Les enseignants, à l’école élémentaire, utilisent fréquemment, dans leurs séances consacrées à l’histoire, des documents qu’ils traitent hors manuel. L’article propose l’analyse d’une de ces séances. La séance porte sur l’étude de deux documents iconographiques consacrés au baptême de Clovis.
L’objectif de cette analyse microdidactique consiste à approcher les composantes de l’expertise enseignante ordinaire et de mieux comprendre les réussites et les échecs conceptuels des élèves. Que tirer de l’étude de cette séance ordinaire de classe, nullement expérimentale ou exemplaire ?
Dans les deux séquences observées, le choix de l’enseignant de séparer le méthodologique du disciplinaire se révèlera malheureux, car il pervertit et la sélection et le traitement des documents. La distorsion entre le centre interprétatif des deux séquences et ce qui pouvait être tiré des documents conduit à une dilution dans l’anecdotique: Clovis portait-il une barbe ou pas ? Quelle était la forme du bassin ? Qui était là le jour du baptême ? Aucune réponse n’est de surcroit donnée à ces questions, dont on peut se demander ce que les élèves peuvent faire. L’enseignant ne traite correctement ni la dimension historique, ni la dimension méthodologique qui devrait impliquer le repérage de la source énonciative des documents pour les situer idéologiquement.
Alors même que l’enseignant se fixe comme objectif de former les élèves à la lecture distanciée des documents, en aucun cas il ne leur apprend à se construire une posture d’archi-énonciateur hiérarchisant les informations livrées par les documents de façon à reformuler les points de vue en objets de savoir.