
Ce jeudi 24 juillet, c’est l’anniversaire de maman. Elle aurait eu 89 ans. Dix ans que maman est morte.
Je me rappelle la seule présence de maman en 1984 au Paléo avec sa couverture patchwork et son fauteuil de plage. Paléo avait encore lieu au bord du lac. C’était il y a trente ans. A 59 ans, à l’âge d’être grand-mère, ma mère observait et découvrait les jeunes évoluer autour d’elle. Elle en avait même vu certains faire l’amour dans leur couverture. Une sacrée expérience qu’elle fit sans émettre aucun jugement de valeurs et en gardant nos affaires pendant que nous passions d’une scène à l’autre. Pour sa part, elle était venue uniquement pour Miriam Makeba en une incommensurable marque d’hommage de sa part à la voix de la lutte contre l’apartheid.
Ce jeudi 24 juillet, c’est aussi ce soir qu’Elton John jouera sur la Grande Scène du Paléo à Nyon dès 21 heures.
Ce soir donc, trente ans après, c’est Elton John que j’attends. Elton John, c’est le premier artiste que j’ai vu en concert en mars 1979. A Beaulieu, il jouait alors seul au piano. «A single Man Tour» était la tournée ayant suivi la parution de son album «Single Man». C’était d’ailleurs la première fois qu’il jouait en Suisse. «Single Man» est son premier album réalisé sans son parolier attitré Bernie Taupin. En deuxième partie, il était rejoint par Ray Cooper, percussionniste halluciné et hallucinant, tout droit sorti d’un film des Monthy Python. Il a d’ailleurs fait une brève apparition dans Brazil de Terry Gilliam.
Petit aperçu du génie de Ray Cooper et de la qualité des prestations de ces deux compères sur scène.1979, un concert génial où nous avons cassé les fauteuils à force de danser dessus au moment des rappels et plus particulièrement sur «Saturday Night’s Alright for Fighting».
Pour un aperçu de cette tournée, je vous conseille le documentaire réalisé à l’occasion de sa tournée en URSS en 1979 — soit juste dix ans avant la Chute du Mur de Berlin. Ne serait-ce que pour deux moments. Le premier lorsque Elton John, ne savant plus comment faire pour briser la glace avec le public d’apparatchiks, passe sur une note de «Bennie and The Jets» à un air russe. Le deuxième, lorsque l’équipe de tournage offre un billet de concert à un fan soviétique, désespéré de ne pas avoir de ticket.
Elton John & Ray Cooper – Better Off Dead (Moscou, USSR, 1979)
Depuis, j’ai revu deux fois Elton John en concert sans que ceux-ci n’atteignent l’intensité du concert de Beaulieu. A part, peut-être, le final de son concert de Vevey lorsque sortant de son juke-box à tubes, il a entonné «Funeral for a Friend | Tonight», «Bennie and The Jets» et «Saturday Night’s Alright for Fighting».
Encore un peu de patience et je verrai de quel bois Elton John se chauffe encore lorsque les étoiles s’accrocheront au plafond de l’Asse. Alors, peut-être, ma mère déposera sa vieille couverture pour agripper quelques notes de musique à son étoile pendant que deux jeunes feront l’amour sous leur couverture.
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