
Bundesarchiv, B 285 Bild-04413 / Stanislaw Mucha / CC-BY-SA
Le camp d’Auschwitz, en Pologne, serait-il devenu le parfait contre-exemple du travail de mémoire ? C’est ce que soutient Gilbert Casasus, professeur en études européennes, qui met en cause un système de visites guidées où superficiel et compassion dominent, au détriment de l’histoire et de l’information.
Après plus de deux heures de visite, votre patience atteint ses limites. Vous êtes excédé par ce langage officiel, par cette présentation qui omet même d’évoquer l’armée soviétique au profit de la seule armée russe. Alors, vous passez vous-même à l’offensive. Surpris par le nombre de villages ou bourgades environnantes, vous osez poser la question qui fâche, à savoir celle de l’attitude de la population locale durant le Seconde Guerre mondiale. Subitement, le ton monte d’un cran et vous avez droit à la remarque suivante : « que vouliez-vous qu’ils fassent » ? Sur quoi, poli, vous répondez : « donner des informations à la résistance ». Fusillé du regard, on vous rétorque alors un cinglant : « vous avez un autre exemple » !
Pourtant d’autres démarches sont elles exemplaires pour Gilbert Cassus. Il cite à ce propos le travail réalisé par Volkhard Knigge et son équipe sur les lieux du mémorial de Buchenwald ainsi que l’excellent musée consacré à Oskar Schindler sur le terrain même de son ancienne usine par la ville de Cracovie.
Cela doit interroger les enseignants qui souhaitent réaliser un voyage d’études sur de tels lieux comme sur le risque de la compassion et du superficiel d’un tel enseignement.
via Auschwitz, symbole de «l’holocauste-tourisme».
Gilbert Casasus est professeur en études européennes à l’Université de Fribourg, en Suisse.
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