Un Maillot pour l’Algérie
Par Kris, Bertrand Galic et Javi Rey,
Dupuis, 136 p., 24 euros.
C’est une histoire d’hommes, méconnue, ignorée, oubliée en France alors qu’il s’agit de l’un des mythes fondateurs de la jeune nation algérienne. Le 14 avril 1958, deux mois avant le début de la Coupe du monde, quatre footballeurs stars du championnat de France, originaires de Sétif, en Algérie «française», passent clandestinement la frontière avec la Suisse. Ils rejoignent à Rome six autres camarades, qui viennent comme eux de tout abandonner pour fonder… l’équipe nationale algérienne de football ! Une équipe pour un pays qui n’existait pas (encore).
Parmi les footballeurs de cette fuite rocambolesque : quatre joueurs sélectionnables en équipe de France pour la Coupe du monde. Ils entreront dans la légende. Avec leurs amis, rejoints par d’autres «déserteurs» au fil des années, ils deviendront les ambassadeurs d’une nation sans Etat, et porteront haut leurs couleurs et leur hymne dans les stades d’Europe de l’Est ou d’Asie.
« Vous avez fait gagner 10 ans à la cause algérienne», lancera en 1962 le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Ferhat Abbas, à ces «fellaghas au ballon rond». Avec «Un maillot pour l’Algérie», Kris, Bertrand Galic et Javi Rey retracent la folle aventure de cette équipe, parfois comparée au Barça de Messi. A savourer en ces temps de ferveur footballistique. R.F.
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Salam toubib, chronique d’un médecin appelé en Algérie, 1959-1961
Par Claire Dallanges, Delcourt, 158 p., 18,95 euros.
Avril 1984. Gare d’Austerlitz. Un inconnu attaque au couteau Pauline, une jeune fille de 18 ans, et son père. Ex-médecin appelé de la guerre d’Algérie, ce dernier contre-attaque et le tient à distance. Impressionnée par les facultés de son père, Pauline en profite pour l’interroger longuement sur son passé pendant la guerre, entre 1959 et 1961. L’ex-docteur Tardieu n’a encore jamais raconté: les soins aux Algériens, des nomades, des gars du FLN, l’accompagnement des militaires en mission, la découverte des tortures, le questionnement perpétuel sur place…
Le jeune homme, qui a 24 ans quand tout commence pour lui, va sortir progressivement de l’âge tendre. Et cette vision d’un homme en retrait est passionnante. D’autant que le scénario écrit par Claires Dallanges, la scénariste de cette BD, est une histoire vraie : celle de son père, qu’elle a interviewé pendant dix-huit mois, cinquante ans après les faits. Les dessins jaunes et ocre de Marc Védrines, aussi secs que le désert des Aurès, sont aussi d’une grande qualité. Une BD à lire, et à offrir les yeux fermés.
Fanny Lesbros
Source de l’information : 10 BD pour tous les goûts à emporter cet été – Bibliobs – L’Obs
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