Le débat pour savoir quelle position l’association devait prendre sur la réforme du lycée de Luc Chatel a fait exploser l’association des Clionautes regroupant des professeurs d’histoire-géo.
Las des conflits de personne et déçus par le conservatisme pédagogique de certains membres, la présidente, Caroline Jouneau-Sion, et une partie du bureau ont démissionné.
Pour le Café pédagogique:
C’est peut-être une page qui va se tourner pour cette association qui, depuis ses origines, avait milité pour l’utilisation des Tice et des pédagogies nouvelles. L’absence de soutien et de reconnaissance officiels envers les rares associations un tant soit peu innovantes, contrastant avec les crédits et les honneurs déversés sur les plus traditionnelles, n’a évidemment pas arrangé la situation des Clionautes. Maintenant c’est trop tard…
Il faut bien dire que, mis à part quelques personnes autour de Caroline Jouneau-Sion, les pédagogies nouvelles n’étaient plus guère à l’honneur au sein des Clionautes. D’ailleurs, depuis quelque temps, le site des Clionautes s’est progressivement fragmenté en divers sous-ensembles et une querelle entre les anciens du web 1.0 et les modernes du web 2.0 avait vu le jour sur la liste H-Français en juin de cette année à la suite de la création d’un deuxième site sur le réseau Ning (voir ma chronique du Café pédagogique de juin 2009: «Histoire 1.0 versus Histoire 2.0: entre rivalités et complémentarités»).
A la fin de cet article, je notais qu’à la suite d’une intervention de Laurent Gayme qui posait la question suivante:
si la liste H-Français n’est plus satisfaisante en l’état, faut-il alors que l’association [des Clionautes] la quitte ?
«une forme de paix des braves (provisoire ?)» avait été signée où les deux versants des Clionautes parvenaient à la suite d’un message de Caroline Jouneau à la conclusion qu’«il faut effectivement renforcer les liens entre les 2. Trouver une façon de joindre les forces plutôt que de les séparer. Il faut y réfléchir… faire des synthèses des échanges et les mettre sur la liste et le site ?» Cette paix des braves n’aura ainsi pas résisté à la réforme de Luc Chatel.
Hasard du calendrier, le Journal des Tice vient de publier ce lundi un très intéressant entretien avec Caroline Jouneau-Sion, la présidente des Clionautes, relativement aux Clionautes et à l’emploi des médias et technologies en histoire-géographie. Dans cet entretien, Caroline Jouneau-Sion mettait fort justement en évidence l’intérêt, l’apport et les directions que pouvaient prendre l’utilisation pédagogique et didactiques des médias et technologies à l’ère du web 2.0:
Je trouve que ce qui a le plus transformé le paysage des TICE est le passage au Web 2.0 : depuis quelques années se développent d’innombrables outils qui permettent de mettre en place plus facilement des démarches pédagogiques vraiment très intéressantes. Le web 2.0 se définit essentiellement par son caractère participatif : il offre des logiciels ou des sites qui permettent de travailler ensemble sur un même texte (les Wikis, etherpad), sur une même carte (Google Maps), de partager des fichiers (Google docs, Zoho etc…), des idées (facebook, twitter, Google Wave) de façon simultanée. Ces outils ne sont souvent pas conçus pour une démarche éducative mais les enseignants les détournent avec beaucoup d’imagination pour améliorer les apprentissages. Détourner un site publicitaire pour faire faire des films d’animation (http://www.dfilm.com/live/mm.html), utiliser le Wallwisher pour travailler le brouillon du paragraphe argumenté (http://www.wallwisher.com/wall/croatie-en-UE), Twitter pour travailler l’argumentation en français (http://frompennylane.blogspace.fr/) et bientôt je pense, Google Wave pour faire travailler ensemble les équipes enseignantes, les élèves…
Si cet entretien résonne aujourd’hui comme un éloge funèbre de l’association, il est peut aussi être porteur d’une renaissance des pédagogies innovantes à l’aide des TICE en histoire-géographie autour peut-être du Ning des Clionautes et des personnes qui l’animent: un Clionautes 2.0?
Bonsoir,
Je suis assez surpris par votre analyse de la situation des Clionautes (association qui existe toujours, contrairement aux affirmations du Café pédagogique) :
« Il faut bien dire que, mis à part quelques personnes autour de Caroline Jouneau-Sion, les pédagogies nouvelles n’étaient plus guère à l’honneur au sein des Clionautes. »
Je crois que vous confondez la liste H-Français, où certes on débattait moins de pédagogie (quelle que soit son « âge »), avec l’association des Clionautes, où les différents sous-sites sont toujours enrichis dans ce sens, à des degrés divers. Il me semble que le débat actuel, au sein des Clionautes, porte sur l’attitude à avoir ou pas face à la réforme du Lycée et la place qu’y a l’enseignement de l’Histoire-Géographie, et d’abord sur la question de savoir si l’association doit exprimer un avis (qu’il soit pour ou contre cette réforme).
