Le billet du 29 octobre 2012, « La guerre prémoderne, 5e – 15e siècles », se terminait par une conclusion provisoire ouvrant sur ce qu’il est convenu d’appeler les Temps modernes. Une modernité marquée par un phénomène sans précédent historique, celui d’une société exerçant progressivement son hégémonie à l’échelle mondiale. Sachant que l’Europe finit par dominer le monde au terme du 19e siècle, nombre d’historiens ont essayé d’analyser les causes de cet « essor de l’Occident », à commencer par William H. McNeill avec The Rise of the West [1963]. Nombre d’explications ayant intégré le facteur militaire comme décisif dans ce « miracle européeen », nous rebondissons ici sur le choix de la guerre comme thématique des Rendez-vous de l’histoire de Blois cette année, du 10 au 13 octobre 2013. Nous allons explorer la genèse de cette supériorité militaire occidentale.
Guerre
Revue de presse : Pour une histoire politique des humanitaires dans la guerre
Pour une #Histoire #Politique des #Humanitaires dans la #Guerre (Grotius #Géopolitique de l’Humanitaire)
Revue de presse : L’identité canadienne refaçonnée ? | Jocelyn Létourneau
Jocelyn Létourneau revient sur les commémorations par le gouvernement canadien de la Guerre de 1812 opposant le Canada aux Etats-Unis d’Amérique.
Pour lui, dans l’opération de «royalisation» du paysage symbolique national et de réhistorisation de l’expérience historique canadienne, il y a peut-être la manifestation de l’essoufflement du paradigme idéel qui fut au cœur du projet canadien des quarante dernières années, celui du multiculturalisme.
Pour résoudre cet essoufflement, Il semble que raccorder le Canada à sa britannicité constitutive et l’éloigner de son américanisation rampante ait été l’option retenue par le gouvernement Harper. C’est en ce sens qu’il faut comprendre alors la restauration des symboles de la royauté et l’importance accordée à la guerre de 1812.
Une image pour la guerre | L’Atelier des icônes
Dans un court et brillant article, André Gunthert porte son regard et son analyse sur la dernière couverture du Time. Le portrait d’une jeune afghane Aisha actuellement aux Etats-Unis pour une opération de reconstruction faciale.
André Gunthert l’a met notamment en relation avec un autre portrait d’une Afghane désormais célèbre réalisé par Steve McCurry et pris en 1984. En 2002, le photographe avait d’ailleurs retrouvé la jeune fille et cela avait donné lieu à ce double portrait:
Il constate au propos du portrait d’Aisha et concernant notre trouble devant cette image que
Alors que l’image de la victime féminine est habituellement utilisée comme symbole pour dénoncer le conflit, celle-ci sert à l’inverse à légitimer la poursuite de l’occupation.
Ce retournement du schéma explique l’autre différence essentielle de cette icône: au lieu d’une photographie de reportage prise sur le vif, il s’agit d’un portrait soigneusement posé (réalisé par Jodi Bieber pour le magazine), comme celui d’un mannequin ou d’une célébrité, qui rend plus affreux encore le contraste entre la mise en scène de la beauté et la blessure ouverte.
Sources:
- Le billet d’André Gunthert: Une image pour la guerre | L’Atelier des icônes.
- L’histoire des photos de Steve McCurry: Afghan Girl
Raconter Dien Bien Phu du côté Viêt Minh
Du 22 au 25 avril dernier, le 6ème conférence mondiale du journalisme d’investigation (Global investigative journalism conference) a tenu congrès à Genève. Si les médias ont beaucoup focalisé leur intérêt sur la présence de l’écrivain et journaliste Roberto Saviano, sur son travail sur la Camorra et les menaces de mort dont il fait l’objet, notre attention se focalisera plus sur le travail d’histoire et de mémoire réalisé par le journaliste vietnamien Duc Tue Dang auprès des vétérans vietnamiens qui ont vécu la bataille de Dien Bien Phu.
Pour rappel, en novembre 1953, Dien Bien Phu, petite vallée en cuvette à proximité des frontières chinoise et laotienne en plein pays thaï, est conquise en 1953 par deux bataillons de parachutistes français (voir les cartes de Cartographe.net). En occupant cette cuvette, les troupes françaises coupent la route permettant aux troupes d’Ho Chi Minh de se ravitailler depuis le Laos. Transformée en camp retranché, Dien Bien Phu est attaquée le 13 mars 1954 par les troupes du général Việt Minh Giap. La bataille de Dien Bien Phu prendra fin le 7 mai 1954 par l’écrasante victoire du général Giap. L’armée français dénombrera 2921 morts et, sur les 11 721 soldats faits prisonniers, seulement 3 290 revienndront vivants en France. Du côté vietnamien, le nombre de morts estimé est de 25’000. (Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_%C4%90i%E1%BB%87n_Bi%C3%AAn_Ph%E1%BB%A7). Pour le Monde Diplomatique, cette écrasante défaite française dans la cuvette de Dien Bien Phu fut Le Valmy des peuples colonisés et un signal pour tous les peuples en quête d’indépendance. Le 20 juillet 1954, à Genève, les négociateurs français et vietnamiens signaient les accords de cessez-le-feu, couverts par l’autorité de la communauté internationale : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Union soviétique et, surtout, la Chine populaire « prenaient acte ». Le 1er novembre 1954, les Algériens du FLN entamaient leur insurrection.

