Renard. M- (2023). Aux Origines du Roman National. La construction d’un mythe par les images, de Vercingétorix aux Sans-Culottes (1814-1848). Paris: Mare et Martin, 302 pages
L’ouvrage examine la manière dont s’est construit le roman national français et le rôle que les images y ont joué dans la première moitié du XIXe siècle. La nécessité d’unifier la nation en réconciliant les Français s’impose après les troubles révolutionnaires. L’histoire nationale fournit aux peintres et aux illustrateurs un répertoire de nouveaux sujets se substituant à l’histoire antique, à l’histoire sainte ou à la mythologie. De Saint Louis rendant la justice sous son chêne au ralliement au panache blanc d’Henri IV, en passant par le Serment du Jeu de Paume, tout un catalogue d’épisodes héroïques sert à construire un imaginaire national. Ce livre entend donc revenir sur les origines de cette construction imagée qui au XIXe siècle contribue à forger une mémoire partagée, dont les représentations, les enjeux comme les stéréotypes sont encore vivaces aujourd’hui.
A partir d’un corpus constitué d’éditions illustrées de différents ouvrages historiques, Margot Renard montre comment, par l’image, s’est fabriqué un récit national postrévolutionnaire, dans le contexte de la monarchie constitutionnelle (1814-1848). La période est celle du questionnement sur les origines, dans une lecture progressiste de la part d’historiens qui construisent un référentiel commun. Le texte et l’image jouent alors de l’imaginaire identitaire, autour d’une nouvelle historiographie marquée par des auteurs comme Augustin Thierry, Prosper de Barante ou Adolphe Thiers.
L’autrice montre comment le récit et les illustrations se répondent, exposant une « vision spectaculaire » des événements, mise en scène par l’iconographie : « Les illustrateurs de ces histoires de la Révolution Française ont tenté d’en offrir une vision satisfaisant à la fois au désir de divertissement et à l’exigence d’exactitude que les historiens mettent en place dans les années 1820-1830 ».
A côté de la Révolution Française, la quête des origines donne lieu à des publications majeures, à l’image des Récits des temps mérovingiensd’Augustin Thierry (version illustrée en 1866), succès d’édition, où les méconnaissances historiques sont comblées par un imaginaire fantasmé, fait de rites sanglants et de progrès vers la civilisation. Les Francs deviennent les « figures majeures du récit national » et l’auteur « fait des Gaulois et des Francs les ancêtres du Tiers-Etat et de la noblesse ».
Margot Renard analyse également le rôle des images dans la pédagogie et dans la création d’une culture visuelle commune. Le choix de l’apprentissage par l’image, dès avant les manuels scolaires illustrés célèbres de la Troisième République, est très fort au cœur du XIXe siècle.
Source : L’histoire de France par les images au XIXe siècle | non-fiction.fr