Pédagogie nouvelle ou ancienne, Anciens contre Modernes, ce sont des concepts qui me sont étrangers (en tant que termes s’opposant, même si, je suis d’accord, il y a des époques, des strates chronologiques dans les pratiques pédagogiques, mais qui s’empilent sans s’annuler) et que je ne comprends pas. Comme tout collègue utilisateur de TICE, j’utilise aussi la craie ou le feutre et le tableau, noir, vert ou blanc. Je pratique le cours magistral, ou dialogué, ou en groupes ou avec TICE ou sans, etc… J’utilise les TICE quand ces outils me semblent apporter une « plus-value » pédagogique et scientifique dans l’enseignement de l’Histoire-Géographie, sinon je m’en passe… Une pratique pédagogique n’est, pour moi, pas forcément innovante parce qu’elle s’appuie sur des TICE, ni forcément conservatrice parce qu’elle ne les utilise pas.
Est-ce par coquetterie ou par un lapsus typographique que vous avez mis un point d’interrogation à votre titre ? « Les Clionautes victimes colatérales de la réforme des lycées? »
parce que visiblement pour vous la réponse est claire et univoque, c’est oui. les seules citations in extenso que vous fournissez sont celle du café pédagogique venant d’un article non signé et bourré d’inexactitudes. L’autre c’est une longue citation de Caroline Joneau Sion la présidente démissionnaire. S’il y avait débat, opposition au sein de l’association, pas seulement sur la réforme Chatel on n’en saura rien puisque vous ne citez qu’un seul camp.
Quand on se prétend historien on est plus attentif au choix de ses sources.
Il est aussi profondémment malhonnête de prétendre que ceux qui ont critiqué et protesté contre la réforme dy lycée sonr des « anciens » voir des « conservateurs pédagogiques ».
Voulez-vous que j’affiche mes médailles TICE et mes états de services ? Les critiques vis à vis de la réforme étaient qu’elle était un frein matériel à leur développement (entre autres choses). Tiens et puisque vous lisez le Journal des Tice vous y verrez que « le très conservateur » laurent Gayme y figure et que je n’y suis pas faute d’avoir eu le temps de répondre au questionnaire.
Vous avez le droit de penser ce que vous voulez mais votre présentation des faits est partiale et très loin d’une neutralité hélvétique.
Claude Robinot
Depuis cet article et celui du Café pédagogique, Caroline Jouneau-Sion s’est exprimée sur la liste H-Français sur les raisons de sa démission (texte intégral ici: http://bit.ly/65gAYy).
J’y note que les raisons avancées de sa démission et celle d’autres membres du bureau vont dans le sens de celles qui étaient rapportées ici:
«Aujourd’hui, il semble bien que les choses ont changé. L’objet de la liste n’est plus celui auquel j’ai adhéré : l’association s’est fondée sur la réflexion autour de l’usage des TICE en Histoire-géo et éducation civique, et c’est là-dedans que j’ai envie de m’investir plutôt que dans la défense et promotion de l’Histoire – géo, entrés dans nos statuts en 2006 après de vifs échanges, et sur lesquels l’APHG fait déjà du bon travail. […] cette divergence sur les buts de l’association sont une source de conflits fréquents, sans compter en effet les fortes personnalités qui sont pour le moins difficiles à lire pour l’émotive que je suis. Je suis fatiguée, éprouvée de tout cela, et je n’ai plus envie de me battre.
Venons-en à l’esprit de mutualisation, qui me semble avoir quasiment disparu : Clio-collège tourne au ralenti, et grâce à l’activisme de 2 ou 3 dévoués, clio-lycée ne fonctionne pas, l’appel à contributions pour les livrets TICE a fait long feu, il n’y a guère que sur ning qu’on échange encore sur la pédagogie. C’est assez peu motivant pour continuer…»
En ce sens, si l’association des Clionautes n’est pas morte, l’esprit initial autour des TICE et des pédagogies nouvelles (au sens d’Education nouvelle: http://fr.wikipedia.org/wiki/Éducation_nouvelle) est lui moribond.
Par ailleurs, ayant pu assister à l’AG des Clionautes ce printemps à Paris, les tensions, rivalités et conflits étaient déjà plus que perceptibles. Par contre, il est vrai que les querelles du mois de juin entre les anciens du web 1.0 et les modernes du web 2.0 ne recoupaient pas forcément les deux camps en présence lors de l’AG.
De plus, à aucun moment, je n’ai qualifié Laurent Gayme de «très conservateur», ni de conservateur d’ailleurs. Par contre, je n’ai jamais eu aucun goût pour les médailles exhibées par les maréchaux soviétiques lors de cérémonies commémoratives et ne suis nullement un hagiographe de la neutralité helvétique.
Enfin, je remercie Claude Robinot de concéder que j’ai le droit de penser ce que je veux sur MON blog… Un bref instant j’avoue avoir eu peur que non.