Vieille ville du Landeron. Banneret.
Ce jour-là, les lieux sont quasi désert. L’atmosphère est très particulière en ce mardi de Pâques.
Date : le 26 avril 2011
Mode : solo
by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire
La projection sur la Piazza Grande de Locarno du film de Daniel von Aarburg «Hugo Koblet, pédaleur de charme» donne l’occasion à André Crettenand de répondre à question : Qu’est-ce qu’un héros suisse?
Dans ce cadre-là, Hugo Koblet déteint par rapport aux héros magnifiés au 19e siècle pour, selon la jolie formule d’André Crettenand, «faire une nation avec des confettis d’Etat»:
ce qui est remarquable, c’est la célébration nouvelle de la star si peu suisse au fond, réussissant sans travailler, dépensier, volage mais si généreux, charmant, bon camarade et amoureux de la vie.
Pour André Crettenant, il ne fait aucun doute que le film est déjà promis au succès. Ne serait-ce que par le contraste avec Ferdi Kübler, l’autre champion suisse du vélo de ces années-là plus proche que Kublet de l’imaginaire du héros national suisse attendu.
L’affirmation de Koblet comme héros national décalé par rapport aux héros nationaux du 19e siècle s’inscrirait parfaitement dans les observations plus générales faites concernant l’évolution des héros nationaux occidentaux. Ainsi, à propos de la figure de Luther et de son traitement au fil des différentes commémorations protestantes en Allemagne, Yves Bizeul ((Bizeul Y. (2010). Le Huguenot résistant et Luther, le colosse aux pieds d’argile. In Cottret B. & Henneton L. (dir). Du bon usage des commémorations. Histoire, mémoire et identité XVIe-XXIe siècle. Rennes: Presses universitaires, p. 67)) note-t-il
il faut bien voir que l’humanisation des anciens héros et la reconnaissance de leurs faiblesses peuvent être des stratégies payantes dans une haute modernité qui vénère moins le «surhomme» goéthéen et nietschéen que l’homme en recherche, traversé de doutes, mais aussi capable de grandeur.
Koblet, le James Dean suisse | Deux ou trois choses vues de Paris.
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Vendredi matin (7 mai 2010), le Grand conseil valaisan a accepté un postulat du député libéral-radical Philippe Nantermod, déposé le 10 septembre 2009 et visant à modifier le contenu des cours d’Histoire dispensés aux écoliers valaisans… et romands.
Le texte du postulat déposé était le suivant:
Plusieurs affaires récentes en Valais montrent une certaine méconnaissance de nombreux jeunes de l’Histoire du XXe siècle en Europe, en particulier des atrocités qui ont été commises sur le vieux continent, au point que certains s’affichent ouvertement révisionniste ou de doctrine plus que nauséabondes, elles-mêmes condamnées par la loi. Internet est devenu un lieu d’expression et de transmission de l’ignorance: on ne compte plus les groupes Facebook promouvant l’eugénisme ou le racisme.
Le Canton du Valais doit réagir face à cette poussée de l’ignorance en intégrant dans le cursus scolaire des cours d’Histoire comprenant l’apprentissage de l’Histoire du XXe siècle en Europe, des deux guerres mondiales et de la guerre froide, et tout particulièrement des massacres de grande échelle qui forment une des pages les plus sombres de notre Histoire. Cet apprentissage doit impérativement se faire avant la fin de la scolarité obligatoire, avant la dernière année, tenant compte que certains étudiants redoublant n’ont pas l’occasion d’aborder cette part du programme qui semble essentielle. L’apprentissage de l’histoire à l’école doit avoir pour objectif de donner aux jeunes les outils pour comprendre notre monde et ses subtilités.
Source: Postulat “Pour que les jeunes Valaisans connaissent l’histoire de notre monde”
Dans sa réponse au postulat, le Conseil d’Etat valaisan reconnaît en premier lieu qu’il
est effectivement exact que les élèves quittant le cycle d’orientation avant la 3e n’auront pas abordé, durant les cours d’histoire, les événements qui ont émaillé le XXe siècle et en particulier les épisodes extrêmement tragiques du fascisme, nazisme et de la terreur stalinienne.
Puis il se réfère au PER (Plan d’études romand) prochainement à mettre en oeuvre dans les cantons de la Suisse francophone
Sachant que les futurs programmes sont applicables à l’ensemble des cantons romands, il ne sera pas possible d’aborder, en histoire, le XXe année du cycle d’orientation en raison de la planification proposée par le PER. D’autres axes d’apprentissage permettront toutefois de prévenir le développement d’idéologies extrémistes. En effet, dès la 5primaire, les domaines « Citoyenneté : homme – société » et « Formation générale » abordent les relations que doivent entretenir les citoyens et la collectivité afin de garantir le respect des différences et un fonctionnement démocratique. Au cycle d’orientation, le but est de construire une pratique citoyenne. Une étude des droits humains et une observation de leur application en Suisse et dans le monde sont inscrites au programme.
