Pour Laurence Campa, maîtresse de conférences en lettres modernes à l’université Paris-XII Val-de-Marne, la Première Guerre mondiale continue d’inspirer les écrivains parce qu’elle est plus qu’un cadre historique. Auteure de la « Petite bibliothèque du centenaire », sélection commentée d’œuvres littéraires sur la Grande Guerre de 1914 à aujourd’hui, elle est à l’interview pour Le Monde : Laurence Campa : « La Grande Guerre a nourri la littérature durant un siècle ».
Sa « Petite bibliothèque du centenaire » comporte 4 parties, chacune comportant une sélection d’écrits littéraires :
- Le temps de la guerre, 1914-1919
Les récits publiés pendant la guerre et dans l’immédiate après-guerre portent le sceau de l’événement. - D’une guerre à l’autre, 1920-1939
Au sortir du conflit, le grand public se lasse de la littérature de guerre et aspire à tourner la page. En 1919, le Goncourt prime À l’ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust, plutôt que Les Croix de bois de Roland Dorgelès.
Cependant, la littérature de guerre n’a pas dit son dernier mot. Écrire sur la guerre demeure une préoccupation majeure. Les uns se penchent sur leur expérience combattante, les autres sur la douloureuse question du retour des hommes. - Après 1945, 1945-1979
Débâcle française, divisions nées de l’Occupation, génocide et bombe atomique, dévastations de l’Europe, la guerre qui s’achève a engendré tant de malheurs que la Grande Guerre s’en trouve éclipsée. De l’une à l’autre, le monde a changé et avec lui, la littérature. L’affrontement entre nations a laissé place aux conflits idéologiques ; la déshumanisation des tranchées à l’inhumanité des camps. Or, si elle reflue chez les jeunes esprits et dans les fictions, la Grande Guerre perdure dans les mémoires. - Récits contemporains, 1980 à nos jours
Depuis une trentaine d’années, la Grande Guerre fait retour en littérature. Avec la disparition des derniers témoins, les archives, toujours plus nombreuses, deviennent les vecteurs de la mémoire et le relais de la parole vive. La Grande Guerre procède aujourd’hui du partage, de la transmission et de la filiation. De même que jadis, carnets, journaux et lettres ont servi la mise en récit des écrivains et des témoins, de même l’histoire familiale et les papiers, privés ou publics, nourrissent-ils à présent de nombreuses narrations.
A lire aussi, notre précédent billet : La Première Guerre mondiale : une passion littéraire française ?
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