre sociaux-démocrates, communistes et nationaux-socialistes. Le roman présente l’histoire du petit peuple berlinois autour de l’Alexanderplatz pendant la difficile période de Weimar. Leurs solutions, et leurs petites manigances, pour survivre. A noter que dépeignant la pègre berlinoise des années 1920, le roman fut la cible des autodafés nazis dès 1933.
Tags : #Autoritarisme #Matrix #Résistance #liens #humains #humanité #Suisse #Europe