La figure de Robespierre reste en France politiquement très polarisée. L’opposition entre robespierristes et antirobespierristes a suscité, depuis 1791, une importante production iconographique : gravures, desseins, tableaux, statues, films, bandes dessinées… aucun genre artistique ne semble y avoir échappé, et il est remarquable de constater à quel point les productions iconographiques épousent les grands mouvements historiographiques. La publication en 2012, par l’historien australien Peter McPhee, de la première grande biographie scientifique de Robespierre14, est peut-être susceptible de permettre la tenue d’un débat dépassionné sur l’Incorruptible. Il est toutefois permis d’en douter : la récente controverse survenue à l’occasion de la reconstitution numérique du visage de Robespierre, à laquelle ont participé politiques et historiens15, témoigne du fait que la représentation du Jacobin demeure aujourd’hui encore une question éminemment politique.
Loin d’être anodine, la question de la représentation doit interroger la pensée de gauche. L’image n’échappe pas à la polarisation idéologique. Elle fait partie du répertoire d’action du combat politique, au même titre que la grève, la manifestation ou la rédaction d’écrits théoriques, et est un élément essentiel du combat pour l’hégémonie culturelle. Les penseurs de gauche ne sauraient, donc, faire l’économie d’une réflexion sur la question.
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