Si cette bataille avait fait l’objet d’une littérature abondante du côté français, le silence prédominait, hors le discours officiel sur la bataille, du côté vietnamien jusqu’à ce travail de Duc Tue Dang et de son équipe. Son objectif? Contourner le mur de l’histoire officielle pour raconter la bataille à travers de ceux qui l’ont vécue. Ils ont donc procédé aux interviews de jeunes soldats ayant vécu la bataille. Ces interviews ont duré 12 mois. Deux ou trois entretiens étaient nécessaire pour obtenir la confiance des témoins qui, dans un premier temps, ne s’écartaient pas de la version officielle. Au total 400 entretiens ont été réalisé et 250 ont été retenus dans l’ouvrage publié au final. Interrompus à fin 2008, les entretiens ont fait place ensuite au travail de description des faits, de vérification des sources et de préparation des infographies.
Un tel travail aurait été impensable quelques années plus tôt. Mais pourquoi personne ne parle de Dien Bien Phu ? Pour Duc Due Dang:
“Face à la victoire, les personnes qui ont pris part au conflit ne trouvaient plus leur place et étaient intimidés: ils avaient peur de sortir des jalons fixés par l’histoire officielle“. (Source : Chacaille)
Loin des scoops et des révélations exclusives, ce travail a permis néanmoins de parler pour la première fois au Vietnam de la présence de militaires chinois du côté Việt Minh. Mais pour Duc Due Dang ce qui comptait et ce qui était nouveau au Vietnam résidait dans la démarche
«Je pense qu’on leur a montré qu’on pouvait faire quelque chose d’impossible: s’intéresser aux gens normaux et pas aux héros connus.» (Propos de la conférence repris In Duc Tue Dang et l’investigation historique: « La propagande régnait au détriment de la vérité » | SoKiosque)
Cette première étape dans le travail d’histoire et de mémoire du côté vietnamien devra en amener d’autres. Concernant Dien Bien Phu, deux autres tabous subsistent donc:
- le nombre de victimes du côté Việt Minh qui officiellement est toujours de 4’000;
- l’histoire des Vietnamiens ayant combattu ou soutenu les troupes françaises.
Au final, nous disposons maintenant d’un livre traduit en français et préfacé par Jean-Pierre Rioux qui questionne également la frontière entre les différentes disciplines mobilisées. Comme l’indique Guillaume Henchoz:
«La démarche du journaliste, dans ce cas de figure confine presque à celle de l’historien. […] . Si la démarche historique au sens strict du terme n’est pas là, on peut en revanche saluer le travail de mémoire qu’ils ont effectué.» (Raconter Dien Bien Phu : Les enjeux de la mémoire vietnamienne – Chacaille)
Pour ma part, j’ajouterai qu’un tel travail donne toute sa valeur au travail journalistique et un espoir relativement à son devenir. D’ailleurs ce billet ne serait rien sans le travail de compte-rendu fait par deux journalistes suisses: Guillaume Henchoz et Luc-Olivier Erard. Merci à eux!
La Suisse face à la guerre d’Algérie | Domaine Public
Domaine public publie un compte-rendu par Pierre Jeanneret de la défense de thèse présentée à Fribourg par Damien Carron, ancien collaborateur des Documents diplomatiques suisses et actuellement Délégué à la recherche à la Fondation Formation universitaire à Distance Suisse. Le titre de la thèse est La Suisse officielle face à la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). Implication, perception, retombées.
Cette thèse se concentre donc sur la Suisse officielle et se base sur les fonds des Archives fédérales à Berne. Si la présence suisse en Algérie s’appuie depuis la conquête sur une forte colonie suisse (2’000 ressortissants suisses et leurs intérêts économiques à protéger), le Conseil fédéral sous l’influence de Max Petitpierre acquit
«la conviction que la question algérienne ne pourrait se résoudre que par la négociation, et non par les armes. Cette conviction l’amena à offrir les bons services de la Confédération, comme intermédiaire en vue de l’ouverture de pourparlers»
Pour leur part, les dirigeants algériens en Suisse du FLN furent rapidement convaincus que le vrai pouvoir étaient entre les mains du Vorort (L’Association faîtière de la grande industrie d’exportation et des banques) et des industriels. Le gouvernement suivant ensuite dans le sens des intérêts de ceux-ci. Le transfert des taxes révolutionnaires du FLN —prélevées sur les 400’000 travailleurs/résidents algériens en France— dans les coffres des banques suisses suffisent alors à convaincre le Conseil fédéral de sa neutralité.