Enfin, en réponse au postulat, le Département de l’éducation, de la culture et du sport (DECS) s’engage à particulièrement veiller
lors de la mise en place du PER, à l’implémentation des objectifs présentés par ces deux domaines, avant la dernière année de l’école obligatoire, afin que les enseignements prodigués par les événements du XXe siècle soient portés à la connaissance de tous nos élèves.
Pour autant est-ce à dire que, comme le semble le croire Philippe Nantermod,
le Conseil d’Etat a aujourd’hui pour mission de proposer une modification du plan d’étude romand pour améliorer le contenu des cours d’Histoire. Etant donné les nouveaux accords intercantonaux, c’est en effet le programme scolaire de toute la Suisse romande qui devra évoluer pour atteindre ce standard minimum proposé par le PLR valaisan. Il reste à espérer que les Chefs de l’instruction publique romands soient suffisamment sensibles à cette question primordiale.
Source: Les cours d’Histoire vont changer… dans toute la Suisse romande !
seul l’avenir nous le dira. Toujours est-il qu’à l’exemple de pays voisins, l’histoire à l’école valaisanne et romande paraît revenir sous surveillance du politique.
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Domaine public publie un compte-rendu par Pierre Jeanneret de la défense de thèse présentée à Fribourg par Damien Carron, ancien collaborateur des Documents diplomatiques suisses et actuellement Délégué à la recherche à la Fondation Formation universitaire à Distance Suisse. Le titre de la thèse est La Suisse officielle face à la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). Implication, perception, retombées.
Cette thèse se concentre donc sur la Suisse officielle et se base sur les fonds des Archives fédérales à Berne. Si la présence suisse en Algérie s’appuie depuis la conquête sur une forte colonie suisse (2’000 ressortissants suisses et leurs intérêts économiques à protéger), le Conseil fédéral sous l’influence de Max Petitpierre acquit
«la conviction que la question algérienne ne pourrait se résoudre que par la négociation, et non par les armes. Cette conviction l’amena à offrir les bons services de la Confédération, comme intermédiaire en vue de l’ouverture de pourparlers»
Pour leur part, les dirigeants algériens en Suisse du FLN furent rapidement convaincus que le vrai pouvoir étaient entre les mains du Vorort (L’Association faîtière de la grande industrie d’exportation et des banques) et des industriels. Le gouvernement suivant ensuite dans le sens des intérêts de ceux-ci. Le transfert des taxes révolutionnaires du FLN —prélevées sur les 400’000 travailleurs/résidents algériens en France— dans les coffres des banques suisses suffisent alors à convaincre le Conseil fédéral de sa neutralité.
Plusieurs pages sont consacrées également au rapport entretenu par la Suisse officielle avec la Neue Zürcher Zeitung ainsi que le positionnement des différents journaux par rapport à cette guerre de décolonisation.
Au final, pour Pierre Jeanneret, ce travail
fera date dans l’historiographie déjà abondante relative à une guerre coloniale qui n’a cessé d’aviver les passions des témoins et acteurs, et parfois celles des historiens eux-mêmes.
Cette thèse fera date également du côté de la politique menée par la Suisse officielle dans le cadre de la décolonisation, et plus particulièrement dans celle de l’Afrique, après 1945.
Le texte intégral du compte-rendu: Domaine Public : La Suisse face à la guerre d’Algérie.
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Tous les débats du Conseil national et du Conseil des Etats depuis 1971 sont désormais disponibles en ligne. Les Services du Parlement et les Archives fédérales suisses ont procédé à la numérisation du Bulletin officiel de l’Assemblée fédérale de 1971 à 1995 et le publient aujourd’hui sur www.amtsdruckschriften.bar.admin.ch.
On y trouve également la Feuille fédérale à partir de 1848, les procès-verbaux du Conseil fédéral de 1848 à 1882 ainsi qu’une collection de Documents Diplomatiques Suisses pour la période 1848-1945.
Une vraie mine d’or virtuelle!
Source: Les débats du Parlement suisse disponibles en ligne | Fragments actuels
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Wilhelm Felber: Jeune fille à la gare, tirage au gélatino-bromure d'argent, vers 1955. @Wilhelm Felber/Fotostiftung Schweiz (aus: Schweizerische Landesmuseen, collection Herzog)
Le Musée national suisse à Zurich vous propose depuis demain jusqu’au 28 février 2010 une exposition temporaire organisée autour de photographie de la Suisse prise entre 1840 et 1960.
Les photographies proviennent de la collection Herzog. L’exposition les présente autour de trois thèmes correspondant chacun à une salle de l’exposition temporaire.
