Ce dernier lundi, Patrick Giroux, Professeur au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), est intervenu à l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP). Sa conférence portait sur la question des compétences clés de la littératie numérique. Son intervention se basait sur les travaux du LiNumLab (Laboratoire de formation et de recherche sur la littératie numérique) qui regroupe des chercheurs du Département des sciences de l’éducation de l’UQAC qui s’intéressent aux problèmes liés au développement de la littératie numérique chez les jeunes depuis juin 2012. Compte-rendu.
https://www.youtube.com/watch?v=zR2h-UbpiUk&feature=youtu.be
Concernant l’orateur, Patrick Giroux (https://twitter.com/pgiroux) est, depuis janvier 2005, responsable des cours d’initiation aux technologies éducatives dans le cadre des programmes de formation à l’enseignement. Ses intérêts de recherche sont principalement liés à la littératie numérique et à la formation des futurs enseignants dans ce domaine. Récemment, ses recherches se sont intéressées à la perception de responsabilité des futurs enseignants à l’égard du développement des compétences technologiques, à l’apprentissage de la programmation, aux compétences informationnelles des étudiants universitaires et à l’intégration de la tablette numérique au secondaire. Il dirige actuellement le LiNumLab.
En introduction à sa conférence, P. Giroux a défini la notion de littérature numérique comme étant
«les savoirs et les compétences qui permettent d’exploiter les outils numériques de manière efficace et critique».
Il a également souligné la période de développement et de diffusion de plus en plus rapide, pour ne pas dire exponentielle, des outils technologiques. La puissance de calcul des ordinateurs, smartphones et tablettes est aussi mise en avant. Dès lors pour P. Giroux, l’école devant être le reflet de la société, l’étude de la littératie numérique se justifie par le développement accéléré de la technologie. Il mérite pour le moins que nous nous y intéressions.
Depuis 2012, son laboratoire est engagé dans l’implémentation de tablettes numériques dans un établissement scolaire privé. Autour de la tablette, @pgiroux montre alors plusieurs exemples d’utilisation de la tablette par les élèves (utilisation de l’agenda, la réalisation de tâches scolaires, la gestion de ses travaux numériques). Dans tous les cas, les questions et problèmes techniques sont réglés extrêmement rapidement. La plupart des élèves sont capables de montrer l’utilisation de base des logiciels. Parfois, ce sont même les élèves qui en apprennent à leurs professeurs. C’est la partie facile de l’intégration.
Plus fondamentalement, les problèmes rencontrées qui demeurent durablement résident toujours à propos de l’utilisation critique et raisonnée de la tablette :
- structurer et organiser sa pensée;
- collaborer et communiquer;
- être créatif;
- développer un esprit critique.
Après 5 ans, ces problèmes sont toujours fortement présents.
Récemment, à la suite du plan d’action numérique québécois, le LiNumLab intervient également concernant le retour au premier plan de l’apprentissage de la programmation (coder). Lors des premières mises à l’essai, et à nouveau, ce n’est pas le code ou les algorithmes qui posent problème aux élevées. C’est la capacité à résoudre les problèmes, plus particulièrement
- l’adoption de stratégies de travail efficaces;
- la résolution de problèmes
- repérer et collecter des informations pertinentes
- reconnaître le problème à résoudre
- formuler une hypothèse, une solution
- analyser une solution erronée
- repérer l’erreur.
Pour Giroux, des questions du développement de compétence telles que l’esprit critique, la résolution de problème ou l’organisation de sa pensée ne dépendent pas tellement d’un champ disciplinaire spécifique (informatique ou autre). Cela les dépasse, c’est plus grand.
Il en découle pour Giroux qu’il s’oppose à l’idée de faire des TIC une discipline à part entière, car les enjeux et les défis ne sont pas techniques. Par contre, il faut rendre ces compétences obligatoires et tous les enseignants devraient être obligés d’évaluer les TIC.
Dès lors, la question de la formation de tous les enseignant.e.s est posée. Giroux préconise deux étapes dans cette formation des enseignant.e.s
- a) former à… (outil);
- b) les utiliser en contexte dans les stages.
Il énumère trois types de compétences permettant d’utiliser les TIC en contexte dans le scénario réalisé en classe et que les futurs enseignant.e.s devraient développer :
- compétences techniques (ex. Réaliser une table des matières dans Word)
- compétences disciplinaires (mathématiques, français, sciences, histoire, etc.)
- énoncer les compétences fondamentales attendues des élèves.
Cela nécessite de pouvoir travailler en formation en équipe interdisciplinaire. Pour y parvenir, au niveau de l’organisation de formation, il convient de prévoir une plage d’une demi-journée libre de tout cours pour permettre les réunions des équipes de formateurs.
Le carnet de recherche de Patrick Giroux : http://pedagotic.ca
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