Née en 1930, Simone Lagrange a été déportée à l’âge de 13 ans à Aushwitz-Birkenau, en Pologne.
Elle a été torturée durant des jours par Klaus Barbie, surnommé «le boucher de Lyon». Elle a survécu et a témoigné avec force au procès de son bourreau. «Barbie a tiré sur la résille qui retenait mes longs cheveux blonds. Ils se sont déroulés, il a tiré dessus de toutes ses forces et j’ai reçu la première paire de gifles de ma vie. Mon père a tenté de s’interposer, on lui a mis un revolver sur la tempe», rapportait Libération en 1987 de son témoignage devant la cour d’Assises de Lyon.
VIDEO. Extrait de «Moi petite fille de 13 ans, Simone Lagrange témoigne d’Auschwitz»
Moi petite fille de 13 ans, Simone Lagrange témoigne d’Auschwitz, 90′ FRANCE 2 from Chef monteuse on Vimeo.
Depuis, elle a consacré une bonne partie de sa vie à témoigner. D’abord, en parcourant les établissements scolaires pour y raconter les horreurs de la Shoah. Puis en publiant en 1997, «Coupable d’être née», le récit de son adolescence dans un camp de concentration. La rescapée était également présidente de l’Amicale des déportés d’Aushwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie. En 2010, son témoignage a fait l’objet d’un documentaire : «Moi petite fille de 13 ans : Simone Lagrange témoigne d’Auschwitz». Un film récompensé la même année au festival du fil d’histoire de Pessac.

En 2012 encore, Simone Lagrange prenait la parole lors d’une commémoration de la libération des camps. Elle dénonçait alors la montée des fascismes en Europe :
« Aujourd’hui en Ukraine, en Russie, des groupuscules fascistes se retrouvent, souvent le regard indifférent des gens. En Slovaquie, en Hongrie, on fait renaître les fers de lance existant durant la dernière guerre mondiale. En Roumanie, des sortes de ghettos sont construits pour y enfermer des Roms. En Autriche, à Brennau ville natale d’Hitler, un musée rappelle maintenant sa naissance. Les voyous de l’extrême-droite ne se cachent plus. En Allemagne, des nazillons sont là. J’ai vu qu’ils avaient même des camps d’entraînement. Ils ont aussi des insignes et des drapeaux qui rappellent le passé. Et en France, chez nous, à Lyon, un des leurs défile, avec ses amis sur les quais du Rhône. Lyon, ville de Résistance, a dans son assemblée régionale un conseiller fasciste, exclu du FN, si c’est vous dire ! En Angleterre, des groupes importants d’extrême-droite tiennent des réunions publiques. Pendant qu’en Savoie dans une auberge en deux fois déjà, des Anglais boivent à la mémoire du Führer. L’aubergiste ne se rend compte de rien, sinon de l’argent qui tombe dans sa caisse. Le cercle se referme ! Il est plus que temps de se réveiller ! N’attendons pas que le danger nous retombe dessus, la dernière fois, on nous a dit : Nous ne savions pas. Aujourd’hui, on ne peut plus dire cela ! » (Le discours choc de Simone Lagrange, survivante d’Auschwitz | Le Dauphiné)
Source : Simone Lagrange, déportée et témoin-clé du procès Barbie, est décédée | Le Parisien