Ce mercredi est une nouvelle journée sans moto et à pied pour une visite en pointillé de Berlin.
Alors que le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe ne m’a pas, à ma grande surprise, suscité d’émotion particulière, j’ai été saisi par la Berliner Strasse et tous les éléments constituant le mémorial au Mur de Berlin. C’est aussi sans aucune comparaison avec mon expérience décevante de la veille au Checkpoint Charlie.
C’est un ensemble d’éléments qui entrent en jeux et vous prennent soudainement aux tripes.
Ici, contrairement, à Checkpoint Charlie, l’organisation de l’espace vous permet concrètement d’appréhender, en plusieurs étapes, la réalité du Mur et celle d’un Berlin coupé en deux.
D’abord, il y a cet espace silencieux au milieu de la ville qui vous sort de la réalité pour vous faire pénétrer dans cet autre monde.
Les pans de murs restant comme la forêt de pilliers couleur rouille l’évocant participent aussi à votre implication émotionnelle.
A différents endroits des photographies prises à différentes époques nous font voyager dans le temps.
Le mur mémorial des victimes du mur concrétise la dure réalité de ce temps. La chapelle du souvenir émeut également.
Presque plus fort encore, les vestiges archéologiques d’une maison détruite après l’édification du mur saisit. Vous vous retrouvez dans la cuisine d’un appartement qui a dû être abandonné par ses occupants en 1961 et qu’ils n’ont jamais réintégré.
Puis, de manière moins visible, vous pouvez, vous devez poursuivre tout au long de la Berliner Strasse qui vous réserve d’autres reconstitutions. Ces parties moins grand public non seulement sont tout aussi intéressantes, mais surtout continuent de donner de l’épaisseur – ou devrais-je dire de la longueur – au dispositif ainsi édifié.
D’autant que vous parcourez ce dernier tronçon entre deux rangées d’immeubles qui, aujourd’hui, remplacent le mur d’alors. Vous êtes physiquement dans le nomand’s land que parcouraient les patrouilles est-allemandes. Vous êtes aussi ce soldat est-allemand franchissant les barbelés pour rejoindre Berlin-Ouest ou ces étudiants creusant ce tunnel sous le mur ou encore ces deux mariés montrant leur bonheur et leur tristesse à leurs parents restés de l’autre côté.
En bref, vous vivez le mur, vous êtes le mur.
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