Dépasser le récit national : ce défi occupe les historiens depuis plusieurs décennies. Appliquée à l’Amérique du Nord, il a bouleversé notre compréhension de phénomènes historiques comme la « Conquête de l’Ouest ». Un historien finlandais propose, à travers l’histoire des Comanches, de pousser jusqu’au bout ce renversement de perspectives pour mettre en avant la puissance des Indigènes face aux Européens.
Le livre de Pekka Hämäläinen est paru aux presses universitaires de Yale en 2008. Hämäläinen est professeur d’histoire à l’Université de Californie à Santa Barbara puis à Oxford, formé aux universités d’Helsinki et du Nebraska. Il a rédigé un ouvrage qui correspond bien aux normes actuelles des collections historiques des presses universitaires américaines, soucieuses d’étendre leur public au delà du monde universitaire en abordant des thèmes qui entrent en résonance avec des problèmes contemporains.
La démarche d’Hämäläinen relève de ce qu’on appelle en anglais un revisionism. Il hérite cette posture et ce projet d’une génération antérieure d’historiens américains spécialistes des rapports entre indigènes et colons. Ces auteurs ont repris, pour essayer de lui tordre le cou, le vieux thème de la Frontière qui avait fait la gloire de Frederick Jackson Turner, figure centrale de l’école historique américaine au tournant du vingtième siècle dont les idées ont dominé l’histoire de l’Ouest jusque dans les années 1960.
Recensé : Pekka Hämäläinen, L’Empire Comanche, traduit de l’anglais par Frédéric Cotton, préface de Richard White. Toulouse, éditions Anacharsis, 2012, 599 p., 28 €.
Lire le compte-rendu : Les Indiens à la conquête de l’Ouest – La Vie des idées.
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