Plusieurs pages sont consacrées également au rapport entretenu par la Suisse officielle avec la Neue Zürcher Zeitung ainsi que le positionnement des différents journaux par rapport à cette guerre de décolonisation.
Au final, pour Pierre Jeanneret, ce travail
fera date dans l’historiographie déjà abondante relative à une guerre coloniale qui n’a cessé d’aviver les passions des témoins et acteurs, et parfois celles des historiens eux-mêmes.
Cette thèse fera date également du côté de la politique menée par la Suisse officielle dans le cadre de la décolonisation, et plus particulièrement dans celle de l’Afrique, après 1945.
Le texte intégral du compte-rendu: Domaine Public : La Suisse face à la guerre d’Algérie.
L’ennemi intime, un film sur la guerre en Algérie | La p@sserelle
Le blog La p@sserelle nous propose une intéressante séquence exploitant en classe de la bande-annonce du film « L’ennemi intime ». Pour la réaliser, le blog s’est notamment appuyé sur le dossier pédagogique en ligne sur le site “Zéro de conduite”.
“L’ennemi intime“ est une fiction réalisée en 2007 par Florent Siri dont l’action se déroule en 1959 en Kabylie (Algérie française) et relate une des opérations les plus violentes de l’armée française contre le FLN (Front de Libération Nationale).
Les questions proposées permettent de travailler notamment sur les images de la bande-annonce et les concepts de « guerre » ou de « maintien de l’ordre. »
La séquence proposée par La p@sserelle: L’ennemi intime, un film sur la guerre en Algérie – La p@sserelle -Histoire Géographie-.
Guerre du Vietnam : Décès de Robert McNamara | Le Temps
Le nom de l’ancien secrétaire à la Défense reste associé à la guerre à outrance au Vietnam, même s’il a ensuite pris ses distances avec le gouvernement américain. Ainsi le temps des témoins fait progressivement place au temps de l’histoire relativement à la Guerre du Vietnam.
LeTemps.ch | Décès de Robert McNamara
La citation est tirée des Mémoires de Robert McNamara publiées en 1995.
L’excellent journaliste canadien Richard Hétu revient à son tour sur le décès de Robert McNamara et ne tourne pas autour du pot en titrant «Mort d’un criminel de guerre». Il y rappelle que dès 1965 McNamara avait conclu que la guerre du Vietnam était perdue. Mais plus encore, il revient sur le témoignage de McNamara dans le documentaire Fog of War où ce dernier admet s’être comporté comme un criminel de guerre pendant la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’il se trouvait sous les ordres du général Curtis LeMay :
Histoire de Guerre, Parcours de Paix
Le but du site pédagogique « Histoire de guerre, Parcours de paix »est d’offrir une relecture de l’Histoire de la Première Guerre mondiale sous l’angle de l’éducation à la paix, à la citoyenneté et au vivre ensemble. Quelles leçons l’Histoire peut-elle encore nous apprendre pour mieux vivre ensemble aujourd’hui ? Ce site y répond par des activités pédagogiques adaptées à trois niveaux scolaires : CM1-CM2 (primaire), 3ème de Collège (9e), 1ère de Lycée.
Dans le cadre de l’Abri-Mémoire, projet de valorisation du patrimoine militaire de la Grande Guerre (monument national du Hartmannswillerkopf ou Vieil-Armand), la Communauté de Communes de Cernay et Environs (Haut-Rhin) a sollicité l’Ecole de la paix de Grenoble, association d’éducation à la paix spécialisée dans la création d’outils pédagogiques.
Fruit de cette collaboration, le site Internet s’adresse pour ses Pages d’Histoire à tous les visiteurs et pour son Espace Enseignant aux animateurs et enseignants qui trouveront un contenu pédagogique unique pour préparer leurs interventions en classe. Les fiches pédagogiques, prêtes à imprimer, se déclinent en dix thèmes construits autour de l’articulation entre l’Histoire de guerre et leurs Parcours de paix.
Le graphisme est soigné et bien adapté à un usage scolaire. A explorer. On y trouve notamment une activité ludique qui permet de faire réfléchir les élèves de 3ème (9e) sur les étapes de la réconciliation franco allemande tout en les faisant réviser quelques unes des dates clefs du programme de 3e (9e).