La salle 1 est consacrée aux métamorphoses d’une population suisse majoritairement agricoles en 1850 qui s’industrialise, puis se tertiarise. La salle 2 s’attache au développement des infrastructures de transport et leur impact sur la modernisation du pays. La salle 3 s’intitule « Les héros du quotidien ». Si aux débuts de la photographie celle-ci est chère et présente d’abord des portraits de nobles et de la haute bourgeoisie, la situation change à partir de 1900 et les photographies exposées témoignent de cette évolution.
Un dossier à télécharger existe pour les enseignants uniquement en allemand: (http://www.aufbruch.landesmuseum.ch/pdf/lehrerinformation.pdf)
On peut aussi télécharger en grand format dans l’espace presse quelques photos de l’exposition avec leurs références.
Aufbruch in die Gegenwart. La Suisse en photographies 1840 – 1960. Landesmuseum Zürich
Alexander Frei, buteur national, connaît bien son pays: «En Suisse, les gens ont toujours besoin de mettre un «mais» devant tout [lire ci-dessous].» La sélection helvétique est en passe de se qualifier pour la Coupe du monde; «mais» elle ne joue pas bien. Il s’agirait d’une quatrième participation consécutive à un tournoi majeur première dans l’histoire; «mais» elle est tombée dans un groupe très faible. Une telle régularité serait exceptionnelle pour un petit pays comme celui-ci nos amis belges, hongrois, écossais ou autrichiens ne diront pas le contraire; «mais» la Nati est passée à côté de l’Euro 2008. Ce soir devant Israël à Bâle, un point suffit pour décrocher la lune; «mais» tout peut encore se terminer dans le caniveau – en d’autres termes par des barrages face à un adversaire revêche.
Fallait bien un jour où l’autre que je vous parle de football et du Mondial 2010, non? Et là je trouve que c’est bien vu de la part d’Alexandre Frei et du Temps. Nous voilà à jouer comme l’Allemagne. Merci* M. Hitzfeld.
* quoi que si mercredi l’équipe de Suisse se retrouve en barrage…
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Les archives du canton de Zurich ont numérisé professionnellement près de 50’000 photos de classe du canton de Zurich couvrant les années 1927 à 1995. Elles ont été mises en ligne à l’adresse suivante Klassenphotoarchiv.
Ecole: Gabler. Année: 1968 (1er février). Enseignante: Mme P. Kunz
Après le parcours en raccourcis de Mme Elsa Muschg dont la dernière photo de classe présente sur le site date de 1965, en voici un autre, celui de Mme P. Kunz entre 1968 et 1989:
Site découvert via : weblog.histnet.ch
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La Chaux-de-Fonds / Le Locle, urbanisme horloger (Suisse). Dans les montagnes du Jura suisse, sur des terrains peu propices à l’agriculture, ces deux villes voisines illustrent un développement urbain original qui reflète les besoins d’organisation rationnelle de la production horlogère. © UNESCO/Aline Henchoz
L’inscription des villes de La Chaux-de-Fonds et Le Locle au Patrimoine mondial de l’Unesco 2009 a surpris celles et ceux nombreux qui méconnaissent l’importance du phénomène urbain dans le développement et l’histoire de la Suisse. Mais comme le dit Joëlle Kuntz dans son remarquable (petit) ouvrage La Suisse en un clin d’oeil (Editions Zoé 2006):
«Dans l’opposition qui n’a cessé de dresse la Suisse rurale contre la Suisse urbaine, les villes ont triomphé. Peut-être le duo campagne/montagne prend-il une ironique revanche en fournissant jusqu’à aujourd’hui les grandes images qui font le succès du pays: on vient en Suisse pour la Jungfrau, le Cervin, les glaciers et les lacs plus que pour la Bahnofstrasse à Zurich ou la rue du Rhône à Genève, au demeurant banales.
Quand elles sont admirées, les grandes villes suisses le sont pour leur site et leur environnement paysager plutôt que, sauf Berne, pour leur domaine bâti. Néanmoins, une urbanité particulière, une façon de s’organiser pour tenir la tête haute, une assez grande ambition dans la compétition qu’elles ne cessent de se livrer confèrent aux villes suisses leur caractère […]. Il y a toujours chez elles une ambition affirmée. On peut même dire que l’ambition suisse est dans les villes.» (p. 89-90)
La photo accompagnant cet article présente l’Ancien Manège construit en 1855 qui fut transformé en 1868 en maison d’habitation de 32 logements en une version locale du familistère et qui le demeura jusqu’au début des années 1970. Menacé ensuite de démolition, il est maintenant magnifiquement rénové.
Article en lien: En images, les nouveaux sites inscrits au Patrimoine mondial 2009 – Libération