- «Puisque l’essai historique a le vent en poupe, il faut veiller à maintenir l’ouvrage de savoir aux côtés de l’essai de connaissance, […]. Mais publierait-on aujourd’hui Montaillou, village occitan, surtout en l’absence d’Apostrophes pour le populariser ? Rien de moins sûr. Les historiens, qui ont déjà du faire leur deuil des index de noms et d’œuvres, font depuis peu l’expérience d’un autre phénomène : des éditeurs leur demandent désormais de supprimer les notes en bas de page ou même en fin de volume ainsi que les sources, afin d’alléger leur livre à tous points de vue. Comme si tout gage de sérieux et de rigueur, autrefois exigé d’un historien comme on demande ses références à la personne qu’on va engager, était devenu pénalisant tant l’allure en serait rébarbative. […] Plus se révèlent les possibilités infinies de l’hypertexte, plus se réduit l’espérance de vie des notes infra-paginales.»
- Compte-rendu du dernier numéro du Mouvement social (Revue « Le Mouvement social », n°227, avril-juin 2009) qui offre un dossier copieux pour un magnifique objet d’histoire sociale certes, mais aussi d’histoire politique et religieuse : une introduction programmatique ambitieuse signée par les deux coordinateurs du numéro, Axelle Brodiez et Bruno Dumons ; six articles consistants ainsi que de nombreux compte rendus qui attestent une bibliographie d’ores et déjà importante et internationale. Nouveau secteur d’intervention, paradigme de notre modernité, «l’humanitaire» a non seulement la capacité de redéfinir le périmètre de ce qu’on a appelé, depuis le XIXe siècle, la « question sociale » mais il bouscule aussi les outils intellectuels qui s’en sont emparés en sciences sociales, ainsi que l’historiographie qui lui a donné son épaisseur chronologique.
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