La thèse de Dominique Cardon y est que les algorithmes, loin d’être de simples procédés purement objectifs, projettent sur nos sociétés les système de valeurs mis en avant par leurs concepteurs. Ainsi les algorithmes utilisés par les grandes plateformes d’Internet ont tendance à concentrer l’attention autour de quelques individus considérés comme étant les plus méritants auxquels on accorde une visibilité disproportionnée. La société dont « rêvent » les algorithmes, pour reprendre l’expression de Dominique Cardon est donc une société méritocratique où les algorithmes, en s’adaptant au comportement de chaque internaute, reproduit les inégalités en permettant aux plus populaires, aux plus cultivés, d’augmenter encore leurs réseaux relationnels, les ressources auxquelles ils ont accès et les opportunités.
Face à ces constats, l’auteur insiste sur l’importance capitale de se pencher sur le fonctionnement des algorithmes afin de comprendre les transformations qu’ils provoquent dans nos sociétés et d’être capable de tenir un débat sur ce que nous voulons que les algorithmes fassent ou ne fassent pas, sans que cela ne soit dicté par un nombre restreint de multinationales très puissantes. C’est précisément dans cet objectif que Dominique Cardon a écrit cet essai dont l’intérêt pour le lecteur ne se limite pas aux seuls spécialistes des technologies numériques et de leurs enjeux politiques et sociaux.
Référence
Cardon, Dominique, À quoi rêvent les algorithmes: nos vies à l’heure des big data (Paris, France: Seuil : la République des idées, 2015)
— À lire sur mastersts.hypotheses.org/74
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