Il est de tradition que le chef de l’Etat, en France, s’autorise à parler d’histoire. Napoléon III, par exemple, a publié pendant son règne une histoire de Jules César et a fait élever une statue de Vercingétorix… Cette propension qu’a le chef de l’Etat à se faire le locuteur du passé national s’est renforcée sous la Ve République, ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu des pouvoirs inédits que lui confère la Constitution. De ce point de vue, l’exemple des translations au Panthéon est emblématique. Sous les IIIe et IVe Républiques, les panthéonisations étaient proposées par les députés. Depuis 1958, c’est le président qui en décide seul…
On peut donc soutenir que le fait de ” dire l’histoire ” fait partie, sous la Ve République, du ” domaine réservé ” du président de la République. D’ailleurs, si Jacques Chirac, par le biais de son entourage, a si mal réagi quand Lionel Jospin a proposé en 1998 que les soldats fusillés pour l’exemple pendant la première guerre mondiale ” réintègrent la mémoire collective nationale “, c’est à mon avis beaucoup plus parce qu’il y voyait une immixtion injustifiée de son premier ministre sur un terrain qui était le sien que parce qu’il désapprouvait le contenu de cette position.
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